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Jours tranquilles à Paris

31 mai 2020

Shooting NORMAL Magazine - Noémie Mazella

NORMAL shooting (1)

NORMAL shooting (3)

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NORMAL shooting (5)

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31 mai 2020

Président Trump, an IV : un carnage américain

trump neron

Par Gilles Paris, Washington, correspondant Le Monde

Le locataire de la Maison Blanche a vu s’enchaîner une crise sanitaire historique, une envolée du chômage sans guère de précédents et la résurgence des démons raciaux de l’Amérique. Un printemps meurtrier au cours duquel il n’a rien fait pour apaiser une nation ébranlée.

Le tumulte des trois premières années de la présidence de Donald Trump a longtemps masqué l’essentiel. Elu de justesse en 2016, l’ancien homme d’affaires avait hérité d’une économie en bonne santé, d’une coalition internationale de taille à détruire le terrorisme qui était alors une priorité, et d’une opinion publique résignée à s’extraire de guerres sans fin pour lesquelles il n’avait aucune appétence.

La véritable mise à l’épreuve du président des Etats-Unis a tardé, jusqu’à ce printemps meurtrier. Il a vu s’enchaîner une crise sanitaire historique, une envolée du chômage sans guère de précédents et la résurgence des démons raciaux de l’Amérique à la suite de la mort d’un Afro-Américain, George Floyd, aux mains de la police de Minneapolis, dans le Minnesota, le 25 mai.

Chacune de ces crises a charrié et charrie encore son lot d’images cruelles. Elles dessinent à ce jour un « carnage américain » pour reprendre l’expression que Donald Trump avait utilisée lorsqu’il avait prêté serment le 20 janvier 2017 pour dépeindre la situation que lui avait léguée selon lui son prédécesseur démocrate, Barack Obama. La formule avait frappé les esprits. Voilà qu’elle le rattrape.

Une nation ébranlée

Certes, Donald Trump n’est pas responsable de la pandémie de Covid-19 qui continue d’emporter des milliers de vies chaque semaine. Il n’est pour rien dans l’effondrement de l’économie consécutive à la brutale mise à l’arrêt du pays pour cause de confinement, et il n’est pas le supérieur hiérarchique de Derek Chauvin, l’officier de police poursuivi désormais pour homicide involontaire après la mort de George Floyd. Mais il n’a rien fait jusqu’à présent pour apaiser une nation ébranlée.

La semaine même de la conjonction de ces trois crises, le président était occupé à autre chose qu’à rassembler son pays. Il dénonçait des crimes perpétrés par Barack Obama, alors que son ministre de la justice ne trouve rien à reprocher à son prédécesseur. Il accusait contre toute évidence un animateur de télévision qui lui déplaît d’avoir assassiné une ancienne collaboratrice. Il ferraillait enfin contre Twitter, ulcéré que le réseau social décide de signaler certaines de ses contre-vérités.

Donald Trump avait attisé les flammes lorsque la droite de sa droite manifestait contre les mesures de confinement recommandées par sa propre administration. Il s’est abstenu de rendre hommage aux victimes du Covid-19 quand la barre des 100 000 victimes a été franchie mardi. Il a enfin alterné sans cap véritable les menaces et les expressions de compréhension à l’égard de manifestants pacifiques au cours des dernières heures à propos de la vague de rage qui s’est répandue dans les villes américaines à partir de Minneapolis. Sans jamais reconnaître la réalité d’une plaie américaine, pas plus que pour les fusillades de masse.

« La loi et l’ordre »

Juste avant son entrée en politique, en 2014, Donald Trump s’était indigné après une résurgence de violences dans le Missouri, théâtre quelques mois plus tôt d’une bavure policière similaire à celle de Minneapolis. « Pouvez-vous imaginer ce que Poutine et tous nos amis et ennemis du monde entier disent des Etats-Unis en regardant l’émeute de Ferguson ? », s’était-il interrogé sur son compte Twitter.

Six ans ont passé, d’autres émeutes parcourent les Etats-Unis, qui peuvent le servir en rassemblant une droite épouvantée autour des mots d’ordre nixoniens de « la loi et l’ordre », mais cette Amérique-là est désormais la sienne.

