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Jours tranquilles à Paris

15 août 2020

Réflexions - Notre corps pense aussi

corps21

NEW SCIENTIST (LONDRES)

Les signaux électriques de notre corps – émis par nos organes et pas seulement notre cerveau – influencent notre perception du monde, nos décisions et même la conscience que nous avons de nous-même.

Certaines parties d’Ann Arbor [une ville du Michigan, aux États-Unis] rappellent The Truman Show avec leurs maisons de bois et leurs clôtures blanches. Site de l’université du Michigan, la ville respire la prospérité et la sécurité bourgeoises. Sarah Garfinkel a donc été stupéfaite, quand elle y faisait des recherches il y a dix ans, de constater que les jeunes soldats qui avaient combattu en Irak et en Afghanistan étaient terrifiés. “Ça me fendait le cœur”, confie-t-elle. Et cela a changé le cours de sa carrière.

Sarah Garfinkel étudiait alors les circuits cérébraux impliqués dans la peur persistante. En travaillant avec ces anciens combattants traumatisés, elle a découvert deux choses. Premièrement, un environnement sûr ne les aidait pas à avoir moins peur. Deuxièmement, leur peur était autant physique que mentale : leur cœur battait toujours à toute vitesse, ils avaient les pupilles dilatées, les mains moites. “J’ai eu le sentiment que ce que faisait leur corps avait un sens mais je ne faisais qu’observer leur cerveau”, raconte-t-elle. Elle s’est donc penchée sur le lien entre le corps et l’esprit.

Sarah Garfinkel, qui enseigne désormais à l’université du Sussex, au Royaume-Uni, a découvert que le corps a plus d’influence sur l’esprit qu’on pourrait le croire. “Nos pensées, nos sentiments et nos comportements sont en partie définis par les signaux internes qui viennent de notre corps”, explique-t-elle. Cela va toutefois plus loin et débouche, selon elle et ses collègues, sur une conclusion surprenante : le corps contribue à la perception qu’on a de soi-même et constitue un élément essentiel de la conscience. Cela présente des implications pratiques quand il s’agit d’évaluer des personnes qui ne manifestent que peu de signes de conscience. Et peut nous obliger à reconsidérer la limite entre la vie et la mort et nous donner de nouvelles informations sur l’évolution de la conscience.

On sait depuis longtemps que nos organes internes possèdent une vie propre. Ils génèrent une activité électrique qui est transmise au cerveau par les neurones. Les signaux émis par le battement de votre cœur, votre respiration, la pulsation lente et régulière de votre estomac et l’état de vos muscles se retrouvent dans l’activité électrique de votre cerveau, lequel régule ces fonctions. En d’autres termes, il existe une boucle neuronale dans laquelle les cellules nerveuses transmettent au cerveau les informations communiquées par les organes et les ordres du cerveau aux organes.

Au XXe siècle, les chercheurs en neurosciences ne tenaient en général pas compte du corps. Ils associaient la vie mentale exclusivement au cerveau. L’expérience de pensée du “cerveau dans une cuve” illustrait cette approche : on imagine qu’un cerveau est détaché du corps et placé dans une cuve [où il reçoit des stimulus envoyés par un ordinateur] – il continue à avoir normalement conscience de ce qui se passe.

“Le corps, un acteur essentiel de l’esprit”

Les choses ont commencé à changer au tournant de ce siècle, quand Antonio Damasio, chercheur en neurosciences de l’université de Californie du Sud, a lancé le domaine de l’embodiment ou “cognition incarnée”. “Je défends l’idée que le corps est un acteur essentiel dans tout ce qui a trait à l’esprit”, explique-t-il. Après avoir été minoritaire pendant des années, il a été rejoint par quelques chercheurs, parmi lesquels Sarah Garfinkel, dans sa quête de l’origine corporelle de notre perception de nous-mêmes.

Leur point de départ, c’est l’intéroception, une espèce de sixième sens de ce qui se passe dans notre corps. L’un des moyens de la mesurer, c’est par exemple de demander à quelqu’un de compter les battements de son cœur pendant un temps déterminé et de comparer le résultat avec celui d’un électrocardiogramme (ECG). Cette capacité varie beaucoup d’une personne à une autre. Celles qui perçoivent le battement de leur cœur avec le plus d’exactitude tendent à prendre de meilleures décisions intuitives et perçoivent mieux les émotions des autres [selon une étude parue en 2016 et une autre en 2017].

