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Jours tranquilles à Paris

3 juin 2020

Erik Tranberg

erik tranberg

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3 juin 2020

Témoignage - “Ma nouvelle vie de chômeur à San Francisco à cause du Covid-19”

COURRIER EXPAT (PARIS)

Julien Cheiroux vit aux États-Unis depuis six ans. Mais la crise sanitaire a tout changé pour lui. Désormais sans emploi, il a retrouvé une vie d’étudiant et se consacre au bénévolat.

Je m’appelle Julien, j’ai 31 ans, je vis aux États-Unis depuis un peu plus de quatre et travaille (travaillais) dans une start-up à San Francisco depuis plus d’un an et demi.

“À cause du Covid-19, j’ai été licencié”

Comme beaucoup de Français ayant succombé aux sirènes de la Silicon Valley, ma situation pré-Covid était déjà précaire : la validité de mon séjour sur le sol américain ne tient qu’à un fil, le fait d’être employé par l’entreprise qui sponsorise mon visa de travail. (Dans mon cas le E2, ou visa investisseur, qui est justifié par le fait que l’entreprise est principalement financée par des fonds venants de France, d’où la possibilité d’embaucher des Français).

Perdre son emploi implique la perte de son visa, et donc l’obligation de quitter le territoire dans une durée de trente jours. Pas toujours facile à vivre au quotidien, surtout lorsqu’on travaille à développer une startup dans un milieu ultracompétitif ou rien n’est jamais acquis !

Avec la crise économique due au Covid-19, beaucoup de nos clients ont été affectés et ont du mal à pouvoir continuer à s’offrir nos services. Pour éviter de brûler trop de trésorerie, les cofondateurs ont pris la décision qui s’imposait : réduire au maximum les dépenses, et entre autres se séparer de mon poste à compter du 1er avril.

Que faire sur place quand on est étranger et bientôt sans visa ?

Que faire donc ? Rentrer en France ? Préparer un déménagement en cette période paraît compliqué, les vols sont quasiment tous annulés au dernier moment ou hors de prix, que faire de toutes mes affaires, meubles, équipements sportifs… tout ça pour retourner chez mes parents dans ma chambre d’enfance et tenter de repartir dès que possible ?

Rester ici ? sans revenu, avec un loyer sanfranciscain à payer, un marché de l’emploi en crise et surtout une offre de jobs très limitée pour les étrangers en raison des problèmes de visa de travail ?

“Tu dois bien toucher le chômage non ?” Les aides n’ont bien évidemment rien à voir avec ce que l’on peut connaître en France, et me déclarer sans emploi revient à perdre mon visa et donc devoir rentrer en France.

“Tu ne peux pas trouver un job alimentaire le temps que la crise se passe ?” Beaucoup d’entreprises font face à une demande inattendue et doivent recruter des petites mains : personal shopper pour Instacart, livreur pour Uber Eats, etc. Mais en tant qu’étranger je n’ai pas le droit de travailler pour une autre entreprise que celle sponsorisant mon visa. Après avoir retourné le problème dans tous les sens avec l’aide d’une avocate en immigration, j’ai dû me rendre à l’évidence qu’il était légalement impossible pour moi de parcourir la ville sur mon scooter à livrer des sushis et des burritos.

Retour à une vie d’étudiant et au bénévolat

Je suis donc actuellement toujours à San Francisco et ai repris un mode de vie proche de mes années étudiantes : dépenses réduites au maximum, pâtes à toutes les sauces, et je passe des heures à parcourir les offres d’emploi afin de trouver la perle rare qui me permettra de continuer mon “rêve” américain.

