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Jours tranquilles à Paris
14 décembre 2019

Roman Polanski sort de son silence dans Paris Match

popolan

Le réalisateur, visé par les accusations de viol de dix femmes, dont une Française, livre sa version des faits dans un long entretien accordé au magazine "Paris Match". Une interview âprement négociée par la magazine, dont le directeur de la publication, Hervé Gattegno, explique auprès d'Europe 1 la démarche au nom du "droit à se défendre".

Le magazine Paris Match consacre sa Une de la semaine à Roman Polanski, le réalisateur de J’accuse, de nouveau sous le coup d'une accusation de viol. Dans un long entretien à l’hebdomadaire, le metteur en scène de 86 ans se défend des faits rapportés par Valentine Monnier mi-novembre. Ces déclarations, publiées par Le Parisien, avaient obligé les acteurs à arrêter la promotion de son film, et poussé le réalisateur au mutisme.

On sait qu’en pareilles circonstances, les conditions de l’interview sont extrêmement encadrées, d’autant que la communication de Roman Polanski est gérée par Anne Hommel, spécialiste de la communication de crise. Le grand public a connu son nom et son visage lors de l’affaire DSK, qui était l'un de ses clients. "Il a fallu faire un travail d’approche, contacter les gens qui travaillent pour lui, son agence de communication, son avocat, faire passer des messages à certains de ses proches que je connais", explique à Europe 1 Hervé Gattegno, le directeur de la direction de Paris Match. "Il a fallu le rassurer, le convaincre que notre démarche était sincère et ouverte, que l’on n’était pas là pour l’accuser, mais au contraire pour lui donner la parole." Un long déjeuner avec le réalisateur aura finalement achevé de le convaincre.

Au nom de la "présomption d‘innocence"

Dans ce contexte, on imagine que tout doit être pris en compte, notamment la question de la parole de la victime et le poids de celle de l’accusé, surtout lorsqu’il est aussi célèbre que Roman Polanski. "Je crois que les affaires d’abus sexuels, de violences, de féminicides sont un phénomène utile. Cela fait du bien que l’on puisse dire ces choses et avancer. Néanmoins, comme pour les affaires de corruption dans les années 1980 ou les affaires de pédophilie dans les années 1990-2000, on a tendance à passer d’un extrême à l’autre. Il faut, plus que jamais, s’attacher à la présomption d'innocence", plaide Hervé Gattegno. "Roman Polanski, comme d’autres gens célèbres accusés de telles choses, a le droit de se défendre, de s’exprimer sans que l’on considère que parce qu’il est accusé, il est coupable."

La version de Roman Polanski

Dans cet entretien, Roman Polanski nie en bloc les accusations de Valentine Monnier dont il dit se souvenir "à peine". "Et je n'ai évidemment aucun souvenir de ce qu'elle raconte puisque c'est faux. Je le nie absolument". Et le réalisateur d'expliquer qu'en plus, la photographe affirme que c'est une amie qui l'avait invitée chez lui, mais qu’elle ne se rappelle plus qui précisément. "C'est facile d'accuser quand tout est prescrit depuis des dizaines d'années." Et lorsque les journalistes précisent que Valentine Monnier l'accuse aussi de l'avoir battue, il répond : "C'est délirant ! je ne frappe pas les femmes. Sans doute les accusations de viol ne font plus sensation, il fallait en ajouter une couche !".

" Depuis des années, on essaie de faire de moi un monstre "

Roman Polanski revient également sur l'affaire Samantha Geimer, qui l'a accusée de l'avoir droguée puis violée dans la villa de Jack Nicholson en 1977, alors qu'elle n'avait que 13 ans. "Depuis des années, on essaie de faire de moi un monstre. Pour les enfants et pour Emmanuelle [Emmanuelle Seigner, son épouse, ndlr], c'est épouvantable." "Pour ma famille et moi, ça n'est vraiment pas facile", a d’ailleurs confié l'actrice a Europe 1.

Enfin, dans cette interview à Paris Match Roman Polanski cible aussi les médias, qui "se jettent sur lui avec une violence inouïe. C'est comme une malédiction qui revient, et je ne peux rien y faire" estime-t-il.

Europe 1

Par Cyril Lacarrière, Jean-Pierre Montanay, Alexandre Homar et Mathieu Charrier

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13 décembre 2019

RER D - Stade de France/St Denis

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12 décembre 2019

Grève contre la réforme des retraites : comment la SNCF et la RATP gèrent les cohues

Par Éric Béziat

En Ile-de-France, pendant le conflit social, le décalage entre affluence d’usagers et nombre de trains crée des phénomènes de foules difficiles à contrôler.

