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Jours tranquilles à Paris

20 février 2020

« Le cas Richard Jewell » : Clint Eastwood, du côté de l’innocence

A ne pas manquer selon Le Monde

Dans la nuit du 26 juillet 1996, durant les Jeux olympiques d’Atlanta, l’agent de sécurité Richard Jewell, grand enfant qui n’a d’autre rêve que d’intégrer la police, trouve un sac à dos suspect abandonné parmi la foule qui se masse à un concert donné au parc du Centenaire de la ville. Prévenant aussitôt les autorités, il prend l’initiative des premières mesures d’évacuation qui permettent d’éviter le carnage. Contre toute attente, le FBI voit en ce jeune homme qui prend son travail un peu trop au sérieux le principal suspect de l’attentat. Suivant le pas, une certaine presse l’étrille, avant que toute charge soit abandonnée. De ce fait divers édifiant, qui a failli briser la vie d’un héros et qui rappelle fortement la trame de Sully, Clint Eastwood fait un film à sa manière, à la fois conservateur, pour ne pas dire plus, et profondément humain, dans l’esprit du vieil Hollywood qui n’aimait rien tant que de promouvoir la liberté individuelle contre l’oppression des corps constitués. Jacques Mandelbaum

Film américain de Clint Eastwood. Avec Paul Walter Hauser, Sam Rockwell, Kathy Bates, Jon Hamm, Olivia Wilde (2 h 10).

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20 février 2020

Soleil - non loin de la Place Vendôme

soleil

20 février 2020

Street Art

street62

20 février 2020

Femme, fabrique ton corps

Par Noémie Rousseau, correspondante à Strasbourg

femme fabrique ron corps

Photo issue de la série «Thing I Imagined» (2019) de Romy Alizée. Photo Romy Alizée

Une nouvelle version française du livre culte «Notre Corps, nous-mêmes» vient de paraître. Ecrit par un collectif de femmes d’âges, d’origines et d’orientations sexuelles différents, l’ouvrage, qui traite de sexualité, de travail, de santé ou d’autodéfense, est tout à la fois un outil et une arme, pour se connaître et riposter.

Femme, fabrique ton corps

«Si vous doutez de ce que vous pouvez mettre dans votre vagin, demandez-vous d’abord si vous pouvez le mettre dans votre bouche.» Simple, jouissif, émancipateur. Souvenir ému d’une lecture adolescente, celui de Marie Hermann. Cofondatrice des éditions Hors d’atteinte, la maison qui publie aujourd’hui une version entièrement réactualisée de Notre Corps, nous-mêmes, elle est une des neuf auteures. A l’époque, sa mère n’arrive pas à lui parler «de tout ça», alors elle met entre les mains de Marie Hermann ce classique du féminisme datant de 1977, écrit par et pour les femmes. Le volume est déjà une adaptation de l’original américain, publié pour la première fois en 1973 par le Collectif de Boston pour la santé des femmes, Our Bodies, Ourselves. Un bouquin culte, qu’on trouve encore dans certains plannings familiaux. Dans la vie des femmes, il fut souvent un tournant. «Je commençais tout juste à prendre conscience de mon corps, et le discours ambiant très normatif était violent : l’âge de chaque transformation physique, des premiers rapports sexuels, la manière dont cela devait se passer, ce qu’il fallait dire, faire ou pas, se souvient Marie Hermann. Dans ce livre-là, je pouvais me projeter, tant il y avait de voix différentes. Personne ne me faisait sentir que je n’étais pas normale, différente, ou que j’avais mal fait les choses. Tout était ouvert.»

Sa mère garde jalousement son exemplaire. Alors Marie Hermann s’en procure un d’occasion, le relit. Il a vieilli. L’idée de le réactualiser germe. Elle réunit ses copines, elles parlent de règles, du rapport à leurs mères… mais l’aventure tourne court : les filles sont happées par leurs études.