J’ai l’impression que beaucoup de gens se demandent comment aider dans cette période trouble, et souhaitent faire un peu plus que simplement rester chez eux. À l’époque ou l’argent tombait tous les mois (toutes les deux semaines d’ailleurs, à l’américaine) j’avais réalisé quelques dons à différentes organisations, mais aujourd’hui je dois malheureusement faire très attention à mes deniers. En revanche je dispose de beaucoup plus de temps, et j’ai pu en consacrer un peu au bénévolat. The Salvation Army [“L’Armée du Salut”] organise exceptionnellement des distributions de repas aux sans-abri de San Francisco, afin d’éviter qu’ils ne se déplacent trop à la recherche de nourriture. Les HOT (Homeless Outreach Team, équipe d’assistance aux sans-abri) sillonnent la ville et repèrent les différents camps, s’assurent que ces personnes sont bien là de façon permanente, et en avertissent la ville qui organise les réseaux de distribution. Le stay at home order [“ordre de rester à la maison”] s’applique du coup même à ceux qui n’en ont pas vraiment, de home.

Déjà assez choquant en temps normal à San Francisco, le nombre de sans-abri en centre-ville est en ce moment impressionnant. Les rues leurs appartiennent désormais, et se déplacer sur la normalement bondée Market Street donne l’impression d’être dans un pays du tiers-monde postapocalyptique.

Zen, prudence et créativité à l’ordre du jour

Je trouve les Californiens en général assez zens face à cette épreuve. Le fait qu’il y ait eu très peu de cas par rapport au reste du monde (“seulement” une quarantaine de décès à San Francisco à fin mai), et ce grâce à un confinement instauré très tôt, doit aider à ne pas tomber dans la paranoïa. Il est aisé de se balader dans les parcs, forêts, près de l’océan sans croiser trop de monde ou au moins en restant à plus de six pieds, comme préconisé. Les gens sont courtois dans les magasins, portent des masques, attendent bien leur tour sur la marque au sol, on peut deviner des sourires derrière les masques.

La réouverture des parcs et de certains magasins se fait avec prudence et créativité : ronds tracés sur le sol dans certains parcs, cocktails à emporter (alors que légalement il est interdit de consommer de l’alcool dans la rue, mais bon, qui va vérifier que votre coffee cup contient en réalité un Irish coffee ?) trajets one way [“sens unique”] dans les magasins…

Le Memorial Day Weekend [le week-end du 25 mai en l’honneur des Américains tombés au combat] a été le premier vrai test sur le respect des consignes, et l’envie de profiter de la météo magnifique a mis pas mal de monde dehors, à la plage, dans les parcs ou dans certaines des rues désormais fermées à la circulation. On pouvait cependant constater une certaine distanciation dans les groupes d’amis, ainsi que des efforts pour ne pas partager les bouteilles ou plonger la main dans le même paquet de chips.

Dans l’ensemble je me considère assez chanceux d’être ici, et ce malgré la frustration de ne pas avoir beaucoup de choix dans les possibilités d’emploi en raison de mon visa. Je me tiens aux aguets en attendant de voir quelles seront les entreprises gagnantes de cette crise et qui de par leur croissance embaucheront à tour de bras, donne un peu de mon temps pour des actions bénévoles et parcours à vélo les splendides routes californiennes autour de San Francisco. En attendant je tousse dans mon coude et attends patiemment de pouvoir me rendre chez le coiffeur.

Source : Courrier Expat

3 juin 2020

The Selects Gallery

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The Selects Gallery a été fondée en février 2018 à New York comme plate-forme pour découvrir, apprendre et acquérir les photographies d’art des meilleurs photographes de mode du monde.

La galerie est née du désir de la fondatrice Marie Audier D’Alessandris de donner une seconde vie à ces images dormant dans des archives et dans bien des cas oubliées après la séance photo originale.

Marie est une Franco-Américaine mariée à un Italien et maman de 2 garçons, résidant à New York après plusieurs années en Amérique latine. Tout au long de sa carrière en tant que directrice mondiale de la mode et de la beauté, Marie a eu le privilège de travailler avec certains des photographes les plus talentueux de l’industrie, ainsi qu’avec leurs équipes de maquilleurs, coiffeurs et stylistes.