C’est ce que l’on appelle de l’apprentissage sur le tas. Alain Krakovitch, directeur du Transilien, l’entité SNCF qui gère les trains de banlieue et les RER en Ile-de-France, retweetait vendredi 6 décembre dans la soirée un message alarmiste de la SNCF sur l’affluence « très dangereuse » dans les gares RER accompagné d’une vidéo montrant une foule pressée sur le quai du RER B avec cris et bousculades. Le « post » était accompagné de ce commentaire : « Ce soir, gare du Nord. Lundi ce sera pire. »

Trois jours après, nouveau tweet de M. Krakovitch : « Pour éviter les scènes de cohue (…), nous avons mis en place ce système de gestion de flux très efficace. Ici à Paris-Saint-Lazare. » La vidéo illustrative montre un ballet bien réglé d’agents SNCF canalisant une foule géante entrant et sortant d’un quai.

La grève contre la réforme des retraites, très suivie à la SNCF et à la RATP depuis le 5 décembre, a créé une situation hypertendue, au bord de l’embolie, dans certaines zones clés des transports de la région parisienne – les grandes gares ou stations majeures, avec de nombreuses correspondances. Les affluences ont donné lieu à des scènes épiques (énervement, hurlements, évanouissements), qui ont inquiété certains usagers.

« Fluidifier la descente des trains »

« Nous transportons 3,5 millions de passagers chaque jour sur nos lignes, explique une porte-parole de Transilien. Or, en ce moment, seulement 20 % des trains circulent. » Conséquence : un problème de tuyauterie assez basique entraînant fatalement le débordement.

Pour faire face au chaos qui commençait à s’installer, Transilien a vite réagi en mettant des moyens humains dans les gares franciliennes (500 volontaires de l’information de la SNCF, appelés aussi gilets rouges, et 250 salariés d’entreprises privées spécialisées dans la gestion de flux). La SNCF a en parallèle mis en place, en lien avec la protection civile, une organisation qu’elle rode déjà lors des événements du genre matches de foot ou grands concerts.

« L’idée est de fluidifier la descente des trains, détaille-t-on chez Transilien. C’est là que réside le problème : les gens se ruent sur les rames dès qu’elles arrivent et bloquent la descente. Désormais, on ferme l’accès du quai aux entrants tant que tous les sortants n’ont pas évacué, puis on leur ouvre le passage. »

A la RATP, une tactique ressemblante, appelée « stop and go », est mise en place. « On ne laisse entrer sur le quai que la quantité d’usagers qu’il peut contenir, explique Rozenne Boëdec, responsable du service aux clients dans les stations de métro et de RER. Des agents disposés à deux ou trois endroits prévus à l’avance dans le plan de gestion des flux de la station arrêtent les clients en cas d’affluence. Lorsqu’une zone est libérée, on les laisse avancer. Les agents communiquent entre eux par talkies-walkies. »

La RATP a par exemple actionné ces jours-ci ce système à la station Palais-Royal, à l’intersection entre la ligne 1, qui est automatique et fonctionne à plein, et la ligne 7 qui ne roule que partiellement. La situation générait un fort déséquilibre d’écoulement.

Pendant cette phase de grève, la RATP a déployé un dispositif exceptionnel : 1 200 agents de régulation des flux, reconnaissables à leurs gilets verts, dont la moitié sont des volontaires habituellement employés dans les bureaux de la régie. « Nous avons l’habitude de gérer des affluences très importantes, précise toutefois Mme Boëdec, comme les soirs du 31 décembre ou de la Fête de la musique. »

Grilles de séparation et micros amplificateurs

Mais si la situation devient incontrôlable, les entreprises de transport envisagent-elles de fermer des lignes entières ou des gares ?

A la SNCF, ce n’est pas vraiment la doctrine et on n’envisage nullement à l’heure qu’il est la fermeture d’une des grandes gares parisiennes. « C’est sans doute quasiment impossible », dit Alain Krakovitch, qui garde en mémoire la fermeture pour raisons de sécurité de la gare Saint-Lazare en 2009, qui avait rajouté au chaos plutôt que résolu les problèmes des usagers.

A la RATP, la taille des stations rend les fermetures plus envisageables. « C’est une décision qui peut être prise soit en temps réel, soit à l’avance, souvent sur décision de la Préfecture de police avec laquelle nous travaillons de façon étroite » ajoute Mme Boëdec.