Que se passe-t-il exactement ? Pour le savoir, les chercheurs avaient besoin de mesurer l’intéroception dans le cerveau. Ils en ont trouvé le moyen avec le potentiel évoqué par les battements du cœur (HEP), c’est-à-dire la réaction du cerveau aux battements du cœur. Il existe beaucoup d’études sur la question car le HEP est relativement facile à mesurer : le rythme cardiaque n’étant pas complètement régulier, il est possible d’isoler le HEP du reste de l’activité du cerveau : il suffit de faire un ECG à un sujet tout en lui faisant passer un scanner cérébral. Le cerveau présente une activité dans le “réseau du mode par défaut”, ces zones qui sont actives même si le sujet ne fait rien consciemment.

En 2016, une équipe de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) dirigée par Hyeongdong Park a mesuré le HEP de personnes au cours d’une full-body illusion [une illusion impliquant le corps entier]. Chaque sujet, volontaire, était coiffé d’un casque de réalité virtuelle et regardait une simulation de lui-même se faisant caresser le dos pendant que celui-ci était vraiment caressé. Au bout d’un moment, le sujet déclarait se sentir physiquement proche de l’endroit où se trouvait son soi virtuel et non de l’endroit où il était vraiment assis. Plus le HEP était prononcé, plus l’illusion était forte.

C’était selon les chercheurs la première preuve neurophysiologique de l’existence d’un lien entre l’intéroception et la perception de soi qu’a le cerveau. “Le HEP reflète les changements dans la conscience corporelle de soi, par exemple les changements dans l’identification avec le corps virtuel et le déplacement vers le corps virtuel”, précise Olaf Blanke, qui dirige le laboratoire de neurosciences cognitives de l’EPFL.

Le libre arbitre, otage de nos états corporels ?

Les chercheurs de l’EPFL ont ensuite montré que notre soi corporel est tout sauf passif : il intervient dans toutes les décisions que nous prenons. L’équipe d’Olaf Blanke est partie des travaux du physiologiste américain Benjamin Libet, qui a en 1983 détecté un signal qui se déclenche dans le cerveau juste avant qu’une personne prenne conscience de son intention d’agir. Pour Libet, cela signifiait que le libre arbitre n’existe pas.

Les chercheurs de l’EPFL ont découvert que ce même signal est également lié à une action corporelle particulière : la respiration. Nous sommes plus susceptibles d’effectuer un acte volontaire quand nous expirons. C’est pour Olaf Blanke une indication claire que “les actes de libre arbitre sont les otages de toute une série d’états corporels intérieur”.

Ces expériences ont conduit Park et Blanke à poser que le cerveau se représente le soi corporel à partir des signaux envoyés par les organes comme des signaux envoyés par le monde extérieur. Cette représentation inclut l’auto-identification et l’autolocalisation, comme dans la full-body illusion. Ils pensent également que le caractère rythmique des signaux envoyés par les organes contribue à créer la continuité du soi dans le temps. “Les battements du cœur ont un caractère cyclique et prévisible, assure Olaf Blanke. Cet élément temporel pourrait jouer un grand rôle dans cette continuité du soi.”

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Dessin paru dans New Scientist, Londres. De Patrick George Dessin paru dans New Scientist, Londres. De Patrick George

Catherine Tallon-Baudry, chercheuse en neurosciences de l’École normale supérieure de Paris, a une autre conception de la contribution du corps à la conscience de soi. Le cerveau est constamment bombardé de signaux émanant de l’intérieur et de l’extérieur du corps et résultant de ses processus cognitifs. Les signaux sont traités par des circuits cérébraux différents.

Pour Catherine Tallon-Baudry, les signaux rythmiques émis par les organes imposent au cerveau un cadre de référence unifié, qui nous permet de percevoir toutes ces informations entrantes du point de vue d’un seul “je” subjectif. “Je pense que la conscience est une propriété que le cerveau génère une fois qu’il a intégré les informations émanant de tout l’organisme”, explique-t-elle. Et une série d’expériences étayent son point de vue.

