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Jours tranquilles à Paris

20 août 2020

Avec le Covid, «la vie au travail ne sera plus comme avant»

bureau covid

Par Eva Fonteneau, correspondante à Bordeaux 

A Bordeaux, cinq chefs d’entreprise ont déjà instauré de strictes mesures sanitaires dans leurs bureaux. Pas toujours au goût de leurs employés.

Les discussions animées au détour d’un couloir. La pause clope ou café. Le déjeuner convivial entre collègues. Un stop rapide au distributeur de confiseries. Et, au passage, un petit verre d’eau à la fontaine pour se désaltérer… Après plusieurs semaines à rester enfermé chez soi en télétravail, le déconfinement a signé le retour des petites habitudes au bureau pour de nombreux employés. Et, alors que le nombre de clusters ne cesse de croître, la vie de bureau est pointée du doigt. Cinq chefs d’entreprise de la métropole bordelaise racontent à Libé les précautions qu’ils ont prises alors que le gouvernement prône désormais le port «systématisé» du masque dans les open spaces.

Bretelles

A 35 ans, Charles Ranguin est directeur adjoint au Village by CA Aquitaine, un accélérateur de start-up du centre-ville de Bordeaux. Dans ses locaux de 1 000 m², répartis sur deux étages, on compte environ 90 bureaux fermés ou en open space. «Dès la réouverture du site, le 25 mai, on a fait un peu comme tout le monde : on a installé du gel hydroalcoolique, matérialisé au sol des sens de circulation, interdit d’utiliser le frigo, condamné certaines places et espacé les bureaux à la manière des tables en terrasse de café. Et surtout, on a recommandé aux collaborateurs de porter le masque dans les parties communes», détaille Charles Ranguin.

Le trentenaire l’assure, «ça a plutôt bien marché au début». Puis le concède, «l’ambiance s’est détendue» à partir de mi-juillet. «Tout le monde s’est un peu relâché. J’imagine que beaucoup pensaient qu’on avait passé le plus dur. Résultat, plus grand-chose n’était respecté. Il y a une quinzaine de jours encore, les masques restaient dans les sacs, le frigo était à nouveau utilisé et les sens de circulation étaient comme invisibles.»

Annabelle, qui préfère conserver l’anonymat, est responsable dans un centre d’appels en Gironde. Elle emploie une dizaine de salariés et a aussi constaté que ses employés étaient moins rigoureux depuis le début de l’été. «Je dois toujours être sur leur dos pour qu’ils respectent les règles sanitaires. C’est une perte d’énergie, de temps, et une source de stress. Alors la généralisation, ça ne sera pas plus mal. Je n’aurai plus à me justifier et je pourrai l’imposer. Ça sera plus rassurant pour tout le monde. Même si je comprends que ça puisse être une contrainte.»

Contrairement à Annabelle, Charles Ranguin a noté «un sursaut» au Village ces dernières semaines. Face à la multiplication des clusters dans la région, il a remis les choses à plat. «Je ne veux pas faire la police, j’essaie plutôt la pédagogie. Evidemment, certains râlent. On nous accuse d’être jusqu’au-boutistes. Il y a même deux ou trois personnes qui refusent de porter le masque par conviction, estimant que ça ne sert à rien. Les jeunes sont les pires. J’ai le droit à un soupir dès que je fais une réflexion.» Même s’il doit s’attirer les foudres de certains, Charles Ranguin est en faveur de la généralisation : «Aujourd’hui, c’est ceinture plus bretelles. On anticipe le retour des vacanciers, ça va faire beaucoup de monde au même endroit.»

Laisser-aller

Erwan Le Bronec chapeaute la zone Sud-Ouest de l’entreprise Onepoint, spécialisée dans la transformation numérique. Il pilote deux sites dans des communes limitrophes de Bordeaux, où travaillent environ 350 personnes. Il confesse un laisser-aller quand il s’agit de respecter les sens de circulation. «Pour les masques, nous n’avons pas de problème car, malheureusement, des collègues sont tombés gravement malades du Covid-19, tempère-t-il. A ce moment-là, tout le monde a pris, il me semble, la mesure de ce qui était en train de se passer.» La généralisation, il est pour : «D’ailleurs, si le gouvernement ne l’impose pas, on réfléchit à le rendre obligatoire même lorsque les personnes sont assises à leurs bureaux. Après les retours de vacances, l’effectif va gonfler. Nous ne pourrons plus pousser les murs.»

Même discours à l’aéroport de Bordeaux-Mérignac, où plusieurs centaines d’employés - ceux qui ne peuvent pas télétravailler - continuent de venir pointer chaque jour. «L’aéroport est un endroit si particulier que nous n’avons pas attendu l’arrivée de nouveaux clusters pour imposer le port du masque et d’autres mesures drastiques dans nos locaux. Même ceux qui ne sont pas ouverts au public, indique Jean-Luc Poiroux, directeur du développement commercial. Partout où c’était possible de le faire, nous avons installé des cloisons pour faire barrière entre les bureaux dans les open spaces et imposé des sens de circulation.»

