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Jours tranquilles à Paris

12 novembre 2019

Evo Morales en route vers le Mexique, la Bolivie dans l’incertitude

La situation en Bolivie, sans dirigeant et en proie à de nouvelles violences, est volatile. Le Mexique a annoncé accorder l’asile politique au président socialiste démissionnaire.

Au lendemain des pillages, affrontements et incendies criminels qui ont secoué plusieurs quartiers de La Paz, la capitale administrative de la Bolivie était plongée, lundi 11 novembre, dans l’incertitude, sans dirigeant après la démission du président Evo Morales, et confrontée à de nouvelles violences. Le Mexique a décidé d’accorder l’asile politique à M. Morales, estimant que « sa vie et son intégrité physique sont menacées ». Le chef de la diplomatie mexicaine, Marcelo Ebrard, a précisé que son gouvernement avait été sollicité par M. Morales lui-même. « Il nous a demandé verbalement et de façon formelle de lui accorder l’asile politique dans notre pays », a-t-il dit. Un appareil militaire mexicain arrivé lundi au Pérou a décollé pour la Bolivie afin d’aller chercher Evo Morales, a annoncé le ministère péruvien des affaires étrangères. L’avion, arrivé peu auparavant à Lima, « est parti à 18 h 30 heure locale pour la Bolivie », a indiqué le ministère péruvien dans un communiqué.

Une élection présidentielle avant le 22 janvier

La deuxième vice-présidente du Sénat bolivien, l’opposante Jeanine Añez, appelée en vertu de la Constitution à succéder au poste de chef de l’Etat à Evo Morales après sa démission, a annoncé la prochaine convocation d’une élection présidentielle afin que « le 22 janvier nous ayons un président élu ». « Nous allons convoquer des élections avec des personnalités qualifiées qui vont conduire le processus électoral afin de refléter ce que veulent tous les Boliviens », a-t-elle déclaré à son arrivée au Parlement.

Les successeurs prévus par la Constitution en cas de départ du président ont en effet tous démissionné avec lui : le vice-président Alvaro Garcia, la présidente et le vice-président du Sénat et le président de la Chambre des députés.

Cette sénatrice de 52 ans, membre du parti d’opposition Unidad democratica, n’a pas caché son émotion en appelant à la fin des violences : « Vous allez m’excuser, mais je suis émue (…). Je vous demande, pour l’amour de Dieu de mettre fin à cette violence. Nous voulons seulement la démocratie, nous voulons seulement la liberté. »

Poursuite des violences

Aux abords du palais présidentiel, dans le centre de la capitale, des rues étaient encore bloquées par des barricades placées par des manifestants partisans de l’opposition, en majorité des jeunes et de nombreuses femmes.

Depuis la mi-journée, les forces de l’ordre se redéployaient progressivement, faisant usage de gaz lacrymogènes à El Alto, une localité proche de la capitale et bastion d’Evo Morales, pour disperser des groupes de manifestants encagoulés et armés de bâtons. Des affrontements se poursuivaient dans l’après-midi dans cette ville.

« Nous avons coupé la tête du serpent [Morales], mais le corps continue de bouger », lance un policier à des journalistes. Le visage recouvert d’une cagoule, il annonce que la police « va arrêter les responsables des violences ».

Après une journée de dimanche riche en rebondissements et une nuit de violences, des habitants de La Paz ne cachent pas leurs inquiétudes. La nuit a été courte pour les habitants de la capitale, qui ont découvert à leur réveil l’étendue des dégâts nocturnes.

Dans la foulée de l’annonce de la démission du président socialiste, au pouvoir depuis 2006, les rues de la ville, siège des pouvoirs administratifs et politiques, ont été livrées à des groupes de casseurs. Plus de police, qui s’était déclarée en mutinerie contre Evo Morales et restait enfermée dans ses casernes, et plus d’armée, qui venait de lâcher le chef de l’Etat.