Il peut arriver aussi de neutraliser un arrêt ou une partie de ligne : ce fut le cas ces jours derniers à la station de tramway porte de Vincennes qui a été déportée porte de Bagnolet en raison d’un afflux dangereux d’usagers, ou encore gare du Nord où le départ des lignes de bus a été dispersé pour éviter un phénomène de masse difficile à contrôler.

Pour faciliter le travail des régulateurs de flux, ces derniers peuvent aussi compter sur des outils comme les grilles de séparation qui permettent d’empêcher physiquement une correspondance qui pourrait s’avérer compliquée à gérer, ou encore les micros amplificateurs de voix facilitant la diffusion des consignes aux usagers. A la SNCF, les personnels disposent depuis peu d’un bâton lumineux qu’ils agitent comme le font encore parfois aux carrefours les agents de la circulation. Une sorte de sabre laser pour les Jedis du transport.

12 décembre 2019

Campements : que deviennent les migrants mis à l’abri ?

sdf paris

Par Julia Pascual

Le 7 novembre à l’aube, quelque 1 600 personnes avaient été invitées à monter dans des bus pour être orientées vers des gymnases et des centres provisoires. Leur situation administrative devait être examinée pour qu’un hébergement leur soit proposé.

C’était la 59e évacuation d’un campement de migrants qu’a connu Paris depuis 2015. Porte de la Chapelle et à cheval sur la ville de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), le 7 novembre à l’aube, quelque 1 600 personnes avaient été invitées à monter dans des bus pour être orientées vers des gymnases et des centres provisoires à l’occasion d’une vaste opération de mise à l’abri, réclamée par les villes et les associations d’aide aux migrants depuis des mois. Parmi les personnes prises en charge, se trouvaient plus de 1 300 hommes isolés et près de 300 familles, femmes seules et couples. Leur situation administrative devait être examinée pour qu’un hébergement leur soit proposé.

Ce travail a permis d’objectiver le profil de ceux qui vivent sous tente aux abords du périphérique, dans le nord de Paris. D’après les éléments fournis par la préfecture de région, 43 % des personnes prises en charge étaient afghanes, suivies par les ressortissants soudanais (15 %), puis somaliens (14 %).

Les personnes sont, pour un quart d’entre elles, des demandeurs d’asile ; pour un autre quart des demandeurs d’asile n’ayant pas encore pu enregistrer leur demande et pour un autre quart, des demandeurs d’asile en procédure Dublin – c’est-à-dire dont l’examen de la situation relève d’un autre Etat membre de l’Union européenne (majoritairement l’Allemagne) où ils ont été enregistrés et vers où la France peut les transférer.

Par ailleurs, 16 % des personnes ont le statut de réfugié, c’est-à-dire qu’elles disposent d’un titre de séjour mais restent sans logement. Enfin, 4 % sont déboutées de leur demande d’asile donc, potentiellement, en situation irrégulière.

Le retour dans les campements

Un mois après cette vaste opération, quel en est le bilan ? D’après la préfecture de région, près de 800 personnes ont été orientées vers des hébergements, pour moitié en province. Le reste d’entre elles est toujours en attente et « 156 ont quitté volontairement leur hébergement », avant même que leur situation soit examinée.

Dans le nord de Paris, les associations constatent le retour dans les campements de personnes mises à l’abri début novembre. « Les gens qui n’ont pas droit aux conditions matérielles d’accueil sont remis à la rue », observe Julie, membre de l’association Utopia 56. Ces personnes dont la prise en charge ne relève plus ou pas de l’Etat représentent, d’après l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), un tiers de ceux qui ont été recensés lors de l’évacuation de la Porte de la Chapelle et de Saint-Denis. Il s’agit surtout de personnes à qui l’asile a été refusé, de réfugiés et de demandeurs d’asile à qui les conditions matérielles d’accueil ont été retirées.

C’est le cas d’un Somalien de 19 ans, rencontré Porte d’Aubervilliers. Au bout de quelques jours de répit dans un centre en Seine-et-Marne, il a été prié de quitter les lieux. L’examen de sa situation administrative a démontré que, « dubliné » en Suède – où il n’a pas obtenu l’asile –, il n’a pas honoré une convocation dans un commissariat parisien et a été déclaré en fuite. Il a donc perdu le droit à un hébergement.