31 mai 2020

Nude Yoga Girl

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31 mai 2020

Mort de George Floyd : à Minneapolis, le caractère multiracial des émeutes ébranle les certitudes des autorités

minne69

Par Laurent Borredon, Minneapolis, envoyé spécial Le Monde

Des responsables de la communauté noire à la Maison Blanche, tout le monde a voulu voir, samedi, la main des militants « antifas » derrière les destructions. La réalité est bien plus complexe.

« C’est notre ville », explique, tout simplement, l’un des volontaires. Samedi 30 mai, Minneapolis (Minnesota) est à peine réveillée d’une nuit d’émeutes, qu’une nuée d’habitants équipés de pelles et de balais est déjà à l’œuvre pour nettoyer les décombres fumants, tout juste éteints par les pompiers à l’aube.

A Midtown, sur Lake Street, et tout particulièrement à l’intersection avec Chicago Avenue, les stigmates sont sévères. Cinq jours après la mort de George Floyd – un Afro-Américain – lors de son interpellation par un policier blanc, Derek Chauvin, à South Minneapolis, et quelques heures seulement après l’annonce de l’inculpation de ce dernier pour meurtre, les destructions n’ont pas connu de répit.

En l’absence de la police et de la Garde nationale, occupées, à l’est de la ville, à sécuriser les ruines du commissariat du troisième district, incendié la veille, et, à l’ouest, à bloquer l’accès au poste du cinquième district, encore debout, les casseurs ont eu toute la nuit pour passer leur rage sur les commerces de la rue, qui ont brûlé jusqu’aux dernières heures de la nuit. Ce n’est que vers 5 heures que les pompiers, accompagnés de membres de la Garde nationale, ont fait leur apparition. Les bâtiments ne sont déjà plus qu’un souvenir.

Qui est le responsable de ce désastre ? Avec une belle unanimité, tout le monde a désigné les « antifas », militants d’extrême gauche. Des groupes de casseurs qui seraient venus d’autres Etats. Un épouvantail bien commode.

Emballement

Pour les représentants traditionnels des Afro-Américains – l’un d’eux, lors d’une conférence de presse avec le gouverneur de l’Etat, a clairement pointé du doigt « les Blancs » –, cela permet de détourner l’attention de leur communauté, mais aussi de leur propre décalage avec une jeunesse en colère qui ne veut plus se satisfaire de prières et de citations de Martin Luther King. Les autorités locales, elles, diluent la responsabilité de leur échec patent et tentent de mettre un coin dans une mobilisation dont elles ne comprennent pas les ressorts. Quant au président Donald Trump, lui, qui a affirmé sans preuve que « 80 % des émeutiers venaient de l’extérieur de l’Etat », il reste dans son registre habituel.

L’emballement a atteint les chaînes d’information en continu, samedi. On a ainsi vu apparaître sur MSNBC un retraité de l’antiterrorisme expliquer doctement, confiné dans son bureau à des centaines de kilomètres du Minnesota, que de nombreux manifestants portaient des « signes distinctifs » des antifas. Et un bruit s’est même répandu comme une traînée de poudre dans la ville traumatisée : ce serait en fait des militants d’extrême droite qui seraient venus jeter de l’huile sur un feu déjà bien vif.

En fin de journée, la réalité a rattrapé le fantasme. Le maire de Saint Paul, la ville sœur de Minneapolis, affirmait que « 100 % » des personnes arrêtées venaient de l’extérieur ? Elles n’étaient en fait que 4 sur 18, ont prouvé les registres de la prison du comté. L’édile a dû reconnaître, en fin de journée, son erreur. Au total, 83 % des interpellés vendredi dans l’agglomération venaient de l’Etat – l’exact inverse du chiffre cité par Donald Trump – et 56 % de Minneapolis-Saint Paul.

A tous les niveaux, les officiels semblent avoir des difficultés à appréhender la réalité d’une rébellion multiraciale, qui rassemble la jeunesse afro-américaine, les immigrants d’origine somalienne, les Latinos et enfin les habitants, majoritairement blancs, des banlieues résidentielles. Entre le chômage et la fermeture des universités liés au confinement dû à l’épidémie de coronavirus, tous sont disponibles, simultanément, de manière inédite. Dans l’Etat voisin du Michigan, à Detroit, pas moins des deux tiers des personnes interpellées viennent ainsi des « suburbs ».

