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Jours tranquilles à Paris

1 juin 2020

Politique - Les émeutes aux États-Unis exacerbent le clivage entre Trump et les démocrates

trump tower

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

Alors que la vague de protestations déclenchée par la mort de George Floyd continue à déferler sur les États-Unis, Donald Trump courtise sa base au risque d’attiser les flammes, tandis que les démocrates appellent à la responsabilité.

À six mois de l’élection présidentielle, et face aux violences les plus graves depuis le début de son mandat, Donald Trump s’accroche à son “manuel de survie politique”, consistant à “exacerber les différences”, observe El País.

“Loin de calmer le jeu, le président des États-Unis a désigné ‘l’extrême gauche’ comme la responsable des violences, attaqué les autorités démocrates de l’État du Minnesota – origine du conflit – et défié les manifestants les plus agressifs”, précise le quotidien espagnol.

De fait, les tweets du week-end de Donald Trump étaient tout sauf des appels au calme, observe The Guardian. Samedi soir, il écrivait que “les chiens les plus méchants et les armes les plus inquiétantes” étaient prêts à être utilisés contre les manifestants massés devant la Maison-Blanche.

Dimanche après midi, c’est le maire démocrate de Minneapolis et l’extrême gauche qui étaient pris pour cible : “Félicitations à notre Garde Nationale pour leur excellent travail dès leur arrivée à Minneapolis, la nuit dernière. Les anarchistes, emmenés par l’antifa (mouvance radicale antifasciste), entre autres, ont été rapidement dispersés. Cela aurait dû être fait par le maire la première nuit et il n’y aurait pas eu de problème !”.

Le président ne s’en est pas tenu là. Attribuant les violences à la seule extrême gauche, il a affirmé, toujours sur Twitter, que les États-Unis allaient désigner l’antifa comme une “organisation terroriste”. Une annonce qui suscite la perplexité de The Hill, sachant qu’il n’y a “actuellement aucune loi sur le terrorisme national”, et que “le gouvernement fédéral n’a pas la compétence” pour désigner comme terroriste un groupe basé à l’intérieur des États-Unis.

Que Trump “arrête de parler”

Face à la position présidentielle, les démocrates ont lancé des appels à la responsabilité, dans le sillage de l’ancien président Barack Obama, qui avait déclaré vendredi que la mort de George Floyd n’était “pas normale dans l’Amérique de 2020”, et avait appelé les Américains à “travailler ensemble pour créer ‘une nouvelle normalité’, dans laquelle le sectarisme et les inégalités de traitement ne contaminent plus nos institutions et nos cœurs”.

Sur la chaîne ABC, la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi a estimé que “le président devrait être une force unificatrice dans notre pays. Nous l’avons vu avec des présidents démocrates et républicains tout au long de notre histoire. Ils ont compris leur responsabilité de président des États-Unis, celle d’unifier le pays et non de souffler sur les braises”.

“S’il y a bien un moment où nous avons besoin de leadership à la Maison-Blanche, c’est maintenant, pour panser les plaies de notre nation”, a déclaré en écho l’élue démocrate Val Demings, selon NBCNews. “Mais je ne vois pas pourquoi j’attendrais de ce président qu’il fasse quelque chose qu’il n’a jamais fait auparavant”.

Même pessimisme dans la voix de la maire d’Atlanta, Keisha Lance Bottoms, qui demande simplement à Donald Trump “d’arrêter de parler”. “Quand il parle, c’est pire. Il y a des fois où il faudrait juste se taire”, a-t-elle déclaré à CNN.

Le probable candidat démocrate à la Maison Blanche en novembre, Joe Biden, a quant à lui publié un communiqué dimanche matin, soulignant que c’est aujourd’hui “l’esprit même de l’Amérique qui est en jeu”, selon le New York Times. “Nous sommes une nation en colère, mais nous ne pouvons pas laisser la rage nous consumer”, a-t-il ajouté.

Mais les violences qui secouent le pays pourraient “mettre à l’épreuve les priorités de M. Biden”, estime le quotidien. Car “l’électorat noir, à bout, réclame un changement bien plus grand que la promesse du simple retour à la normale promis par sa campagne”.