La vision augmentée par les battements du cœur

En 2014, Catherine Tallon-Baudry et Hyeongdong Park, qui travaillait dans son labo avant de rejoindre celui de Blanke, se sont mis à étudier l’influence du HEP sur notre conscience des choses. Ils ont demandé à des personnes de fixer leur regard sur un point puis de dire si elles voyaient un léger cercle autour. Plus le sujet avait un HEP fort avant qu’on lui montre le cercle, plus il était susceptible de percevoir celui-ci. “Les battements du cœur se comportent comme un élément supplémentaire d’information visuelle”, analyse Catherine Tallon-Baudry. Ils apportent également la “mienneté” intrinsèque du vécu conscient. “Dans la réponse de la personne – ‘J’ai vu quelque chose’ –, il y a cet élément de ‘je’. Il ne faut pas négliger cette part de ‘je’ dans la perception.

Pour Olaf Blanke, cette étude est une magnifique démonstration du seuil de la conscience mais elle ne permet pas nécessairement de conclure que le soi est impliqué. Catherine Tallon-Baudry et son équipe ont donc mis au point une autre expérience pour étudier cette question. Cette fois, ils se sont concentrés sur la distinction entre “je” et “moi.” “’Je’, c’est l’aspect le plus basique du soi – celui qui vient avant la pensée, c’est l’entité unifiée qui pense, explique la chercheuse. Il est fondamentalement différent de la réflexion sur le ‘moi’, qui implique de surveiller différentes fonctions corporelles sans ce sentiment d’unité.”

Pour voir si le cerveau traite lui aussi ces deux concepts différemment, l’équipe a demandé à des personnes qui passaient un scanner cérébral de fixer un point et de laisser leur esprit vagabonder. De temps en temps, on leur demandait si elles pensaient au “moi” ou au “je”, qu’on les avait entraînées à reconnaître, à ce moment précis. Le HEP se produisait dans une région différente du cerveau selon la réponse : près de l’avant quand le sujet pensait au “moi”, plus en arrière quand il pensait au “je”. Ce qui montrait pour la première fois que le cerveau fait effectivement la différence entre ces deux concepts.

Quand le cerveau écoute le cœur

Dans des travaux non encore publiés, l’équipe de Catherine Tallon-Baudry a également montré que le corps contribue parfois à nos préférences personnelles, qui nous définissent à plus d’un égard aux yeux des autres. Des sujets volontaires ont regardé 200 affiches de films célèbres et noté ceux qu’ils avaient vus. Le lendemain, on leur a montré des paires d’affiches des films qu’ils avaient notés et demandé d’indiquer celui qu’ils avaient préférés pendant qu’on mesurait leur HEP.

Comme d’habitude dans ce genre d’expérience, les réponses n’étaient pas complètement cohérentes. Cependant, les personnes ayant le HEP le plus élevé au moment du choix ont donné des réponses qui étaient plus en phase avec la note qu’elles avaient donnée au début. Le choix du sujet était plus fidèle à lui-même quand son cerveau écoutait davantage son cœur.

Le soi corporel d’Olaf Blanke et la conscience corporelle de Catherine Tallon-Baudry ne sont peut-être pas si éloignés. Les deux chercheurs peuvent espérer trouver un modèle primordial du “soi incarné” qui concilie leurs conclusions. Mais où s’inscrivent les recherches de Sarah Garfinkel là-dedans ?

Celle-ci explore deux idées liées : les signaux corporels influent sur nos émotions et les émotions définissent notre perception du soi par la mémoire et l’apprentissage. Après avoir travaillé avec des personnes souffrant de troubles autistiques, elle a conclu que leur difficulté à communiquer avec les autres vient de ce que leur cerveau est dépassé par les informations viscérales associées à leurs émotions et à celles des autres. Prenant pour piste une hyperactivité de l’axe corps-cerveau, elle planche maintenant sur ce qui hantait ces anciens combattants traumatisés : la peur.

Pour son étude la plus récente, Sarah Garfinkel a adapté un paradigme classique de la psychologie appelé “conditionnement à la peur”. Les sujets, volontaires, ont appris à associer des stimulus neutres à des conséquences négatives, puis la chercheuse a mesuré leur rythme cardiaque et la conductivité électrique de leur peau, qui augmente quand on a peur. Les sujets se sont montrés plus effrayés quand on leur présentait les stimulus pendant que leur cœur se contractait que pendant qu’il se détendait. La phase du rythme cardiaque affectait également la facilité avec laquelle ces réactions de peur étaient provoquées par la suite. “Ces signaux du cœur peuvent vraiment provoquer et annuler les réactions de peur conditionnée”, insiste-t-elle.