Chaque employé reçoit deux masques FFP2 par jour (les plus protecteurs, mais aussi les plus coûteux), à porter dès qu’il se déplace. «C’est un budget, mais il me semble nécessaire. Pourquoi pas de simples masques chirurgicaux ? Car c’est une zone de transit importante», souligne le directeur. Il s’appuie sur une quinzaine de fiches techniques détaillant l’organisation des pauses déjeuner dans les locaux ou la circulation dans les ascenseurs pour limiter les risques.

Autre gros investissement : l’aéroport a basculé sur une climatisation à renouvellement d’air à 100%. Tous les filtres ont été changés. «Le sujet a beaucoup fait débat, car il n’y a pas vraiment de réglementation en la matière, simplement des recommandations, poursuit Jean-Luc Poiroux. On a choisi de prendre un maximum de précautions.»

 Effrayés

A quelques kilomètres, l’entreprise Filhet-Allard, spécialisée dans le courtage d’assurances, emploie quelque 900 personnes sur son site girondin. «Je pense que la vie d’entreprise ne sera plus comme avant. Il faut commencer à l’accepter», commente Franck Allard, président du directoire de la société et chef du Medef en Gironde. «On va conserver des habitudes de visioconférences et limiter les déplacements à l’extérieur. Si le masque devient obligatoire - même assis à son poste de travail -, évidemment, je ne m’y opposerai pas.» Les protocoles sont déjà passés de 14 pages à 21, avant une éventuelle mise à jour.

Franck Allard anticipe la rentrée : «On a déjà commandé plus de 60 000 masques. Les couloirs vont à nouveau grouiller de monde. Ce qui m’inquiète, ce ne sont pas ceux qui refuseraient de porter le masque - à ma connaissance, il n’y en a pas -, mais ceux qui sont effrayés et ne veulent simplement pas revenir travailler au milieu de leurs collègues. Nous devons les rassurer et tout faire pour qu’ils se sentent en sécurité.»

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20 août 2020

Laetitia Casta pour Victoria's Secret

casta victoria

20 août 2020

Afghanistan : «Qui attaque des nouveau-nés et des mères ?»

Par Luc Mathieu, envoyé spécial à Kaboul, photos Sandra Calligaro — Libération

Le matin du 12 mai, une maternité de Kaboul subissait une violente attaque dans laquelle 24 personnes ont été tuées. Après plusieurs semaines d’enquête, «Libération» est parvenu à identifier les probables assaillants, et à déterminer ce qui a motivé le massacre.

Sakina devait sortir de la maternité le 12 mai, à 11 heures. Sa fille Zara, son sixième enfant, était née deux jours plus tôt. L’accouchement avait été long et Zara avait souffert de problèmes respiratoires. Mais elle se portait mieux. Dans la nuit du 11 au 12 mai, vers 3 heures du matin, Sakina a appelé son mari : «Viens nous chercher tout à l’heure, ils nous laissent rentrer à la maison, le bébé va bien.» Mohamed Amin était là, dès l’aube, devant l’entrée de la maternité de Médecins sans frontières (MSF) à Dasht-e-Barchi, quartier pauvre de l’ouest de Kaboul. Il a attendu dehors, les hommes ne sont pas admis dans les maternités afghanes. A 9 h 50, il a entendu les premiers coups de feu. Il s’est précipité, mais des policiers l’ont empêché d’entrer. Les tirs ont redoublé, des explosions ont retenti. Il a appelé sa femme des dizaines de fois. Elle n’a jamais répondu. Dans l’après-midi, il a erré d’hôpital en hôpital, priant qu’elle ne soit que blessée. Il a fini dans celui où avaient été déposés les morts. Sakina était là, yeux ouverts, une oreille ensanglantée et un trou à l’arrière du crâne, tuée d’une balle dans la tête. Zara, sa fille, était indemne.

Depuis, Amin reste seul, prostré dans son salon aux murs de béton sale à Bagh Qazi, à l’extrémité de Dasht-e-Barchi, où vivent un million de Hazaras, ethnie minoritaire chiite. Sa maison est adossée à une montagne sèche. Derrière se déploie la dangereuse et talibane province du Logar. Devant, depuis la fenêtre du salon, la vue sur Kaboul est splendide. C’est une maison de deux pièces, sans eau courante et avec une batterie de voiture posée sur un rebord de fenêtre pour compenser les coupures d’électricité. Il y a une petite cour au sol de poussière, typique des habitations vétustes de la ville. Aucune route n’y mène, seulement un sentier et ses ornières.

Amin est dévasté. Assis en tailleur sur un tapis, il ne cesse de s’affaisser, épaules voûtées, tête baissée et voix faible qui se meurt parfois dans les aigus. Il pleure souvent et sèche ses larmes avec son keffieh. «Quand on s’est mariés, j’avais 17 ans et elle 16. Elle était courageuse et humble. Il y a un mois, pendant le confinement, je ne pouvais pas travailler. J’allais ramasser des plantes sèches sur la montagne, elle se débrouillait pour faire du feu et cuire du pain. Elle me poussait, elle avait toujours des idées pour que notre vie soit plus facile.» Depuis l’enterrement, le mari de Sakina vit seul. Ses enfants sont restés dans sa belle-famille dans la province de Ghazni. Il doit les récupérer dans quelques semaines. «Comment vais-je faire ?» demande-t-il. Il n’a pas d’argent. Il travaille au jour le jour et collecte de la ferraille dans des décharges et des immeubles abandonnés. Cela lui rapporte 6 000 afghanis (67 euros) par mois.