Plus tard, Marie Hermann fera une fausse couche. Au traumatisme s’ajoute le désarroi. Aucune amie n’a vécu cette expérience. Elle ne sait vers qui, vers quoi se tourner. Internet est larmoyant, religieux ou culpabilisateur. Il faudrait pleurer beaucoup ou s’en remettre, et vite. «Je n’avais rien qui me donne des mots, un imaginaire pour surmonter ça, me raccrocher.»

Groupes de parole

Il fallait réécrire Notre Corps, nous-mêmes. Cette fois, l’idée chemine dans les cortèges en pleine mobilisation contre la loi travail, et elle prend. Sans doute ne mesuraient-elles pas dans quelle entreprise périlleuse et fastidieuse elles s’embarquaient. Les premières réunions débutent à l’hiver 2016, chaque femme en invite d’autres, mue par le souci de former un collectif le plus hétérogène et représentatif possible afin de s’adresser à toutes. La blogueuse afro féministe Nana Kinski, étudiante de 23 ans, rejoint le projet. Elle apporte son regard sur les sujets de construction du genre, de racisme, de voile. Elle participe en douce, «je viens d’une famille très traditionnelle, centrée sur la religion. Le féminisme, c’est tabou à la maison», dit-elle. L’expérience l’a changée, «ce fut un apprentissage. Le féminisme, pour moi, c’était Simone de Beauvoir, quelque chose d’institutionnalisé, universaliste, qui ne me touchait pas du tout. J’ai découvert la sororité, être écoutée, soutenue, sans que son vécu soit remis en question».

Ainsi, neuf femmes, âgées de 20 ans à 70 ans, d’origines et d’orientations sexuelles différentes, se sont mises à écrire ce livre, «avec fierté, colère et détermination», disent-elles en introduction. Toutes ont vécu des mycoses à répétition, connu des violences, certaines ont eu des enfants, d’autres non… Elles se sont réunies régulièrement, se sont racontées, confiées, disputées. Suivant la même méthode que les féministes américaines un demi-siècle auparavant, elles ont mis en commun leurs travaux et leurs réflexions, se sont relues, corrigées, fatiguées.

Partant de leurs propres échanges comme matière première, elles ont organisé des groupes de parole dans la France entière et conduit des entretiens individuels. La collecte est colossale et intense, parfois douloureuse. Quatre cents femmes ont témoigné. «Quelle que soit la thématique abordée, même les plus légères, la violence rejaillissait en permanence, qu’on parle de travail, de sexualité, de médecine… Il suffit d’ouvrir un espace de parole. C’était très troublant et précieux aussi. On a mesuré leur envie de participer, de libérer la parole, de confronter leurs expériences dans un cadre bienveillant, une pratique perdue et que certaines veulent poursuivre.»

Perdue notamment avec la «confiscation du savoir féminin par le corps médical», relatée dans l’ouvrage qui est aussi un manuel d’autosanté, visant une autonomie des femmes par rapport au pouvoir médical, encore très masculin et paternaliste en France. «On ne parle pas du corps seulement dans son aspect scientifique et médical», insiste Marie Hermann. La santé des femmes est abordée comme un levier d’émancipation, «le sexisme est une oppression vécue partout, dans la rue, au travail, à Pôle Emploi comme chez le médecin, et il passe par le corps, c’est une violence éprouvée à laquelle on veut donner les moyens de répondre.»

Ecrire la sensation

La couverture de la première version américaine montrait des femmes en train de manifester. Elle a été remplacée par une mosaïque de portraits de femmes de couleurs et d’origines différentes sur la dernière édition outre-Atlantique. «Comme une pub Benetton, dépolitisée : on insiste sur la diversité pour ne plus poser la question politique de la lutte pour l’égalité», ajoute-t-elle. C’est que les Américaines se sont «déjà émancipées depuis longtemps du corps médical, le discours d’opposition n’est plus nécessaire, analyse plutôt le médecin Martin Winckler. Vous ne voulez pas voir un médecin, vous assumez les risques et responsabilités de vos décisions. Plus le corps médical est proche du pouvoir et plus il véhicule son idéologie. En France, les médecins continuent de sortir de la haute bourgeoisie et se comportent comme l’élite politique : on sait ce qui est bon pour vous, il n’y a pas à discuter.»