La conscience, “un concept fumeux”

Sarah Garfinkel n’aime pas parler de conscience parce qu’elle pense que c’est un concept fumeux – “La conscience agit à tellement de niveaux” –, mais elle pense vraiment travailler sur les mêmes énigmes que Blanke et Tallon-Baudry. Pour Damasio, ces trois approches sont conciliables si on envisage les choses du point de vue de l’évolution.

Il y a quatre milliards d’années, les premiers organismes primitifs surveillaient les changements survenant dans leur corps – l’équivalent de la faim, la soif, la douleur, etc. – et disposaient de mécanismes de retour de l’information pour maintenir l’équilibre. Notre système nerveux autonome, qui contrôle les fonctions automatiques de l’organisme, par exemple les battements du cœur et la digestion, sans que nous en ayons conscience ou presque, est un vestige de ces mécanismes primitifs.

Puis, il y a environ cinq cents millions d’années, le système nerveux central, avec un cerveau, est apparu. “La nature l’a ajouté après coup”, remarque Antonio Damasio. Il est cependant devenu une “ancre” alors que l’esprit était plus distribué auparavant. Les changements survenant dans l’organisme étaient projetés sur le cerveau et vécus comme des émotions ou des pulsions – l’émotion de la peur, par exemple, ou la pulsion de manger. La subjectivité est arrivée encore plus tard, poursuit Damasio, avec l’apparition du système musculo-squelettique, qui devait être le cadre physique du système nerveux central et fournir ainsi un cadre de référence stable : le “je” unifié du vécu conscient.

Si Antonio Damasio réfléchit à une synthèse, les autres chercheurs songent aux applications de leurs travaux. Sarah Garfinkel compte tester son idée d’hyperactivité de l’axe corps-cerveau sur des personnes traumatisées. Ses résultats accréditent déjà l’hypothèse qu’on puisse traiter le syndrome de stress post-traumatique avec des substances agissant sur le système cardiovasculaire. Des médicaments de ce type sont d’ailleurs en cours d’essais cliniques.

Blanke et Park ont déposé un brevet relatif à la prévision du comportement par le rythme respiratoire. Cela pourrait entre autres permettre de rendre les interfaces cerveau-ordinateur plus sensibles aux choix des personnes en situation de handicap.

Faut-il revoir notre conception de la mort ?

Catherine Tallon-Baudry travaille avec le neurologue Steven Laureys à l’université de Liège, en Belgique, sur des personnes souffrant de troubles de la conscience, par exemple le coma. Ils ont formé une intelligence artificielle à reconnaître le lien entre le HEP et certains signes cliniques mesurables, à vérifier si le HEP peut à lui seul constituer un outil de diagnostic pour les patients présentant des signes cliniques ambigus – en particulier ceux qui se trouvent dans la zone grise appelée état de conscience minimale.

Ces découvertes présentent également des implications philosophiques. Si la conscience est “incarnée” [intrinsèquement liée au corps], notre conception de la mort, actuellement définie par l’Organisation mondiale de la santé comme la perte irrémédiable des fonctions cérébrales (mais pas corporelles), s’en trouvera peut-être affectée. Ces recherches ont également des conséquences pour la conscience des autres animaux et le traitement que nous leur réservons. Et si la conscience est incarnée, cela signifie qu’une machine ou un robot ne sera jamais vraiment consciente puisqu’elle ne peut pas intégrer de signaux émis par son corps. “Quand on commence à passer en revue les implications du soi incarné, déclare Catherine Tallon-Baudry, elles sont vraiment très profondes.”

Laura Spinney

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15 août 2020

Pauline Moulettes

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15 août 2020

Opinion - Quatorzaines réciproques : Londres et Paris ont perdu la tête

quatorzaines

THE DAILY TELEGRAPH (LONDRES)

Confronté à la hausse du nombre de cas de Covid-19 recensés dans l’Hexagone, le gouvernement britannique a décidé d’imposer l’isolement aux voyageurs arrivant sur son territoire, dès le samedi 15 août. En réaction, la France a annoncé son intention d’en faire de même. Une folie, estime ce journaliste.

