Santé - Covid-19 : où en sont les traitements ?
COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)
La Russie est le premier pays à avoir approuvé un vaccin contre le Covid-19. Ailleurs, les essais pour mettre au point des traitements se poursuivent.
Pour le moment il n’existe pas de traitement spécifique pour lutter contre le Covid-19. Plusieurs médicaments et vaccins sont à l’étude et doivent encore démontrer leur efficacité. Certains sont plus prometteurs que d’autres. Les traitements présentés ci-dessous ne constituent pas une liste exhaustive de tous ceux qui font l’objet d’essais précliniques ou cliniques.
Vaccins
La Russie a créé la surprise le 11 août en annonçant l’approbation d’un vaccin mis au point par l’institut Nikolaï Gamaleïa, bien qu’il ne soit pas passé par toutes les phases nécessaires d’un essai clinique, comme le souligne Nature.
Parmi les 167 vaccins candidats en cours de développement recensés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), six ont entamé la phase III (la dernière d’un essai clinique qui doit impliquer plusieurs milliers de volontaires, vérifier que le vaccin protège effectivement et repérer d’éventuels cas rares d’effets secondaires) et deux sont entrés dans des phases combinées II-III.
Sur ces huit traitements préventifs à approcher la ligne d’arrivée, quatre sont issus de laboratoires chinois (CanSino Biologics, Sinovac Biotech et Sinopharm, qui réalise les phases III pour les vaccins développés par le Wuhan Institute of Biological Products et par le Beijing Institute of Biological Products). Les autres sont l’américain Moderna, la société allemande BioNTech, en collaboration avec Pfizer et le producteur chinois de médicaments Fosun Pharma, et le suédo-britannique AstraZeneca, en partenariat avec l’université d’Oxford. Enfin, l’australien Murdoch Children’s Research Institute n’a pas mis au point un nouveau vaccin pour cibler le coronavirus, mais il a identifié qu’un vaccin développé au début du siècle dernier contre la tuberculose pourrait avoir des effets bénéfiques pour prévenir le Covid-19. Des essais à grande échelle sont en cours dont un en phase III en Australie.
Médicaments
Parmi les nombreux remèdes expérimentés, deux se sont montrés particulièrement prometteurs, mais uniquement auprès de patients touchés par des formes graves de la maladie. Il s’agit du remdésivir et de la dexaméthasone.
Le premier est un antiviral initialement testé contre Ebola et l’hépatite C. Les données préliminaires de l’essai clinique démarré au printemps ont montré que le remdésivir permet de réduire le temps de récupération des personnes hospitalisées. “Ces premiers résultats n’ont montré aucun effet sur la mortalité, mais les données rétrospectives publiées en juillet suggèrent que le médicament pourrait réduire les taux de mortalité chez les personnes très malades”, rapporte le New York Times.
Le second est utilisé depuis longtemps dans le traitement d’allergies ou d’asthme notamment. Une étude parue en juillet dans The New England Journal of Medicine et conduite auprès de 6 000 patients a mis en évidence que la dexaméthasone réduisait les décès d’un tiers chez les patients sous ventilateurs et d’un cinquième chez ceux placés sous oxygène. Il pourrait cependant nuire aux personnes qui ne sont qu’à un stade précoce de la maladie ou qui n’ont pas de symptômes sévères. Les Instituts de la santé américains (NIH) recommandent d’ailleurs de réserver l’usage de la dexaméthasone aux personnes sous respirateur ou sous oxygène.
Des molécules qu’on pensait prometteuses se sont finalement révélées décevantes. C’est le cas de l’association de médicaments anti-HIV lopinavir et ritonavir (seuls ou combinés à d’autres antiviraux). Début juillet, l’OMS a suspendu ses essais cliniques, tout comme pour les essais impliquant la chloroquine et son dérivé l’hydroxychloroquine. Ces antipaludéens, vantés notamment par le président américain Donald Trump et le populaire professeur Raoult en France, ont été surmédiatisés pendant des mois.
Deux études cliniques randomisées publiées en juin et en juillet ont montré que l’hydroxychloroquine n’aidait pas les personnes atteintes de Covid-19 à aller mieux, qu’elle n’empêchait pas les personnes en bonne santé d’être contaminées, et que son administration à des personnes juste après avoir reçu un diagnostic positif de Covid-19 ne réduisait pas la gravité de la maladie. Une étude parue dans The Lancet suggérant quant à elle que la chloroquine pouvait être dangereuse en cas de Covid-19 a par ailleurs été retirée. D’après le site spécialisé Stat, plus d’une centaine d’essais cliniques pour tester la chloroquine ou son dérivé seraient encore en cours.
Autres traitements
Beaucoup d’espoirs ont également été placés dans l’utilisation de plasma sanguin de personnes guéries, une méthode qui a déjà fait ses preuves par le passé. Plusieurs essais cliniques sont en cours. Mais pour le moment les résultats publiés – qui ne concernent qu’un nombre restreint d’individus – sont mitigés. “Une étude [mise en ligne le 12 août] menée à l’échelle nationale [aux États-Unis] suggère que l’injection de plasma sanguin prélevé chez des patients guéris du Covid-19 aurait un effet positif chez les malades, néanmoins, en raison de l’absence de groupe de contrôle dans cette étude, plusieurs experts reconnaissent avoir du mal à interpréter ces résultats”, rapporte Stat.
L’utilisation d’interférons, promue au Venezuela et à Cuba notamment, a montré des résultats encourageants en laboratoire sur des cellules et des souris, et continue d’être une piste explorée. La phase III d’un essai clinique pour étudier le médicament Rebif (contenant des interférons de synthèse) combiné au remdésivir a d’ailleurs été lancée le 6 août aux États-Unis. Les interférons sont des molécules naturellement produites par notre organisme pour répondre à une attaque virale.
Parmi les autres voies explorées, notons l’utilisation de cellules souches. Certaines peuvent sécréter des molécules anti-inflammatoires et depuis plusieurs années des scientifiques cherchent à les utiliser comme traitement des “orages cytokiniques”, une réaction immunitaire excessive qu’on retrouve chez certains malades du Covid-19. Une douzaine d’essais cliniques sont en cours pour tester leur efficacité en cas de Covid-19. “Mais ces traitements n’ont pas bien fonctionné dans le passé et on ne sait pas encore s’ils fonctionneront contre le coronavirus”, note le New York Times.