A El Alto, bastion de l’ancien président, de nombreux autobus ont été incendiés, ainsi que les domiciles de plusieurs personnalités. Les carcasses des véhicules calcinés ont été transférées dans un centre d’entretien, a constaté l’Agence France-presse. Une foule de manifestants se dirigeait lundi soir vers La Paz. Arborant des whipalas, du nom du drapeau symbole des peuples indigènes, et scandant « Maintenant oui, une guerre civile ! », ils étaient des centaines en route vers la capitale administrative, contraignant les magasins à fermer leurs portes.

Maisons incendiées

Le dirigeant d’un collectif de citoyens, Waldo Albarracin, qui a œuvré en faveur de la démission de M. Morales, a déclaré que sa maison avait été incendiée et détruite par « une foule » de membres du Mouvement vers le socialisme (MAS), le parti du président démissionnaire. M. Albarracin, recteur de l’université d’Etat de La Paz, a diffusé sur son compte Twitter une vidéo de sa résidence en flammes.

Une présentatrice de la chaîne Television universitaria, Casimira Lema, a elle aussi déclaré que sa maison avait été incendiée. Plusieurs commerces ont également été ciblés et pillés dans la nuit. Des tags contre le président Morales, tels que « Evo sans peuple » ou « Evo dictateur », ont surgi sur des murs.

Au lendemain de cette nuit de violences, les transports en communs sont très limités. Les dix lignes du téléphérique qui sillonnent la ville par les airs ont été interrompues, faute de garanties suffisantes pour les installations, a annoncé l’entreprise dans un communiqué.

Près du guichet automatique d’une banque, un groupe de personnes attend avec anxiété de pouvoir retirer de l’argent. « Tout augmente, les prix [des aliments] ont été multipliés par trois », annonce Esperanza, une économiste de 56 ans, qui attend son tour.

Pour Trump, cette démission est « un signal fort »

Donald Trump s’est félicité de la démission forcée de M. Morales. Le président américain y voit « un signal fort » pour ce qu’il juge être des « régimes illégitimes » en Amérique latine et salue la décision de l’armée d’avoir lâché le dirigeant socialiste. « Les Etats-Unis saluent le peuple bolivien pour avoir demandé la liberté et l’armée pour avoir respecté son serment de protéger non un seul individu, mais la Constitution de la Bolivie », a déclaré M. Trump. Washington a par ailleurs dénoncé l’occupation de l’ambassade du Venezuela en Bolivie par des opposants à M. Morales, fidèle allié de Caracas, demandant le respect de la souveraineté vénézuélienne.

Alliés traditionnels de l’ancien chef d’état socialiste, les gouvernements cubain et vénézuélien ont, eux, condamné « un coup d’Etat » en Bolivie.

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12 novembre 2019

A table !

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12 novembre 2019

Derniers jours... Exposition à la Galerie Loevenbruck

Werner Reiterer - Sculptures

Jusqu’au 16 novembre 2019

Même si l’exposition de l’artiste autrichien Werner Reiterer présentée à la galerie Loevenbruck se concentre sur la sculpture, les œuvres exposées mettent en évidence un recours à une grande diversité de médiums, témoignant ainsi du scepticisme fondamental de l’artiste vis-à-vis de faits en apparence établis, dont il révèle la fragilité. L’œuvre de Werner Reiterer renverse l’ordre des choses et les normes de notre société et de notre monde. Ses concepts, ses installations, ses sculptures et ses dessins créent des réalités subversives d’où jaillissent une critique extralucide ainsi qu’une ironie et un humour espiègle.

Derrière ce titre simple et banal, « Sculptures », se cache un condensé de pensées qui sous-tendent l’ensemble très disparate des pièces exposées. Un chapeau feutre, symbole par excellence de la bourgeoisie, est percé de trois trous. Dans un travail photographique, l’artiste fait la démonstration de sa fonction fatale : forme bourgeoise de la cagoule en bas de nylon, il fait office de masque pouvant être utilisé dans le cadre d’un hold-up. Avec la caricature de cet insigne, Werner Reiterer illustre le déclin de la bourgeoisie et son inquiétante proximité avec les milieux criminels. L’objet, absurde, reflète la situation de plus en plus précaire des groupes bourgeois et leur potentiel criminel accru.