Elle a toujours pensé que le talent et les budgets nécessaires à la création de telles images n’étaient pas à la mesure de leur courte durée de vie, car la majorité est archivée après avoir été publiée dans un magazine pendant un mois. Elle a également réalisé que la plupart des photographes de mode sont plus intéressés par le processus créatif de prise de vue que par la gestion de leurs archives.

Elle considérait cela comme un gaspillage artistique total.

En tant que  Chef du marketing chez Coach, elle a été intimement témoin des changements majeurs dans le monde des médias et s’est rendu compte que nous serions bientôt tous nostalgiques de ces images incroyables qui peuplaient les grands magazines de mode

Marie a ressenti le besoin de donner une seconde vie à ces images avec The Selects Gallery en fouillant dans les archives des photographes de beauté et de mode les plus emblématiques du passé et du présent pour dénicher leurs joyaux cachés.

Les Artistes:

Dans cette quête, The Selects Gallery présente exclusivement le travail de photographes très respectés par l’industrie de la mode mais moins connus du grand public:

– Photographes de mode et de beauté contemporains de renom qui continuent de travailler très activement tels que Kenneth Willardt, Sylvie Castioni, Greg Lotus, Paul Bellaart, Emmanuelle Hauguel, ou Richard Phibbs. .

La Selects Gallery est également la première galerie à travailler avec la succession de Chris von Wangenheim et à montrer son travail pour la première fois en 40 ans à Art New York Art Fair en mai 2019.

Le photographe Chris Von Wangenheim a radicalement défié le goût du public avec des photographies de haute couture capturant le zeitgeist et les changements culturels des années 70. Bien qu’ils soient appelés «les trois terribles» avec Guy Bourdin et Helmut Newton, ses images sont restées largement invisibles depuis sa mort tragique en 1981.

www.theselectsgallery.com

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3 juin 2020

Bond : Photographié par Terry O’Neill

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Terry O’Neill a eu sa première chance de photographier Sean Connery en tant que James Bond dans le film Goldfinger. À partir de ce moment a été créée l’association d’O’Neill avec Bond: un héritage durable qui s’est perpétué jusqu’à l’époque de Daniel Craig. C’est O’Neill qui a capturé les images graveleuses et coquines de Connery sur le plateau, et c’est O’Neill qui a encadré le super-suave Roger Moore dans Live and Let Die. Ses images d’Honneur Blackman en tant que Pussy Galore sont également importantes, célébrant le rôle vital des femmes dans le monde de James Bond. Mais ce sont les photographies décontractées sur le plateau de Terry O’Neill d’un Connery espiègle se promenant dans les casinos de Las Vegas ou de Roger Moore dansant sur un lit avec sa co-star Madeline Smith qui montrent l’autre côté de l’espionne la plus reconnaissable au monde.

James Clarke ouvre les archives de Terry O’Neill pour donner aux lecteurs – et aux spectateurs – la chance d’entrer dans le monde éblouissant de James Bond. Les images somptueuses en couleur et en noir et blanc sont complétées par des idées d’O’Neill, ainsi qu’une série d’essais originaux sur le monde de James Bond par le cinéaste de longue date de la BAFTA, James Clarke; et des entretiens récemment menés avec un certain nombre d’acteurs figurant sur les photographies d’O’Neill.

Terry O’Neill CBE était l’un des photographes les plus collectionnés au monde, avec des œuvres accrochées dans des galeries d’art nationales et des collections privées du monde entier. Des présidents aux stars de la pop, il a photographié la ligne de front de la renommée depuis plus de six décennies. Aucun autre photographe n’a embrassé la renommée à ce point, capturant les icônes de notre époque de Winston Churchill à Nelson Mandela, de Frank Sinatra et Elvis à Amy Winehouse, Audrey Hepburn et Brigitte Bardot.