Même dans un pays comme l’Afghanistan, même dans une ville comme Kaboul où les attentats sont devenus une norme, l’attaque du 12 mai est d’une sauvagerie effarante. Jamais une maternité n’avait été visée, jamais des tireurs n’avaient assassiné des femmes prêtes à accoucher, une par une, lit par lit, laissant leur bébé mourir avant d’avoir pu naître. L’attentat a tué 24 personnes, dont 16 mères, une sage-femme et deux enfants de 7 ans.

2020/08/24. Kaboul, Afghanistan. Mohamad Amir (34 ans) a perdu sa femme dans l'attaque de la maternité MSF le 12 mai dernier.  Il a envoyé ses 6 enfants, dont le nouveau-né, chez son frère en province, pour que sa belle-soeur s'en occupe. Depuis, incapable de travailler, il reste la plupart du temps seul dans sa petite maison sur les hauteurs de Dasht-e Bartchi. Quand il évoque Sakina, sa femme défunte, sa voix se brise, ses mains tremblent, triturent son cheche. "Pourquoi est-ce toujours les meilleurs qui Mohamed Amin, chez lui, le 28 juillet. Sa femme Sakina devait quitter la maternité le matin de l’attaque. Photo Sandra Calligaro pour Libération

Amin n’est pas que fracassé par la tristesse, il est aussi furieux. Il sait qu’en tant que Hazara, il est une cible. Les talibans les honnissent et les jihadistes de l’Etat islamique (EI) les haïssent ; ils sont chiites, et donc impies. Depuis que Daech s’est implanté en Afghanistan en 2015, les Hazaras n’ont jamais été autant visés par des attentats : une manifestation en 2016, un centre culturel en 2017, un club de sport en 2018, des étudiants dans un bus en 2019, un mariage et une cérémonie pour l’anniversaire d’une figure hazara en 2020. «Oui, c’est sûrement Daech qui a attaqué la maternité. Ou les talibans, ou quelqu’un d’autre, comment je pourrais savoir ? Je n’attends rien du gouvernement, ce sont des traîtres, ils ne s’intéressent qu’à eux, qu’à leurs intérêts. Il faut que la communauté internationale se charge de l’enquête. Et après, je voudrais que le responsable soit amené ici, dans ce salon, juste quelques secondes. Je lui dirais : "Tu vois ma maison, tu vois comment on vit. Pourquoi tu as tué ma femme ?" Je voudrais qu’il comprenne que je brûle comme du bois sec.»

Personne n’amènera l’organisateur de l’attaque chez Amin. L’attentat n’a pas été revendiqué - les talibans ont nié catégoriquement en être les auteurs - et l’enquête n’est pas finie. «Vous savez, elle ne le sera peut-être jamais, dit un conseiller de la présidence afghane. Souvent, les investigations sur les attentats n’aboutissent pas. Le NDS [le National Directorate of Security, les services de renseignement afghans, ndlr] travaille, mais quand leur piste aboutit au Pakistan, c’est fini, ils ne peuvent pas aller plus loin. C’est vrai que cette attaque devrait déclencher une enquête internationale. Mais qui s’en soucie ? Rien ne se passera, tout le monde a déjà oublié.» MSF a mené ses propres investigations. L’ONG n’a pas pu conclure formellement à la responsabilité de tel ou tel groupe. «Nous avons les versions émises par différentes parties qui ne concordent pas. Et nous n’avons pas de preuves», expliquait à la mi-juillet Françoise Bouchet-Saulnier, directrice juridique de MSF.

Libération a eu accès à l’enquête des services de renseignement afghans. En la croisant avec les récits de victimes, les analyses de hauts responsables du gouvernement et de diplomates, il est possible de pointer le responsable : l’Etat islamique (EI). Et un mobile : la vengeance. Deux femmes enceintes avaient été tuées début mai lors d’une opération des forces de sécurité contre une cellule de Daech dans la région de Kaboul. Mais selon le NDS, l’EI n’a pas agi seul. Des hommes du réseau Haqqani, un groupe afghan allié aux talibans, ont assuré la logistique. Le Lashkar-e-Taiba, une organisation jihadiste pakistanaise, aurait agi, pour sa part, comme commanditaire. Un «triangle», comme dit un responsable du NDS, qui explique aussi la diversité des réactions officielles, de la présidence afghane au département d’Etat américain, chacun pouvant pointer le responsable qui l’arrange. Trois mois après les faits, il est possible de retracer l’attaque et d’expliquer pourquoi une maternité a pu être visée et des femmes tuées alors qu’elles venaient d’accoucher ou s’apprêtaient à le faire.