Entre Paris et Londres en matière de bêtise, il n’y en a pas un pour rattraper l’autre : le bon sens est visiblement passé par-dessus bord.

Le nombre de cas de Covid-19 au Royaume-Uni s’élevait ce jeudi à 18,5 pour 100 000 en moyenne, sur les quatorze derniers jours, à supposer que ces chiffres soient corrects, ce qui n’est notoirement pas le cas. Nous ne sommes sans doute pas loin en réalité du taux de 32,1 enregistré en France.

Et pour cette différence aussi mince que douteuse, le gouvernement britannique vient [jeudi 13 août] de plonger dans le chaos quelque 500 000 de ses ressortissants actuellement sur le territoire français, qui ne pourront pas rentrer à temps pour éviter une quarantaine, faute de trains, de ferrys et ou de vols suffisants pour acheminer tout ce beau monde. Il leur faudra donc s’isoler à leur retour au pays [à partir du samedi 15 août au matin], et certains ne pourront pas reprendre le travail – une fois de plus.

Londres ne connaît pas la demi-mesure

La sentence est tombée alors que la pleine saison touristique en France n’a plus que deux ou trois semaines devant elle. La mesure ne fait aucun distinguo d’une région à l’autre, comme si les voyageurs étaient trop bêtes pour faire la différence entre la grouillante Marseille et le sauvage Périgord.

Cet exemple drastique de tolérance zéro nous vient d’un gouvernement qui a autorisé ses voyageurs à se déverser dans Milan, Madrid, Paris et d’autres vrais bouillons de culture pour le Covid, et ce sans aucun contrôle. Alors même que la tempête épidémique faisait rage, début mars, la politique officielle consistant alors à laisser libre cours à la circulation du virus.

La décision prise hier soir d’imposer une quarantaine aurait eu une certaine légitimité si les autorités françaises faisaient preuve de légèreté – or elles se montrent bien plus strictes que leurs homologues britanniques. Le premier ministre Jean Castex vient de lancer une vraie croisade contre le virus en permettant aux autorités locales de rendre obligatoire le port du masque en extérieur, décision, il faut le noter, plutôt mal accueillie. Les Français n’oublieront pas de sitôt qu’il y a cinq mois encore leur gouvernement leur assurait que le masque était inutile, y compris dans les espaces clos.

Une réciprocité symbolique est sans justification scientifique

La réaction française à cette perfidie toute britannique n’est toutefois guère plus reluisante. Depuis le début de la pandémie, Emmanuel Macron rend coup pour coup. À l’heure où j’écris ces lignes, les médias français indiquent qu’il s’apprête à rendre la monnaie de leur pièce aux Britanniques.

Et voilà résumé en deux mots le Grand Homme d’État qui tente de se faire passer pour un rationaliste cartésien et un suprême défenseur du respect des lois et des règles. Sur la scène internationale, le président français se présente comme un rempart contre le populisme, bien qu’il ait lui-même remporté le premier tour de la présidentielle de 2017 avec un opportunisme particulièrement cynique en endossant le rôle du rebelle. En réalité, il recourt lui aussi à des gestes de politicien purement symboliques et sans justification scientifique.

Les premières victimes de cette mesquinerie macronienne sont les 300 000 ressortissants français installés au Royaume-Uni et qui ne peuvent rentrer chez eux qu’au prix de pénibles démarches, ainsi que les nombreux touristes français venus profiter de la faiblesse de la livre ou rafraîchir un peu leur connaissance de la langue de Shakespeare.

Les gouvernements se mettent des bâtons dans les roues mutuellement

Oui, le virus reste dangereux, et nous ignorons toujours la gravité de ses effets à long terme chez les patients rétablis. Une récente étude de la British Society of Immunology met en garde contre un niveau de stress persistant pendant plusieurs mois ainsi que des dégâts irréversibles au niveau des poumons, du cœur ou d’autres organes.

Mais le calcul des risques globaux a changé. Les restrictions de voyage imposées comme par réflexe par des pays européens affichant un taux de contamination comparable défient à présent les règles de la proportionnalité. Le gouvernement ne peut pas légitimement continuer d’affaiblir ainsi des pans entiers de l’économie tout en réduisant les aides d’urgence.