James Clarke est l’auteur de nombreux livres sur et sur le monde du cinéma, dont The Pocket Essentials: Steven Spielberg, The Virgin Film Guide: War Films, The Virgin Film Guide: Coppola, Bodies in Heroic Motion: The Cinema of James Cameron et L’année du geek. Clarke écrit pour Little White Lies et a été publié dans Empire, Moviescope, Sci Fi Now, 3D World et 3D Artist.

Bond : Photographié par Terry O’Neill

La Collection Définitive

Terry O’Neill; édité par James Clarke

ISBN: 9781788840729

£ 50,00

https://www.accartbooks.com/

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3 juin 2020

Abbas by Abbas, le dernier message d’un maître de la photographie

Le photographe emblématique de l’agence Magnum livre dans ce formidable documentaire réalisé par Kamy Pakdel, un témoignage unique sur sa vie. Précieux legs du grand photojournaliste franco-iranien disparu en 2018 à l’âge de 74 ans. A voir en replay sur lcp.fr.

« Ce genre de film, on le fait juste avant de mourir. » Se sentant affaibli et condamné par la maladie, Abbas Attar accepte en 2018 ce qu’il avait toujours refusé : un film portrait sur son oeuvre que le réalisateur Kamy Pakdel lui avait proposé 20 ans plus tôt. Si l’homme, très pudique, a toujours tenu à se faire discret, ses photos ont fait parler la grande histoire. D’Israël à l’Irlande du Nord en passant par Sarajevo, le Vietnam, l’Iran ou l’Afrique du Sud, Abbas a couvert inlassablement, pendant plus de cinquante ans, les grands tumultes de la fin du XXe siècle.

« Je mets un voile émotionnel entre la scène et moi-même »

Devant les caméras, le photographe accepte de faire le chemin inverse. Appareil toujours à la main, il feuillette ses albums dans les locaux parisiens de l’agence Magnum, qu’il a intégrée en 1980 après avoir travaillé pour Sipa et Gamma. Les photos défilent par thèmes. Le fanatisme, la spiritualité, la beauté, la dérision… La violence est le premier. « Malheureusement mon chapitre le plus fourni », regrette presque le photographe. La première image : Le bunker de Moshe Dayan, prise pendant la Guerre du Kippour en 1973, à la frontière syro-israélienne. Le militaire au bandeau, héros d’Israël, est devenu ministre de la Défense. Depuis la fente d’un bunker déchiqueté par les tirs d’artillerie, il observe les lignes ennemies à travers un seul œilleton de ses jumelles. Un des premiers scoops d’Abbas.

S’en suivent les clichés de la révolution islamique en Iran. « J’étais concerné, impliqué, c’était mon peuple », confie le franco-iranien. La photo de cette femme, accusée de soutenir le Shah, molestée en pleine rue, celle des corps des généraux exposés à la morgue… De 1978 à 1980, Abbas couvre frénétiquement la crise qui frappe son pays natal. Comment gérer ces scènes d’une extrême violence lui demande-t-on ? « Je mets un voile émotionnel entre la scène et moi-même, répond Abbas avant d’ajouter. Ensuite ça revient, plus tard, dans mes cauchemars. Comme des bombes à retardement. »

La question éthique se pose souvent. Faut-il publier cette photo ? Le photojournaliste revient sur son cliché, pris en 1978, devenu le symbole de l’Apartheid. Un colonel blanc, en uniforme, directeur d’une école de police pour Noirs, pose, autoritaire, devant ses élèves torses nus disposés en rangs. Une mise en scène organisée par Abbas. Avait-il travesti la réalité ? Il reverra cet homme 20 ans plus tard. « C’était un homme très gentil, pas du tout fanatique. Ici, ce n’est pas l’homme que je photographie, mais l’uniforme, l’Etat », explique-t-il.

