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Jours tranquilles à Paris

24 août 2020

Etats-Unis : TikTok a annoncé vouloir déposer plainte contre le gouvernement américain

Un décret, signé le 6 août dernier par Donald Trump, prévoit d’interdire aux citoyens américains toute transaction avec l’application, propriété du groupe chinois ByteDance.

L’application chinoise de partage de vidéos TikTok, menacée d’interdiction par le président américain Donald Trump qui l’accuse d’espionnage pour le compte de Pékin, a annoncé, samedi 22 août, qu’elle prévoyait de porter plainte contre le gouvernement des Etats-Unis dans la semaine à venir.

« Pour garantir que le droit est respecté et que notre entreprise et nos utilisateurs sont traités équitablement, nous n’avons pas d’autre choix que de contester le décret [signé par M. Trump] par le biais du système judiciaire », a écrit le groupe dans un message transmis à l’Agence France-Presse (AFP).

Décret signé le 6 août pour une échéance à mi-septembre

Le président américain a signé un décret, jeudi 6 août, interdisant après un délai de quarante-cinq jours aux Américains toute transaction avec ByteDance, la maison mère chinoise de TikTok. Un « executive order » similaire a aussi été signé, qui vise WeChat, une application de messagerie très utilisée en Chine et détenue par le géant chinois Tencent.

Concrètement, ces décrets présidentiels établissent que, dans quarante-cinq jours, une entreprise américaine ou un citoyen américain n’auront plus le droit de procéder à des opérations commerciales avec WeChat et TikTok – dans le cas où cette application serait toujours détenue par ByteDance, entreprise chinoise, des discussions ayant lieu en vue d’un possible rachat par le groupe américain Microsoft.

Dès le lendemain de cette signature, les représentants de TikTok avaient menacé de contester ce décret devant la justice américaine.

« Nous utiliserons tous les moyens disponibles pour nous assurer que l’Etat de droit est respecté et que notre entreprise et nos utilisateurs reçoivent un traitement équitable, si ce n’est auprès du gouvernement américain, alors auprès des tribunaux américains », a annoncé TikTok dans un communiqué ; l’entreprise se dit par ailleurs « choquée » et promet à ses utilisateurs américains de faire respecter « leurs droits à être entendus ».

« Aucune attention aux faits »

Les décrets ne précisent pas les conséquences pratiques, mais l’interdiction de toute transaction avec les deux entreprises pourrait obliger Google et Apple à retirer les deux réseaux de leurs magasins d’applis, empêchant, de fait, de les utiliser aux Etats-Unis.

TikTok, qui avait déjà menacé d’engager des poursuites judiciaires contre cette décision, prévoit donc de mettre sa menace à exécution dans les jours à venir. « Bien que nous ne soyons pas du tout d’accord avec les accusations de l’administration américaine, nous cherchons depuis près d’un an à engager des discussions de bonne foi pour trouver une solution », explique l’application samedi. « Mais nous nous sommes heurtés à la place à un manque de respect des procédures légales dans la mesure où l’administration ne prête aucune attention aux faits et tente de s’immiscer dans des négociations entre entreprises privées », ajoute TikTok.

L’application n’a pas précisé auprès de quelle juridiction elle prévoit d’engager ses poursuites ni sur quels motifs exacts.

TikTok a construit son succès sur des outils de création et de partage de vidéos courtes, décalées, jouant sur la musique et l’humour, et diffusées par des algorithmes en fonction des goûts de chacun et non des contacts.

Microsoft et Oracle intéressées

La plateforme de divertissement compte près d’un milliard d’utilisateurs dans le monde, avec une popularité qui s’est renforcée à la faveur des mois de confinement.

Elle est engagée dans une campagne de relations publiques depuis plusieurs mois pour installer une image de réseau responsable et ancré aux Etats-Unis, lançant par exemple lundi un nouveau site web pour combattre les « rumeurs » sur son compte.

Arguant de problèmes de sécurité nationale, le locataire de la Maison Blanche a aussi donné jusqu’à environ mi-novembre à ByteDance pour vendre les opérations américaines du réseau, sous peine de le bloquer aux Etats-Unis. Le géant des logiciels Microsoft était le premier sur les rangs.