Les réfugiés risquent aussi de se retrouver sans solution. La semaine dernière, 68 d’entre eux auraient refusé, d’après l’OFII, de monter dans les bus qui devaient les conduire dans des hébergements en province. « On est dans une situation difficile, observe le directeur de l’OFII, Didier Leschi. Ils ont commencé une forme d’installation ici, certains travaillent, mais ils n’ont pas les moyens de se loger. Et nous ne pouvons pas les héberger en Ile-de-France. Il faudrait un accompagnement social au cas par cas mais l’OFII n’en a pas les moyens. »

11 décembre 2019

Retraites : la semaine de tous les dangers pour l’exécutif

Par Cédric Pietralunga, Alexandre Lemarié, Olivier Faye

Après deux ans de concertation, et alors qu’un mouvement social d’ampleur paralyse une partie des transports en France, Edouard Philippe va dévoiler, mercredi, le contenu de la réforme.

Au basket, on appelle cela le « money time ». Ce moment où le match peut basculer d’un côté ou de l’autre. Après deux ans d’une concertation débutée à l’automne 2017, et alors qu’un mouvement social d’ampleur paralyse une partie des transports en France, l’exécutif va dévoiler, mercredi 11 décembre, le contenu de sa réforme des retraites. Un moment que les acteurs de la Macronie s’accordent à considérer comme crucial pour la poursuite du mandat du chef de l’Etat, qui a fait de ce projet sa « mère des batailles ».

Signe de la tension grandissante, les ministres ont défilé tout le week-end à Matignon, où les équipes du premier ministre commençaient à plancher sur le discours qu’Edouard Philippe doit prononcer au Conseil économique, social et environnemental (CESE). « Mercredi, j’expliquerai, avec beaucoup de détails, le dispositif qu’on veut construire. Et je continuerai ensuite à l’expliquer », a assuré le chef du gouvernement au JDD. Dimanche soir, M. Macron réunissait à son tour, à l’Elysée, les principaux ministres en charge de la réforme, avant de recevoir, lundi midi, les dirigeants de la majorité.

Les derniers arbitrages, assure-t-on, se prendront entre le président de la République et son premier ministre. Seront-ils sensibles au niveau des nouvelles manifestations prévues mardi, à l’appel de plusieurs syndicats ? « Il n’y a ni indifférence ni mise sous pression », élude un conseiller, pour qui l’essentiel est de parvenir à raccrocher « les gens raisonnables à la SNCF et à la RATP » en leur proposant une « transition plus lente » vers le nouveau régime universel. Certains, à l’image du délégué général de La République en marche (LRM) Stanislas Guerini, plaident pour la « clause du grand frère ». En clair, que la réforme s’applique à partir de la génération 1973 – et pas 1963, comme prévu initialement.

« Le dialogue social reprend des couleurs »

Pour convaincre ces « raisonnables », l’exécutif a choisi de prendre à partie la CGT, dont le secrétaire général, Philippe Martinez, assure vouloir tenir la mobilisation « jusqu’au retrait » du projet. « Je pense [que la CGT] défend plus ses troupes que les Français », a ainsi critiqué, dimanche, sur France 3, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire. « Je ne pense pas que ce soit avec la CGT qu’on trouvera le chemin de la sortie de ce conflit », a abondé sur RTL Elisabeth Borne, ministre de la transition écologique et solidaire, préférant conforter la CFDT ou l’UNSA, deux syndicats clés pour parvenir à faire passer la réforme. Au sein de l’exécutif, on se réjouit d’avoir repris langue avec les syndicats réformistes après les avoir snobés au début du quinquennat. « Le dialogue social reprend des couleurs ! », assure-t-on à l’Elysée.

Cette opposition avec la CGT désole pourtant certains soutiens du chef de l’Etat. « La France est un pays qui ne sait pas négocier. L’épreuve est compliquée pour tout le monde, CGT comme gouvernement, soupire l’écologiste Daniel Cohn-Bendit. Cela me rappelle cette scène dans la Fureur de vivre, avec James Dean. Deux voitures foncent vers un ravin et on se demande lequel va sauter le premier de sa voiture… » Et l’ancien leader de Mai-68 de faire cette suggestion à Emmanuel Macron : « Repousser la réforme d’un an », et convoquer une convention citoyenne sur les retraites, sur le modèle de celle sur le climat, pour mieux faire « comprendre » la nécessité de la réforme.