Au total, la France a perdu l’équivalent de 20 % de son PIB, et le Royaume-Uni 22 %. Ces deux pays sont des foyers de contamination. Et nos gouvernements sont en train de retarder un peu plus le redémarrage économique et se mettent mutuellement des bâtons dans les roues en instaurant des mesures si peu légitimes qu’elles ne manqueront pas d’affaiblir le consensus social autour de toute stratégie de lutte contre le virus.

Sérieusement, messieurs, ça suffit !*

*En français dans le texte

Ambrose Evans-Pritchard

15 août 2020

Extrait d'un shooting

shoot50

15 août 2020

Analyse - En Biélorussie, trois fins possibles pour Loukachenko

bielorussie22

SOBESSEDNIK (MOSCOU)

Le politologue russe Dmitri Orechkine esquisse quelques scénarios possibles concernant le destin de Loukachenko : régner jusqu’à la mort, boire “un thé très amer” ou transférer le pouvoir à la Russie.

Pendant qu’en Biélorussie les manifestations se poursuivent contre la réélection d’Alexandre Loukachenko pour un nouveau mandat présidentiel, la question de la scène finale du règne du “Batka” [père] se pose. Le politologue Dmitri Orechkine émet des hypothèses à ce sujet.

La situation de Loukachenko n’est pas enviable : hors de question de démissionner, ou un triste sort l’attend. Il est donc condamné à s’accrocher au pouvoir jusqu’à la fin de ses jours. Reste à savoir s’il parviendra à le garder. Cela sera possible tant qu’il aura suffisamment de ressources pour acheter la loyauté des forces de sécurité et des fonctionnaires. Or il a de moins en moins d’argent pour cela, et ça n’ira pas en s’arrangeant parce que la Biélorussie accuse un retard de développement par rapport aux pays voisins.

Comme un Salazar ou un Franco

Je pense qu’il conservera le pouvoir jusqu’à sa mort, ce sera un Trujillo moderne (qui a dirigé la République dominicaine pendant plus de quarante ans) ou un Salazar, au Portugal, ou encore un Franco. Il ne faut pas prendre ses désirs pour des réalités : beaucoup de ceux qui nourrissent des aspirations démocratiques pensent que ce régime est condamné et que sa chute est imminente. Mais c’est peu probable. Lorsque tu contrôles les forces de sécurité et que tu n’as pas peur d’en faire usage, tu peux garder la main sur un territoire tant que tu continues à payer ces forces.

Quant à la destinée posthume de Loukachenko, tout dépendra des interprètes de son histoire. En Espagne, le débat n’est toujours pas tranché de savoir si Franco était bon ou mauvais.

En vérité, la pire menace pour Loukachenko, c’est le Kremlin, qui pourrait décider de l’écarter du pouvoir pour montrer aux Russes que sa zone de contrôle s’élargit. Plus Loukachenko sera faible, plus il sera à la merci de ses prédateurs. Aussi, il a des ressources suffisantes pour défendre sa place à l’intérieur du pays, mais c’est à l’extérieur que la menace est vraiment réelle. Disons que s’il ne parvenait pas à garder son fauteuil jusqu’à la fin de ses jours, cela serait lié à son voisin de l’Est.

Quant au déroulement de la chose… Si ça tourne vraiment mal avec les manifestations, la Russie fraternelle pourrait venir “l’aider” en envoyant son armée, comme c’est arrivé dans les pays Baltes. Mais c’est la dernière chose à laquelle Loukachenko se résoudrait. Ensuite, il y a toujours la possibilité qu’il saisisse la mauvaise poignée de porte. Ou qu’il boive une “tasse de thé trop amère”, on ne peut écarter ce type de développement.

Il saura probablement stabiliser la situation dans le pays, mais suivant une courbe descendante : les conditions de vie se dégraderont, les gens partiront, l’économie s’effondrera, tandis que Loukachenko sera toujours aux manettes. Regardez le Venezuela ou le Zimbabwe.

Non, le plus difficile à prévoir, c’est ce que va bien pouvoir inventer son voisin de l’Est. Car plus Loukachenko sera affaibli, plus la tentation sera grande de s’en débarrasser pour entériner enfin le projet d’État unifié*, rapprocher les deux pays frères dans une solide étreinte.

*Le traité sur la création de l’Union russo-biélorusse a été signé en 1999 par les deux pays. Il vise à l’intégration d’abord économique puis politique des deux États. Mais il a pour l’instant surtout servi à soutenir l’économie biélorusse.