Mais Donald Trump a récemment exprimé son soutien à une éventuelle offre d’achat par Oracle. Ce groupe informatique a été co-fondé par Larry Ellison, qui a levé des millions de dollars de fonds pour la campagne du locataire de la Maison Blanche.

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23 août 2020

Transports - Londres paralysée par une panne du Tower Bridge

tower bridge bloqué

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

Une panne du célèbre Tower Bridge, bloqué en position ouverte après le passage d’un bateau, a provoqué des embouteillages monstres à Londres.

La panne n’a duré qu’une heure, mais elle a suffi à semer le chaos : une “avarie mécanique” a bloqué en position haute les deux “bras” de l’historique pont londonien enjambant la Tamise, rapporte The Sun.

En milieu d’après-midi, le Tower Bridge s’était ouvert pour laisser passer un bateau – comme il le fait environ 800 fois par an, pour le plus grand plaisir des touristes –, mais n’a pas pu rabaisser ses bras articulés.

Voitures, cyclistes et piétons se sont retrouvés bloqués, coupant un axe de circulation majeur et entraînant des embouteillages énormes dans le centre de la capitale.

Les piétons ont pu à nouveau traverser au bout d’une heure, mais plusieurs heures ont été nécessaires pour rouvrir le pont à la circulation automobile.

Ce n’est pas la première fois que le Tower Bridge, construit entre 1886 et 1894, connaît des problèmes techniques, rappelle The Sun. En 2005, la police avait dû le fermer pendant près d’une journée : là encore, ses bras étaient restés bloqués, sans pouvoir retrouver leur position horizontale.

23 août 2020

Pauline Moulettes

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23 août 2020

Le gouvernement repousse à début septembre la présentation de son plan de relance de l’économie

Par Cédric Pietralunga, avec AFP

Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a justifié samedi ce report d’une semaine par la nécessaire préparation par les ministres de la rentrée dans le contexte de crise sanitaire.

Le gouvernement va repousser à « la première semaine de septembre » la présentation, initialement prévue mardi 25 août, de son plan de relance de l’économie, afin de se consacrer plus complètement aux échéances de la rentrée sur le plan sanitaire, a annoncé samedi 22 août le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal.

Le plan « est prêt » mais il sera présenté « au lendemain d’une rentrée dont nous devons d’abord assurer les bonnes conditions d’organisation » au regard de la lutte contre le Covid-19, écrit M. Attal dans un communiqué, précisant qu’un conseil de défense aura lieu mardi 25 août.

« Le plan de relance est prêt. Tout le monde est d’accord et il n’est pas prévu de le faire évoluer cette semaine, confirme-t-on au Monde du côté de Matignon. La question est vraiment celle du Covid. Le président, en accord avec le premier ministre, a souhaité que toute l’attention et l’énergie soient tournées vers la question sanitaire : la rentrée scolaire, le port du masque en entreprise… »

Contacté, l’Elysée abonde dans ce sens : « Il nous a semblé plus opportun de décaler d’une semaine la présentation du plan de relance pour laisser aux Français le temps de s’approprier les nouvelles règles en matière de port du masque et préparer sereinement la rentrée scolaire. Ce report n’est ni le signe que le plan de relance n’est pas prêt ni celui d’une aggravation de l’épidémie. Nous séquençons simplement les choses. »

De son côté, le Medef ne se formalise pas de ce report. « Pour le plan de relance, on peut attendre une semaine, l’important c’est son contenu, a réagi l’organisation patronale auprès de l’Agence France-Presse (AFP). Dans l’immédiat, il faut bien adapter le protocole sanitaire à la réalité des entreprises. »

Une date encore inconnue

Le gouvernement devait initialement dévoiler ce mardi le détail de son plan de 100 milliards d’euros, attendu de pied ferme par les entreprises des secteurs les plus frappés par la crise au moment où menace une deuxième vague de l’épidémie de Covid-19.

La date de présentation du plan de relance n’est pas encore arrêtée, mais certains s’inquiètent de la concomitance avec la rentrée scolaire, qui va occuper la bande passante médiatique, avec la question des masques et du respect des mesures barrières notamment. Pour un conseiller ministériel joint par Le Monde, « ce report n’a pas grand sens. Le plan est prêt et rien ne dit que les Français y seront plus attentifs la semaine prochaine, qui sera celle de la rentrée scolaire. Les conditions de cette rentrée vont davantage préoccuper les Français que le plan de relance ! »

L’objectif du gouvernement avec ce plan, dont M. Attal précise que « le calendrier est maintenu », est de retrouver dès 2022 un niveau de richesse nationale pour la France équivalent au niveau d’avant la crise.