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1 juin 2020

Laetitia Casta

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1 juin 2020

Émeutes - L’Amérique de Trump est un “baril de poudre”

THE NEW YORK TIMES (NEW YORK)

La colère liée à la mort de George Floyd à Minneapolis a provoqué une nouvelle vague de violences dans de nombreuses villes américaines dans la nuit du 30 au 31 mai. Chômage de masse, inégalités accrues par la pandémie, violences policières, extrême droite décomplexée et président prompt à jeter de l’huile sur le feu : pour cette chroniqueuse du New York Times, tous les ingrédients sont réunis pour que l’Amérique s’enflamme. 

Aux États-Unis, les deux mois et demi qui viennent de s’écouler font penser aux premières séquences d’un film dystopique sur l’effondrement d’une nation. Tout d’abord, la pandémie a frappé, et les hôpitaux de New York ont été débordés. L’économie du pays s’est retrouvée au point mort, le chômage a crevé le plafond [plus de 40 millions de chômeurs au 28 mai]. Un salarié américain sur quatre a déposé un dossier de demande d’allocations.

Devant les banques alimentaires, on a vu des files de voitures s’étirer sur des kilomètres. Lourdement armés, des manifestants hostiles au confinement sont descendus dans la rue un peu partout. Dans tout le pays, une maladie dont personne ou presque n’avait entendu parler il y a encore un an a déjà fait 100 000 morts.

Et puis, cette semaine, un policier de Minneapolis a été filmé alors qu’il écrasait de son genou le cou d’un Africain-Américain du nom de George Floyd. Alors qu’il agonisait, Floyd a gémi qu’il ne parvenait plus à respirer, une plainte qui rappelle les derniers mots d’Eric Garner, dont le décès, en 2014, a contribué à donner naissance au mouvement Black Lives Matter [“les vies noires comptent”, mouvement militant contre les violences policières]. La mort de Floyd survient seulement trois jours après l’arrestation en Géorgie de trois hommes accusés d’avoir traqué et assassiné un jeune Noir, Ahmaud Arbery, alors qu’il faisait son jogging.

À Minneapolis, les manifestants ont déferlé dans les rues, et la police a réagi beaucoup plus durement que face aux contestataires anticonfinement armés jusqu’aux dents. Dans la soirée du mercredi 27 mai, les manifestations pacifiques ont dégénéré en émeutes. Le lendemain, le gouverneur [démocrate] du Minnesota appelait en renfort la Garde nationale.

Une enquête fédérale sur la mort de Floyd, “priorité absolue”

Un temps, on a pu croire que l’impensable brutalité de la mort de Floyd allait freiner les pires tendances du président et de ses partisans du mouvement Blue Lives Matter [mouvement de défense des forces de l’ordre en réaction à Black Lives Matter].

Les autorités n’ont eu d’autre choix que d’intervenir : les quatre policiers impliqués ont été licenciés, leurs actes condamnés dans tout le pays par les responsables des forces de l’ordre, et le ministère de la Justice sous la férule de William Barr a promis l’ouverture d’une enquête fédérale qui serait une “priorité absolue”.

Même Donald Trump, qui a autrefois encouragé les brutalités policières, a décrit ce qui était arrivé à Floyd comme “quelque chose de vraiment terrible”.

Mais dans la soirée du 28 mai, alors qu’un procureur du comté déclarait que ses services en étaient encore à évaluer si les quatre policiers avaient commis un crime, les émeutes ont recommencé à Minneapolis, et des gens en colère ont incendié un commissariat. (Vendredi 29, un des policiers a été interpellé et inculpé d’homicide involontaire.) Sur Twitter, un Trump en proie à la confusion a menacé de déployer l’armée contre ceux qu’il a traités de “VOYOUS”, affirmant :

"Quand les pillages commenceront, on commencera à tirer.”

Qu’il en ait été conscient ou non, il citait là une expression raciste remontant aux années 1960, utilisée entre autres par George Wallace [gouverneur de l’Alabama connu pour ses prises de positions ségrégationnistes]. Le président a ensuite tenté de calmer le jeu en affirmant qu’il avait juste voulu mettre en garde contre la violence — son équipe de campagne espérait après tout chiper quelques électeurs noirs aux démocrates —, mais ce qu’il voulait dire en réalité était assez évident. On parle là du même président que celui qui, le jeudi, avait retweeté une vidéo d’un de ses partisans qui lançait : “Un bon démocrate est un démocrate mort.”