Capturer le moment suspendu du monde

L’oeuvre d’Abbas nous offrent une fresque de l’humanité en noir et blanc. L’humiliation, la souffrance de l’homme : Cette femme entourée par plusieurs soldats en Irlande du Nord, hurlant de douleur après avoir été blessée par une bombe de l’IRA en juin 1972. Ce soldat bosniaque, pleurant chaque jour sa femme disparue, dans un cimetière de Sarajevo en 1993…

Sur chaque photo, chaque reportage, l’impressionnante rigueur d’Abbas nous frappe. « Même quand je photographie le chaos, j’essaie de l’ordonner », plaisante-t-il. Maître du contre-jour, son noir et blanc est d’une infinie richesse, sa composition si méthodique. « Le photographe est celui qui écrit avec la lumière », aime-t-il rappeler en marchant dans les rues parisiennes. Derrière chaque cliché, Abbas cherche à « capturer un moment suspendu », à donner l’impression que les sujets ont continué leur action après le déclenchement de l’appareil.

Curieux de tout, son oeil s’arrête longuement sur les religions. Un des sujets les plus importants de sa carrière de grand reporter. L’islam, le christianisme, les coptes, les hindous… Abbas parcourt le monde de la foi, des fanatismes, et entretient « une relation cordiale avec Dieu, professionnelle », s’amuse-t-il à dire. La religion est pour lui un prétexte pour « regarder ces sociétés en devenir ». Il y consacrera trente années de sa vie.

« Après plus de 55 ans de photo, que restera-t-il ? »

L’homme de 74 ans n’a plus la barbe fournie de ses jeunes années. La maladie et l’extrême fatigue l’obligent parfois à suspendre le tournage. Mais il n’a perdu ni son humour, ni sa malice. Sous son chapeau qui écrase légèrement ses oreilles et derrière ses lunettes rondes, on le découvre rieur, pétri de dérision. Sa photographie est baignée de cette même ironie. On sourit devant l’absurdité de certaines scènes : ce moudjahidin, kalachnikov à la main, pris au bord d’une route Afghane, assis sur un lit superposé en ferraille enfoncé dans la boue, ou ce Mexicain, perdu en plein désert, portant sur son dos une table en bois tel Atlas supportant le monde. Une des photos préférées d’Abbas.

En quelques jours d’entretiens, Kamy Pakdel parvient à dresser le portrait très touchant d’un monument de la photographie qui s’apprête à léguer son héritage. « J’arrive à la fin de ma vie de photographe, à la fin de ma vie tout court. Après plus de 55 ans de photo, que restera-t-il ? », demande Abbas à son interlocuteur. Il nous livre ici un magnifique témoignage testamentaire. Abbas ne verra jamais le résultat final de ce film. Il décède en avril 2018, une semaine après la fin du tournage. Clap de fin d’un oeil universel.

Michaël Naulin

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Abbas by Abbas, de Kamy Pakdel, 2019

54 min.

Prochaine diffusion : Mercredi 1er juillet 2020 à 00:30 sur LCP

Disponible en replay jusqu’au 11 juin sur Lcp.fr

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3 juin 2020

Décryptages - Un an d’enquête pour révéler la réalité des féminicides en France

Par Cécile Prieur, Directrice adjointe de la rédaction Le Monde

« Le Monde » a travaillé pendant un an sur les quelque 120 homicides conjugaux perpétrés par des hommes en 2018. De nos investigations, il ressort que ces crimes sont l’aboutissement d’une mécanique qui aurait pu, et aurait dû, être identifiée et désamorcée.

« Féminicide, mot masculin qui tue », titrait-on, au Monde, dans une enquête publiée par notre magazine en novembre 2019. Mot masculin qui recoupe une réalité cruellement féminine : le meurtre de plus d’une centaine de femmes par leurs conjoints chaque année en France.

Longtemps qualifiés de crimes passionnels, comme pour mieux les euphémiser, les féminicides se sont imposés dans le débat public tout au long de l’année 2019 en apparaissant sous une lumière crue. Le Monde, en constituant, dès mars 2019 et pour une année, une équipe d’investigation pour enquêter sur ces crimes, a voulu comprendre comment et pourquoi notre société a longtemps refusé d’ouvrir les yeux sur l’ampleur et la réalité des féminicides.

