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Jours tranquilles à Paris

24 juillet 2020

Le semestre fou du Livret A…

Par Aurélie Blondel

Sur les six premiers mois de l’année, les sommes épargnées sur le Livret A ont gonflé de plus de 20 milliards d’euros, quasiment autant que sur la même période de 2009.

Pour le Livret A, 2020 avait commencé avec une annonce qui n’avait rien d’emballant pour les épargnants, celle de l’abaissement à 0,50 % de son taux de rémunération (net d’impôt et de prélèvements sociaux) au 1er février. Le plus bas niveau de son histoire. Maintenir le taux à 0,75 % serait « irresponsable et incohérent », avait déclaré Bruno Le Maire, le ministre de l’économie et des finances, le 15 janvier.

Pas de quoi toutefois entraver son pouvoir de séduction… Six mois plus tard, et la crise du Covid-19 et le confinement passés par là, les chiffres parlent d’eux-mêmes : sur le premier semestre de l’année, le Livret A a collecté 20,41 milliards d’euros. Soit quasiment autant d’argent que durant les années 2018 et 2019 réunies (22,72 milliards au total).

Avec plus de 20 milliards collectés en six mois, 2020 s’annonce exceptionnelle pour le Livret A. | LE MONDE / CAISSE DES DEPOTS ET CONSIGNATIONS

Il signe ainsi son meilleur premier semestre depuis 2009. Cette année-là, 21,4 milliards d’euros avaient été collectés de janvier à juin.

Pour ce livret d’épargne réglementé, le déconfinement n’a donc pour l’heure toujours pas changé la donne : des sommes très importantes continuent à être versées chaque mois par les ménages. En juin, la collecte nette (les dépôts, moins les retraits du mois) s’est ainsi élevée à presque 3 milliards d’euros (2,96 milliards), selon les chiffres dévoilés le 21 juillet par la Caisse des dépôts et consignations.

C’est certes moins qu’en avril et mai, mois durant lesquels le Livret A avait engrangé respectivement 5,5 milliards d’euros et 4 milliards, mais c’est le meilleur mois de juin de son histoire, selon la Caisse des dépôts et consignations.

Sur l’ensemble du premier semestre, le Livret A collecte 76 % d’épargne de plus que durant le premier semestre de l’année 2019, portant l’encours total (montant total des sommes placées) à 319 milliards d’euros.

Crises et aversion au risque

Si l’on prend en compte à la fois la collecte du Livret A et celle de son petit frère le Livret de développement durable et solidaire (LDDS), deux produits obéissant à des règles très proches et rémunérés au même taux, on atteint une collecte nette mensuelle pour juin de 3,69 milliards d’euros. Sur le premier semestre de l’année, elle s’établit à 26,13 milliards, avec un encours total à 437,10 milliards.

Ces chiffres donnent le vertige mais ne surprennent pas, dans ce contexte sanitaire et économique incertain – Livret A et LDDS constituant des placements dits « de précaution », sans risque de perte de capital et pour lesquels l’argent est disponible à tout moment.

« Les Français ne consomment toujours pas, d’autant plus en juin, alors que de nombreux lieux n’étaient pas encore ouverts. Et ils craignent toujours pour l’avenir », souligne Philippe Crevel, fondateur du Cercle de l’épargne.

« Il est par ailleurs peu probable que l’on revienne dans les mois à venir aux niveaux d’encours d’avant-crise », estime-t-il. Au final, « le taux d’épargne des ménages en France, qui était de 15 % de leur revenu brut disponible en 2019, pourrait atteindre 20 % pour 2020 », ajoute-t-il.

Un retour à la situation d’avant-crise que n’anticipe pas non plus Mickaël Mangot, économiste spécialiste de finance comportementale et auteur du podcast « Homo Econovirus ».

« Les études portant sur des catastrophes économiques, financières et naturelles montrent que celles-ci augmentent notre aversion au risque de manière durable, souligne-t-il. Surtout si on a été frappé soi-même, et surtout si on a été frappé jeune. »

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23 juillet 2020

Laetitia Casta

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23 juillet 2020

Sainte-Anne-d'Auray - Le Grand Pardon se prépare dans la prudence

Le sanctuaire accueillera, les 25 et 26 juillet, le grand pardon, sous une forme différente des précédentes, mais qui permettra tout de même aux pèlerins de prier Sainte-Anne.

Le pardon du 26 juillet, au cœur de l’été se prépare dans la prudence. Dans ce sanctuaire de la transmission de la foi et d’une culture bretonne, les événements récents résonnent comme un enseignement, pense la communauté catholique, qui rappelle que la crise mondiale du Covid-19 rejoint le cri d’alarme du pape François sur la santé de la planète dans l’encyclique « Laudato Si ». Encyclique devenue, depuis juin, un programme de conversion écologique et spirituelle pour l’année 2020-202.

