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Jours tranquilles à Paris

7 juillet 2020

Ce soir sur ARTE

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7 juillet 2020

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7 juillet 2020

Portrait - Le retour surprise en politique de Roselyne Bachelot

Par Fabrice Lhomme, Gérard Davet

Lancienne ministre de la santé de Nicolas Sarkozy avait quitté la politique pour les plateaux de télévision en 2012, jurant de ne plus y retourner. A 73 ans, cette passionnée d’opéra devient ministre de la culture.

Toujours là. Inoxydable. 73 ans, et un enthousiasme probablement intact. Roselyne Bachelot, nommée ministre de la culture ? Pourtant, elle avait juré qu’on ne l’y prendrait plus. La politique, c’était fini pour Roselyne Bachelot, parfaitement assumé devant les caméras. Elle avait assez donné. Ministre de l’écologie en 2002, sous Jacques Chirac, puis ministre de la santé sous Nicolas Sarkozy en 2007, puis ministre des solidarités en 2010… Des gaffes en pagaille, une bonne humeur inaltérable, un franc-parler plaisant.

On l’avait ainsi croisée en Afrique du Sud, en 2010, appelée en catastrophe au chevet d’une équipe de France de football proche du ridicule, avec ses piètres leaders qualifiés par elle de « caïds ». Puis revue, à son domicile parisien, neuf ans plus tard, à deux pas du siège du parti Les Républicains (LR), pour parler de « son » François Fillon, cet étrange homme politique qu’elle connaît mieux que personne. Là encore, avec une sincérité peu courante, elle l’étrillait tout en le couvant de son affection, ce qui lui avait valu le courroux de l’ancien premier ministre, avec ensuite des échanges par SMS aigre-doux. Elle n’avait rien lâché, quand c’est dit, c’est dit.

Ce jour-là, dans le 15e arrondissement, elle était pressée, elle devait se rendre à l’opéra, et finir un article sur le sujet. Son grand amour, c’est vraiment la musique, on l’avait compris. Avant la politique, avant même son premier métier, docteur en pharmacie. Cinquante opéras par an, des voyages initiatiques à Bayreuth ou Salzbourg, des livres dans ses étagères, par dizaines, sur Wagner, et surtout son cher Verdi ; d’ailleurs, Roselyne Bachelot arrive toujours une demi-heure en avance au spectacle, au bas mot, pour s’imprégner. Le « dépucelage opératique », elle le conseille avec Verdi, à qui elle a consacré un livre.

Animatrice d’une chronique sur France Musique, où elle avoue aimer l’art lyrique comme le rappeur Youssoupha, elle peut vous dégainer un grand air à tout moment, comme ça, sans prévenir. Tout en conservant pour elle ses grandes peines. Un enfant en souffrance, sur le plan médical. Des douleurs personnelles qu’elle sait taire.

Retour en grâce médiatique

Ce sont ses avanies professionnelles qui l’ont, peut-être, propulsée rue de Valois. Parce que le retour de Bachelot, c’est quand même du jamais-vu, personne n’y croyait, et pas sûr que quiconque l’espérait vraiment.

Elle avait disparu de l’espace politique pour s’amuser sérieusement sur les plateaux de télévision, de C8 à LCI, rigoureuse, toujours, bossant ses sujets. C’est d’ailleurs à LCI, dans des studios de maquillage déserts, qu’on l’avait revue. Pour raconter son retour en grâce médiatique, en plein déconfinement, alors que la France cherchait des masques et du matériel médical. Elle qui avait tant peiné, en 2009, à promouvoir le principe de prévention, quoi qu’il en coûte, déjà.

Souvenez-vous : dès le 4 juillet 2009, Roselyne Bachelot, soutenue par Nicolas Sarkozy et son premier ministre, François Fillon, passe commande de 94 millions de doses de vaccins pour lutter contre la grippe A, tandis que 195 millions d’euros sont prévus pour l’acquisition de masques, chirurgicaux et FFP2. Tant et si bien qu’à l’automne 2009, la France compte un stock de 1,7 milliard de masques. Au final, au moins 662 millions d’euros dépensés, et des tonnes de critiques, pour, « seulement », 342 décès.