Une semaine de préparation de la rentrée

« Alors qu’entrera en vigueur dans dix jours l’obligation du port du masque en entreprise et pour les élèves des collèges et lycées, le gouvernement est pleinement mobilisé pour préparer cette échéance sanitaire », écrit dans son communiqué le porte-parole du gouvernement. Il souligne que le président de la République, Emmanuel Macron, et le premier ministre, Jean Castex, veulent que les ministres « finalisent les modalités précises » de cette obligation « pour garantir la bonne application de ces mesures de prévention et permettre leur appropriation par tous ».

A la suite du conseil de défense, poursuit le communiqué, « les ministres concernés consacreront les journées suivantes à poursuivre les rencontres engagées avec leurs secteurs respectifs pour les accompagner et garantir avec eux la bonne application des nouvelles mesures sanitaires du 1er septembre ».

Cédric Pietralunga (avec AFP)

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Coronavirus : une mise en garde du ministre de la santé Olivier Véran. « Nous sommes dans une situation à risques » face au Covid-19, a déclaré le ministre de la santé Olivier Véran dans un entretien donné au Journal du dimanche du 23 août, craignant une contamination des plus jeunes qui alimenterait celle de personnes plus âgées et donc plus fragiles. L’épidémie « ne s’est jamais arrêtée », a-t-il rappelé. « Elle a seulement été contrôlée pendant le confinement puis le déconfinement ». « Le risque, a-t-il insisté, c’est que, après avoir enlevé doucement le couvercle de la casserole, l’eau se remette à bouillir ». « Le virus circule quatre fois plus chez les moins de 40 ans que chez les plus de 65 ans », a précisé le ministre. Or, a-t-il ajouté, « si la circulation du SARS-CoV-2 s’accélère encore chez les plus jeunes, les personnes âgées, qui contractent plus souvent des formes plus graves de la maladie, pourraient être à leur tour affectées ». « Il faut à tout prix éviter [un tel scénario] qui mettrait en tension notre système sanitaire et serait extrêmement problématique », a martelé Olivier Véran

23 août 2020

Marisa Papen

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23 août 2020

La Russie et les empoisonnements, vingt ans de crimes sans commanditaires

Par Paul Gogo, Moscou, correspondance

Plus d’une dizaine d’anciens agents, responsables politiques, journalistes et opposants russes ont été victimes d’empoisonnement ces vingt dernières années. Une technique qui offre aux responsables de ces actes une certaine impunité.

L’opposant au Kremlin Alexeï Navalny est hospitalisé dans le coma depuis le 20 août, dans un état critique, après être s’être senti mal à bord d’un vol commercial. Dès les premières heures qui ont suivi son hospitalisation, la porte-parole de l’opposant, Kira Iarmich, qui voyageait avec lui, a accusé sans hésiter : « Nous pensons que le thé d’Alexeï a été empoisonné. C’est la seule chose qu’il a bue depuis le matin », a-t-elle écrit sur les réseaux sociaux.

Si les proches de l’avocat anticorruption sont si prompts à accuser le thé noir bu par M. Navalny dans un café de l’aéroport de Tomsk (Sibérie), c’est parce qu’il existe un précédent célèbre qui a marqué l’opinion russe : en 2004, la journaliste Anna Politkovskaïa était en vol pour rejoindre la ville de Beslan, où se déroulait une sanglante prise d’otages, lorsqu’elle a été empoisonnée.

Les terroristes s’étaient montrés ouverts à la discussion, proposant le nom de la journaliste pour engager les négociations, de quoi agacer les autorités. Quelques minutes après avoir accepté un thé de la part d’un agent de bord, la journaliste perdait connaissance avant de tomber dans le coma. Deux ans plus tard, elle était assassinée par balles dans la cage d’escalier de son immeuble moscovite.

En 2003, Iouri Chtchekotchikhine, député et rédacteur en chef adjoint du même journal, la Novaïa Gazeta, était déjà mort empoisonné. Sa mort avait été attribuée par les médecins aux effets de Tchernobyl, où il n’avait jamais mis les pieds.