Célébrations accessibles par réservation

Monseigneur Emmanuel Delmas, évêque d’Angers, qui a lui-même été hospitalisé pour Covid-19, se déplacera jusqu’à Sainte-Anne, accompagné durant les deux jours du Grand Pardon par plusieurs évêques, abbés et prédicateurs, venus des cinq départements et diocèses bretons. De Nantes, et plus particulièrement de sa cathédrale sinistrée, le chanoine Serge Leray aidera les fidèles à prier dans la vigilance et la prudence. Prudence, tel est le mot d’ordre d’un Grand Pardon, rappelle le diocèse. Aux gestes barrières, à la distanciation, au port obligatoire du masque, aux célébrations uniquement accessibles par réservation, s’ajoute pour garantir le bien-être et la sécurité des pèlerins, la mobilisation de 30 gendarmes, de cinquante bénévoles et des salariés du sanctuaire.

Aménagement adapté

Un aménagement adapté a été installé sur le parvis de la basilique et un parcours pour accéder à Sainte-Anne dans le chœur de la basilique défini. La chanteuse et harpiste Anne Auffret sera à Sainte-Anne d’Auray pour le Grand Pardon. Les musiciens de l’Académie de Musique et d’Arts sacrés répètent pour rehausser les célébrations. Sonneurs, organistes, talabardiers feront retentir la note bretonne tandis qu’Anne Auffret, chantera et jouera de la harpe le 26 juillet à 11 heures et lors de la messe en langue bretonne du 25 juillet à 18 heures.

23 juillet 2020

Dans la campagne...

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23 juillet 2020

Trump envoie à Chicago la police fédérale, déjà très critiquée, en renfort

A Portland, en Oregon, où ces agents fédéraux interviennent depuis plusieurs jours, la tension n’est pas retombée. Ces hommes en tenue paramilitaire sont accusés d’arrestations sans preuves.

Face aux critiques et aux actions en justice, Donald Trump poursuit son chemin. Le président américain a annoncé, mercredi 22 juillet, renforcer les effectifs des agents fédéraux à Chicago (Illinois), après une résurgence de la violence dans la troisième ville des Etats-Unis et malgré l’opposition de la maire démocrate de la métropole.

« J’annonce une forte hausse des forces de l’ordre fédérales auprès des populations affectées par la criminalité violente », a dit Donald Trump depuis la Maison Blanche. Le ministère américain de la justice va « immédiatement augmenter le nombre d’agents de la police fédérale dans la ville de Chicago », a-t-il ajouté.

Présent aux côtés du président, William Barr, le ministre de la justice (attorney general), a précisé que l’opération concernerait Chicago, Kansas City (Missouri) et Albuquerque (Nouveau Mexique). Environ 200 agents seront envoyés à Chicago, trente à Albuquerque, et 200 se trouvent déjà à Kansas City, a-t-il dit. Selon M. Barr, ils travailleront « main dans la main » avec la police et ils ne doivent pas être confondus avec les agents fédéraux impliqués dans la réponse antiémeutes.

« Déploiement unilatéral »

Le président avait menacé lundi d’envoyer des agents fédéraux à New York et à Chicago comme dans d’autres bastions démocrates, pour protéger les bâtiments fédéraux et, plus globalement, « rétablir l’ordre ».

Une quinzaine de personnes ont encore été blessées, mardi, dans une fusillade lors de funérailles à Chicago, selon la police.

Les maires démocrates de Portland (Oregon), Seattle (Etat de Washington), Chicago, Atlanta (Géorgie), Kansas City et la capitale fédérale Washington ont envoyé une lettre au ministre de la justice pour s’opposer à ce « déploiement unilatéral » de forces fédérales. « En aucun cas, je ne laisserai les soldats de Donald Trump venir à Chicago et terroriser nos habitants », a tweeté la maire de la ville, Lori Lightfoot.

Mercredi, M. Trump a dit vouloir « rendre la police plus forte, pas plus faible », et estimé que davantage de policiers devraient être embauchés, pas voir leur budget réduit. Il faisait allusion aux appels à « couper les fonds à la police » qui ont émergé avec les manifestations antiracistes ayant suivi la mort de l’Afro-Américain George Floyd à la fin mai à Minneapolis (Minnesota).

A Portland, la tension n’est pas retombée

A Portland, malgré la présence d’éléménts de la police fédérale, les manifestations, quotidiennes, n’ont pas cessé et la tension n’est pas retombée. La colère de la rue était pourtant en voie d’apaisement début juillet dans la plus grande ville de l’Oregon, où, comme dans de nombreuses autres aux Etats-Unis, un mouvement de protestation contre le racisme et les violences policières avait été déclenché par la mort de George Floyd lors de son interpellation par un policier blanc.