Pour prendre la mesure de ce phénomène complexe, nous avons cherché à dénouer le fil des quelque 120 homicides conjugaux identifiés en 2018. Dossier par dossier, nos journalistes ont reconstitué les faits, les profils des hommes auteurs et des femmes victimes, leurs histoires et itinéraires personnels.

Ils ont rencontré, aux quatre coins du pays, leurs proches, leurs familles et enfants, tous dévastés après ces drames. Ils ont contacté les policiers, gendarmes, magistrats et travailleurs sociaux, pour comprendre ce qui a été fait ou n’a pas été fait pour empêcher ces meurtres. De ce travail systématique, il ressort que ces crimes sont le plus souvent l’aboutissement d’une mécanique qui aurait pu, et aurait dû, être identifiée et désamorcée.

Prise de contrôle radicale

Derrière chaque histoire de meurtre conjugal, on constate en effet que les violences, psychologiques ou physiques, étaient présentes depuis longtemps comme autant de signes avant-coureurs. Un schéma revient de façon récurrente dans ces couples : celui de la prise de contrôle radicale d’un homme sur sa conjointe, un homme qui fait tout pour la maintenir sous sa coupe.

Ce phénomène d’emprise peut durer des années jusqu’à ce que la femme décide d’y mettre un terme en voulant reprendre sa liberté. C’est ainsi la séparation ou la menace de séparation qui provoque la plupart du temps le passage à l’acte, souvent très violent : pour les auteurs de féminicides, la rupture est vécue comme une dépossession à ce point insupportable qu’ils préfèrent tuer leur compagne plutôt que de la voir échapper à leur contrôle.

Parce qu’elles ont lieu dans l’intimité et le secret des couples, qu’elles sont souvent minorées, voire niées, les violences antérieures au crime ne sont pas toujours perçues à la hauteur de leur gravité, ni par les forces de l’ordre ni par les proches des victimes. Selon un rapport de l’Inspection générale des services judiciaires, rendu public fin 2019, dans 63 % des féminicides, des violences préexistantes auraient pu constituer un signal d’alarme.

Dans 35 % des cas, elles n’avaient pas été signalées à la police, mais étaient le plus souvent connues de la famille, des voisins ou des services sociaux. Dans ces conditions, le meurtre est souvent une déflagration pour les proches des victimes, qui vivent ensuite dans la douleur de ne pas avoir su l’empêcher. Pour les enfants survivants, dont près de 60 avaient assisté, en 2018, à l’homicide conjugal, c’est une enfance effacée en un geste.

L’enquête que nous avons menée, qui se traduit par la publication, mardi 2 juin, d’un grand format multimédia sur le site internet du Monde et par la diffusion d’un documentaire sur France 2 en soirée, prouve que ces crimes auraient souvent pu être évités.

Grâce à un meilleur traitement des signalements par la police et la justice, mais aussi par la prise de conscience, par les femmes elles-mêmes et leur entourage, que les violences qu’elles subissent ne sont en rien une fatalité. En ce sens, la reconnaissance que les féminicides procèdent d’une mécanique spécifique est salutaire. Loin de ne ressortir que de l’intimité des couples, ces crimes doivent être révélés au grand jour pour ce qu’ils sont, un fait social que la société peut empêcher.

Ce soir sur France 2 Une soirée spéciale sera consacrée ce soir sur France 2 aux féminicides. Elle débutera à 20 h 50 par la diffusion de Féminicides, coproduit par Le Monde. Prolongement des articles publiés pendant plusieurs mois dans les pages du quotidien, le documentaire réalisé par Lorraine de Foucher réattribue un nom à cinq de ces victimes anonymes et donne la parole à ceux qui les ont connues et aimées – parents, amis, enfants, collègues –, mais aussi aux forces de l’ordre et à la justice.