Trump et la violence d’extrême droite

La présidence Trump a été marquée par des accès choquants de violence d’extrême droite : les émeutes nationalistes blanches de Charlottesville, en Virginie, le massacre de la synagogue de l’Arbre de la vie, à Pittsburgh, la tuerie qui a pris pour cibles des Hispaniques à El Paso. Toutefois, même si le pays bouillonnait et fulminait, il n’y avait pas encore eu de révolte généralisée. Mais aujourd’hui, peut-être sommes-nous à l’aube d’un long été brûlant, théâtre de troubles sociaux.

Car de nos jours, tant de choses font que l’Amérique est prête à s’enflammer : le chômage de masse, la pandémie qui a révélé crûment les inégalités assassines en termes de santé et d’économie, des adolescents désœuvrés, les violences policières, une extrême droite qui rêve d’une deuxième guerre de sécession, et un président toujours prompt à jeter de l’huile sur tous les feux qui se présentent.

“Je pense que nous nous trouvons effectivement à un moment où les choses vont d’abord s’aggraver avant que la paix revienne”, commente l’historienne Heather Ann Thompson, de l’université du Michigan.

Déjà, les manifestations de Minneapolis se répandent dans d’autres villes. Jeudi soir [28 mai], quelqu’un a tiré près d’une foule de manifestants à Denver, et plus de 40 personnes ont été arrêtées à New York. Sept autres ont été blessées par des tirs lors d’une manifestation à Louisville, dans le Kentucky, où les gens demandaient justice pour Breonna Taylor, une Noire non armée abattue par la police dans son appartement en mars dernier.

Un désastre sanitaire et économique

Ces manifestations ont été déclenchées par des cas précis de violences policières. Mais elles se déroulent aussi dans un contexte plus général de désastre sanitaire et économique dont sont victimes, de façon disproportionnée, les personnes de couleur, en particulier les démunis. C’est l’avis de Darnell Hunt, doyen du département des sciences sociales de l’Université de Californie à Los Angeles :

Depuis des années, les sociologues étudient le comportement collectif et les émeutes urbaines, et je pense que l’on peut affirmer, avis que beaucoup partagent, que les émeutes ne sont jamais le résultat d’un unique incident.”

Keith Ellison, le procureur général démocrate du Minnesota, m’a avoué que, ces derniers temps, quand il sort se promener ou courir à Minneapolis, il ressent une “sorte de tension prête à exploser”. Les gens, rappelle-t-il, “ont été enfermés chez eux depuis près de deux mois, et donc, maintenant, leur attitude a changé. Ils n’en peuvent plus. Certains sont au chômage, d’autres n’ont pas de quoi payer leur loyer, et ils sont frustrés, en colère.”

La crise ne fait que commencer

Cette colère ne peut qu’enfler car la ruine économique engendrée par la pandémie ne fait que commencer. Dans certains États, les moratoires sur les expulsions ont été levés, ou vont bientôt l’être. Les allocations-chômage supplémentaires votées par le Congrès ne durent que jusqu’à la fin du mois de juillet. Les budgets des États sont en lambeaux, et à Washington, les républicains refusent pour l’instant de leur venir en aide, ce qui signifie que nous allons sans doute bientôt être témoins de douloureuses coupes sombres dans les emplois et les services publics.

“Quand les gens sont fauchés, qu’il n’y a apparemment aucune aide, pas d’autorité vers qui se tourner, aucune certitude quant à l’avenir, cela crée des conditions favorables à la colère, la fureur, le désespoir, la dépression ; un mélange particulièrement volatil”, constate Keeanga-Yamahtta Taylor, professeur du département des études africaines-américaines de Princeton.

Mais si l’on a le sentiment que l’Amérique est aujourd’hui un baril de poudre, ce n’est pas seulement à cause du courroux qui gronde chez les démunis. Le 27 mai, les journalistes Robert Evans et Jason Wilson ont publié une analyse fascinante et inquiétante du mouvement [d’extrême droite] “boogaloo” — “une version en ligne, moderne et extrême, du mouvement des milices” — sur le site d’investigations Bellingcat.