A l’époque, elle admoneste les députés qui s’en prennent à sa gestion de la crise : « Les masques sont un stock de précaution – excusez-moi si ce mot devient un gros mot ici. Et ce n’est pas évidemment au moment où une pandémie surviendra qu’il s’agira de constituer les stocks. Un stock, par définition, il est déjà constitué pour pouvoir protéger. » Sacrément divinatoire.

Roselyne Bachelot est écartée de l’avenue de Ségur, en 2010, puis quitte la vie politique, en 2012. Amère. Elle a au moins une certitude, nous confie-t-elle ensuite : « Je ne me suis jamais dit : “J’ai déconné !” Il y a bien des proches qui m’ont conseillé de m’excuser, de dire que je m’étais trompée… Non ! J’ai fait des choix, je les ai assumés, et je n’ai pas rejeté la faute sur Sarkozy ou d’autres. »

Celle qui avait su, avant tout le monde

Ce qui la tourmente, encore, en mars 2020, quand la France se calfeutre, et que l’on est encore bien loin des 30 000 décès imputables au coronavirus ? « J’éprouve un sentiment de culpabilité : si nous avions été devant une pandémie très grave, est-ce que je n’aurais pas dû en faire plus, n’aurais-je pas dû mieux convaincre ? Mon affaire a amené un désarmement général, cela a décrédibilisé la parole politique. Les gens se sont dit : “On en fait trop.” Et pour nous, politiques, le risque d’en faire trop est devenu plus grand que de ne pas en faire assez. »

Reste qu’après cet épisode, elle avait pu arpenter à nouveau les plateaux, toute requinquée, devinant dans le regard de ses interlocuteurs un respect nouveau : elle n’était plus la Roselyne Bachelot étrangement vêtue et friande de bons mots, elle était celle qui avait su, avant tout le monde.

Quatre mois plus tard, en juillet 2020, la voici d’ailleurs devant la commission d’enquête parlementaire, convoquée pour donner son opinion sur la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement. On l’espère peut-être sanglante ? Elle se montre magnanime, épargnant les errances du pouvoir exécutif, là où elle aurait pu jouer les revanchardes : « Il faut se méfier des leçons du passé et des retours d’expériences dont nous sommes si friands », lance-t-elle aux députés. En pensant, peut-être, à cette correspondance de son Giuseppe Verdi vénéré : « Laissons cela, écrivait-il en 1873, et ne parlons plus de ces gens qui un jour ou l’autre nous anéantiront. » L’avantage de l’expérience : plus besoin de sortir les dagues d’opéra, de se cacher dans les décors. Sur scène, c’est définitivement là que ça se joue.

7 juillet 2020

Casting Castex

castex casting

7 juillet 2020

Portrait - Eric Dupond-Moretti, l’ogre des assises au gouvernement

Par Pascale Robert-Diard

L’avocat pénaliste a été nommé garde des sceaux, lundi. Son arrivée au ministère pose la question des remontées d’information sur les affaires judiciaires en cours auxquelles il aura accès et qui sont susceptibles de concerner son ancien cabinet.

L’infectiologue Didier Raoult a été nommé ministre de la santé. Non, reprenons. L’avocat pénaliste Eric Dupond-Moretti a été nommé garde des sceaux.

L’effet est le même. Sidération. Incrédulité. Et polémique immédiate chez les professionnels de la justice. Effet de blast garanti. Les autres annonces du remaniement renvoyées dans l’ombre, ou presque. « Nommer une personnalité aussi clivante et qui méprise à ce point les magistrats, c’est une déclaration de guerre à la magistrature », a affirmé, dès lundi 6 juillet, Céline Parisot, présidente de l’Union syndicale des magistrats. Mais les juges n’ont pas dans l’opinion la même popularité que les médecins à l’ère du Covid-19. On peut donc prendre le risque de se les mettre à dos si, en échange, on gagne l’opinion.

Le président de la République en mal de popularité peut savourer son coup : il a attiré à lui le seul avocat dont tous les Français connaissent le nom, le visage, les exploits, les coups de gueule et les bons mots. Celui dont la moindre apparition dans une émission de télévision ou de radio fait bondir l’Audimat et dont la signature sur une jaquette de livres vaut garantie de best-seller. Celui qui remplit les salles de théâtre quand il monte seul sur scène et que les cinéastes s’arrachent à l’affiche de leurs films.