Et la référence, c’est le corps de l’homme avec son «fonctionnement binaire : malade ou pas malade», poursuit Winckler, un des premiers soutiens du collectif de Françaises, dans Tu comprendras ta douleur (avec Alain Gahagnon, Fayard, 2019), pointant les préjugés qui biaisent la prise en charge de la douleur. «Le corps des femmes, c’est des bouleversements constants, la puberté, le cycle menstruel, la grossesse, la ménopause qui sont considérés comme pathologiques. Si la physiologie féminine servait de référence, on enseignerait qu’il n’y a pas de normes, seulement des variantes. Et c’est aux femmes de dire si elles sont acceptables ou pas.» Et de rappeler que les douleurs des femmes sont moins bien soulagées que celles des hommes : «On les croit moins et à même niveau de douleur exprimé, elles ont moins d’antalgiques.»

Les auteures ont collaboré avec plusieurs médecins pour s’assurer de la fiabilité des informations. Avec Notre Corps, nous-mêmes, le vécu des femmes, leur expression, rencontre la science. «Ce qui est novateur, et l’était dès la parution de la première édition, c’est d’articuler une perception que la femme peut avoir de son propre corps avec une connaissance biologique, hormonale, sexuelle. Il s’agit de faire le lien entre ce qui arrive physiologiquement dans le corps vivant et la perception qu’une femme peut en avoir», relève le philosophe du corps Bernard Andrieu, auteur de la Langue du corps vivant (Vrin, 2018). Comment écrire la sensation pour pouvoir la partager, la transmettre ? Avec quels mots ? Une fréquence cardiaque ne dit rien de l’expérience sensorielle interne d’un cœur qui s’emballe. «Le corps vivant est inconscient par rapport au corps vécu. Il a mal avant que vous ayez mal, il jouit avant que vous vous disiez "ça y est je suis en train de jouir". Il est en avance sur notre perception. On le connaît par l’émersion, tous ces signaux incontrôlés qui remontent : la faim, la douleur, le plaisir, les rêves… Nous sommes informés par notre corps vivant, cela arrive à la conscience, je songe que j’ai mal ou joui, mais c’est déjà une représentation culturelle, je suis déjà dans le corps vécu.»

Corps «bioculturel»

Charnel et politique, le corps est «bioculturel», selon l’expression d’Andrieu. «Les gender studies nous ont enseigné que le genre était culturel, le corps des femmes l’est aussi. Avoir ses règles au Japon ou en Angleterre, ce n’est pas pareil, cela dépend des représentations. Ce type d’ouvrage nous rappelle que le corps des femmes n’est pas totalement culturel.» Et, surtout, il s’agit d’un corps rassemblé, unique, entier. Le philosophe souligne l’approche holistique du projet : «Le livre évoque l’ensemble des expériences de la femme dans la société, c’est un corps unifié qui se transforme, vieillit, alors que les politiques publiques sur la contraception, la grossesse, la famille, le harcèlement au travail, parcellisent le corps vivant de la femme en autant d’objets de prévention.» On coupe la femme en tranches, selon ses âges, ses rôles. Des tranches comme des parts de marché. «Avoir une réflexion globale est toujours délicat, car c’est risquer de proposer un modèle», souligne-t-il.

Mais dans Notre Corps, nous-mêmes, le projet politique d’émancipation «repose sur un savoir indigène, produit par les actrices elles-mêmes, enrichi par la communauté. Tout l’inverse d’un Laurence Pernoud, "je vous donne un modèle et suivez-le".» Les femmes du collectif n’en sont pas vraiment sorties indemnes. «On ne détruit pas le patriarcat en écrivant un livre», disent-elles en conclusion. L’écriture fut une épreuve, elles confient en être sorties transformées, bousculées jusque dans leurs lits.