D’autres, à l’inverse, plaident pour que l’exécutif tienne bon. Alors que le premier ministre a laissé entendre qu’il pourrait faire des concessions sur les temps de transition avant de supprimer les régimes spéciaux, le député LRM du Rhône Bruno Bonnel l’exhorte à ne pas fléchir. « Il faut tenir face à la pression d’une opinion inquiète et manipulée par les “fake news”. Tout mouvement sera interprété comme une reculade ou un mensonge », prévient-il, convenant que « ce n’est pas simple comme équation ». « J’appelle l’exécutif à rester courageux. Il ne faut pas faire une réformette mais mener la refondation du système qu’on a promise aux Français », abonde sa collègue de Paris, Olivia Grégoire.

La bataille de l’opinion

L’évolution de l’opinion publique en faveur du mouvement social a en tout cas de quoi inquiéter le gouvernement. Selon un sondage IFOP pour le JDD, 53 % des Français soutiennent ou expriment de la sympathie envers la mobilisation. Une hausse de sept points en une semaine. « C’est beaucoup », convient-on au sein du pouvoir, même si certains veulent croire que la situation ne se cristallisera qu’à partir du discours du premier ministre, mercredi. « Il ne faut pas perdre le soutien de notre cœur électoral, ne pas montrer de signe de fragilité », estime un macroniste.

Tout en étant capable, en même temps, de se montrer suffisamment ouvert pour apaiser les tensions. « Il y aura évidemment des aménagements, confie un proche de M. Macron. Le but, ce n’est pas de déclarer la guerre. C’est que cette réforme passe. »

Pour gagner la bataille de l’opinion, jugée « cruciale », les macronistes entendent jouer sur la distinction entre secteurs public et privé. « Le plus important est de réussir à prouver aux gens du privé que cette réforme, qui consiste à revenir sur des avantages dont bénéficient des salariés du public, vise à sauver leurs retraites », estime un pilier de la majorité. Une autre priorité pour la majorité est d’éviter que la mobilisation ne s’élargisse à d’autres revendications sociales. Pas gagné : selon un sondage Elabe, 43 % des Français estiment que la grève actuelle est d’abord une mobilisation globale contre la politique du chef de l’Etat, avant d’être une opposition à la réforme des retraites. Jeudi, dans les nombreux cortèges à travers la France, c’est à Emmanuel Macron que la rue a demandé des comptes, comme au plus fort de la crise des « gilets jaunes ».

Afin d’embarquer avec lui la CFDT ou l’UNSA, le gouvernement semble prêt à une concession majeure : ne pas introduire de mesures d’économies dans le projet de loi, alors que le chef de l’Etat répétait souhaiter un système « à l’équilibre » au moment de sa mise en place, prévue en 2025. « Ne soyons pas dogmatiques. Ne nous enfermons pas nécessairement dans un calendrier au mois ou à l’année près, a estimé, dimanche, Bruno Le Maire. Le système doit être à l’équilibre. A quel moment ? Est-ce qu’il faut prendre une année de plus ? Deux années de plus ? Je ne suis pas forcément pour 2025. Je suis ouvert à cela. » « Il faut accomplir la réforme structurelle promise par le candidat Macron et, en aucun cas, venir la perturber avec des dispositions paramétriques », approuve le député LRM des Deux-Sèvres, Guillaume Chiche.

En attendant la fin du match, la tête de l’Etat joue la sérénité. « Cette semaine n’est pas une semaine comme les autres, mais elle n’est pas cruciale non plus. On ne met pas notre tête sur le billot », estime un conseiller. Il n’empêche, le moindre tir raté coûtera cher au tableau d’affichage à la fin du match.

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9 décembre 2019

Retraite...

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7 décembre 2019

Extinction Rébellion justifie le sabotage de trottinettes en libre-service, objets roulants « briseurs de grèves »

Par Nathan Cocquempot

XR revendique le sabotage de 3 600 véhicules à Paris, Bordeaux et Lyon pendant la grève du 5 décembre.

« Nous envisageons de porter plainte. » Contacté vendredi 6 décembre, le porte-parole de Lime, opérateur de trottinettes électriques en « free floating » (sans station) est consterné par l’opération menée par Extinction Rebellion (XR) à Paris, Bordeaux et Lyon, jeudi, jour des manifestations contre la réforme des retraites. « C’est du vandalisme ». Voi, autre prestataire, envisage aussi de saisir la justice. « Nous condamnons fermement ces actions », déclare Lucas Bornert, directeur de Voi France.