Le rêve “Boogaloo” d’une guerre civile

“Les ‘Boogaloo Bois’ escomptent, voire espèrent qu’avec le retour de la chaleur, on assistera à des affrontements armés avec les forces de l’ordre, ce qui accouchera de l’élan nécessaire à l’éclatement d’une nouvelle guerre civile aux États-Unis”, écrivent Evans et Wilson. Et ils ajoutent :

Dans le paysage déstabilisé de l’après-coronavirus, ils pourraient fort bien participer à une flambée de violence dans les rues des villes américaines.”

Les gens associés à cette sous-culture étaient très présents lors des manifestations anticonfinement, mais certains, motivés par la haine de la police et l’amour du désordre, ont également pris part aux manifestations de Minneapolis.

Confrontés à une telle instabilité, la plupart des présidents américains auraient tendance à miser sur la désescalade. C’est pour cette raison que les troubles sociaux, en dépit de tous les dégâts qu’ils peuvent causer dans les villes où ils éclatent, aboutissent souvent à des réformes. Mais aujourd’hui, nous avons un président qui ne soucie guère d’éviter le chaos, fait remarquer l’historienne Heather Ann Thompson Thompson :

Toutes les autres fois où les manifestations ont dégénéré parce qu’il était urgent de réparer des injustices, le pays a fini par tenter de parvenir à un nouvel équilibre, d’apporter une réponse suffisante pour rétablir la paix, aussi fragile soit-elle,. Or, actuellement, les gens qui nous gouvernent n’ont jamais caché que cela ne les dérangerait absolument pas si nous sombrions totalement dans la guerre civile.”

Quelques-uns de ces clichés nous sont familiers, mais nous n’avons jamais vu ce film-là. Personne ne sait dans quelle mesure les choses pourraient s’aggraver. Tout ce que nous savons, c’est qu’à l’ère Trump, des scènes qui paraissent cauchemardesques la veille peuvent nous sembler presque normales le lendemain.

Michelle Goldberg

Source : The New York Times

1 juin 2020

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1 juin 2020

Mort de George Floyd

Mort de George Floyd : des affrontements éclatent devant la Maison Blanche, malgré le couvre-feu imposé à Washington

La police a tiré des gaz lacrymogènes dimanche devant la Maison Blanche pour disperser une manifestation contre les violences policières et le racisme.

CE QU'IL FAUT SAVOIR

La police a tiré des gaz lacrymogènes devant la Maison Blanche, dimanche 31 mai dans la soirée, pour disperser une manifestation contre les violences policières et le racisme. Des affrontements ont éclaté en marge de plusieurs rassemblements à Washington, alors que la capitale américaine est soumise à un couvre-feu. Les Etats-Unis sont une nouvelle fois le théâtre de manifestations et d'émeutes anti-racistes après la mort de George Floyd, un Noir tué par un policier lors d'une interpellation lundi 25 mai.

 Derek Chauvin devant la justice. Le policier, arrêté et inculpé d'homicide involontaire, doit comparaître lundi devant un tribunal pour la première fois. Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, on le voit maintenir son genou sur le cou de George Floyd pendant de longues minutes, alors que ce dernier se plaint de ne pas pouvoir respirer.

 La Garde nationale mobilisée. Des milliers de soldats de la Garde nationale ont été déployés dans 15 Etats et à Washington. Un couvre feu nocturne a été déclaré dans plusieurs grande villes américaines, dont Houston (Texas) et Los Angeles (Californie).

 Donald Trump dénonce les agissements de "gauchistes radicaux". Le président américain a attribué aux "antifa" (antifascistes) les émeutes émaillant les manifestations à l'origine pacifiques pour protester contre la mort de George Floyd. Il a annoncé vouloir désigner cette mouvance radicale comme une organisation terroriste.

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1 juin 2020

Extrait d'un shooting

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1 juin 2020

Austérité - Le royaume saoudien dans la tourmente budgétaire

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THE DAILY TELEGRAPH (LONDRES)

Avec la chute du prix du pétrole et la pandémie du Covid-19, le prince saoudien Mohammed ben Salmane doit renoncer à ses projets pharaoniques et imposer, non sans risque, l’austérité au pays, souligne The Daily Telegraph.