Merci « d’être avec nous aujourd’hui »

Cette réalité, samedi après-midi, les participants à la manifestation pacifique devant le commissariat du cinquième district n’avaient pas de problèmes à l’accepter. La majorité de l’assistance est blanche, et une intervenante n’hésite pas à remercier ces « alliés blancs » dans la lutte contre les violences policières subies par les minorités aux Etats-Unis.

Elle balaye d’une phrase les condamnations des destructions de la nuit : « Je m’en fiche de Target [grand magasin incendié jeudi], de Wells Fargo [une banque dont les ruines fument encore derrière l’assemblée d’un petit millier de personnes]. Parce que vous savez qui n’ira jamais chez Target, chez Wells Fargo ? » « George Floyd », crie, de concert, la foule.

Quelques minutes plus tard, une autre jeune femme noire issue du quartier remercie les mêmes « d’être avec nous aujourd’hui » et les exhorte à éduquer leurs enfants : « Vos enfants sont les policiers, les procureurs, les juges de demain. Ayez cette conversation [sur les discriminations raciales] à la table du dîner ce soir. » Face à elle, les manifestants opinent.

Ce que les autorités ont bien compris, néanmoins, c’est l’échec de leur stratégie de maintien de l’ordre. Samedi soir, dès la tombée du couvre-feu, la police de Minneapolis, assistée de la police d’Etat, a dispersé violemment un groupe de manifestants qui quittait, pourtant, les lieux de la manifestation de l’après-midi. A la surprise générale, vu sa passivité des jours précédents. De New York à Los Angeles, en passant par Minneapolis, les autorités ont décidé, samedi, d’éteindre l’incendie à coups de matraques et de gaz lacrymogènes.

Laurent Borredon (Minneapolis, envoyé spécial)

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Les Etats-Unis sous haute tension, le couvre-feu imposé dans plusieurs villes. Plusieurs villes américaines ont imposé, samedi, des mesures exceptionnelles pour tenter d’empêcher les manifestations liées à la mort de George Floyd de dégénérer à nouveau. Au total, vingt-cinq villes sont concernées par la mise en place d’un couvre-feu : Beverly Hills, Los Angeles, Denver, Miami, Atlanta, Chicago, Louisville, Minneapolis, St. Paul, Rochester, Cincinnati, Cleveland, Columbus, Dayton, Toledo, Eugene, Portland, Philadelphie, Pittsburgh, Charleston, Columbia, Nashville, Salt Lake City, Seattle et Milwaukee. Partout dans le pays, les manifestants ont dénoncé les bavures policières et les disparités raciales. Et ils ont exigé justice pour George Floyd. Le policier blanc Derek Chauvin qui, sur une vidéo largement diffusée, maintient son genou pendant de longues minutes sur le cou du quadragénaire a été arrêté vendredi et inculpé pour homicide involontaire. Mais pour les manifestants, ce n’est pas assez : ils réclament son inculpation pour homicide volontaire, et l’arrestation des trois autres agents impliqués dans le drame.

31 mai 2020

Kate Moss

kate44

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31 mai 2020

Covid-19 : “tout sera différent” après la pandémie, assure le pape François.

Dans son message vidéo de Pentecôte, le pape François a prévenu que “tout sera différent” après la pandémie de Covid-19, et qu’il revient à l’humanité d’en ressortir “meilleure ou pire”, alors que le nouveau coronavirus a contaminé plus de 6 millions de personnes dans le monde, rapporte le journal argentin Clarín. “Une fois sortis de cette pandémie, nous ne pourrons pas continuer à faire ce que nous faisions, comme nous le faisions. Non, tout sera différent”, a déclaré le souverain pontife, appelant à une “société plus juste et plus équitable”. Et d’ajouter : “Des grandes épreuves de l’humanité, parmi lesquelles cette pandémie, on ressort soit meilleur, soit pire, mais pas inchangé. Comment voulez-vous en sortir ? Meilleurs ou pires ?”