Le groupe XR, qui prône la désobéissance civile non-violente face à l’inaction climatique des gouvernements, a ciblé les trottinettes en libre-service, trop polluantes selon eux. « En raison de leur production très énergivore, de leur faible durée de vie, et de la nécessité de les transporter tous les soirs pour les recharger », ont-ils expliqué, jeudi, dans un communiqué. Un sabotage qu’ils justifient aussi par leur soutien à la mobilisation, en qualifiant les objets roulants de « briseurs de grèves ». Ils pointent du doigt un partenariat entre la RATP et certains opérateurs de trottinettes.

Les QR codes ont été recouverts ou détériorés, rendant impossible le déverrouillage avec smartphone. De nombreux prestataires de trottinettes ont été touchés par l’action du groupe écologiste. Selon Extinction Rébellion, 2 020 engins auraient été mis hors d’usage à Paris, 1 500 à Lyon et 90 à Bordeaux.

Difficile de confirmer ces chiffres car les prestataires n’ont pas encore pu identifier toutes les trottinettes concernées. L’opérateur Dott déplore plus d’une centaine de dégradations (sur 3 000 véhicules dans la capitale) et « une dizaine » de cas à Lyon (sur 2 000), a affirmé Matthieu Faure, directeur commercial et marketing du groupe à l’AFP. Lime, touché aussi, ne peut pas communiquer de chiffres pour le moment. Voi, qui avait été informé de cette action au préalable, parle de dégâts minimes pour ses 1 000 trottinettes dispersées à Paris et les 2000 autres en province. « L’impact n’est pas énorme » pour Driss Ibenmansour, directeur général France de Bird qui avait déployé 4 500 trottinettes jeudi.

Les prestataires se défendent

Sur la question écologique, Lime, premier prestataire de trottinette à être arrivé sur la capitale explique « ne pas avoir besoin de se justifier face à un groupe comme Extinction Rebellion » et affirme avoir déjà prouvé à maintes reprises, le respect écologique de ses véhicules à deux roues. Lucas Bornert de Voi est aussi surpris de ces accusations : « En plus d’être recyclées, nos trottinettes sont entretenues lors d’opérations zéros émissions avec des véhicules non polluants. »

Pour le prestataire Bird, « une société anglaise fait du repêchage de trottinette dans les points d’eau de la capitale, retire les batteries, les conditionne, puis les recycle », explique le directeur général France. « Quand une trottinette est endommagée, on l’identifie, on voit si elle est réparable. Et pour le reste, on a des prestataires de recyclage comme le groupe belge Comet, qui s’occupe des pièces et Snam, une entreprise française qui recycle les batteries. » explique-t-on chez Lime.

Le groupe Extinction Rebellion évoque de son côté une pollution moyenne de 202 g de CO2 par passager et par kilomètre parcouru, en s’appuyant sur une étude publiée cet été sur IOP science, un service qui regroupe des revues scientifiques.

Cette action de sabotage ne sera sans doute pas la dernière : « Nous renouvellerons cette opération jusqu’à mettre ces jouets des capitalistes verts hors de nos villes », prévient le mouvement écologiste.

4 décembre 2019

Manifestations-Paris: Près de 6.000 policiers et gendarmes et 180 motos mobilisés demain à Paris

Pour demain, le préfet de police, responsable de l’ordre public à Paris et dans les départements de la petite couronne (92,93 et 94), annonce qu’il a pris des mesures administratives de prévention. Il rappelle avoir ordonné aux commerçants sur le trajet du défilé, de fermer.

Didier Lallement a demandé par réquisition à la mairie de Maris tout ce qui pourrait servir de projectile contre les forces de l’ordre.

Le périmètre des Champs-Elysées, ceux des institutions comme Matignon, l’Assemblée nationale ou la préfecture de police sont interdits par arrêté préfectoral.

Le préfet de police annonce que près de 6.000 policiers et gendarmes (CRS, EGM, CI-PP) seront mobilisés demain à Paris, ainsi que 180 motos de la BRAV-M.

Les fauteurs de troubles seront très rapidement interpellés, promet Didier Lallement.

4 décembre 2019

Grève du 5 décembre

greves

Grève du 5 décembre à la SNCF, à la RATP et dans le transport aérien : le point sur les fortes perturbations prévues pour jeudi

La SNCF ne pourra assurer que 10 % du trafic, jeudi, notamment pour les TGV et Transilien. La RATP prévoit un trafic « très fortement perturbé », et 20 % des vols seront annulés.

La journée de grève interprofessionnelle contre la réforme des retraites du jeudi 5 décembre s’annonce très suivie, avec de très fortes perturbations prévues dans les transports en France.