Bien avant que Mohammed ben Salmane, dit MBS, ne devienne le prince héritier d’Arabie Saoudite, il était un simple anonyme au sein de la famille royale, qui compte des milliers de membres. Durant sa jeunesse, MBS s’est employé à accumuler le plus de richesses possible. Pour lui, comme pour beaucoup d’autres aristocrates dans le Golfe, le chemin le plus court vers la fortune était l’investissement immobilier.

Dans les années 2000, il a jeté son dévolu sur une parcelle à Djedda qui appartenait à un homme d’affaires ne souhaitant pas la vendre : pour arriver à ses fins, MBS s’est adressé au greffier chargé du registre foncier et a fait pression afin que le bien soit basculé à son nom. Le greffier a refusé, au motif que c’était une manœuvre illégale. Furieux, MBS lui a envoyé une enveloppe contenant deux balles d’arme à feu – un incident qui a valu le surnom d’“Abou Rassassa”, ou “Père de la balle”.

Des difficultés budgétaires internes

Cette histoire est devenue emblématique du tempérament impulsif et tempétueux du prince – des qualités qui ne lui seront guère utiles face à la crise que le pays traverse actuellement.

Durement frappé par l’effondrement du cours pétrolier, le royaume doit aussi faire face à des difficultés budgétaires internes et à l’urgence des réformes. Et les grands rêves volent en éclats. “Vision 2030”, l’ambitieux projet qui devait moderniser l’économie et mettre fin à sa dépendance pétrolière, semble tombé à l’eau.

À la mi-mai, MBS a présenté une série de strictes mesures d’austérité qui font suite à l’effondrement économique provoqué par le Covid-19. Le gouvernement a annoncé la multiplication par trois de la TVA sur les biens et services (pour atteindre 15 %), l’élimination quasi totale des avantages dont bénéficiaient les fonctionnaires et la suppression d’autres allocations versées aux Saoudiens.

Des mesures d’austérité “indispensables”

“Nous sommes confrontés à une crise mondiale sans précédent”, a déclaré Mohammed Al-Jadaan, ministre des Finances saoudien. Il a ajouté que si les nouvelles mesures d’austérité étaient difficiles, elles étaient aussi “indispensables au maintien d’une stabilité des finances et de l’économie”.

Le gouvernement estime que ces mesures permettront de faire baisser le déficit budgétaire d’environ 100 milliards de riyals saoudiens [3,4 % du PIB, environ 24 milliards d’euros]. Ces mesures ne permettront pas de rééquilibrer le budget, avertit Jason Tuvey, économiste spécialiste des marchés émergents, mais ce sera une compensation partielle du déficit provoqué par la baisse des recettes pétrolières.

Karen Young, spécialiste du Moyen-Orient, affirme qu’elles visent à maîtriser les dépenses publiques du pays.

L’austérité telle que la conçoivent les Saoudiens consiste à réduire les dépenses publiques relatives à de grands chantiers immobiliers et aux services sociaux, notamment les soins de santé et les factures énergétiques, et tenter de réduire la somme des salaires versés aux fonctionnaires. C’était inévitable. La crise du Covid-19, associée à l’effondrement du cours pétrolier, a rapproché l’échéance.”

Environ 70 % de la population active saoudienne travaille pour l’État, et l’essentiel du secteur privé repose sur des contrats publics, c’est pourquoi la moindre fluctuation des recettes publiques peut avoir des incidences considérables sur l’économie dans son ensemble.

La conséquence de la guerre des prix pétroliers

Le malaise que traverse actuellement l’Arabie Saoudite est en grande partie la conséquence de la guerre peu judicieuse des prix pétroliers qui a opposé le pays à la Russie en mars. Les deux pays ont accéléré la production après qu’un accord conjoint est tombé à l’eau. Mais cela a coïncidé avec un arrêt soudain et brutal de la demande. Le cours du brut de Brent a été largement divisé par deux en moins d’un mois, plaçant ainsi l’Arabie Saoudite dans une situation budgétaire extrêmement précaire.