Sur le sol russe, l’opacité

Ces vingt dernières années, la Russie de Vladimir Poutine a connu une dizaine de cas d’empoisonnements présumés. Une particularité unit toutes ces attaques menées essentiellement contre des voix critiques et d’anciens espions : les autorités refusent d’ouvrir des enquêtes criminelles et les responsables ne sont jamais retrouvés.

L’impunité est d’autant plus indissociable des empoisonnements que les preuves sont, par nature, éphémères. La nonchalance des services de sécurité est une façon de jouer la montre. Il suffit dès lors d’empêcher la réalisation d’un certain nombre de tests par des médecins indépendants.

Sous pression, les médecins refusent le plus souvent l’accès des patients à leurs proches. La communication sur l’état des victimes est même directement prise en charge par les services de sécurité. Concernant M. Navalny, les premières sources citées par les agences de presse russes pour démentir l’hypothèse de l’empoisonnement étaient issues des services de sécurité.

Piotr Verzilov a vécu cette course contre la montre, en 2018. Au mois de juillet, ce militant du groupe contestataire Pussy Riot avait commis un crime de lèse-majesté en s’introduisant sur la pelouse du stade Loujniki, lors de la finale de Coupe du monde, déguisé en policier. Le tout, sous les yeux de M. Poutine. Quelques semaines plus tard, l’opposant perd la vision et l’usage de ses membres. Il est hospitalisé dans le coma. Les autorités mettront une semaine avant d’autoriser son transfert vers l’hôpital allemand de la Charité, le même où a été conduit M. Navalny. Durant ce délai, les toxines sont devenues indétectables : les médecins confirment l’empoisonnement, mais de diagnostic plus précis il ne sera jamais question.

Vladimir Kara-Murza est le vice-président de l’ONG Russie ouverte, fondée par l’ancien oligarque et prisonnier politique Mikhaïl Khodorkovski. M. Kara-Murza était aussi un proche de l’ancien vice-président Boris Nemtsov, assassiné par balles en 2015. Il a lui aussi survécu à l’expérience de la « substance toxique inconnue », après avoir été plongé dans le coma. Par deux fois, en 2015 et en 2017, l’opposant semble avoir été contaminé par la même substance.

En 2015, il débutait une réunion lorsqu’il a commencé à se sentir mal. « En l’espace d’une vingtaine de minutes, alors que je me sentais parfaitement bien, mon rythme cardiaque s’est emballé, ainsi que ma pression sanguine. Je me suis mis à transpirer et à vomir partout, et puis j’ai perdu conscience », expliquera-t-il au New York Times. Deux ans plus tard, même situation, même sensations, l’opposant comprend instantanément ce qui lui arrive. Ses médecins l’ont prévenu : il ne ressortira pas vivant d’un troisième empoisonnement, et M. Kara-Murza a quitté la Russie.

A l’étranger, l’ombre des services de sécurité

Et puis il y a les attaques menées à l’étranger. Si les Etats frappés par ces empoisonnements tentent bel et bien de trouver des coupables, les poisons peuvent mener à un pays, rarement à un commanditaire. En 2012, le banquier Alexandre Perepilitchni, impliqué dans la dénonciation des malversations de l’affaire Sergueï Magnitski, meurt non loin de Londres. L’homme s’attendait à une vengeance venue de Moscou, d’où il recevait de nombreuses menaces. Mais il aura fallu deux ans à sa compagnie d’assurances pour déterminer l’origine de l’empoisonnement : une plante chinoise rare nommée gelsemium, dont les Russes seraient en possession.

En 2015, c’est l’homme d’affaires bulgare Emilian Gebrev qui a été intoxiqué dans son pays. Ce n’est qu’en septembre 2019 que des procureurs bulgares sont parvenus à mettre des noms sur des responsables : trois hommes du renseignement militaire russe (GRU), que le site d’investigation Bellingcat aura contribué à démasquer. Enfin, l’empoisonnement en 2004 du futur président ukrainien Viktor Iouchtchenko, durant sa campagne électorale, n’a pas encore trouvé de coupable. Le politicien, connu depuis lors pour son visage grêlé, n’a jamais cessé d’accuser la Russie, alors qu’il affrontait le candidat prorusse Viktor Ianoukovitch.