L’anti-Instagram

«Si Notre Corps, nous-mêmes a détruit des pans de patriarcat dans nos vies, alors certaines batailles sont gagnées. Encore faut-il que ce qui s’est passé en nous puisse se rejouer auprès de nos lectrices.» On le feuillette, on y plonge et on y pioche. Il est déstabilisant et libérateur. On y revient comme on retrouve ses copines après le travail. Et, désormais, il est là. Il nous manquait mais on ne le savait pas encore. «Mon corps m’appartient.» Oui mais comment ? Notre Corps, nous-mêmes, c’est comme si on avait enfin la notice. Le livre est tout à la fois un outil et une arme, pour se connaître et se défendre. On a envie de le prêter à sa mère comme à sa fille ; on a autant envie d’essayer l’autocontrôle du col de l’utérus que de demander une augmentation. Foisonnant sans être bordélique. Rigoureux sans être chiant. Intime sans être voyeur.

La question de l’enfant, en avoir ou pas, est traitée dans le chapitre «Produire et se reproduire», reliée au travail, rémunéré ou non. La violence va avec l’autodéfense, et les techniques pour riposter, se relever, voire se venger. Les règles vont avec la ménopause. Les récits, tantôt drôles tantôt graves, sont parfois tel un haïku, d’autres fois, ils coulent sur plusieurs pages. Ce n’est jamais empathique, c’est délicat. L’intime sans la mise en scène de soi, et qui se raconte à la première personne du pluriel. Subjectivité assumée et collective qui nous épargne la peine de l’écriture inclusive pour lui préférer l’écriture «non sexiste», sorte de ripolinage grammatical finement mené. Côté illustration, c’est l’anti-Instagram. Toutes les photos sont des contributions qui alternent avec des schémas anatomiques ou des gros plans de vulves, qui permettent de comprendre précisément de quoi on parle. C’est un peu flou, plutôt mal cadré et souvent en bazar. Elles se parlent, traînent en pyjama, se baignent, marchent, jouent avec des gosses, partent en vacances, travaillent, accouchent, rient, mangent. Tout un monde de routines débarrassé des normes. Qui est-ce ? Elles sont petites filles ou vieilles dames, tatouées, rondes, noires, trans… Rien n’est légendé.

Notre Corps, nous-mêmes, collectif, éd. Hors d’atteinte, 384 pp., 24,50 €.

20 février 2020

Elections municipales à Paris...

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20 février 2020

En souvenir de Karl Lagerfeld un an après

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Cela fait un an que Karl Lagerfeld est décédé, laissant un héritage à ses amis et collègues de Chanel , Fendi et de sa propre marque KL pour se souvenir de lui.

Lorsque nous avons longuement parlé à Paris l'année de sa mort, je ne savais pas que ce seraient nos dernières rencontres. "J'ai l'industrie de la mode, j'ai des livres de photographie et de l'édition - ça suffit!" m'a-t-il expliqué. «J'aime regarder le monde, mais je ne veux pas être regardé.»

Décrivant son monde privé et personnel à la maison, où il était entouré de ce qu'il a calculé comme 100 000 livres, il a déclaré: "J'adore la présence physique des livres, et je peux difficilement appeler cela une chambre à coucher parce que j'ai abattu tous les murs", a-t-il dit. m'a dit. "C'est comme une énorme boîte de verre dépoli - pas de portes, juste un immense studio où je dessine, lis et Choupette vit." Le chat blanc aux yeux saphir mène maintenant une vie confortable avec l'une des femmes de chambre de Lagerfeld.

Lagerfeld a toujours été farouchement indépendant, un véritable individu. "Je ne suis pas français, et je n'ai jamais eu l'intention de devenir français, parce que j'aime être un étranger", m'a-t-il dit. «Je suis un étranger en Allemagne. Je n'ai jamais voulu faire partie de quelque chose dont je ne pouvais m'éloigner. J'adore être un étranger. En fait, je ne fais partie de rien. Je suis totalement libre dans le meilleur sens du terme. »

Il parlait occasionnellement de ses parents, disant: «Mon père était une personne très gentille, très douce, mais il n'était pas aussi drôle que ma mère. Alors, parfois je me sentais coupable de ne pas être aussi gentil avec lui que j'étais esclave d'elle. »

Entendre Lagerfeld parler de sa vie et écouter ceux qui ont travaillé avec lui, l'histoire est une histoire d'amour avec la mode créative.