Emmanuel Macron a peut-être pensé à son lointain prédécesseur, François Mitterrand, confiant en 1993 le ministère de la ville à une personnalité aussi populaire que controversée, l’homme d’affaires, ex-animateur de télévision et patron d’équipes sportives Bernard Tapie, dans le gouvernement crépusculaire de Pierre Bérégovoy.

Talent d’orateur

A moins qu’un autre exemple, bien plus récent, n’ait inspiré le président de la République. Confronté aux audiences en berne de sa station de radio, le patron d’Europe 1 Arnaud Lagardère venait de décider d’offrir à la rentrée de septembre une chronique matinale quotidienne à… Eric Dupond-Moretti. Interrogé le 24 juin sur cette même radio, l’avocat confiait : « J’ai accepté sans hésiter. On m’offre une carte blanche de totale liberté » et il promettait de « dire un certain nombre de choses sur cette époque qui commence à m’exaspérer ».

Avant d’être, à 59 ans, celui que deux hommes de pouvoir se disputent, Eric Dupond-Moretti a été le plus grand avocat d’assises de sa génération.

A la fin des années 1990, pendant que les plus réputés de ses confrères pénalistes parisiens abandonnaient peu à peu leur clientèle de voyous, de trafiquants de stup, de braqueurs ou de violeurs pour celle des personnalités politiques et des grands patrons poursuivis par la justice, l’avocat lillois continuait de défendre « le Gitano qui a éventré une vieille femme pour lui piquer 40 euros », selon sa formule. Le futur ténor naît dans ces « heures sombres où vous tournez la clé de contact, quand le type que vous avez défendu vient de prendre quinze ans et que vous refaites tout le procès, avec l’odeur de la sueur qui remonte, les lumières blanches sur l’autoroute, la fatigue et le sandwich au thon dans la station essence ».

Sa notoriété ne dépasse alors guère les frontières du Nord, mais son exceptionnel talent d’orateur impressionne déjà les jurés d’assises. Parmi eux, sa première épouse et la mère de ses enfants, dont il est séparé depuis : « Je l’ai trouvée très belle, j’ai plaidé pour elle », racontait-il.

« Si un jour vous tuez votre femme, je serai là »

L’affaire d’Outreau le projette sur le devant de la scène. Avocat de Roselyne Godard, l’une des dix-sept personnes renvoyées pour viols, agressions sexuelles ou corruption de mineurs devant la cour d’assises du Pas-de-Calais, à Saint-Omer en 2004, il fait voler en éclat l’instruction du juge Fabrice Burgaud, obtient l’acquittement de sa cliente et s’impose comme la voix qui dénonce l’un des plus graves dysfonctionnements judiciaires de la décennie.

La carrière d’Eric Dupond-Moretti est lancée. On le réclame dans toutes les prisons de France, il sillonne les cours d’assises du Nord au Sud, d’Est en Ouest, devient le champion des acquittements inespérés.

On redoute l’artiste des prétoires qui sait renifler comme personne l’atmosphère d’une salle d’audience et surtout parler aux jurés dans la langue qui est la leur et pas celle du code de procédure pénale. « Il faut que les jurés aient envie de prendre le Ricard avec vous, pas le champagne, confiait-il en 2008, Devant une cour d’assises, on parle toujours de la même chose : de l’amour, de papa maman, de sa femme, de ses gosses. Avec les mots des pauvres gens, comme dit Ferré. Moi, j’adore les mots, mais je déteste la littérature. »

Pendant que, dans les écoles du barreau, il est consacré comme le meilleur d’entre eux, il n’est pas une promotion de futurs magistrats, pas une session de formation continue de l’Ecole nationale de la magistrature sans que le nom de Dupond-Moretti ne soit évoqué avec colère. Son bâtonnier reçoit des plaintes en rafale de magistrats « outragés » par le pénaliste. « On dit que je terrorise les juges. C’est faux, je terrorise les cons », revendique-t-il.