Malgré le compromis trouvé par les deux pays, la demande pétrolière est restée basse en raison des mesures de confinement dans le monde entier, ce qui a maintenu le prix du brut à un niveau tout aussi bas [il est remonté légèrement au-dessus des 30 dollars le baril à la mi-mai].

Les effets du coronavirus sur l’économie saoudienne pourraient être exacerbés par les perspectives financières qui s’annoncent sinistres dans le monde entier.

Des occasions de diversification manquées

“La situation financière est inquiétante et pourrait entraîner un effondrement rapide de l’équilibre budgétaire [saoudien], ce qui soulignerait les occasions manquées par le royaume de la diversification ces vingt dernières années, analyse un spécialiste du secteur bancaire dans le Golfe. Le pétrole ne remontera pas à 80 dollars le baril. Ça n’arrivera pas.”

Mais l’Arabie Saoudite n’est pas non plus confrontée à une crise financière au sens classique du terme, nuance Karen Young.

C’est plus une crise du modèle économique saoudien, au titre duquel l’État est le principal moteur de l’activité économique, alimenté par les recettes pétrolières. Le secteur privé a toujours été faible en Arabie Saoudite, et il l’est d’autant plus aujourd’hui à mesure que recule la consommation.”

Un autre élément clé de cette crise est le taux de change avec le dollar que l’Arabie Saoudite maintient depuis des décennies en dépit des tempêtes. Les prix du pétrole et du gaz étant fixés en dollars, adosser les monnaies locales au billet vert a permis de protéger les pays du Golfe face aux pires épisodes d’instabilité sur les marchés de l’énergie, tout en permettant aux banques centrales d’accumuler de généreuses réserves en devises étrangères.

Mais cette stratégie a aussi des désavantages. Quand le cours pétrolier s’est effondré en mars, plus de 27 milliards de dollars se sont volatilisés des réserves saoudiennes, soit une baisse supérieure à 5 %.

La fin de l’ancrage sur le dollar ?

Aujourd’hui, les spéculateurs multiplient les paris contre l’ancrage sur le dollar, non sans rappeler la crise monétaire asiatique de la fin des années 1990, qui a contraint des pays comme la Corée du Sud et la Thaïlande à renoncer à la parité. Sur le marché au comptant, le riyal saoudien est aujourd’hui à son niveau le plus bas par rapport au dollar depuis la crise de 2008.

L’austérité, d’après Jason Tuvey, devrait apaiser les craintes d’une dévaluation du riyal : “Les autorités saoudiennes seraient plus tentées par l’assainissement budgétaire que par l’abandon de la parité avec le dollar.”

Depuis qu’il est prince héritier, le jeune et impétueux MBS s’est surtout consacré à l’achat d’actifs symboliques en Occident et à une guerre terrible et coûteuse au Yémen. Il pourrait être submergé par la modernisation à marche forcée qui s’impose aujourd’hui, présument les experts. Mais avec la taxation et l’austérité mises en place, ils sont d’avis que MBS est enfin prêt à amorcer des changements qui n’ont que trop tardé.

Ed Clowes

Source : The Daily Telegraph LONDRES http://www.telegraph.co.uk

1 juin 2020

Mort de l’artiste Christo.

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L’artiste-plasticien Christo, l’un des rares artistes contemporains à avoir marqué le grand public en emballant notamment le Pont-Neuf à Paris, en 1985, et le Reichstag de Berlin, en 1995, est mort dimanche à l’âge de 84 ans, rapporte le New York Times. Né le 13 juin 1935 en Bulgarie, Christo Vladimirov Javacheff, “est décédé de causes naturelles” selon ses collaborateurs. Christo était un “enchanteur”, a affirmé Serge Lasvignes, président du Centre Pompidou à Paris, qui devait organiser en mars une exposition sur l’artiste et son épouse et collaboratrice, Jeanne-Claude, décédée en 2009. Reportée pour cause de coronavirus, elle ouvrira finalement le 1er juillet. Les œuvres de Christo et Jeanne-Claude, pour éphémères qu’elles soient, demandaient des années de préparation et coûtaient des millions de dollars, financés par la vente des études et croquis préparatoires.