J'ai beaucoup de souvenirs de Lagerfeld - la fois où nous sommes allés à une soirée parisienne, avec lui agitant des fans devant son visage; après un dîner privé à New York, quand il a dansé avec Oscar de la Renta; ou une fois à Paris, lors d'un événement Chanel rue Cambon, quand il m'a soudainement enlevé mes pieds pour valser dans la pièce.

Alors, comment ses amis et collègues se souviennent-ils de feu Karl Lagerfeld un an après sa mort? Ici, nous partageons des souvenirs, pour célébrer sa vie.

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Amanda Harlech est une créatrice et écrivaine britannique et une muse de longue date de Lagerfeld. Elle continue d'être consultante créative chez Chanel, désormais dirigée par Virginie Viard, qui était la main droite de Lagerfeld pendant trois décennies.

«Je parle à Karl tous les jours, comme je le faisais auparavant», m'a dit Harlech. «Surtout, il se moquait de ma lenteur à me mettre à« ça »: écrire, peindre, trier les piles de livres, restaurer le jardin jacobin chez moi.»

«Jouer du piano ouvre des cascades de souvenirs», a-t-elle poursuivi. «C'est alors qu'il est vraiment proche de moi. Il a toujours voulu jouer. Et ces moments où je pratiquais du Bach ou du Brahms et où il travaillait dans une autre pièce semblent être réels, se reproduisant en temps réel. »

«Il m'a donné une première édition de Virginia Woolf's Street Haunting . Il aimait l'histoire et le volume mince et vert. Mais nous aimions tous les deux suivre sa signature inclinée et hérissée avec notre doigt. Encore une fois, c'était comme si nous avions vaincu le temps linéaire et découvert un présent perpétuel et réverbérant. »

J'ai demandé une fois à Lagerfeld pourquoi il n'avait jamais assisté à l'exposition de son travail, Karl Lagerfeld: Modemethode , que Harlech avait organisé à la Bundeskunsthalle de Bonn, en Allemagne, en 2015 - une réaction typique du designer, qui avait une attitude radicale à l'idée de faire sortir le passé. "Je n'ai pas d'archives", a déclaré Lagerfeld. «Je ne vais jamais aux archives Chanel ou Fendi. Non! Non! Non! Non! Non! Les archives dont j'ai besoin sont dans ma tête. »

Mais qu'en est-il des jeunes créateurs frais qui reprennent des maisons de mode légendaires? Doivent-ils également être encouragés à ignorer le passé d'une entreprise - ou à l'étudier?

"Il ne faut pas exagérer les émotions", a déclaré Lagerfeld, qui avait 85 ans lors de notre dernière rencontre.

«Je détestais être un enfant. Je voulais devenir adulte. "

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Bruno Pavlovsky est le président de la mode chez Chanel, dominant la haute couture et le prêt-à-porter. Il a choisi Viard pour succéder à Lagerfeld après avoir travaillé avec elle pendant 30 ans, croyant qu'elle avait à la fois l'expérience et l'imagination pour réussir.

"La mémoire de Karl vivra pour toujours dans nos cœurs et nos esprits", a déclaré l'exécutif. «Il nous a laissé une énergie incroyable. On le ressent aujourd'hui en studio, dans les ateliers de la rue Cambon: l'envie de bien faire.

«Des choses spéciales se produisent lorsque vous travaillez avec quelqu'un depuis plus de 30 ans. Il n'a jamais été qu'un simple partenaire commercial. Nous étions bien connectés et j'ai personnellement beaucoup appris de lui, de sa vision et de sa capacité à viser le meilleur tout en inventant l'avenir.

«Nous présentons 10 collections chaque année avec 10 histoires différentes. Nous repartons toujours de zéro, encore une fois. Chaque collection Chanel devrait inspirer et apporter de la nouveauté dans la maison. C'est ce à quoi Karl Lagerfeld était très doué. Virginie Viard l'est aussi aujourd'hui. Nous ne nous reposons jamais sur le succès du passé. »

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Claudia Schiffer interprète Coco Chanel au défilé Chanel du printemps 1995. Photo: Archives Condé Nast

Personne n'a mieux compris les besoins de Lagerfeld que la famille Fendi. Il les a rejoints au début de sa carrière en 1967. Et quelle que soit la nature de son attachement à la maison Chanel, cette connexion italienne a perduré jusqu'à sa mort.