A Jean-Claude Decaux, le patron du groupe éponyme, qui l’invite un jour à déjeuner au début des années 2000 pour lui demander conseil, il répond que les domaines dans lesquels l’homme d’affaires pourrait avoir besoin de lui ne sont pas les siens. Mais il ajoute : « Si un jour vous tuez votre femme, je serai là. »

Les acquittements s’ajoutent aux acquittements

Le nom d’Eric Dupond-Moretti est alors associé aux plus belles affaires criminelles. Il défend les nationalistes corses, dont Yvan Colonna, comme les grandes figures mafieuses insulaires, l’ex-vedette nationale de rugby Marc Cécillon, le professeur de droit de Toulouse Jacques Viguier ou le médecin Jean-Louis Muller, accusés l’un et l’autre du meurtre de leur femme. Les acquittements s’ajoutent aux acquittements, il en a longtemps tenu le compte scrupuleux.

Devant la cour d’assises spéciale qui, à l’automne 2017, juge Abdelkader Merah, le frère de Mohammed Merah, auteur des attentats qui ont coûté la vie à sept personnes à Toulouse, dont trois enfants juifs, il déclenche une tempête en s’indignant des questions posées par les parties civiles à la mère des deux hommes, citée à la barre des témoins. « Cette femme, c’est la mère d’un accusé, mais c’est aussi la mère d’un mort », lance-t-il.

Invité le lendemain sur l’antenne de France inter, il foudroie le journaliste Nicolas Demorand qui lui demande : « Vous ne trouvez pas ça obscène de le dire comme ça, devant les familles de victimes ?

– Pourquoi, c’est pas une mère ? Cette femme n’est pas une vache qui a vêlé. Votre question est obscène. »

A l’audience, juste avant cet éclat, on l’avait entendu murmurer : « Putain, si c’était à ma mère qu’on faisait ça… »

Besoin, inextinguible, d’être aimé et admiré

Eric Dupond-Moretti est aussi cela : le fils unique d’une femme de ménage italienne, orphelin d’un père mort quand il avait 4 ans. Il y puise sa rage de réussir, socialement et financièrement, sa volonté d’être le « premier avocat de France » et le plus redouté, mais aussi le besoin, inextinguible, d’être aimé et admiré.

Mais l’ogre des assises commence à s’y ennuyer. Il veut lui aussi des chefs d’Etat africains, des personnalités politiques, des patrons du CAC 40 dans son portefeuille de clientèle.

En janvier 2016, il quitte le barreau et son bureau de Lille pour installer son cabinet dans le triangle d’or parisien, rue de la Boétie, dans le 8e arrondissement de Paris. Les clients affluent. Le roi du Maroc, des anciens ministres, dont Jérôme Cahuzac ou le maire de Levallois Patrick Balkany, renvoyés devant la justice pour fraude fiscale.

L’avocat qui murmurait à l’oreille des jurés et savait arracher leur clémence en faveur des accusés des crimes les plus lourds, ne rencontre pas le même succès auprès des magistrats professionnels qui composent les chambres financières. Sa gouaille devient grossièreté, ses coups de gueule n’effraient personne et butent sur la technicité des dossiers dans lesquelles ses confrères pénalistes des affaires obtiennent de meilleurs résultats que lui. Le plus grand des avocats d’assises touche son plafond de verre.

Alors il prend la tangente, va chercher auprès du public qui se presse à son one man show, les applaudissements et l’admiration qui sont son oxygène. Y rencontre Brigitte Macron, qui vient le féliciter. Fait l’acteur sur les écrans de cinéma. Accourt, dès qu’on le sollicite, sur les plateaux de télévision et dans les émissions de radio, toujours aussi affamé de notoriété. A un ami lillois qui lui demandait récemment pourquoi il continuait d’accepter autant d’invitations, il a répondu : « J’ai tellement peur que ça s’arrête. »

Ses formules à l’emporte-pièce continuent de ravir téléspectateurs et auditeurs. Il tempête contre la limitation de vitesse à 80 km/h, se moque de la féminisation des noms − « Pourquoi pas école paternelle et la matinoire ? » − se fige dans son personnage d’amateur de havanes, de viande saignante et de blagues sans filtre.