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Mort de Christo : "Il n'était pas seulement le concepteur de ses oeuvres, il en était aussi l'artisan", réagit Jack Lang

L'artiste plasticien devait emballer l'Arc de Triomphe mais le confinement l'en aura empêché. Une exposition lui sera consacrée le mois prochain au centre Georges Pompidou.

jack lang

L\'ancien ministre de la Culture, Jack Lang, le 2 juillet 2019 à Paris.L'ancien ministre de la Culture, Jack Lang, le 2 juillet 2019 à Paris. (LUCAS BARIOULET / AFP)

DIRECT. Mort de George Floyd : des affrontements éclatent devant la Maison Blanche, malgré le couvre-feu imposé à Washington

L'artiste plasticien Christo, célèbre pour ses réalisations monumentales consistant notamment à emballer des monuments comme le Pont-Neuf à Paris et le Reichstag de Berlin, est mort dimanche à l'âge de 84 ans. "Je ne crois pas qu'il y ait d'autres artistes aujourd'hui capables de tels emballements, de tel enveloppements, avec un tel respect du monument", a réagi sur franceinfo l'ancien ministre de la Culture Jack Lang.

En 1985, lorsque qu'il a donné son accord pour cet emballement du Pont-Neuf, "il y a eu beaucoup de controverses, de polémiques", raconte Jack Lang. "Comment ose-t-on toucher un monument aussi célèbre de Paris ? Finalement, nous avons tenu bon. Et petit à petit, les habitants se sont enthousiasmés. Et puis l'œuvre a pris forme. Elle a été plébiscitée en quelque sorte par les Parisiens et par les Français." L'ancien ministre reconnaît qu'emballer des monuments est "une idée étrange, paradoxale, mais qui finalement permet de transfigurer, de métamorphoser, de retrouver les lignes maîtresses du monument, de mettre en exergue les grandes structures. C'est une façon de ressusciter le monument à travers cette vision qui peut paraître fantomatique". Aujourd'hui, le Pont-Neuf, "on ne peut plus l'imaginer sans cette image de l'emballement par Christo".

L'emballement du Reichstag "a marqué de son empreinte" l'unité allemande

En 1995, Christo a demandé à Jack Lang "d'intervenir auprès du chancelier Kohl au moment de l'unité allemande pour que le gouvernement allemand accepte que soient emballé à son tour le Reichstag, monument historique de l'Allemagne". Helmut Kohl, "qui n'était pas spécialement tourné vers l'art, a été séduit par cette idée", raconte Jack Lang. Cet emballement du Reichstag "a été aussi un moment très fort de l'unité allemande qu'il a marqué de son empreinte", estime l'ancien ministre.

Christo avait le projet d'emballer l'Arc de Triomphe, à Paris. Prévu en septembre 2020, l'empaquetage avait été reporté à l'automne 2021, en raison de l'épidémie de coronavirus. "C'est un regret", admet Jack Lang. "C'eût été l'apothéose, l'accomplissement de l'œuvre de Christo, pas seulement en France, mais dans l'ensemble du monde". Selon lui, cet ultime œuvre ne pourra pas avoir lieu. "Je ne crois pas qu'on puisse réaliser cet emballement sans lui parce que n'était pas seulement le concepteur de ses œuvres. Il en était l'artisan. Il mettait la main à la pâte quotidiennement, avec une infinie précision." Jack Lang rappelle enfin qu'il y aura "le mois prochain l'ouverture de l'exposition qui lui est dédiée au Centre Pompidou".

1 juin 2020

Histoire - Le tourisme balnéaire révolutionne le littoral breton

saint malo

En Bretagne, c’est Saint-Malo qui fait figure de pionnière pour la mode des bains de mer. Ici, la grève de Bon-Secours en 1922. Collection Alain et Claudine Lamour

Serge Rogers

Au cours du XIXe siècle, le littoral breton voit apparaître les premières stations balnéaires. Un bouleversement pour ces territoires, jusque-là dévolus aux activités productives, qui vont être profondément transformés…