La directrice créative de Fendi, Silvia Venturini Fendi, qui a travaillé si étroitement avec Lagerfeld lors de ses visites à Rome, a décrit la relation de la marque avec le défunt designer: «Nous pouvons dire qu'avec Fendi il y avait un lien spécial [entre Lagerfeld et] ma famille mais aussi un grand attachement à la maison elle-même. C'est la relation la plus longue de l'histoire de la mode, une histoire d'amour de 55 ans. »

«Dès le début, Karl s'est senti comme un membre de notre famille - l'unique frère de toutes les sœurs», a-t-elle poursuivi. «Personne n'a réalisé à quel point Karl était précis dans son travail. Au début, il arrivait avec un livre plein de dessins. Plus récemment, il les enverrait sous forme numérique. Il me manque tellement ses connaissances et son sens du plaisir. »

Lagerfeld lui-même partageait les mêmes sentiments: «La mode, c'est le changement, et j'aime le changement. Je ne suis attaché à rien. Je suis assez facile à travailler car vous pouvez lire mes croquis. Je ne suis pas sûr qu'il y ait quelqu'un dans l'entreprise aujourd'hui qui en sache autant que moi. »

Lorsque tout le monde était réuni au Grand Palais en juin dernier pour le mémorial de Lagerfeld, j'ai parlé à Claudia Schiffer, la mannequin découverte par Lagerfeld.

"Mon meilleur souvenir était à Vienne quand il a soudainement commencé à valser, en riant hystériquement devant toute l'équipe lorsque nous faisions une campagne", se souvient Schiffer. «C'était le meilleur côté que j'aie jamais vu de lui. Il ne se souciait de rien d'autre que de danser. C'était tout simplement incroyable. Il aimait la valse et pouvait très bien le faire. »

"Puis il y a eu tous les premiers jours, quand il faisait des campagnes à Monte-Carlo", a-t-elle poursuivi. «Il avait tout un pique-nique installé sous le soleil très chaud, puis il arrivait entièrement vêtu de son costume. Je me souviens de lui disant: "Je suis un peu inquiet parce que mes cheveux deviennent poilus sous l'humidité." Bien sûr, nous étions tous en robes d'été alors qu'il était entièrement habillé de bottes à la plage. Et puis il a fait venir le majordome avec le service d'argent pour le pique-nique. C'était tellement génial. "

J'ai demandé si le souvenir la rendait triste. "Ce n'est pas trop triste", a répondu Schiffer. «Il a vécu une vie incroyable. Nous devons le célébrer. "

Comme pour la famille Fendi, Carla Sozzani et sa sœur Franca, la défunte rédactrice en chef du Vogue italien décédé en 2016, connaissaient le jeune flamboyant Lagerfeld au début de sa carrière. "J'ai rencontré Karl à la fin des années 1960 alors qu'il travaillait sur les collections Krizia avec Walter Albini", a expliqué Sozzani. «Ils étaient à la fois beaux et audacieux, sûrs de leur avenir. J'ai vu Karl et Carla Fendi devenir des collaborateurs et des amis plus proches. »

«Avec Anna Piaggi et Patrick Hourcade, j'ai eu la chance de voir toutes les collections de Karl pour Chloé et de les prendre en photo avec Alfa Castaldi», poursuit-elle. «Chaque collection Chloé était unique. Je crois que presque toutes les pièces sont encore très claires dans mon esprit, pour toujours étonnantes.