A la SNCF, près de 90 % des trains annulés

Le trafic ferroviaire sera fortement perturbé. La SNCF a annoncé qu’elle ne pourra assurer que 10 % du trafic. « Très clairement, nous invitons nos clients à annuler leurs déplacements, reporter leurs voyages, autant que c’est possible pour eux », a déclaré la directrice de la communication, Agnès Ogier. La compagnie prévoit que circuleront, en moyenne :

Un TGV sur dix ;

Un Intercités sur dix ;

Un Transilien sur dix ;

Un TER sur cinq.

« C’est un niveau [de circulation] inférieur à ce qu’on a connu en 2018 », au plus fort de la grande grève contre la réforme ferroviaire, a relevé Agnès Ogier, ajoutant : « Oui, la mobilisation est plus forte qu’en 2018 ! »

Les premiers signes de la grève apparaîtront dès mercredi soir, puisque les préavis reconductibles déposés par les quatre syndicats représentatifs de la SNCF (CGT-Cheminots, UNSA ferroviaire, SUD-Rail et CFDT-Cheminots) débutent à 19 heures mercredi. Mais le trafic de cette soirée sera « quasi normal », selon la direction, qui précise que « les horaires des trains du lendemain seront disponibles tous les jours au plus tard à 17 heures ».

Les voyageurs munis de billets de TGV Inoui, Ouigo, Intercités pourront demander un échange ou un remboursement « sans frais ni surcoût, y compris s’ils possèdent des billets non échangeables/non remboursables », a indiqué la direction.

A la RATP, onze lignes totalement fermées

Le trafic sur l’ensemble du réseau de la RATP sera « extrêmement perturbé », a annoncé la direction, qui prévoit une plus forte mobilisation que lors de la grève du 13 septembre, qui avait presque paralysé Paris et très fortement perturbé l’ensemble du trafic en Ile-de-France.

Les RER A et B rouleront partiellement, et uniquement aux heures de pointe, où la moitié des RER A et un tiers des RER B circuleront. « Les gares RATP seront fermées en dehors de ces horaires », précise le groupe.

Il n’y aura aucun métro sur les lignes 2, 3, 3 bis, 5, 6, 7 bis, 8, 10, 11, 12 et 13 ;

Le trafic sera « très fortement perturbé » sur les lignes 7 et 9 (un métro sur quatre), ainsi que sur la ligne 4 (un métro sur trois), et « uniquement » aux heures de pointe (6 h 30 - 9 h 30 et 17 heures - 20 heures) ;

Les lignes automatiques 1 et 14 circuleront normalement, avec un « risque de saturation en heures de pointe ».

Les prévisions de trafic pourront évoluer « jusqu’à jeudi matin », souligne le groupe, qui publiera des prévisions « chaque jour à 17 heures pour le lendemain » pendant la grève.

Les trois syndicats représentatifs de la RATP – l’Union nationale des syndicats autonomes (UNSA), la Confédération générale du travail (CGT) et la Confédération française de l’encadrement-Confédération générale des cadres (CFE-CGC) – ont déposé des préavis de grève illimités contre le projet du gouvernement de système universel de retraite par points, qui remplacerait les 42 régimes coexistant actuellement, dont le régime spécial des agents de la régie des transports parisiens.

Dans le transport aérien, 20 % des vols annulés

Air France, où onze syndicats de la compagnie appellent les salariés à participer, jeudi, aux manifestations contre la réforme des retraites, va annuler environ 30 % de ses vols intérieurs et 15 % de ses vols moyen-courriers, tandis que le long-courrier ne sera pas affecté, même si des retards et des annulations de dernière minute ne sont « pas à exclure ».

La compagnie française réagit ainsi à l’annonce par la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) selon laquelle 20 % des capacités allaient être supprimées jeudi. L’Union syndicale de l’aviation civile (USAC-CGT), deuxième syndicat chez les contrôleurs aériens et premier à la DGAC tous personnels confondus, appelle à faire grève jusqu’à samedi, contrairement au Syndicat national des contrôleurs du trafic aérien (SNCTA), première organisation chez les aiguilleurs du ciel, qui n’appelle pas à la mobilisation contre la réforme des retraites.

Chez Transavia France, « le programme de vol est maintenu » pour jeudi, a fait savoir un porte-parole. La compagnie à bas coûts du groupe Air France-KLM opère des vols moyen-courrier au départ des aéroports d’Orly, de Lyon et de Nantes.