31 mai 2020

Milo Moiré

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31 mai 2020

Espace - Elon Musk et SpaceX ouvrent une nouvelle ère du voyage spatial

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

SpaceX, la société aérospatiale du milliardaire Elon Musk, est entrée samedi dans l’histoire de l’exploration spatiale, en devenant la première compagnie privée à envoyer des astronautes dans l’espace.

La Nasa en rêvait, Elon Musk l’a fait. Avec SpaceX, les États-Unis disposent à nouveau de fusées américaines pour envoyer, à prix modique, leurs astronautes dans l’espace.

Depuis 2011 et la mise à la retraite des navettes spatiales, les Américains devaient compter sur les Russes pour transporter leurs astronautes vers la Station spatiale internationale (ISS). SpaceX va désormais pouvoir prendre le relais, forte du succès du vol de samedi.

A 15h22 locales, Bob Behnken et Doug Hurley ont décollé du Centre spatial Kennedy (Floride), sous les yeux de dizaines de milliers de curieux rassemblés sur les plages, et de Donald Trump, qui avait fait le déplacement.

Histoire de donner au lancement un caractère encore plus solennel, SpaceX avait choisi la rampe de lancement qui servit à envoyer dans l’espace les missions Apollo d’exploration de la lune, dans les années 60 et 70. 

“C’était incroyable”, a déclaré Doug Hurley au centre de contrôle, peu après le décollage, rapporte Space.com. “J’ai conscience de l’énorme travail que vous avez fourni. Merci pour ce formidable voyage dans l’espace”, a-t-il ajouté.

Avec sa mission, SpaceX a terrassé le géant Boeing, également choisi par la Nasa pour transporter ses astronautes, mais dont le programme spatial a pris du retard.

Le contrat qui lie SpaceX et la Nasa prévoit six allers-retours vers l’ISS. Mais Elon Musk ne va pas s’arrêter là : il prévoit aussi de faire voyager en orbite – voire dans l’ISS – des passagers privés, peut-être dès l’an prochain.

31 mai 2020

Inrockuptibles

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31 mai 2020

Controverse - Peut-on lutter à la fois contre le Covid-19 et contre le réchauffement climatique ?

lutter

FINANCIAL TIMES (LONDRES)

Le confinement forcé par la pandémie de Covid-19 a eu deux conséquences : l’effondrement brutal de l’économie et une baisse significative des émissions de gaz à effet de serre. Est-ce le bon moment pour faire rimer investissement vert et croissance ?

OUI

Les deux vont de pair

Nous avons tiré plusieurs leçons de la pandémie, la première étant que des risques très élevés en matière d’incidence et de probabilité appellent une intervention rapide – et que tout retard coûte cher. Très tôt, les professionnels de santé nous ont mis en garde contre les effets dévastateurs du Covid-19. Pourtant, rares sont les États qui ont pris des décisions à la hauteur des risques encourus.

Des pays comme le Japon, la Corée du Sud, Singapour et le Costa Rica, qui ont immédiatement pris des mesures préventives, donnent l’impression de s’en tirer nettement mieux que ceux qui ont tardé à agir. Le vieil adage selon lequel il vaut mieux prévenir que guérir recueille une large adhésion dans le domaine sanitaire, et il s’applique tout autant au dérèglement climatique.

Les catastrophes naturelles coûtent cher

Nous en connaissons les risques depuis des années. [La banque] Morgan Stanley a calculé que les 16 catastrophes météorologiques et climatiques survenues en 2017 aux États-Unis avaient coûté 309 milliards de dollars [285 milliards d’euros].

Au cours des dix années qui viennent de s’écouler, les pertes, résultant des catastrophes naturelles, se montent à 3 000 milliards de dollars [2 700 milliards d’euros] à l’échelle mondiale. Or, les mesures engagées en faveur du climat restent insuffisantes. Comme Mark Carney, alors gouverneur de la Banque d’Angleterre, l’a prédit en 2015 :

Le jour où le dérèglement climatique aura une influence directe sur la stabilité financière, il sera sans doute déjà trop tard.”

Préoccupé par cette flambée des risques, Larry Fink, le directeur général du fonds d’investissement BlackRock, écrivait récemment : “Nous sommes à l’aube d’une refonte totale du secteur de la finance.” Reste à savoir si cette refonte interviendra à temps.