«Bien sûr, j'étais là lors de la première collection Chanel, puis nos échanges se sont multipliés par la poste: Karl adorait écrire des lettres. Ses longues lettres ont commencé lorsque j'ai ouvert la galerie. Ils portaient sur la photographie et la collection de photographies, une passion que nous avions en commun. Nous partagions aussi l'amour de l'édition de livres - nous avons tous deux ouvert des librairies par pure passion. »

"Son amour et sa passion pour son travail ont été la force motrice de Karl", a noté Sozzani. «Il restera à jamais un exemple de vie dédiée à l'intégrité de sa vision. La précision qu'il a apportée à sa vie restera à jamais légendaire. »

Alors, comment Sozzani voit-il l'héritage de Lagerfeld, un an après sa mort? "Je pense qu'il est toujours là, toujours parmi nous d'une manière incroyablement forte - une façon qu'il aurait probablement détesté!" dit-elle. «En fait, il a un héritage incroyable. Virginie le maintient en vie mais le fait avancer - [ce sera] un exercice d'équilibre très difficile. Mais nous voyons la mode à travers les yeux de Karl. Une partie de la mode sera toujours la sienne. »

Lagerfeld serait-il d'accord avec son catalogue de réalisations et ces applaudissements du monde entier? Certains de ses derniers mots m'ont répété l'une de ses philosophies préférées, sur la vie dans le présent: «Il y a un dicton germano-juif très célèbre que j'aime, une petite ligne douce avec laquelle je vis:« Pas de crédit sur le passé ». "

Hubert Barrère est le directeur artistique et créatif de la Maison Lesage, en charge des broderies pour l'atelier qui fait partie du groupe de paraffection Chanel des artisans du patrimoine. Il a choisi de se souvenir du Lagerfeld qu'il a connu pendant 21 ans comme s'il lui écrivait un poème:

«Je pense que je me suis interdit tout pathos, toute faiblesse, tout ce que Karl aurait détesté. Parce que je le respecte, sa façon d'agir et de penser, je me suis imposé une interdiction tacite de toute sentimentalité et plainte.

«Pendant 21 ans que j'ai travaillé pour Chanel, c'était pour lui.… Pendant 21 ans, il était Chanel. Pendant 21 ans, il a été mon épine dorsale. Depuis 21 ans, je voulais être digne et lui plaire; tout reste gravé dans ma mémoire. Sa connaissance encyclopédique dans laquelle j'aimais me perdre; sa capacité à travailler sans relâche; sa pugnacité; sa capacité naturelle à toujours avoir un, deux, trois pas d'avance sur tout. Sa capacité presque psychique à comprendre l'avenir et à l'adapter au présent. Son sens de l'humour dévastateur que j'ai bu comme de l'eau; son attitude désinvolte qui cachait une analyse pointue et implacable. Sa gentillesse envers ceux qui l'entourent; sa grande élégance; sa capacité à rire de lui-même… Rien de lui n'était moyen, encore moins médiocre!

«Le servir m'a fait grandir; Je ne serais pas devenu qui je suis sans lui. Du 19 février au mois de juillet pour les collections de prêt-à-porter, de croisière et de haute couture: s'immerger dans mon travail, travailler assidûment, ne faire qu'un avec Virginie, être comme les doigts de la même main, faire, imaginer, créer…. C'étaient mes seules préoccupations. Puis est venu le temps de l'été et des vacances, le temps de se reposer, de se promener, de baisser la garde… Mais aussi de réaliser l'attraction et le vide abyssal qu'il a laissé dans ma vie.

«Je suis devenu terriblement déprimé quand je suis retourné au travail en septembre. Une profonde tristesse m'envahit. Rien ne m'intéressait, plus d'amour, plus de joie…. Heureusement la collection d'artisanat a été (avec et grâce à Virginie) un moment de plénitude et d'énergie renouvelé. L'envie de défi, de se dépasser, est revenue. Quoi qu'il en soit, je suis de retour en selle.