Avec leurs masques étranges faits de bas noirs entaillés, les meubles usagés de A Family Gang incarnent le noyau familial classique au bord de l’abîme existentiel qui éclate en mini gangs grotesques. Dans Locked in!, Reiterer pousse plus loin encore la dimension dramatique : un camping- car, symbole des voyages et des vacances des catégories moyennes, est détourné de sa plaisante fonction première. À l’intérieur, l’orage gronde et une fureur se déchaîne, au lieu de l’idylle vacancière, annonçant une situation de conflit. Sa présence absurde dans la galerie — le véhicule ne semble pas pouvoir passer les portes, trop étroites — augmente encore notre irritation. Locked in! est la métaphore de l’état misérable de la société, menacée d’implosion existentielle, et de l’inertie déplorable de l’individu.

Équivoque, l’œuvre de Werner Reiterer oscille entre une critique acerbe du pouvoir et de l’ordre global et de la politique du tout économique, d’une part, et une ironie caustique et un humour acéré, d’autre part. Une polysémie qui nous est révélée brutalement par une mise en forme précise.

— Margareta Sandhofer, « Sculptures », juin 2019.

Margareta Sandhofer est historienne de l’art, commissaire et critique. Elle vit à Vienne.

12 novembre 2019

Petter Hegre au cours d'un shooting

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12 novembre 2019

Style : Le manteau rouge de Jane Fonda est un véritable symbole de protestation

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Cheffe de file d'une manifestation pour le climat qui a lieu chaque vendredi à Washington, l'actrice s'est illustrée grâce à son infatigable activisme mais également un certain manteau rouge...

Tous les vendredis depuis le 18 octobre, l’actrice est au premier rang de la manifestation Fire Drill Friday, organisée pour alerter sur l’urgence climatique. Et tous les vendredis (à l’exception du 8 novembre), Jane Fonda se fait arrêter par les forces de l’ordre, sans jamais se départir de son sourire, ni d’un manteau rouge qui fait désormais couler beaucoup d’encre. Le voilà même en passe de devenir aussi symbolique que celui de Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants des États-Unis. Souvenez-vous : le 11 novembre 2018, la démocrate quittait la Maison Blanche après une passe d’armes historique avec le président Donald Trump. Lunettes de soleil sur le nez, sourire satisfait et manteau Max Mara écarlate : le cliché de sa sortie victorieuse avait fait le tour du monde et du web. Passée « d’un symbole fatigué de l’establishement à une révolte bien habillée », selon le New York Times, Pelosi avait également offert un joli coup de pub à la maison italienne, qui a remis en vente en début d’année ce manteau en laine et cachemire affiché à 1469 euros.

C’est donc au tour de Jane Fonda de rejoindre cette « révolte bien habillée », sanglée dans un manteau rouge désormais indissociable de son engagement militant. Si ce dernier est bien la star de son look, l’actrice ne manque jamais de l’accessoiriser d’une casquette à imprimé pied de coq, d’un béret ou d’un bonnet noir. « Je l’ai acheté en soldes car j’avais besoin de quelque chose de rouge [pour manifester] », avait confié l’activiste au micro de NPR début novembre. Rouge comme la couleur du feu, pour faire écho au nom de la manifestation (« fire drill » se traduit par « évacuation incendie ») et surtout à l’une des célèbres phrases de l’activiste Greta Thunberg, qui avait comparé notre planète à une « maison en feu ». Si Jane Fonda s’est offert cette pièce spécialement pour l’occasion, elle a juré au micro de NPR qu’il s’agissait là de son dernier achat, afin d’être en harmonie avec ses convictions environnementales (pour rappel, la mode est la seconde industrie la plus polluante au monde). « Je m’élève contre le consumérisme, je dois donc faire ce que je dis », avait plus tard expliqué Fonda, précisant au passage que le manteau provenait de la chaîne de grands magasins Neiman Marcus.