Des années à venir décisives

Malgré des efforts louables, nous n’avons pas fait baisser nos émissions de gaz à effet de serre dans les proportions recommandées par les scientifiques, ce qui fait de la décennie en cours la plus décisive de l’histoire. Les dix années à venir détermineront si nous avons ou non une chance d’éviter les répercussions cataclysmiques du dérèglement climatique, qui seraient sans commune mesure avec celles du Covid-19.

Si, d’ici à 2030, nous n’avons pas réduit ces émissions de moitié à l’échelle mondiale, nous ne pourrons plus éviter des “ruptures” qui feront voler en éclats l’économie mondiale et mettront nos vies en danger. Les coûts de l’inaction sont vertigineux – 600 000 milliards de dollars d’ici à la fin du siècle.

Le nœud du problème, c’est que les décisions financières qui vont découler de cette pandémie dans les douze mois à venir détermineront l’avenir de l’économie mondiale pour les dix années qui viennent, c’est-à-dire la période précise où il nous faudra réduire de moitié nos émissions.

Les plans de relance vont coûter plusieurs milliers de milliards de dollars et les États n’auront sans doute pas les moyens de mettre autant de ressources dans d’autres urgences planétaires avant plusieurs années. Nous ne pouvons pas éteindre le brasier de la pandémie et celui du climat juste derrière. Car, d’ici là, il n’y aura plus d’eau à pomper.

La pandémie de Covid-19 entre en concurrence avec l’urgence climatique, et nous devons associer les solutions aux deux crises dans une même politique qui soit cohérente. Après les mesures d’urgence dans les domaines de la santé, de la sécurité et de la protection sociale, des programmes de relance non exclusifs devront engager l’économie mondiale sur la voie d’une croissance durable et d’une résilience accrue.

Directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie, Fatih Birol estime qu’“il ne faut pas laisser la crise en cours mettre en péril la transition énergétique”. Les États doivent réaffecter les 400 milliards de dollars [370 milliards d’euros] de subventions aux énergies fossiles à la promotion de l’efficacité énergétique, des énergies propres et des infrastructures durables.

On peut créer des millions d’emplois

Stéphane Hallegatte, économiste senior au sein du Groupe sur le changement climatique de la Banque mondiale, évoque d’autres investissements possibles, par exemple dans la régénération des sols dégradés, l’assainissement ou encore la mobilité douce. On pourrait ainsi créer des millions d’emplois à brève échéance, encourager l’innovation, appuyer la diversification de l’économie et réduire à la fois nos émissions de gaz carbonique et la pollution atmosphérique, en améliorant au passage la santé publique.

Jamais les conditions n’ont été plus favorables qu’aujourd’hui pour investir dans une reprise axée sur la résilience. Ces dix dernières années, les prix de l’électricité produite par l’éolien terrestre ont fondu de 70 % et ceux de l’électricité photovoltaïque de 89 % ; ceux des technologies de stockage de l’énergie suivent la même trajectoire.

Des investisseurs de premier plan visent le “zéro émission nette”, notamment une alliance de grands gestionnaires d’actifs à la tête de 4 600 milliards de dollars [4 200 milliards d’euros]. Un groupe réunissant de nombreux patrons et dirigeants politiques exhorte la Commission européenne à préparer un ambitieux plan de relance qui intégrerait la transition écologique et numérique. À l’heure de la reconstruction, ouvrons les yeux sur les risques et les possibilités qui se profilent à l’horizon. Repartons du bon pied et choisissons l’avenir que nous voulons.

Christiana Figueres – Ancienne secrétaire exécutive de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques.

NON

Le coût serait trop élevé

Les défenseurs de l’environnement situent à 1,5 °C la limite “acceptable” pour l’augmentation d’origine anthropique des températures à l’horizon 2100. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) préconise pour 2030 l’introduction de taxes carbone dont le montant médian s’élèverait à 8 dollars par litre de pétrole en dollars de 2019, avant une nette augmentation au fil du siècle. L’instauration de taxes sur les autres sources d’énergie conventionnelle serait tout aussi néfaste pour l’économie – et ridicule d’un point de vue politique.