Tout a changé quand les policiers fédéraux – surnommés les « soldats de Trump » par Kate Brown, la gouverneure démocrate de l’Oregon – sont arrivés. Cet Etat poursuit les autorités fédérales devant la justice afin de demander à ces forces de police de ne plus arrêter et détenir des manifestants sans raison, de s’identifier clairement avant de procéder à une arrestation et d’en expliquer les raisons. Pour l’avocat de l’Etat, ces pratiques observées à Portland sont « anticonstitutionnelles », ce que les autorités fédérales rejettent.

Dans de nombreuses vidéos publiées sur les réseaux sociaux, on voit ces agents, en tenue paramilitaire et sans badge visible d’identification, utiliser des véhicules banalisés pour interpeller des manifestants. Dans une autre vidéo qui a choqué, une femme complètement nue et pacifique est la cible de gaz lacrymogène.

Ces actions musclées ont de nouveau attisé les braises de l’ire populaire. Des milliers de manifestants se rassemblent chaque soir à Portland et les échauffourées éclatent systématiquement avec les agents fédéraux. Ces hommes, déployés par le ministère de la sécurité intérieure – un organe qui avait été créé à la suite des attentats du 11 septembre 2001 –, ont recours à du gaz lacrymogène, à des balles en caoutchouc ou à des grenades assourdissantes pour disperser la foule.

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23 juillet 2020

Erdeven Equitation

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23 juillet 2020

Vu d'Allemagne - Quitter Paris, une tendance de fond

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SÜDDEUTSCHE ZEITUNG (MUNICH)

On le croyait passager, mais l’exode urbain se poursuit. Depuis la fin du confinement, les Parisiens sont nombreux à vouloir concrétiser leurs projets de déménagement en région, relate la Süddeutsche Zeitung. Le prix de l’immobilier est un facteur déterminant.

Ce rendez-vous pourrait sans problème être une scène de carte postale. Pavés, tables de bistrot sur le trottoir, tasse de café et croissant, et le soleil qui brille. “J’adore Paris, déclare Thiên-Thanh Tran, mais je n’y viendrai plus qu’en touriste à l’avenir.” Après quinze années au cours desquelles cette jeune provinciale est devenue parisienne, elle prend congé de la carte postale.

Le coronavirus n’est pas directement responsable de cette décision mais il a transformé en certitude une idée qui lui trottait dans la tête : il faut que je parte. Après le confinement, l’agence Paris, je te quitte [dédiée à l’accompagnement des Parisiens souhaitant s’installer en région] a publié un sondage sur les projets de déménagement. Si 38 % des personnes interrogées voulaient partir “le plus vite possible” en février, elles étaient 54 % en mai. Une agence dont le fonds de commerce consiste à vendre le rêve d’une vie hors de la capitale n’est certes pas la source la plus neutre, mais rien que le succès rencontré par Paris, je te quitte depuis trois ans – et le fait qu’il existe au moins deux autres agences misant sur le ras-le-bol de la capitale –, montre le peu d’attrait qu’offre cette ville dès lors qu’on y vit.

Un désir d’arbres, d’une maison, de calme

Alors qu’un retour à la normale s’amorce pour la plupart des Français après la première vague de Covid-19, une question demeure : que reste-t-il des idées nées pendant le confinement ? Que va devenir le désir collectif d’arbres, d’une maison, de calme ? Au fur et à mesure que le virus se répandait, on avait l’impression que le dégoût de la grande métropole gagnait le monde entier. “New York en vaut-elle encore la peine ?” demandait le New York Times en rapportant abondamment l’exode urbain précipité des Américains.

Près d’un quart des habitants de Paris ont passé ces deux mois de pause forcée à la campagne, à en croire les informations communiquées par les téléphones mobiles – dans leur résidence secondaire ou sur le canapé-lit des parents, selon leurs moyens financiers. Les petites annonces immobilières des journaux ont indiqué une explosion de la demande de maisons avec jardin hors de Paris. Le coronavirus a accéléré un phénomène qui était en cours depuis des années : les Français n’aiment plus la ville de l’amour.

Le New York Times faisait également intervenir des hordes de personnes qui s’indignaient qu’on puisse vouloir quitter la ville. Le New-Yorkais reste à New York, puisque New York a besoin de lui, telle était la logique. Cela ne semble pas s’appliquer à Paris. Quand Thiên-Than Tran a annoncé à ses connaissances qu’elle s’installait à Lyon, tout le monde s’est simplement déclaré content pour elle. Une biographie française standard comporte en effet ces deux étapes : on s’installe à Paris pour le travail à un moment, puis on finit par en repartir, pour cause d’épuisement.