1. L’attaque

Le 12 mai, peu avant 9 h 50, un chant religieux, déclamé en pachtou, est entendu sur le canal 1 du système radio de Médecins sans frontières. Quelques minutes plus tard, un homme, vêtu d’un shalwar kamiz bleu et d’un haut d’uniforme de la police, arrive devant la haute porte métallique blanche qui marque l’entrée de l’hôpital dit des «100 lits» de Dasht-e-Barchi. La maternité est au bout de l’allée, à une cinquantaine de mètres à l’intérieur de l’enceinte. L’homme tire sur un garde, non armé, qui tombe.

Jamila Hussein, 60 ans, est là, assise sous l’auvent métallique à l’entrée de l’hôpital. Elle est venue avec ses petits-enfants, Maadi et sa cousine Razia, 7 ans tous les deux, qui doivent se faire vacciner. Elle voit arriver l’assaillant armé d’une kalachnikov. «Il était jeune, à peine adulte. Il m’a regardé et il a tiré. Maadi a fait un drôle de bruit, comme s’il avait reçu un énorme coup de poing dans le ventre.» Jamila, touchée par deux balles dans les jambes, se penche vers ses petits-enfants. Elle a le temps de voir passer deux autres hommes : «Ils portaient un uniforme de la police et avaient des armes, ils étaient avec celui qui a tiré, ils le suivaient à un ou deux mètres. C’était une équipe. Ils sont passés sans nous regarder.» Les deux enfants mourront quelques minutes plus tard.

24/07/2020. Kaboul, Afghanistan. Mohamad Assef a perdu son fils Mahdi, âgé de 7 ans, lors de l'attaque de la maternité MSF le 12 mai 2020. Il était venu se faire vacciner à l'hôpital avec sa grand-mère. Sa petite soeur Mahdia ne sait pas qu'il est décédé, ses parents lui ont dit que son frère était parti en pélerinage à Kerbala. Depuis, elle attend son retour, et passe son temps sur le vélo de son frère, où à côté.Le père de Maadi, 7 ans. Sa petite sœur Mahdia ne sait pas que son frère a été tué et pense qu’il est parti en «pèlerinage». Photo Sandra Calligaro pour Libération

Ghulam Reza Barati, qui fait office de chef informel de la communauté hazara du quartier, était juste à côté de l’hôpital quand il entend les premiers coups de feu. Il voit l’homme en shalwar kamiz bleu qui court dans l’allée. «J’avais mon pistolet, je lui ai tiré dessus.» L’assaillant continue à courir. Il n’hésite pas, il sait où il va : au bout de l’allée, à la maternité.

Dans le bâtiment à un étage, l’alarme hurle. Les employés ont suivi une formation de sécurité. Ils savent qu’il faut se précipiter avec les patients qui le peuvent dans les «safe rooms», les chambres fortes. Il y en a plusieurs, réparties dans les deux niveaux. Elles sont fermées par d’épaisses portes métalliques qui résistent aux balles. Au total, plus de 90 personnes, dont 9 patientes, s’y réfugient. Il n’est pas encore 10 heures.

Les premiers policiers arrivent. Ils se méfient, ne connaissent pas les assaillants ni les types d’armes qu’ils utilisent. Ils restent à distance. A 10 h 29, la CRU (Crisis Response Unit), les forces spéciales afghanes, est prévenue. A l’intérieur de la maternité, le carnage a commencé. Au moins un assaillant est entré en tirant sur la serrure de la porte d’entrée. Il s’engouffre dans une première salle, où attendent des femmes qui doivent accoucher. Il ouvre le feu, trois sont tuées. Il continue dans le couloir et rejoint la salle «post-natale», où se reposent celles qui viennent de donner naissance. Il s’approche des lits. Une mère qui s’était cachée sous le lit est abattue. Mais il en épargne une autre : elle l’a supplié, en pachtou, de ne pas tirer.

Depuis la chambre forte où elle s’est réfugiée avec 13 autres personnes, Chékaba (1), médecin, entend les coups de feu. Les assaillants se rapprochent. L’un d’eux frappe à la porte blindée. Chékaba l’interpelle : «Nous sommes des employés de MSF, qu’est-ce que vous voulez ?» «Si vous êtes des médecins et des infirmières, sortez», répond l’homme. «Il parlait très mal dari, c’était très haché, très lent. A un moment, il est passé au pachtou, mais ce n’était pas un pachtou comme on le parle en Afghanistan. Il avait un accent pakistanais», raconte Chékaba. L’homme est bien renseigné, il connaît le nom et la fonction de plusieurs employés. Elle l’entend parler avec un autre homme. «Ils étaient au moins deux, c’est sûr, j’ai aussi entendu leurs pas quand ils se sont éloignés. Ils n’ont pas essayé de forcer la porte.»

A l’extérieur de la maternité, l’opération militaire se met en place. A 11 h 46, des forces spéciales de l’Otan arrivent. Les soldats sont américains et anglais. L’assaut est dirigé par des Norvégiens. Ils s’approchent par l’arrière de la maternité, par le portail de la «guest house», la maison où sont logés les employés étrangers de MSF. Ils ont des drones et un robot anti-explosifs. A 13 heures, le chef de la sécurité de MSF reçoit un message : «N’ouvrez pas [les chambres fortes]. Ça va être violent.» Les tirs et les explosions redoublent. Devant l’entrée, deux voitures brûlent sur le parking. A côté, un corps. C’est celui de Maryam, une sage-femme. Elle n’a pas voulu s’échapper, elle est restée avec une patiente dans un préfabriqué installé dans la cour. «Elle était complètement carbonisée. Je la connaissais bien, je l’ai reconnue à sa bague», dit Ghulam Reza Barati, le chef de la communauté.