Les « traîtres » forment une catégorie à part, les services auxquels ils ont appartenu ne semblant pas chercher à dissimuler leurs traces avec beaucoup de détermination. Le visage jaune, sans cheveux, le corps maigre à peine dissimulé par une couverture : la photo de l’ancien agent Alexandre Litvinenko a fait le tour du monde après son hospitalisation en 2006. Le polonium 210, la substance radioactive ingérée par cet agent des services de sécurité russes (FSB) qui avait fui la Russie en dénonçant les liens du pouvoir avec la mafia est tout aussi connue. La substance aurait certes dû rester indétectable, mais lorsque Londres accusera publiquement deux agents russes, le message envoyé par le Kremlin sera clair : l’un d’eux se voit offrir une place de député à la Douma.

Quelques années plus tard, c’est un autre espion qui fera l’objet d’une tentative de meurtre particulièrement médiatisée. En 2018, l’ancien agent de renseignement russe Sergueï Skripal, recruté par les services britanniques, est empoisonné à Salisbury, non loin de Londres. Le produit utilisé à cette occasion a lui aussi gagné une renommée mondiale : le Novitchok était de conception soviétique.

A la suite de cette attaque, deux hommes sont vite démasqués, deux agents du GRU. Leur interview par la télévision RT sera si peu convaincante qu’elle sera parfois interprétée comme un doigt d’honneur adressé à l’Occident, après l’adoption de sanctions internationales.

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Paul Gogo (Moscou, correspondance)

Hospitalisé à Berlin, Alexeï Navalny est toujours dans le coma. L’avion médicalisé transportant l’opposant russe Alexeï Navalny et arrivant de la ville russe d’Omsk a atterri à Berlin, samedi 22 août au matin, près de cinquante heures après que l’opposant est tombé inconscient à bord d’un autre avion, commercial celui-là, qui le ramenait chez lui, à Moscou. M. Navalny a ensuite été conduit à l’hôpital de la Charité, dans la capitale allemande, pour y être soigné. « L’état d’Alexeï Navalny est stable », a assuré peu après l’atterrissage l’ONG qui a organisé le transfert. La direction de l’hôpital a fait savoir que les médecins procédaient « à un diagnostic médical global » qui devrait durer « quelque temps ». Ils n’ont prévu de s’exprimer qu’après ces examens. M. Navalny, 44 ans, est plongé dans le coma depuis jeudi, sur des soupçons d’empoisonnement, et son état reste critique. Son arrivée à Berlin, résultat d’une âpre bataille, est toutefois un motif d’espoir pour ses proches, à commencer par sa femme, Ioulia Navalnaïa, qui l’accompagne en Allemagne.

23 août 2020

Laetitia Casta

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23 août 2020

Biélorussie : « Loukachenko est confronté à une véritable tragédie personnelle, totalement inattendue »

Par Piotr Smolar

Pour l’opposant Alexandre Milinkevitch, le président biélorusse, devenu « une marionnette de Poutine », refusera tout compromis avec les manifestants.

Opposant de longue date au régime biélorusse, Alexandre Milinkevitch, ancien candidat à la présidentielle (2006), se trouve actuellement dans la région de Grodno, où il assiste à la mobilisation civique de son peuple, au cours des semaines écoulées. Il observe avec un mélange d’euphorie et d’incrédulité l’ampleur de la contestation, qui fait vaciller Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis vingt-six ans.

Après avoir vacillé, Alexandre Loukachenko parvient-il à reprendre la main ?

Sa rhétorique a changé radicalement. Pendant la campagne, il mettait en cause les ingérences de la Russie. Puis, après ses discussions avec Poutine, il a pris pour cible l’OTAN, l’Union européenne. Loukachenko ne s’appartient plus. Il est une marionnette entre les mains de Poutine. Les grèves dans les usines ont été très inattendues, les ouvriers exigeant de nouvelles élections, la libération des prisonniers. Loukachenko essaie de faire peur aux meneurs, de les écarter. Ils tiennent bon. Mais combien de temps, si leurs salaires sont menacés ? Loukachenko n’acceptera aucun compromis. A la télévision, il a remplacé les journalistes protestataires par des Russes, à des fins de propagande. C’est une invasion hybride.