Propos recueillis par…Rimma Akhmirova

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15 août 2020

Marisa Papen

marisa648

marisa649

15 août 2020

Dépit - Sainte-Sophie reconvertie en mosquée : lettre d’un Palestinien chrétien à Mahmoud Abbas

AL-THAER (BEYROUTH-DEKOUANÉ)

La transformation de Sainte-Sophie en mosquée a été fêtée à travers le monde arabe. Le message de félicitations que le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a envoyé à son homologue turc Erdogan a poussé un chrétien de Nazareth à lui écrire une lettre cinglante.

Cher Mahmoud Abbas,

Je salue votre geste qui traduit la noblesse de votre attitude envers les Palestiniens chrétiens. Vous savez qu’ils portent la croix de leur attachement national et supportent le fardeau du lien viscéral qui les unit à leur terre.

Ils le font contre vents et marées, malgré tout ce qu’ils subissent de la part de l’occupant israélien, mais aussi des islamistes fanatiques en Palestine et partout au Moyen-Orient.

Je vous remercie au nom de nos militants historiques, de nos évêques, nos intellectuels, nos romanciers, nos universitaires, nos artistes…

Je vous remercie au nom de tous ceux qui ont fait en sorte que la cause palestinienne reste présente dans la conscience mondiale, au moment même où vous serriez la main de vos propres assassins.

sainte sophie666

Transformez nos églises en mosquées

Je vous remercie au nom des chrétiens de Bethléem, de Jérusalem, de Beit Jala, de Beit Sahour [localités chrétiennes en Palestine]. Je vous remercie pour votre sagesse politique, qui permet à chacun de trouver sa place. Par conséquent, je vous confie l’église de la Résurrection à Jérusalem et l’église de la Nativité à Bethléem.

Je vous confie toutes les églises [de Gaza et de la Cisjordanie] parce que je sais que vous êtes digne de confiance et que vous en prendrez bonne garde. Avec la même délicatesse dont vous faites preuve à l’égard de vos compatriotes chrétiens.

Mû par notre traditionnelle tolérance, je vous invite à prendre toutes ces églises pour les transformer en mosquées si tel est votre souhait. Si cela donne aux Palestiniens un pays digne de ce nom.

Si cela résout tous les problèmes économiques, sociaux et psychologiques de nos concitoyens. Si cela en fait des gens tolérants, éduqués, pacifiques, insensibles aux vendettas d’honneur.

Deux poids, deux mesures

Faites selon votre bon vouloir si cela doit vous permettre de vous rapprocher d’Erdogan, le calife des rétrogrades qui corrompt l’histoire et l’héritage des Arabes et des musulmans.

Les chrétiens n’ont pas besoin de fétiches en pierre pour trouver la paix de l’âme. Faites selon votre bon vouloir avec les églises du berceau même de la chrétienté, à Bethléem et à Jérusalem.

En revanche, jamais je ne vous confierai les églises de Nazareth, de Jaffa et de Haïfa. Car, à mon grand regret, je dois faire abstraction de mon patriotisme de Palestinien pour dire que c’est une chance que ces églises-là échappent à votre pouvoir [elles se situent en effet sur le territoire israélien, et non pas dans les Territoires palestiniens gérés par l’Autorité palestinienne].

Par ailleurs, ne faites plus semblant d’être mû par de grands principes quand vous vous dites inquiet qu’on [les Israéliens] essaie de transformer en temple [juif] la mosquée Al-Aqsa [à Jérusalem].

Car tout le monde va constater que vous appliquez le “deux poids deux mesures” quand vous applaudissez à une transformation par-ci, mais en dénoncez une autre par-là. Car les grands principes, cher ami, ne sont pas à la carte.

En vous priant d’agréer l’expression de ma profonde déception et de croire en ma totale défiance pour ce qui est du projet que vous avez pour la Palestine.

Signature : Fils d’un pays qui n’existe pas

15 août 2020

NAKID

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15 août 2020

A Paris, l’obligation de port du masque étendue et les rassemblements de plus de dix personnes restreints

La Préfecture de police a décidé de renforcer les mesures sanitaires dans la capitale, qui a été décrétée « zone de circulation active » du nouveau coronavirus.