Des snipers de l’Otan se positionnent sur des toits. Les soldats afghans tirent sans discontinuer. Deux hélicoptères tournent au-dessus de la maternité. Un assaillant est au rez-de-chaussée et tente de s’échapper. Mais il est coincé, il n’y a pas de cave. Il finit par se retrouver dans un cul-de-sac, un réduit qui donne sur la cour. C’est là que son corps sera retrouvé. Une photo le montre torse nu, sans blessures apparentes. Ses vêtements ont été découpés par les forces spéciales, qui étaient persuadées de trouver une ceinture d’explosifs. Il n’en avait pas. Selon une source occidentale, il était âgé de 19 ans.

Depuis sa chambre forte, Chékaba entend que les tirs ont cessé. Elle entrouvre la porte blindée et aperçoit des soldats étrangers. Elle sort et découvre le carnage, les impacts de balles, les traînées de sang et les corps des femmes, certaines défigurées. Elle découvrira plus tard que dans une autre chambre forte, un bébé est né. La sage-femme a coupé le cordon ombilical avec ses mains. Il est un peu plus de 14 h 30, l’attaque a duré près de cinq heures.

2. Les auteurs

Une vengeance. Les enquêteurs du NDS et des responsables étrangers en sont persuadés : l’attaque contre la maternité a été décidée en représailles à une opération des forces afghanes contre une cellule de l’Etat islamique. Il ne s’agit pas d’une construction intellectuelle ou d’une intuition. Selon nos informations, une «interception téléphonique», une écoute, le prouve.

Apparu en 2015 dans le pays, l’Etat islamique de la province du Khorasan, le nom de la branche dans la région, a été largement affaibli par des offensives militaires en 2018 et 2019. Il a perdu ses fiefs dans la province de Nangarhar (Est) et s’est replié plus au nord, dans la Kunar. Mais le groupe conserve des cellules dans plusieurs grandes villes, dont Kaboul, et reste capable de commettre des attentats. Dans les semaines qui ont précédé l’attaque, le NDS a lancé plusieurs opérations. Début avril, le chef de l’EI en Afghanistan, Aslam Farooqi, est arrêté dans la province de Kandahar (Sud). Le 5 mai, des raids visent trois cellules à Kaboul et dans le district de Shakar Dara, à une vingtaine de kilomètres au nord. Après cinq heures de combats, le NDS annonce que cinq «combattants» sont tués. Parmi eux, trois femmes, dont deux étaient enceintes. «C’est là qu’est l’explication, dit une source sécuritaire. Ils se sont vengés en visant une maternité. D’autant que ce n’était pas une cible compliquée à frapper.»

L’un des auteurs a été identifié : Abou Omar, aussi appelé Nour Akbar. Agé d’une vingtaine d’années, il avait fait allégeance à Daech dans la province de Kunar il y a environ un an. Il a ensuite disparu en Iran, affirme une source au NDS, avant de revenir en avril.

Le réseau Haqqani est aussi impliqué, selon l’enquête des services de renseignement afghans. Le groupe doit son nom à son fondateur, Jalaluddin Haqqani, un chef de guerre allié des Etats-Unis durant les combats contre l’armée rouge. Il s’est ensuite allié aux talibans après l’intervention de l’Otan. C’est lui qui, à partir de 2005, a commencé à commanditer des attentats-suicides en Afghanistan, jusque-là épargné. L’organisation est contrôlée par les services de renseignement militaire pakistanais (ISI). A sa mort, Jalaluddin Haqqani a été remplacé par l’un de ses fils, Sirajuddin, qui est aussi devenu numéro 2 des talibans.

«Nous avons arrêté deux hommes, Atahullah et Rafiullah, originaires du nord du pays, qui ont servi de facilitateurs pour l’attentat contre MSF. Ils appartiennent au réseau Haqqani, il n’y a aucun doute», affirme un officiel du NDS. L’hypothèse est plausible, le réseau dispose de cellules capables d’organiser ou d’aider à la préparation d’attentats, en fournissant caches, armes, et même des kamikazes. L’organisation est-elle pour autant directement impliquée ? «Il faut faire attention. Les facilitateurs du réseau Haqqani peuvent aussi se comporter en hommes d’affaires qui font payer leurs services à qui le demande. Cela ne signifie pas que la direction du mouvement était au courant et que les talibans soient impliqués par ricochet», explique une source occidentale.