3 décembre 2019

Les entreprises de travaux publics hésitent à lever le blocage des dépôts pétroliers

Par Benjamin Keltz, Frédéric Zabalza, La Rochelle, correspondant, Grégoire Allix

A l’issue de cinq heures de réunion à Bercy lundi, le gouvernement a mis sur la table une série de mesures pour répondre à certaines revendications.

Stop ou encore ? Alors qu’une partie de l’ouest de la France est menacée de panne sèche, les représentants d’entreprises de travaux publics devaient se réunir à Paris et au Mans, dans la soirée de lundi 2 décembre, pour décider de poursuivre ou de lever les blocages des dépôts pétroliers menés depuis jeudi 28 novembre. Un mouvement déclenché pour protester contre la suppression progressive de l’avantage fiscal dont bénéficie le secteur sur le gazole non routier (GNR), à partir du 1er juillet 2020.

Lundi, à l’issue de cinq heures de réunion à Bercy, où une dizaine d’entrepreneurs ont été reçus par le ministre des finances Bruno Le Maire, le gouvernement a mis sur la table une série de mesures pour répondre à certaines revendications. Mais sans revenir sur le cœur de la réforme : l’alignement des entreprises de travaux publics sur la fiscalité normale du gazole d’ici au 1er janvier 2022, en trois paliers. La perte d’un avantage qui renchérira les coûts des sociétés de 10 %, estime le secteur, dont les marges oscillent souvent entre 2 % et 4 %.

« Nous avons obtenu des avancées significatives, mais ne sommes pas satisfaits à 100 %. Nous ne levons donc pas le blocage », commentait François Calvez, patron d’une PME de terrassement et représentant finistérien de la Chambre nationale de l’artisanat des travaux publics et des paysagistes (CNATP), à la sortie du rendez-vous ministériel. Devant les dépôts de Brest, Lorient, Vern-sur-Seiche, La Rochelle et Le Mans, le blocage est donc maintenu jusqu’à nouvel ordre.

« Faut-il céder sur ce délai, accepter ces propositions et libérer les dépôts pétroliers, ou maintenir une pression et obtenir un délai de cinq ans exigé par de nombreuses entreprises ? », s’interrogeait la CNATP lundi soir. Le gouvernement a cédé à une revendication symbolique du secteur : celle de conserver un colorant dans le carburant, pour décourager les vols sur les chantiers. Mais les propositions visent surtout à limiter les risques de concurrence déloyale de la part d’entreprises agricoles, qui exécutent fréquemment des travaux publics dans les petites communes.

Ces sociétés continueront à bénéficier d’une fiscalité très avantageuse sur le gazole et pourront répondre aux appels d’offres avec des tarifs plus avantageux, moyennant une discrète entorse à la loi. A Brest, l’un des patrons prévient : « Il faut s’attendre à des règlements de compte à coups de fusil entre professionnels. » L’arsenal suggéré par le gouvernement pour renforcer les contrôles paraît assez difficile à mettre en œuvre aux professionnels.

Situation très tendue

Sans compromis sur la date d’entrée en vigueur de la réforme, la tentation va être forte pour les protestataires de poursuivre le mouvement. Sur le terrain, la situation est déjà très tendue. Dans l’ex-région Poitou-Charentes, les pompes ont été assaillies par les automobilistes tout le week-end ; certaines étaient déjà à sec. Des professionnels venus de toute la Charente-Maritime, mais aussi des départements voisins des Deux-Sèvres et de la Vendée, bloquent les dépôts pétroliers à Laleu-la Pallice, à La Rochelle.

A Brest, selon Jérôme Cussonneau, le directeur du dépôt pétrolier, le blocage du site empêche, chaque jour, quelque 150 camions de sortir pour livrer 4,5 millions de litres d’hydrocarbures dans les stations-service de la région. Devant les grilles, les manifestants savouraient la pagaille : « L’annonce d’un blocage provoque l’hystérie. Les gens se ruent à la pompe. Cette panique sert notre mouvement. Une pénurie fait davantage parler de notre action qu’une opération escargot. »

Spectaculaire, le mouvement n’en est pas moins minoritaire. La Fédération nationale des travaux publics (FNTP), qui représente l’essentiel du secteur, ne s’associe pas à ces blocages. Au mois de septembre, la fédération estimait avoir « évité le pire » en obtenant, outre quelques compensations, que la suppression de l’avantage fiscal entre en vigueur de manière échelonnée et puisse être entièrement répercutée sur les donneurs d’ordre, même pour les contrats en cours. Autrement dit, ce sont les collectivités locales qui payeront la facture, estimée par la FNTP à 700 millions d’euros par an pour les travaux publics.

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