Macron « cherchait son Badinter »

« Nous vivons une époque avec laquelle j’ai un peu de mal. Nous sommes dans un temps de médiocrité absolue, hypermoraliste et hygiéniste », ne cesse-t-il de répéter au risque de ratiociner. Il cogne toujours autant sur les juges, dénonce leur soumission à l’air du temps, rêve de supprimer l’Ecole nationale de la magistrature et le lien entre le parquet et le siège.

Il y a quelques jours, il tonnait encore contre les magistrats du Parquet national financier (PNF) à propos d’une enquête menée en marge de l’affaire qui vaut à l’un de ses meilleurs amis, l’avocat et conseil de Nicolas Sarkozy, Thierry Herzog d’être poursuivi aux côtés de l’ancien président de la République pour trafic d’influence.

Dans le cadre de cette enquête, les procureurs cherchaient à savoir qui avait pu informer Thierry Herzog que le téléphone occulte qu’il utilisait pour s’entretenir avec Nicolas Sarkozy était sur écoutes. Les fadettes de plusieurs avocats avaient été épluchées et leurs téléphones géolocalisés, dont celui d’Eric Dupond-Moretti, qui a porté plainte. Il l’a retirée dans la foulée de sa nomination à la Chancellerie, a fait savoir l’Elysée.

Mais face aux protestations des ténors et à l’émoi du barreau de Paris, l’ex-garde des sceaux, Nicole Belloubet, avait demandé le 1er juillet à l’inspection générale de la justice de « conduire une inspection de fonctionnement sur cette enquête », dont les conclusions doivent être rendues le 15 septembre. Elles seront donc déposées sur le bureau de son successeur… Eric Dupond-Moretti.

L’associé de son cabinet, Antoine Vey, a pour sa part précisé qu’Eric Dupond-Moretti a été omis du barreau dans la foulée de son entrée au gouvernement. Sa nomination pose toutefois la question des remontées d’information sur les affaires judiciaires en cours auxquelles il aura accès et qui sont susceptibles de concerner son ancien cabinet.

Il y a un an, alors que la rumeur d’un remaniement courait, un émissaire de la présidence de la République avait confié à l’un des avocats les plus réputés de Paris, qu’Emmanuel Macron « cherchait son Badinter ». Il a peut-être trouvé son Didier Raoult.

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7 juillet 2020

Coronavirus - caddies....

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7 juillet 2020

Gouvernement Castex : quelques surprises, une droite renforcée mais « pas de gros changement »

castex66

Par Cédric Pietralunga, Alexandre Lemarié

Eric Dupond-Moretti nommé à la justice et Roselyne Bachelot à la culture sont les seules véritables surprises d’un nouveau gouvernement qui consacre l’évolution du macronisme vers la droite.

Il avait promis de se « réinventer », de promouvoir « de nouveaux visages », et de donner une coloration plus sociale et écologique à la fin de son quinquennat. Mais au final, Emmanuel Macron n’a pas décidé de renverser la table.

Après avoir affirmé à plusieurs reprises qu’il ne changerait pas le fond de sa politique, puis avoir nommé Jean Castex à Matignon, un homme du centre droit, comme Edouard Philippe, la composition du gouvernement, présentée lundi 6 juillet, ressemble elle aussi à une forme de changement dans la continuité.

Alors que de « nombreuses surprises » étaient annoncées, la nouvelle équipe − composée de trente ministres et ministres délégués − enregistre peu de nouvelles prises. Lors d’une rencontre avec les parlementaires de la majorité, lundi soir, le nouveau premier ministre a lui-même reconnu qu’il n’y avait « pas de gros changement ».

« Dupond-Moretti, c’est le choix paillettes »

Les principales surprises sont l’arrivée de l’ex-ministre de la santé, Roselyne Bachelot, à la culture, et de l’avocat médiatique et souvent en butte avec la magistrature, Eric Dupond-Moretti, à la justice. Deux figures connues du grand public, destinées à donner du clinquant à l’exécutif, parfois jugé trop terne, trop « techno ». « Dupond-Moretti, c’est le choix paillettes du président », concède un intime du chef de l’Etat.