27/07/2020. Kaboul, Afghanistan. Les abords de l' "hôpital des 100 Lits", dans lequel MSF soutenait la maternité. le 12 mai dernier, une attaque jusqu'à présent non revediquée, a fait 24 morts: principalement des mères en train d'accoucher et nouveaux nés, mais aussi une sage-femme de MSF et deux enfants venus se faire vacciner.Aux abords de l’hôpital des «100 lits», dans le quartier pauvre de Dasht-e-Barchi (ouest de Kaboul), le 27 juillet. Photo Sandra Calligaro

Reste une question : comment Daech a-t-il pu frapper alors que son chef en Afghanistan avait été arrêté un mois plus tôt ? «L’EI est très hiérarchisé dans la région. La perte de son dirigeant a forcément perturbé le fonctionnement du groupe, surtout pour décider d’une attaque aussi symbolique. Le plus probable est qu’une autre organisation a été impliquée», explique le chercheur Hussein Ehasani, auteur d’une étude sur l’EI en Afghanistan. L’analyse est corroborée par un officiel du NDS et par l’un de ses anciens directeurs. Selon eux, l’ordre de frapper est venu du Lashkar-e-Taiba, une organisation jihadiste pakistanaise. Il y a une connexion directe : le chef de l’EI arrêté en avril, Aslam Farooqi, avait été l’un de leurs commandants. «Ils fonctionnent ensemble, dans un triangle. Le Lashkar-e-Taiba a commandité, le réseau Haqqani a aidé, et des hommes de l’EI ont frappé. On a vu cette configuration dans plusieurs autres attentats récents. Parfois, Daech ne fait même qu’endosser la responsabilité, ce sont des gens de Haqqani qui commettent l’attaque», dit un officiel du NDS.

Trois mois après les faits, il demeure de nombreuses zones d’ombre et de mystères. Combien y avait-il d’assaillants ? Cinq, selon le NDS. Trois, selon des sources diplomatiques. Mais pourquoi un seul corps a-t-il été vu par les employés de MSF lorsqu’ils sont sortis des chambres fortes ? Les autres se sont-ils échappés ? Ou ont-ils tous été tués, comme l’affirment les services afghans ? Et comment étaient-ils aussi bien renseignés ? Depuis combien de temps la maternité était-elle devenue une cible potentielle ? Qui la surveillait ? Pourquoi l’Etat islamique n’a-t-il pas revendiqué l’attaque ?

MSF n’a pas attendu d’avoir toutes les réponses. Le 15 juin, l’ONG a annoncé qu’elle retirait ses équipes de la maternité. «Des murs plus hauts et des portes de sécurité plus épaisses n’empêcheront pas de tels actes de se reproduire», a dit son directeur général, Thierry Allafort-Duverger. Le gouvernement afghan est censé prendre le relais et remplacer les médecins. «Il faudra au minimum un an, un an et demi, pour recruter et se réorganiser. Et encore, c’est optimiste, dit un responsable du ministère de la Santé. Il faut que MSF comprenne précisément ce qu’il s’est passé et que le gouvernement s’engage à les protéger. Alors ils pourront revenir. Il le faut, un million de personnes, les habitants de Dasht-e-Barchi, dépendent d’eux.»

3. Les récupérations politiques

Comme après chaque attentat majeur, les condamnations se succèdent. «Qui attaque des nouveau-nés et des mères ? Qui fait cela ? Le plus innocent des innocents, un bébé ! Pourquoi ?» s’indigne sur Twitter Deborah Lyons, chef de la mission des Nations unies en Afghanistan. Dans un communiqué, le Quai d’Orsay présente ses condoléances aux familles des victimes. Les réactions sont d’autant plus vives qu’un autre attentat, revendiqué par l’EI, a visé les funérailles d’un chef de la police dans la province de Nangarhar (Est), tuant au moins 25 personnes. Comme si aucune étape du cycle de la vie, de la naissance à la mort, ne pouvait être épargnée en Afghanistan. Aux condamnations d’usage se superposent les réactions politiques. Dans un discours télévisé, le président afghan accuse non seulement l’Etat islamique, mais aussi les talibans. Et il ordonne aux forces de sécurité «de mettre fin à leur posture de défense active, de retourner à leur posture offensive, et de reprendre leurs opérations contre l’ennemi». Son vice-président, Amrullah Saleh, est encore plus vindicatif : «Les terroristes talibans, leurs alliés présents et passés, et leurs jumeaux idéologiques ont attaqué une maternité et des funérailles… Voilà le comportement des nouveaux talibans après qu’ils ont suivi des cours d’humanité à Doha.» Le message est alambiqué mais transparent : c’est une charge contre l’accord signé fin février au Qatar entre les Etats-Unis et les talibans. Après dix-neuf ans de guerre, Washington a accepté de fixer un calendrier de départ de ses troupes. Les talibans ont gagné.

Cet accord a rendu furieux la présidence afghane. Ashraf Ghani n’a non seulement pas été consulté, mais il s’est vu intimer l’ordre par les Etats-Unis de libérer 5 000 prisonniers insurgés et de démarrer un processus de paix. Il a tenté de résister, de fixer ses conditions, mais Washington, via son émissaire Zalmay Khalilzad, lui rappelle régulièrement qu’il ne peut pas s’opposer à la volonté américaine. «Ghani et une partie de son gouvernement ont tout fait pour impliquer les talibans dans l’attaque. Ils veulent que ce soit eux pour reprendre la main et ne pas démarrer les discussions de paix. Ghani est prêt à tout pour rester au pouvoir, chaque jour passé au palais présidentiel est une victoire pour lui», explique une source diplomatique. Les talibans, eux, ont nié toute implication. «Nous ne pourrions même pas penser à attaquer une maternité et des funérailles», a déclaré leur porte-parole au Qatar, Suhail Shaheen.