Une enquête a été aussi ouverte contre le comité de coordination de l’opposition, dont les membres sont convoqués par le parquet. Quant à Tsikhanovskaïa, elle a forcément une position plus faible, en exil en Lituanie, à Vilnius. Elle n’est pas un leader national, mais elle a très bien mené la campagne, en disant qu’elle serait une présidente de transition avant des élections libres. Dans un mouvement par le bas, mieux vaut ne pas avoir de vrai leader. Mais à l’étape actuelle, ils manquent, pour poser les exigences, dessiner une perspective.

Comment expliquez-vous ce soudain embrasement civique ?

Cet éveil collectif est absolument incroyable. Dimanche 12 août, à Grodno, il y avait 40 000 personnes dans la rue. C’est la même chose partout, surtout à Minsk. Au regard de notre histoire, on se trouve face à un phénomène sans précédent. Depuis 2001, chaque élection a été différente. Mais il y a eu des points communs d’un scrutin à l’autre. Il ne s’agissait pas seulement d’une confrontation répétée entre l’opposition et le régime de Loukachenko. Moscou a toujours veillé à avoir un plan. Je le résumerais en trois points : diviser l’opposition, gâcher la relation du pays avec l’Occident, accélérer l’intégration avec la Russie.

En 2006, le scrutin a été marqué par de terribles répressions, dès le début de la campagne. Toutes les réunions publiques étaient perturbées, on nous crevait les pneus, il y avait des arrestations. Mais en 2010, il y a eu une ouverture. Les prisonniers politiques avaient été libérés et tout était possible. On pouvait même tenir des meetings dans les gares routières ! En revanche, l’opposition était totalement divisée, alors qu’en 2006, tout le monde s’était rassemblé derrière moi.

Au soir de l’élection en 2010, les forces de sécurité, sans doute sur commande de Moscou, ont organisé une provocation sur la place de l’indépendance, à l’entrée du siège du gouvernement, conduisant à des tabassages. Presque tous les candidats se sont retrouvés en prison. Ce fut la fin du dialogue avec l’UE, pendant cinq ans. Moscou eut alors les mains libres pour promouvoir une intégration économique voire politique. Depuis 2015, le dialogue avec l’Occident a repris, jusqu’aux événements de ces derniers mois, qui rebattent toutes les cartes.

Mais pourquoi l’éveil civique massif, auquel on assiste, n’avait-il pas eu lieu auparavant ?

En Ukraine, pour aller protester sur la place Maïdan, il fallait juste surmonter sa lassitude, s’assumer comme citoyen. En Biélorussie, il faut combattre la peur. Pas celle de finir à l’asile psychiatrique ou d’être déporté en Sibérie, mais celle qui compose le système. Pour Loukachenko, si tu es loyal, tu as du boulot. Sinon, tu perds ton salaire, tu ne seras plus embauché dans le public et même dans le privé.

La deuxième raison, c’est qu’il n’y avait pas de foi dans l’opposition, qui était pro-européenne, indépendantiste, patriote et non agressive, favorable à la renaissance culturelle et linguistique. Mais beaucoup craignaient que cela suppose, par exemple, l’instauration obligatoire de la langue biélorusse.

« NOS CITOYENS VOYAGENT, ILS COMPARENT ET ILS VEULENT MIEUX VIVRE »

Or, dans cette élection, une majorité a émergé. En 2006 et en 2010, Loukachenko en disposait sûrement, il avait réellement gagné, même si la marge affichée était fictive, en raison des fraudes. Il assurait une stabilité des retraites et des salaires dans la fonction publique, à condition qu’on ne se mêle pas de politique. Il y a dix ans, le salaire moyen était de 500 dollars. Il avait alors promis qu’il s’élèverait aujourd’hui à 1 000 dollars, soit deux fois plus. Or il est au contraire descendu à 450. Le capitalisme soviétique ne marche pas.

Les gens étaient aussi fatigués de ne voir qu’un visage à la télévision, d’entendre les mêmes mots du président, devant des ministres prenant des notes, qui avaient peur de lever les yeux. Or notre peuple est l’un de ceux qui reçoivent le plus de visas Schengen, grâce avant tout à la Pologne. Nos citoyens voyagent, ils comparent et ils veulent mieux vivre.