Pour ce qui est de la marque, le Daily Beast a estimé, après enquête, qu’il s’agissait d’une pièce signée Mackage, label canadien également plébiscité par Meghan Markle. Un « manteau de laine double face à col en cascade », apprend-on sur l’e-shop de la griffe, « fait à la main », « sans doublure », et proposé à un prix de 750 euros. Contactées par le site d’informations américain, ni la styliste de Jane Fonda ni Mackage n’ont confirmé que le fameux manteau rouge était bien ce modèle-là. Il ne quitte en tout cas plus l’actrice, sauf lors du passage de cette dernière en prison, vendredi 1er novembre. « Il y avait une femme qui avait très froid et je lui ai prêté mon manteau », avait expliqué Jane Fonda à une foule de journalistes quelques heures après sa libération, « Mais j’ai dû lui reprendre : c’était mon matelas [pour la nuit]. »

En passe de devenir aussi iconique que celui de Nancy Pelosi, ce manteau rouge (une couleur associée à la passion, à l’instinct combatif ou encore à l’honneur) fait en tout cas passer un message fort. Celui d’une actrice/activiste qui n’a plus rien à prouver, qui s’engage pour ce en quoi elle croit et qui n’a pas peur de se faire entendre. Quoi de mieux qu’un « power coat » pour symboliser tout ça ?

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12 novembre 2019

Extrait d'un shooting. Photo : Jacques Snap. Modèle : Heidi Romanova

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11 novembre 2019

Salon de la Photo - dernier jour aujourd'hui - Porte de Versailles

11 novembre 2019

La Turquie va expulser vers la France 11 jihadistes français

ALERTE-Turquie-France: La Turquie va expulser  vers la France 11 jihadistes français qui voulaient rejoindre l’Etat islamique (Gouvernement turc)

La Turquie s’apprête a expulser 11 jihadistes français capturés en Syrie, ainsi que plusieurs autres Européens (10 Allemands) accusés de rejoindre l’État islamique, annonce le ministre turc de l’Intérieur.

Un jihadiste américain a déjà été expulsé aujourd’hui vers les Etats-Unis.

11 novembre 2019

Thierry Mugler photographe chez POLKA

1 from Jacques Snap on Vimeo.

Galerie Polka

Cour de Venise, 12 Rue Saint-Gilles, 75003 Paris

11 novembre 2019

Après la démission Evo Morales, la Bolivie plonge dans l’inconnu

Par Amanda Chaparro, Lima, correspondance

Dimanche, le président a dû faire face à des départs en cascade, avant d’annoncer le sien, après trois semaines d’intense contestation sociale.

C’est un véritable séisme politique en Bolivie. Le président, Evo Morales, au pouvoir depuis près de quatorze ans, a annoncé sa démission, dimanche 10 novembre, après trois semaines d’intense contestation sociale.

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Une démission qui semblait l’unique issue possible tant le chef de l’Etat était acculé de toutes parts. Au cours de la journée de dimanche, Evo Morales a été lâché par nombre de ses soutiens et a dû faire face à des démissions en cascade. Le matin même, il avait annoncé la convocation de nouvelles élections pour « pacifier le pays » mais cela n’avait pas réussi à éteindre l’incendie qui secoue le pays, enfermé dans une des pires crises politiques de son histoire.

« Si se pudo, lo sacamos » (On l’a fait, on l’a sorti), ont scandé les opposants sortis en masse dans les rues des grandes villes pour fêter l’annonce de la nouvelle.

Des démissions en cascade

L’armée bolivienne avait recommandé au chef de l’Etat de démissionner, jugeant qu’une telle décision contribuerait à restaurer le calme dans le pays. « Après avoir analysé le conflit national, nous demandons au président de renoncer à son mandat présidentiel, de permettre le rétablissement de la paix et la restauration de la stabilité dans le pays », a déclaré à la presse le commandant des forces armées terrestres, Williams Kaliman.