«Avec Virginie, un nouveau chapitre de l'histoire de Chanel est en train d'être écrit, tout aussi passionnant que celui avec Karl mais différent, et en même temps toujours profondément ancré dans les racines de Chanel. Nous nous connaissions depuis très longtemps. Le lien avec Virginie est un moteur de motivation essentiel pour moi. Une anecdote: je me souvenais que lorsque Karl était encore avec nous, je demandais à Virginie: «Pensez-vous que Karl va l'aimer? Pensez-vous que c'est ce qu'il veut? Maintenant, pas un jour ne passe sans que Karl ne soit dans mon esprit. Donc, de façon surprenante ou naturelle (je ne suis pas certain), un renversement a eu lieu. Dans mon esprit, je demande souvent à Karl: «Pensez-vous que Virginie va l'aimer? Pensez-vous qu'elle pense que cela correspond à sa vision de ce qu'est Chanel aujourd'hui? Il y a tellement de questions auxquelles je n'ai pas de réponses,

"Comme Lampedusa l'a écrit dans son roman, Le Léopard :" Pour que les choses restent les mêmes, tout doit changer. ""

Source : Vogue

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Karl Lagerfeld s'incline avec Virginie Viard au défilé Chanel du printemps 2019 Photo: Kim Weston Arnold / Indigital.tv

20 février 2020

TREATS Magazine

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20 février 2020

Extrait d'un shooting - photos : Jacques Snap

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20 février 2020

Marisa Papen

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20 février 2020

Elisabeth Borne dénonce le « développement anarchique » des éoliennes

Par Nabil Wakim

Au Sénat, la ministre de la transition écologique et solidaire a durci le ton contre l’éolien terrestre.

Les termes sont choisis, mais l’inflexion est palpable. Invitée de la commission des affaires économiques du Sénat, mardi 18 février, la ministre de la transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne, s’est livrée à une charge sévère contre « le développement anarchique » de l’éolien, en répondant à une question posée par la sénatrice UDI de Côte-d’Or Anne-Catherine Loisier.

« C’est vraiment un énorme sujet, je l’ai dit aux acteurs de la filière », a expliqué la ministre, en citant plusieurs exemples : « Il y a des emplacements de parcs éoliens en covisibilité avec des monuments historiques. Je ne comprends même pas comment on a pu arriver à ces situations. On a des territoires dans lesquels on a une dispersion de petits parcs de taille et de forme variable qui donnent une saturation visuelle, voire une situation d’encerclement autour de certains bourgs qui est absolument insupportable. »

La ministre a ainsi défendu les mesures qu’elle a négociées en décembre avec les acteurs de la filière « pour un développement harmonieux de l’éolien ». Elle a notamment plaidé pour une meilleure répartition des parcs éoliens sur le territoire – il est vrai que les Hauts-de-France et le Grand-Est concentrent la moitié de la puissance éolienne raccordée au réseau.

Revirement du gouvernement

La critique de la ministre a de quoi surprendre, alors que le gouvernement a jusqu’ici plutôt défendu la filière éolienne. Elisabeth Borne était invitée au Sénat pour défendre la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Ce texte, actuellement en consultation publique sur le site du ministère, fixe les orientations de politique énergétique de la France pour les dix prochaines années. Or, au cœur de cette stratégie se trouve justement un développement massif de l’éolien terrestre, qui doit plus que doubler dans la période en puissance installée.

Le texte précise notamment que la volonté du gouvernement est de « faire passer le parc éolien de 8 000 mâts fin 2018 à environ 14 500 en 2028, soit une augmentation de 6 500 mâts ». Le document prévoit également un développement important de l’éolien en mer. Le sujet est important, alors que la France est loin d’atteindre ses objectifs en matière de développement des énergies renouvelables.

Jusque-là, les prédécesseurs de Mme Borne avaient plutôt pris des initiatives pour soutenir l’éolien. Ainsi, Nicolas Hulot et son secrétaire d’Etat d’alors, Sébastien Lecornu, avaient mis en place un groupe de travail qui a conduit à l’adoption de plusieurs mesures – notamment pour limiter les recours juridiques contre l’installation d’éoliennes. Or les opposants à l’éolien emploient précisément les arguments déployés par Mme Borne en invoquant, entre autres, la défense du patrimoine et la saturation visuelle.

Avec ce changement progressif de ton, la ministre emboîte le pas du président de la République, qui estimait mi-janvier, lors d’une table ronde à Pau, que « la capacité à développer massivement de l’éolien est réduite. On pourra le faire où il y a consensus, mais le consensus autour de l’éolien est en train de nettement s’affaiblir dans notre pays ».

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