Apparue au XVIIIe siècle en Angleterre, la mode des bains de mer va se propager en moins de cent ans sur toutes les côtes européennes. En France, le premier établissement accueillant les baigneurs ouvre dès 1785 à Boulogne-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais. Activité vantée pour ses vertus médicinales, ce sont d’abord les villes thermales qui attirent ces premiers touristes. « En effet, la mode de l’hydrothérapie marine lancée dès 1730 par Richard Russell conduit des Anglais à venir se baigner et parfois s’établir en Bretagne à partir de 1815, quand la paix est assurée avec leurs voisins », explique l’historien François de Beaulieu. Ces prémices sont également fortement liées au thermalisme, très développé à l’époque, comme l’écrivent les historiens Philippe Clairay et Johan Vincent : « Les sources minérales font l’objet au début du XIXe siècle d’une fréquentation importante et des débuts d’une mondanité clanique autour de cercles de buveurs d’eau. Or, il est attesté que ce public, choisi, de curistes, jouera plus tard un rôle dans l’émergence des stations balnéaires ». Ainsi, c’est à Saint-Malo que voit le jour, en 1835, le premier établissement de bains de mer breton, autour de la source minérale de Vaugarni, située près du Rosais (lieu-dit qui donnera son nom à l’une des plages de la cité corsaire).

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Un bouleversement du paysage

« La balnéation n’est pas inventée et expérimentée par les populations locales, elle est importée […] par une élite acculturée, poursuivent les deux historiens. Parmi [elle] se trouvent primitivement des aristocrates, à l’origine des premiers aménagements et de la première villégiature balnéaires ». Des villas sortent de terre sur le littoral, entraînant le début d’un bouleversement du paysage. « Au tournant du XIXe siècle, le littoral breton est un territoire dévolu aux activités productives qui attire peu l’attention des artistes ou des populations privilégiées, note la géographe Caroline Le Calvez. L’habitat est essentiellement constitué de petites villes-ports, souvent très anciennes, situées en fond de baies ou d’estuaires ». Rapidement, ce nouvel habitat apparaît autour de Dinard, Le Croisic ou sur la presqu’île de Guérande… « Les riches oisifs éprouvent rapidement un besoin de loisirs complémentaires car le bain proprement dit est on ne peut plus rapide, précise François de Beaulieu. Les établissements qui proposent des bains d’eau de mer chauds deviennent rapidement des casinos et le cœur de la vie mondaine de la bonne société. La station balnéaire naît ainsi ».

Voir et être vu

Avant d’investir le front de mer, ce sont les hauteurs qui sont « colonisées » par ces nouveaux touristes. « La plage, aux premiers temps de cette villégiature, n’a d’intérêt esthétique qu’en tant que décor, précisent Philippe Claray et Johan Vincent. Plus que son voisinage immédiat, c’est sa vue que recherchent les villégiateurs, autant qu’ils désirent être vus. »

Il faut attendre la deuxième génération des stations balnéaires, à partir de la fin du XIXe siècle, pour que l’urbanisation s’approche des plages. « Celles-ci attirent les Parisiens désirant acquérir une maison de villégiature et des notables bretons dont la résidence principale se situe à moins de 50 km, leur permettant ainsi de profiter tout au long de l’année du bord de mer », écrivent Alain et Claudine Lamour. À côté des villages historiques, de nouveaux quartiers voient ainsi le jour pour accueillir cette nouvelle population : les touristes. D’autant que leur nombre ne fait que croître avec le développement des lignes de chemins de fer, qui desservent dès cette époque ces nouvelles stations du littoral breton. Le train et les billets à tarif réduit vont même démocratiser l’accès à la mer. Un engouement qui se confirme lors de la création des congés payés en 1936. Après les villas bourgeoises, d’autres types de logements émergent : les hôtels, les campings puis, après la Seconde Guerre mondiale, l’habitat collectif.

Pour en savoir plus

« Le développement balnéaire breton, une histoire originale » de Philippe Clairay et Johan Vincent, Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, n°115-4, 2008.« Les vacances en Bretagne (1815-1914) » de François de Beaulieu, Bécédia. bcd.bzh/becedia/fr« Le littoral balnéaire (1850-2012) »

de Caroline Le Calvez, evolution-paysage.bretagne-environnement.org « L’histoire des stations balnéaires bretonnes » d’Alain et Claudine Lamour, Micéa, 2019.

1 juin 2020

Jeff Koons à Paris

jeff koons 21

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