3 juin 2020

Fanny Müller

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Fanny Müller - Traveling dancer photomodel — Netherlands,Belgium🇳🇱🇧🇪. m.fanny.v@gmail.com - mullerfanny.com

https://www.instagram.com/fannymuller_model/?hl=fr

3 juin 2020

« Paris ne danse plus, ne chante plus, ne joue plus. Et pour la province, c’est la plus implacable des revanches »

Chronique

Par Françoise Fressoz, Editorialiste au « Monde »

Soumise, comme l’Ile-de-France, à un régime d’exception lors du déconfinement, la capitale perd de sa superbe au profit de la province, observe l’éditorialiste du « Monde » Françoise Fressoz dans sa chronique.

Cela se voyait comme le nez au milieu de la figure : sur la carte verte du déconfinement, dévoilée jeudi 28 mai, ne subsistait dans l’Hexagone qu’une tache orange : Paris et sa dépendance, l’Ile-de-France, enclave soumise pour quelques semaines encore à un régime d’exception et quel régime ! Pas de théâtre ni de musée, pas de piscine ni de salle de sport, pas de restaurant ni de café, hormis si le service s’effectue en terrasse et dans le strict respect des règles de distanciation. Et l’on imaginait déjà la scène : guerre des trottoirs et longues files d’attente sous un soleil de plomb pour finir par s’entendre dire : « Eh bien non madame, la place est déjà réservée ! »

Paris est une fête, écrivait Hemingway. Non, Paris ne l’est plus. Des masques ont fleuri vichy, liberty, noir, blanc, de toutes les couleurs, c’est selon, mais les yeux de celles et de ceux qui les portent restent inquiets On n’est pas au bal masqué ni là pour séduire. Si quelques insouciants s’agglutinent sur les bords de Seine, le reste de la capitale broie du noir.

Paris ne danse plus, ne chante plus, ne joue plus. Il vit sous le joug de ce microscopique virus qui continue, nous dit-on, d’y circuler bien plus vite qu’ailleurs. Et pour la province que l’on a rebaptisée ces dernières années « territoires » pour mieux en distinguer toute la diversité et la richesse, c’est la plus implacable des revanches. Le phare de la France est devenu un lampion, et Molière ne pourra plus faire dire à son marquis de Mascarille : « Je tiens que, hors de Paris, il n’y a point de salut pour les honnêtes gens. »

Le centre de tout

Pour Béatrice Giblin, qui a dirigé l’Institut français de géopolitique, la capitale paie au prix fort sa densité élevée – 20 754 habitants au kilomètre carré contre 118 en moyenne sur le territoire métropolitain – et sa longue histoire, qui résume à elle seule toute la centralité française. Dans son ouvrage Paris et le désert français, paru en 1947, le géographe Jean-François Gravier a retracé avec brio toutes les étapes qui ont inexorablement conduit à cette « macrocéphalie » parisienne : la méfiance du pouvoir royal à l’égard des provinces, celle de la Révolution française, puis de Napoléon, et finalement de tous les régimes qui ont suivi.

Le centralisme politique a joué par capillarité sur toutes les autres sphères, économique, culturelle, éducative, faisant de Paris le centre de tout. C’est si vrai que l’inédite différenciation pratiquée à l’occasion du déconfinement l’a été sous le contrôle absolu du pouvoir central, le préfet jouant le rôle de relais sur les territoires.

Pendant le mouvement des « gilets jaunes », Paris a été précisément pris pour cible parce que la ville symbolisait le lieu du pouvoir, de la finance et des richesses indus. Vues de province, les images de l’Arc de triomphe saccagé et des violences souvent répétées le samedi ont détérioré son image, accréditant l’idée que la voie publique y était difficilement sécurisable. L’épidémie de Covid-19 la fragilise sur deux autres plans : celui de la sécurité sanitaire, qui n’est toujours pas garantie, et celui de l’acceptabilité du confinement, si par malheur il fallait, un jour, de nouveau s’y résoudre.