La plupart des ministres et des dizaines de sénateurs et députés ont présenté leur lettre de démission. « Le cours des événements va à l’encontre de mes principes personnels, ainsi que de mes valeurs spirituelles et démocratiques, et donc cela m’empêche de continuer à la tête du portefeuille d’Etat que je dirige », a écrit le ministre des hydrocarbures, Luis Alberto Sanchez, dans une lettre envoyée au président et publiée sur son compte Twitter, peu après l’annonce de démission du ministre des mines.

« Il y a eu des mutineries dans les forces de police, l’armée est neutralisée – elle a déclaré qu’elle n’utiliserait pas la force contre le peuple bolivien – Evo Morales vient de perdre le soutien de la Centrale ouvrière bolivienne (COB), l’un de ses plus fidèles soutiens. Sa démission semble inévitable », jugeait pour sa part le politiste Marcelo Silva, ancien conseiller politique du Mouvement vers le socialisme (MAS, le parti au pouvoir), quelques heures avant l’annonce du chef de l’Etat.

Alors que dans un premier temps l’opposition – divisée entre partis politiques, comités civiques (organisations citoyennes) et simples citoyens – demandait un second tour, puis la convocation de nouvelles élections générales, elle s’était radicalisée depuis plusieurs jours pour exiger le départ du président.

« Evo Morales est totalement délégitimé et décrédibilisé, poursuit Marcelo Silva. Son appel à de nouvelles élections est arrivé trop tard. Le pays s’est embrasé. Les gens ne croient plus en le gouvernement et en ses annonces. Lui et son vice-président Alvaro Garcia Linera sont moralement et éthiquement inhabilités à conduire le pays », juge-t-il.

Un scrutin présidentiel entaché « de graves irrégularités »

Evo Morales, avait été réélu le 20 octobre dernier au premier tour de la présidentielle mais le dépouillement avait fait polémique et l’opposition, à travers la voix du candidat arrivé second Carlos Mesa (droite libérale), avait dénoncé une « gigantesque fraude ». La mission d’observation de l’Organisation des Etats américains (OEA) avait également pointé de « sévères irrégularités » dans le décompte des résultats.

Le 30 octobre, le gouvernement avait conclu un accord avec l’OEA afin de réaliser un audit du scrutin. Le rapport préliminaire, rendu dimanche, pointait à nouveau de « graves irrégularités » du processus électoral et dénonçait « une claire manipulation » des systèmes informatiques. « Cela s’appelle une fraude, tranche Marcelo Silva. C’est un délit dans notre pays qui a de graves conséquences judiciaires et est sanctionné par le Code pénal. »

L’OEA juge statistiquement peu probable qu’Evo Morales ait obtenu la marge de 10 % nécessaire pour être élu et invite la Bolivie à se doter de nouvelles autorités électorales avant la tenue d’une nouvelle élection. « Le premier tour de l’élection, qui s’est déroulé le 20 octobre, doit être annulé et le processus électoral doit recommencer. Le premier tour doit avoir lieu dès que de nouvelles conditions apporteront de nouvelles garanties (…), notamment avec une nouvelle instance électorale », dit-elle dans un communiqué.

A la suite de la publication du rapport, le parquet bolivien a immédiatement annoncé l’ouverture d’une enquête sur les membres du Tribunal suprême électoral (TSE), qui encadraient les élections, pour de « présumés faits irréguliers ». Dans la soirée, la présidente du TSE, Maria Eugenia Choque, a été arrêtée.

« Le coup d’état a eu lieu »

Evo Morales lui, continue de défendre sa version des faits, se disant victime d’une machination. « D’abord, ils [l’opposition] ont pris le prétexte de la fraude, puis ils ont demandé un second tour, puis de nouvelles élections, puis maintenant ma démission (…), c’est un coup d’Etat », a-t-il déclaré à la télévision vénézuélienne, Telesur, dimanche midi. Dans la soirée, lui et son vice-ministre ont réitéré leurs propos. « Le coup d’Etat a eu lieu », estimait M. Garcia Linera. Une critique reprise par les alliés d’Evo Morales, que sont l’Argentine, Cuba et le Venezuela.