Et puis, la gestion calamiteuse du Covid-19 a aussi joué…

Cela a été un choc majeur. Loukachenko doit être très mal informé, tout doit passer par des filtres désastreux avant d’arriver jusqu’à lui. Il s’est transformé en dissident de la pandémie. Il a prétendu qu’elle devait être traitée par le bania [bain traditionnel russe], la vodka et le tracteur, que c’était une psychose inventée de toutes pièces. Or, plus de la 80 % de la population s’informe sur Internet, comprend ce qu’il se passe. Les médecins ont été débordés, alors qu’aucune compétition sportive n’a été par exemple suspendue par les autorités.

La dernière goutte d’eau, dans la colère populaire, a été le résultat de l’élection, ces 80 % pour Loukachenko. Or nous avons tous demandé à nos connaissances pour qui elles avaient voté. C’était toujours Tsikhanovskaïa. Elle a eu probablement dans les urnes 60 % à 70 % des voix. Ce sont les chiffres qui sont ressortis dans certaines commissions, qui ont honnêtement publié leurs protocoles.

Comment jugez-vous le comportement récent d’Alexandre Loukachenko ?

Loukachenko a perdu de façon dramatique, mais le mensonge est si puissant dans ce système qu’il ne le comprend pas. Il a dit plusieurs fois qu’il ne quitterait jamais son pays, pour ne pas finir comme Ianoukovitch [l’ancien président ukrainien réfugié en Russie après la révolution de 2014]. Pychologiquement, Loukachenko est un peu déséquilibré. Mais en plus, il est confronté à une véritable tragédie personnelle, totalement inattendue, comme l’a illustré sa visite dans une usine près de Minsk, où il a été hué.

Mais la génération que vous incarnez semble effacée aussi par ce mouvement très large…

Le nombre massif de manifestants est stupéfiant pour nous. Cet appel collectif à la dignité, cette façon de surmonter la peur… Je n’en reviens pas. Les slogans, la rhétorique utilisée, les méthodes de communication sont incroyables. On ne sait pas qui se trouve réellement à la rédaction de ce scénario, on ne connaît pas tous les membres des équipes de campagne. Ce mouvement populaire est spontané, mais certains ont surfé sur la vague.

Aujourd’hui, on ne voit plus vraiment d’opposition dite pro-européenne. Un processus essentiel a commencé, celui des divisions au sein de la nomenclature. Plusieurs ambassadeurs ont apporté leur soutien aux demandes des manifestants, ainsi que des directeurs d’administration, des médias publics. Une nation s’éveille.

Quels scénarios envisagez-vous pour la suite ?

Trois événements se produisent en simultané : le peuple comprend qu’il doit se battre pour ses droits ; Loukachenko se bat pour la préservation de son régime dictatorial ; Moscou veut faire en sorte de garder près de lui la Biélorussie. Je pensais il y a encore quelques jours que la Russie pourrait intervenir militairement. Mais le nombre de personnes dans la rue nous a sauvés.

Ensuite, il est possible que la Russie choisisse de soutenir un camp lors de nouvelles élections, plus ouvertes. Je pense plus particulièrement à trois hommes : Viktor Babaryko [ancien banquier d’une filiale du géant russe Gazprom], qui a beaucoup œuvré dans le mécénat ; Valery Tsepkalo [réfugié en Russie, qui n’a pu se présenter cette année] ; et enfin le blogueur Sergueï Tikhanovski, emprisonné, dont la femme Svetlana s’est présentée à sa place. Si ce trio se formait, il gagnerait contre l’opposition traditionnelle.

23 août 2020

Nobuyoshi Araki

araki (1)

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23 août 2020

« La terreur de la guerre » de Nick Ut (1972)

monde2

Alors que la guerre du Vietnam bat son plein, le village de Trang Bang est la cible d'une attaque aérienne des forces américaines. Le 8 juin 1972, la jeune Kim Phuc et sa famille, terrorisés, s'enfuient en courant du temple dans lequel ils s'étaient abrités pour échapper aux bombardements et au bâtiment en feu. Kim Phuc est en danger de mort à cause de ses brulures. Le photographe Nick Ut l'emmène à l'hôpital. Aujourd'hui, Kim Phuc, installée au Canada, est ambassadrice de bonne volonté de l'Unesco pour la paix.

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