Quête de verdure et d’espace

Avant que les Parisiens ne soient bloqués deux longs mois dans leurs foyers souvent trop exigus, l’envie de fuir la capitale était déjà là. En cinq ans, Paris a perdu 53 000 habitants. Aujourd’hui, « tout maire un peu malin d’une ville moyenne bien reliée à Paris devrait se dire qu’il existe une réelle opportunité pour lui de repeupler sa commune », souligne Mme Giblin. De fait, interrogé par l’application immobilière SeLoger à la mi-mai, un acquéreur sur deux disait être à la recherche d’une maison individuelle.

La quête de verdure et d’espace a été renforcée par l’expérience inédite du télétravail qui, à la fin mars, concernait, selon le ministère du travail, un salarié sur quatre, des cadres en majorité. « Les gens ont beaucoup réfléchi pendant ce temps d’arrêt. Ils se sont demandé si la vie telle qu’ils la menaient était satisfaisante et, bien souvent, la réponse a été négative », constate le sociologue Jean Viard. Alors des plans se sont échafaudés : pourquoi pas deux jours de travail à Paris, trois autres hors de la ville, dans un nouveau chez soi, via le télétravail.

Gare toutefois à l’emballement ! La quête de la maison individuelle, jardin et barbecue compris, hors de la métropole, a conduit ces dernières années à de nombreuses désillusions, faute de services publics et de commerces suffisamment proches. La révolte des « gilets jaunes », suscitée par la hausse trop forte du prix de l’essence, du gazole et du fioul, en a été le symptôme le plus aigu : la vie ne pouvait exister sans voiture. Elle devenait à proprement parler invivable lorsque la voiture devenait trop chère. De l’avis de nos deux experts, la redensification des villes moyennes, encouragée depuis par les pouvoirs publics, suppose au moins quatre conditions : le lieu doit être désirable, l’accès à Paris facile, l’offre scolaire et culturelle de qualité.

Et la capitale dans tout cela ? Jean Viard la rêve non plus verticale et fermée, mais lieu de passage et de brassage. On y vivrait quelque temps, puis on en sortirait, quitte à y revenir deux ou trois jours par semaine pour travailler ou échanger. « Hélas, déplore-t-il, on fait le contraire : on développe le vélo et le potager comme si la ville vivait intra-muros. C’est oublier que l’Ile-de-France a cette chance d’être le moteur de l’Europe. »

Pardon, cher lecteur, le déconfinement nous a emmenés loin, très loin, trop peut-être, car il est à craindre que tous ces rêves de réaménagement du territoire et des vies qui vont avec se brisent sur la réalité de la forte récession qui s’annonce. Pour sauver son emploi, il n’y aura alors pas trente-six solutions : métro, boulot, dodo.

3 juin 2020

Etats Unis - George Floyd

george

2 juin 2020

NORMAL - Laurent Hini - Mufin - Studio Deux Choses Lune, Paris

Shooting en live sur : https://www.normal-magazine.com/chaine-tv-normal-magazine

Thème : Le Studio, le Nu et la Lumière

Laurent Hini - Mufin - Studio Deux Choses Lune, Paris 

Captures d'écran ci-dessous

Laurent Hini - Mufin - Studio Deux Choses Lune, Paris (1)

Laurent Hini - Mufin - Studio Deux Choses Lune, Paris (2)

Laurent Hini - Mufin - Studio Deux Choses Lune, Paris (4)

Laurent Hini - Mufin - Studio Deux Choses Lune, Paris (7)

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Laurent Hini - Mufin - Studio Deux Choses Lune, Paris (17)

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Laurent Hini - Mufin - Studio Deux Choses Lune, Paris (55)

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Laurent Hini - Mufin - Studio Deux Choses Lune, Paris (79)

Laurent Hini - Mufin - Studio Deux Choses Lune, Paris (82)

Laurent Hini - Mufin - Studio Deux Choses Lune, Paris (87)

 

 

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