L’ex-chef de l’Etat ne reconnaît pas la présumée fraude. « C’est une décision politique [celle de l’OEA de demander l’annulation des élections]. Ce n’est pas une décision de justice », a-t-il déclaré.

Ces derniers jours, Evo Morales avait appelé à la pacification du pays. Toutefois, de l’avis de nombreux analystes, il continuait d’agiter la division entre Boliviens, les symboles indigènes contre non-indigènes, les campagnes contre les villes, les gens « humbles » contre les autres, et invoquait le racisme pour expliquer les dissensions politiques.

Selon Marcelo Silva, « la stratégie du gouvernement a échoué. Il avait misé sur l’usure des manifestations, puis il a essayé d’envoyer ses militants dans la rue, mais la “résistance” – comme l’appelle l’opposition – contre le pouvoir a cru et ce mouvement est irréversible ».

Evo Morales avait été élu en 2005 avec le soutien d’une coalition de mouvements sociaux, indigènes, paysans, universitaires et d’intellectuels. Il avait été réélu depuis avec une large majorité des suffrages (plus de 60 % aux scrutins de 2009 et 2014) mais il avait perdu des fidèles au fil des années. Contradictions politiques, mesures anti-environnementales, concentrations des pouvoirs, les griefs contre le « premier président indigène » de Bolivie s’étaient multipliés.

Tournant majeur dans sa vie politique, il avait perdu le référendum de février 2016 dans lequel il demandait de modifier la Constitution pour se représenter une 4e fois à l’élection présidentielle. Contre l’avis d’une majorité de Boliviens, il avait pourtant décidé de chercher d’autres voies légales à sa candidature et le tribunal constitutionnel lui avait donné raison, invoquant « un droit humain » à se représenter. Une décision qui a précipité le divorce d’une partie de la population, et aujourd’hui sa chute.

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Vide du pouvoir

Dès le lendemain du 1er tour du 20 octobre, des violences ont éclaté aux quatre coins du pays. Elles ont fait jusqu’à aujourd’hui quatre morts et plus de 250 blessés, selon les médias locaux. Malgré l’annonce de la démission, elles ne sont pas retombées et chaque camp accuse l’autre de semer la terreur. Dans la nuit de dimanche à lundi, les domiciles de membres de l’opposition ont été incendiés par des groupes proches du pouvoir, selon les médias boliviens. Evo Morales, lui, a publié sur Twitter qu’il y avait un ordre de la police de l’arrêter et que des groupes violents avaient attaqué son domicile.

Selon la Constitution, en cas de démission du binôme Evo Morales et du vice-président Alvaro Garcia Linera, il revient à la présidente du Sénat, Adriana Salvatierra (MAS), d’assumer la présidence intérim mais cette dernière a également démissionné. La sénatrice de l’opposition, Jeanine Añez, deuxième vice-présidente du Sénat revendique à présent la présidence « suivant l’ordre de succession », selon elle.

« Le départ du président est abrupt et irresponsable. Il est parti sans garantir un quelconque type de stabilité et sans plan de succession. Cela donne l’impression qu’il a eu l’intention de créer le chaos », estime le sociologue et analyste politique Rafael Loayza, qui s’inquiète de ce dangereux vide de pouvoir. D’autant que Fernando Camacho, figure radicale de l’opposition à la tête du comité civique de Santa Cruz – une organisation hétéroclite marquée à droite et proche des milieux d’affaires – a proposé la formation d’une assemblée gouvernementale avec un haut-commandement militaire et policier.

« Personne ne sait ce qu’il peut se passer à présent. Nous vivons des heures cruciales », s’inquiète Rafael Loayza.

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