Autre enseignement : la promotion de Gérald Darmanin à l’intérieur, en remplacement de Christophe Castaner, qui avait perdu la confiance des forces de l’ordre. Un choix qui confirme la place de premier plan occupée par le maire de Tourcoing (Nord) au sein de la Macronie, après avoir réussi un sans-faute au budget et avoir été réélu au premier tour des municipales. « Darmanin a donné des gages. Il est loyal vis-à-vis du président et méritait cette promotion », justifie un conseiller du chef de l’Etat. Un choix qui étonne néanmoins au sein de la majorité, où l’on souligne que ce transfuge de la droite reste proche de Nicolas Sarkozy et de Xavier Bertrand, un potentiel rival de M. Macron pour la présidentielle de 2022.

Parmi les huit entrants figurent également la députée La République en marche (LRM) de la Somme, Barbara Pompili, qui devient ministre de la transition écologique et gagne le logement. L’ex-secrétaire d’Etat sous François Hollande aura la lourde responsabilité d’incarner le volontarisme vert de M. Macron, après le départ de Nicolas Hulot en 2018 et le passage jugé trop effacé de sa prédécesseure, Elisabeth Borne, qui avait succédé à François de Rugy. Le député (ex-LRM) de Maine-et-Loire Matthieu Orphelin, proche de Nicolas Hulot, l’exhorte à « tenir bon pour traduire sans filtre les 146 engagements de la convention citoyenne et pour gagner de beaux arbitrages budgétaires ».

Les grands équilibres restent inchangés

Au-delà de ces nouveautés, les grands équilibres restent inchangés. Neuf ministres conservent leur portefeuille, parfois avec des ajustements.

Parmi les poids lourds, Bruno Le Maire garde Bercy, en élargissant son périmètre (économie, finances) à la relance. Pas de mouvement non plus pour Jean-Yves Le Drian (Quai d’Orsay), Florence Parly (défense), Olivier Véran (solidarités et santé), ou encore Jean-Michel Blanquer (éducation, jeunesse et sports). Pour le reste, ce remaniement consiste essentiellement à des changements de portefeuille. Julien Denormandie prend ainsi l’agriculture, laissant le logement à Emmanuelle Wargon. Autre exemple : Sébastien Lecornu passe des collectivités territoriales à l’outre-mer.

Une absence de nouveautés qui peut s’expliquer par la volonté d’avoir des ministres capables « d’entrer en action tout de suite », comme l’a souhaité M. Castex, la veille. « Ce gouvernement affiche une forme de normalisation, il ressemble davantage à la France, il est très hétérogène, très composite », vante l’Elysée.

Mais ce nouvel exécutif fait aussi tiquer au sein de la Macronie. « Ce n’est qu’un jeu de chaises musicales. Pas sûr qu’on soit en train de se réinventer juste avec Bachelot et Dupond-Moretti », peste un cadre de LRM.

L’aile gauche de la majorité s’interroge notamment sur le poids pris par les ministres venus de la droite. Roselyne Bachelot et Brigitte Klinkert, ex-Les Républicains (LR) elle aussi, viennent s’ajouter à Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu, Franck Riester et Amélie de Montchalin, déjà présents. Sans compter le chef du gouvernement, issu lui aussi de LR. En face, les éléments issus de la gauche − Jean-Yves Le Drian, Florence Parly, Barbara Pompili, Olivier Dussopt ou Brigitte Bourguignon − sont moins nombreux à occuper des postes clés.

« La droite tient les rênes »

Matignon, Beauvau, Bercy… « La droite tient les rênes. La gauche est sur les accessoires et les ministres délégués », grimace un fidèle du chef de l’Etat, qui pointe les départs de Christophe Castaner, Didier Guillaume, Sibeth Ndiaye et Nicole Belloubet, tous ex-socialistes.

« Ce n’est pas un remaniement mais un reniement. Celui des valeurs fondatrices d’En Marche ! et du dépassement politique », s’emporte un cadre de la majorité. « La droite paraît renforcée. Il va pourtant falloir tenir compte du résultat des municipales, avec la poussée de la gauche et des écologistes », prévient la députée (LRM) des Bouches-du-Rhône Claire Pitollat. Certains de ses collègues pointent un gouvernement « giscardo-sarkozyste » et l’évolution de LRM vers un parti de centre droit, ressemblant à l’UDF.