Les partisans de la lutte contre le changement climatique tentent d’éluder cette réalité en soutenant que les énergies de substitution sont compétitives et qu’une transition mondiale vers le renouvelable serait bonne pour la croissance, en favorisant l’investissement et la création de nouveaux emplois dans l’économie “verte”.

Manque de compétitivité

Seulement voilà : les énergies non conventionnelles ne sont pas compétitives. Sinon, pourquoi aurait-on tenté de les rendre viables à coups de taxes, de subsides et de parts de marché garanties ? Si l’augmentation des parts de marché du renouvelable a tiré les tarifs de l’électricité vers le haut en Europe et aux États-Unis, c’est à cause, notamment, de l’intermittence du vent et du soleil, de leur faible concentration énergétique et des limites théoriques de leur transformation en courant électrique.

L’argument qui veut que les investissements dans l’énergie verte soient bons pour la croissance ne tient pas compte des lourdes répercussions, sur d’autres secteurs, de la chute des investissements et de la hausse du prix de l’énergie. En privilégiant les énergies non conventionnelles, on réduit de manière non négligeable la valeur économique du capital humain et matériel (producteur et consommateur d’énergie) existant. Un tremblement de terre ne rapporte rien ; la même chose vaut pour des politiques qui sabordent la valeur de pans entiers de l’économie. Une énergie chère et une croissance en berne sont incompatibles avec la relance de l’emploi après la pandémie.

Maintenir une énergie bon marché

L’Agence internationale de l’énergie prédit que la récession provoquée par le Covid-19 réduira les émissions de gaz à effet de serre de 8 % cette année. Dans le cas où cette baisse se maintiendrait jusqu’à la fin du siècle, un modèle climatique financé par l’Agence américaine de protection de l’environnement prévoit que la réduction des températures serait légèrement supérieure à 0,1 °C en 2100.

En se fondant sur le même modèle, les effets d’une réduction beaucoup plus forte des gaz à effet de serre seraient d’un niveau que je juge insignifiant. Selon l’accord de Paris de 2015, auquel les parties signataires peuvent aisément se soustraire : 0,17 °C en 2100. Zéro émission de gaz à effet de serre dans tous les pays de l’OCDE : 0,3 °C. Une réduction de 30 % des émissions dans le monde entier : 0,6 °C. Autrement dit, aucun calcul plausible du ratio coûts-bénéfices ne justifierait de telles mesures.

Une énergie bon marché est nécessaire au développement économique des pays pauvres et à la reprise, après les effets dévastateurs du Covid-19 sur l’activité. L’opposition d’ordre idéologique aux énergies fossiles est une posture misanthrope qui considère l’homme de la rue, non comme un esprit créatif capable de résoudre des problèmes, mais comme une bouche à nourrir et une source de pollution.

Vus sous cet angle, la plupart des investissements dans l’humain – l’éducation, la santé, etc. – ne font qu’empirer les choses en augmentant la demande d’énergie.

“Les allégations d’urgence climatique ne sont pas étayées”

Beaucoup, dans les rangs de la gauche verte, ont salué la baisse des émissions de gaz à effet de serre résultant de la récession causée par le Covid-19 et ont exprimé, non pas le souhait d’une reprise de la croissance, mais la crainte d’une recrudescence des émissions.

Ils soutiennent que nous nous trouvons sous une épée de Damoclès climatique. Or, si les effets d’une augmentation de la concentration de gaz à effet de serre sont bien réels, ils n’en sont pas moins limités. Les allégations faisant état d’une “urgence climatique” ne sont nullement étayées et se fondent sur des modèles reposant sur des hypothèses peu plausibles.

En accordant la priorité aux politiques climatiques, on empêchera la plupart des gens d’améliorer leur situation, surtout après le séisme économique causé par le confinement. Sans compter que, si les pays s’appauvrissent, cela veut dire aussi qu’ils auront moins de ressources pour protéger l’environnement. La question n’est pas de savoir si les partisans de la croissance détestent la planète. Mais de savoir si les écologistes détestent l’humanité. Et la planète.

Benjamin Zycher – Chercheur invité de l’American Enterprise Institute, un think tank américain proche des néoconservateurs qui défend des positions climatosceptiques.

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