Le port obligatoire du masque à Paris sera étendu à partir de samedi matin à de nombreuses zones, dont une partie des Champs-Elysées, le quartier du Louvre et celui des Batignolles, a annoncé, vendredi 14 août, le préfet de police de Paris.

« Si la situation épidémiologique devait à nouveau se dégrader, le port du masque pourrait devenir obligatoire sur l’ensemble de la capitale », a précisé la préfecture. Les rassemblements et manifestations de plus de dix personnes qui ne garantiront pas le respect des mesures barrières seront par ailleurs interdits. Là où le masque n’est pas obligatoire, il est recommandé de le porter lorsqu’il y a beaucoup de monde.

Carte de Paris représentant les quartiers et zones concernés par l’obligation de porter un masque dans l’espace public, diffusée par la Préfecture de police, vendredi 14 août. | Préfecture de police de Paris

Les contrôles pour s’assurer du respect des gestes barrières vont être renforcés dans les bars, restaurants et sur les terrasses. En cas de non-respect de ces règles, les établissements pourraient être fermés administrativement. Les contrôles du port du masque dans les transports en communs vont également s’intensifier. « Chaque jour, environ 600 personnes sont testées positives au Covid-19 dans la région dont 260 à Paris. Le taux de positivité s’établit aujourd’hui à 4,14 % à Paris, à 3,6 % en Ile-de-France contre 2,4 % en moyenne nationale », selon la préfecture.

Paris, zone de circulation active du Covid-19

Vendredi matin, face à la progression inquiétante du nombre de contaminations à Paris, la ville a été classée en en zone de circulation active du virus, tout comme le département des Bouches-du-Rhône. Ce classement permet aux préfets concernés d’interdire la circulation des personnes et des véhicules, ainsi que l’accès aux moyens de transport collectifs dans certains secteurs, précise la loi du 9 juillet organisant la sortie de l’état d’urgence sanitaire.

Avec 2 846 nouvelles contaminations en l’espace de vingt-quatre heures, la progression du coronavirus en France est au plus haut depuis la fin du confinement, montrent les bilans publiés vendredi 14 août par la direction générale de la santé (DGS). Le nombre de patients hospitalisés continue cependant de baisser.

Au total, plus de 212 211 contaminations ont été recensées en France depuis le début de l’épidémie et 30 406 personnes sont décédées du Covid-19, soit 19 de plus que jeudi, selon la DGS. La veille, 2 669 nouveaux cas avaient été recensés, ce qui en faisait déjà le chiffre le plus haut depuis le 11 mai. Il fallait alors remonter au 27 avril, période où les tests étaient certes moins répandus, pour trouver trace d’une plus grande augmentation des cas en une journée.

La Guadeloupe approche du seuil d’alerte

« Pour la semaine du 8 au 14 août, 156 cas nouveaux de coronavirus ont été enregistrés en Guadeloupe », ont indiqué vendredi, les autorités sanitaire et préfectorale de l’île, alors que s’annonce le week-end du 15 août, souvent festif. Avec ces 156 nouveaux cas en une semaine, la Guadeloupe, est « très proche du seuil d’alerte », qui s’établit à 50 cas pour 100 000 habitants.

« La Guadeloupe est passée au-dessus du seuil de vigilance avec un taux de 41,39/100 000 habitants », précise le communiqué qui indique que « le nombre important de cas cette semaine a été mis à jour grâce aux campagnes itinérantes de dépistage ». Deux nouveaux petits clusters, de 6 et 8 cas ont été identifiés, et, selon les autorités, « les jeunes adultes de 20 à 30 ans composent la classe d’âge la plus touchée ».

L’Agence régionale de santé (ARS) donne également le taux de positivité (qui mesure le nombre de cas sur le nombre de tests réalisés en une semaine). « En Guadeloupe, le taux sur la semaine écoulée est de 4,88 %, très proche du seuil de vigilance », fixé à 5 %, explique l’ARS. Quant au facteur de reproduction (R), il est de 2,09, et les autorités visent à le faire redescendre sous la barre du 1.

Plusieurs communes ont imposé le port du masque en milieu extérieur ouvert, notamment Terre-de-Haut, aux Saintes, zone très touristique et qui attire beaucoup de monde le 15 août pour la fête patronale. Au total, 446 cas cumulés ont été identifiés en Guadeloupe depuis le début de la crise, et actuellement, deux personnes sont en réanimation.

15 août 2020

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