La veille du remaniement, l’Elysée décrivait pourtant un chef de l’Etat « toujours dans l’esprit du “en même temps” », désireux de « continuer à travailler au dépassement politique ». « La poutre va continuer à travailler des deux côtés », assurait un conseiller, promettant des « surprises » venues de la gauche. Certaines personnalités ont bien été approchées mais ont refusé les offres de l’exécutif, comme la présidente du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, Valérie Rabault, ou l’écologiste Laurence Tubiana.

Sans surprise, l’Elysée se défend de tout parti pris. Au contraire, « ce gouvernement conforte le “en même temps” prôné par le président. Les grands ministères sont aux mains de marcheurs de la première heure, Le Drian, Véran, Le Maire, Blanquer, le directeur de cabinet de Matignon vient de la gauche… », énumère un proche de M. Macron. De même, pas question de voir dans le nouvel exécutif l’ombre de Nicolas Sarkozy, comme accusent certains macronistes. « Péchenard, Fontenoy, Bazin n’ont pas été nommés, contrairement à ce que certains disaient, c’est la preuve que Sarkozy n’impose rien », assure un conseiller.

Les historiques de la campagne de 2017 ne sont pas reconduits

En ne reconduisant pas Christophe Castaner à Beauvau ni Sibeth Ndiaye au porte-parolat, M. Macron coupe aussi les ponts avec les historiques de sa campagne de 2017.

Sibeth Ndiaye « a eu de belles propositions pour continuer dans ce gouvernement mais elle a pris la décision d’arrêter », indique son entourage, évoquant « un choix personnel ». Outre Gabriel Attal, qui la remplace, seuls Julien Denormandie et Marlène Schiappa sont pour l’instant sauvés par le président.

« C’est la fin de l’aventure initiale », regrette un macroniste historique. « Christophe Castaner et Sibeth Ndiaye sont les deux grands brûlés du remaniement », concède un habitué de l’Elysée. Le premier conseil des ministres du nouveau gouvernement aura lieu mardi, avant l’annonce de la dizaine de secrétaires d’Etat, qui viendront compléter l’équipe, dans les prochains jours.

En attendant, ce nouveau casting consacre d’ores et déjà la prééminence de M. Macron. Alors qu’il avait dans un premier temps prévu de prononcer sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale dès le milieu de cette semaine, M. Castex devra finalement attendre que le chef de l’Etat s’exprime le 14 juillet.

En juillet 2017, ce dernier avait procédé de la même manière avec Edouard Philippe. Il avait déjà tracé les grandes lignes de son quinquennat devant le Parlement réuni en Congrès, à Versailles, à la veille du discours de son premier ministre.

7 juillet 2020

Albert Watson

albert w

7 juillet 2020

Sainte-Anne-d'Auray - Le Grand pardon de Sainte-Anne d’Auray se réinvente en temps de Covid

« La question d’annuler le Grand pardon ne s’est jamais posée. Nous savions qu’il aurait bien lieu, on ne savait simplement pas encore sous quelle forme ». Gwénaël Maurey, recteur de la basilique et du sanctuaire de Sainte-Anne-d’Auray (56) et Bruno Belliot, directeur de l’Académie de musique et d’art sacrés, et les bénévoles du sanctuaire ont planché sur ce pardon 2020, semblable à aucun autre. Il n’y aura pas de rassemblement massif, le 26 juillet, pour célébrer la patronne des Bretons, mais le Pardon va s’adapter pour donner dix messes en deux jours, les 25 et 26 juillet, avec une jauge limitée (200 places en intérieur et 500 à l’extérieur), un parcours - avec la statue de Sainte-Anne sortie de sa niche et au cœur de la basilique - et des réservations obligatoires. Les messes seront présidées par neuf prélats des cinq diocèses bretons, et la présence en invité de Monseigneur Emmanuel Delmas, évêque d’Angers. Mieux vaut réserver sa place dès maintenant, car les demandes des fidèles affluent déjà…

www.sainteanne-sanctuaire.com

7 juillet 2020

ARLES

arles

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