Les responsables américains en prennent note et réagissent à l’inverse du gouvernement afghan : ils accusent l’Etat islamique. Le secrétaire d’Etat, Mike Pompeo, va jusqu’à déclarer : «Les talibans et le gouvernement afghan devraient coopérer pour amener les responsables devant la justice.» Le 15 mai, l’émissaire américain Zalmay Khalilzad, maître d’œuvre de l’accord avec les insurgés, affirme que Washington a conclu à la responsabilité de l’EI et dit aux Afghans de ne pas tomber «dans le piège qui leur est tendu». «Les Afghans doivent se rassembler [et] poursuivre une opportunité historique de paix. Plus d’excuses. Les Afghans, et le monde, méritent mieux», conclut-il. Les pourparlers entre le gouvernement afghan et les talibans étaient censés démarrer le 10 mars. Ils pourraient finalement débuter courant août.

Mohamed Amin, le mari de Sakina, ne suit pas les tractations. Il n’espère pas la paix, il ne connaît que la guerre. Depuis la mort de sa femme, il ne dort plus. «Je pense sans arrêt à ce qu’elle me disait quand je partais travailler : "Fais attention, c’est Kaboul, il y a des attentats et des voitures piégées." Elle s’inquiétait sans arrêt pour moi, pour les enfants. Mais pas pour elle.»

(1)     Le prénom a été changé.

20 août 2020

«ENTRE LA RÉALITÉ DURE ET LA BEAUTÉ UTOPIENNE» UNE NOUVELLE HISTOIRE VISUELLE DE «SEB XAVIER» {NSFW / ÉDITORIAL EXCLUSIF}

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Le photographe Seb Xavier  présente ce nouvel éditorial exclusif de NAKID intitulé ' Between Harsh Reality & Utopian Beauty '.

Cette série traite de la dualité, de la société se trouvant dans un carrefour permanent entre beauté / bonheur; et tristesse / douleur. Nous pouvons voir l'être humain parfait, le couple parfait, la vie parfaite sur les réseaux sociaux ou à partir de leur apparence, mais vous ne pouvez pas connaître l'histoire complète. Vous ne savez pas s'ils sont vraiment heureux… C'est difficile à dire à la surface.

«Je voulais utiliser de belles images pour raconter des histoires tristes.» - Seb Xavior

Inspiré par l'art classique, de la composition, à l'éclairage en passant par l'exécution, j'ai voulu apporter nuance et profondeur à cette série. Utiliser l'imagerie allégorique et le symbolisme pour évoquer plus qu'une belle photo.

Au lieu de dépeindre la victoire de la lumière sur les ténèbres, je voulais exprimer le sentiment d'insécurité et de vulnérabilité de l'humanité dans le monde moderne et montrer comment nous sommes dans une conjoncture éternelle entre la laideur de la vérité et la beauté de la tromperie.

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20 août 2020

Puy-du-Fou : il n'y aura pas de nouvelle dérogation pour accueillir 9 000 spectateurs

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Volte-face.

Plus de dérogation (pour le moment) pour le Puy-du-Fou. Le parc d'attractions vendéen, qui avait bénéficié d'une dérogation «exceptionnelle» de la préfecture pour accueillir 9 000 spectateurs le 15 août dernier, devra se contenter de la jauge maximale de 5 000 personnes le week-end prochain, les 21 et 22 août, indique Ouest-France. Ces demandes d'augmentation de la jauge encadraient les représentations du spectacle-phare du parc, la Cinéscénie. Benoît Brocart, le préfet de la Vendée, a donc décidé de ne pas renouveler sa décision, qui avait fait polémique. Motif : «la réévaluation de la situation sanitaire locale et nationale, les données les plus à jours confirmant une dégradation qui s'accélère», explique-t-il.

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20 août 2020

Fanny Müller

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20 août 2020

Vannes - Sabine Weiss, une vie en images

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Sabine Weiss a toujours son regard de jeune fille.

Le Kiosque de Vannes propose une exposition exceptionnelle cet été, consacrée à la photographe Sabine Weiss. L’occasion de découvrir une sélection de clichés de cette grande dame de la photographie, dernière représentante de l’école humaniste française.

Jeudi soir, nombreux étaient les curieux ou passionnés de photo, venus rencontrer Sabine Weiss, grande dame de la photographie, dernière représentante du mouvement humaniste, auquel appartenait Robert Doisneau.

Née en 1924, elle a traversé son époque, avec un œil toujours acéré, captant les visages des personnalités, vedettes, mannequins ou clochards avec le même regard fugace et spontané. « J’avais un travail à réaliser, souvent des publicités, des reportages, mettant plutôt en avant des stars. On dit que j’ai fait de la photo humaniste, alors que c’était pour moi un passe-temps de prendre des gens du quotidien ! » Ses sujets de prédilection ? « Les enfants, la rue, la solitude des vieillards… J’ai toujours aimé le côté humain en toute simplicité », explique Sabine Weiss, qui avoue ne plus pratiquer du tout la photo depuis cinq ans. « Je me suis un peu essayée au numérique, mais c’était bien trop complexe ! »

Belle amitié avec Doisneau

Au sujet de Robert Doisneau, la photographe précise qu’elle peut se « targuer d’avoir partagé avec lui une belle amitié. Nous étions de la même école, de la même agence de presse ». Celle qui a photographié aussi bien Chanel que Bardot, Françoise Sagan, Stravinsky ou Fernand Léger, a su garder son regard de jeune fille, vif et malicieux, et des réparties savoureuses. « Quand on me demande si j’ai déjà été impressionnée par certaines personnes, je dirais que je n’ai jamais été vraiment impressionnable ! »

C’est avec beaucoup d’émotion que Sabine Weiss a parcouru l’exposition « Une Vie de Photographe », en retrouvant certains documents et archives, comme par exemple son diplôme de photographe décroché en Suisse, sa terre natale.

Pratique

Jusqu’au 6 septembre au Kiosque, esplanade Simone-Veil, tous les jours 10 h-13 h et 14 h-19 h. Entrée libre avec port du masque.

20 août 2020

Diesel Darling

diesel darling

20 août 2020

Cinéma : Jared Leto va incarner l’artiste Andy Warhol

L’acteur américain Jared Leto (48 ans) va incarner le peintre Andy Warhol dans l’adaptation filmée du livre de Victor Bockris sorti en 1989. Il l’a annoncé lui-même sur son compte Instagram le 6 août dernier, date anniversaire de la mort de l'artiste.

Né en 1971 en Louisiane, Jared Leto est un artiste multicartes car il est tout à la fois acteur, chanteur (il est le leader du groupe rock Thirty Seconds to Mars), musicien, réalisateur, mannequin et producteur. Un profil qui sied parfaitement au héros qu’il vient d’annoncer vouloir incarner prochainement à l’écran : Andy Warhol qui était peintre Pop, dessinateur publicitaire, réalisateur de film, acteur et producteur musical. Si les détails du projet à venir n’ont pas encore été divulgués, il semble en revanche que ce nouveau biopic devrait s’appuyer sur Warhol : The Biography, un ouvrage du spécialiste des scènes rock et alternatives Victor Bockris, qui devrait aider l’acteur dans cette incarnation nécessitant un engagement particulier.

Un nouveau défi pour l’acteur caméléon

Jared Leto s’est fait connaître en 2000, dans le chef-d’oeuvre de Darren Aronofsky Requiem for a Dream, où il jouait le rôle d’un héroïnomane. Du péplum Alexandre (2004) aux films de science-fiction Mr. Nobody (2009) et Blade Runner 2049 (2017), on le voit très régulièrement apparaître au générique des films américains et il obtient, en 2014, l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour son interprétation d’un transgenre séropositif dans Dallas Buyers Club, une performance pour laquelle il perd plus de vingt kilos. Véritable caméléon se prêtant aux transformations physiques les plus impressionnantes, l’acteur a cependant été largement critiqué en 2016 pour son interprétation caricaturale du personnage mythique du Joker dans Suicide Squad de David Ayer.

Warhol au cinéma

Jared Leto ne sera pas le premier à se mettre dans la peau d’Andy Warhol. L’artiste lui-même avait joué dans nombre de productions cinématographiques, de Normal Love (1963) à Cars: Heartbeat City (1984). Plus récemment, c’est Crispin Glover qui l’avait interprété, auprès de Val Kilmer en Jim Morrisson, dans The Doors d’Oliver Stone en 1991. Puis Jared Harris reprend le rôle dans I Shot Andy Warhol de Mary Harron en 1996 avec Lili Taylor jouant Valerie Jean Solanas, celle qui a essayé de tuer l’artiste car celui-ci avait refusé l’un de ses scénarios. Le chanteur David Bowie reprend le flambeau l’année suivante dans Basquiat, réalisé par le peintre Julian Schnabel. Enfin, Guy Pearce a incarné ce personnage new yorkais à la chevelure argentée dans Factory Girl en 2006. Pour ce film de George Hickenlooper autour de Edie Sedgwick, c’est Sienna Miller qui incarnait la riche héritière venue à la Factory new-yorkaise d’Andy Warhol.

Guy Boyer - Directeur de la rédaction

19 août 2020

‘I WANNA TAKE IT OFF’ A NEW VISUAL STORY BY ‘IRINA NEKLYUDOVA’ {NSFW/EXCLUSIVE EDITORIAL}

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Photographer Irina Neklyudova and model Martha Gromova teamed up for today’s exclusive NAKID feature editorial titled, ‘I Wanna Take It Off‘.

“Generally in my work I’m inspired by my models. Martha is very plastic, artistic and a sexual model. When I’m taking her photos she’s hypnotizing and I can’t stop.”

If you love this visual story then show them some love, this is just a glimpse of the amazing stuff they have created – head over to their Instagram below to check out more from this awesome artist and support their creativity and your daily inspiration by following them!

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