Thiên-Tanh avait 20 ans lorsqu’elle a quitté Orléans pour venir à Paris travailler comme dessinatrice de films d’animation. Elle a maintenant la mi-trentaine et sa fille aura bientôt 3 ans. “Tout ce qui me plaisait à Paris, je ne le supporte plus” : les expositions, les restaurants, les cinémas. Pendant le confinement, ces huit semaines où on n’avait pas le droit de s’éloigner de plus d’un kilomètre de son domicile, Thiên-Tanh a eu l’impression de n’avoir que du béton à offrir à sa fille.

À la naissance du premier enfant, on a envie de moins de saleté et de plus de place, les habitants des grandes villes du monde entier le savent. Cependant, Paris perd ses familles dans de telles proportions que la ville s’en retrouve changée plus que de raison. Le nombre d’élèves du primaire baisse de 3 000 par an depuis 2015. Sur plus de 600 maternelles et écoles primaires parisiennes, douze ont dû fermer rien qu’entre 2014 et 2018. D’une part parce que la crise financière de 2008 a découragé les Français à avoir beaucoup d’enfants, d’autre part à cause du coût de l’immobilier qui ne cesse d’augmenter. Il y a dix ans, on pouvait encore acheter un appartement pour 6 000 euros le mètre carré, en 2019, il fallait compter plus de 10 000 euros en moyenne.

Qu’est-ce que Thiên-Tanh a appris pendant ses années à Paris ? “Faire des économies. Et avoir l’air très occupée pour que personne ne vous adresse la parole”, confie-t-elle. Sa nouvelle vie, à Lyon, doit commencer dans deux semaines. Son mari travaille en libéral pour des sociétés du monde entier, peu importe où il est installé. entre-temps elle a fait des études de droit et va chercher un nouvel emploi à Lyon. Ils auront bientôt une grande terrasse, un appartement plus grand et des trottoirs suffisamment larges pour qu’on puisse y apprendre à un enfant à faire du vélo.

Thiên-Tanh parle de l’avenir avec un optimisme qui correspond tout à fait aux annonces des agences ayant pour credo “Au revoir, Paris”. Les photos qui incitent à aller vivre à Bordeaux, au bord de la Méditerranée ou dans les Alpes, ressemblent à des photos de vacances. Certes la plupart de ceux qui veulent quitter Paris souhaitent s’installer plus près de leur famille ou de vieux amis, mais le soleil et la mer sont tout aussi importants. Il y a tellement de Parisiens aisés qui se sont installés à Bordeaux, à une heure de l’Atlantique seulement, qu’on voit des graffitis “Parisien rentre chez toi” sur les murs de la ville.

Si on voit les choses de façon positive, le virus pousse les gens à oser réaliser leur rêve. Il donne l’élan nécessaire à ceux qui veulent depuis longtemps s’installer à la campagne ou dans une ville plus petite. Dans le même temps, il creuse aussi l’éloignement des Parisiens les uns des autres. La richesse et la pauvreté augmentent dans la ville. Quand on n’est ni très très riche ni très très pauvre, on va chercher son bonheur en banlieue, ou plus loin.

Plus on l’écoute, plus Thiên-Tanh a l’air déchirée. Vivre à Paris aurait aussi permis à sa fille de fréquenter les meilleures écoles. Et puis, il y a une vieille peur qui revient quand on part pour une ville plus petite. “Quand j’étais enfant à Orléans, mes camarades de classe me lançaient des injures racistes, j’étais la seule dont les parents venaient du Vietnam”, confie-t-elle. Ça ne lui est jamais arrivé à Paris, “c’est une ville cosmopolite, je me suis vraiment épanouie ici”. Elle se demande comment ça va se passer pour sa fille.

“Plus un quartier est sympa, plus les loyers sont inabordables”

Le café où Thiên-Tanh a voulu qu’on se retrouve est sur la Butte-aux-Cailles, une colline dans le sud de Paris. Une rue qui ressemble à une place de village animée. Pas de frénésie, les gens saluent des connaissances dans la rue. “Plus un quartier est sympa, plus les loyers sont inabordables”, déplore-t-elle. Sa fille va à la maternelle qui est juste à côté du café, mais l’appartement de la famille est plus loin.

Il y a quelques jours, une petite association a installé un poulailler pour quarante-huit heures [dans le cadre du festival Les 48 heures de l’agriculture urbaine]. Les enfants pouvaient nourrir les animaux pendant que les parents buvaient du vin blanc à côté. Ils avaient tout simplement fait venir en ville la vie à la campagne dont ils semblent tous rêver. On attendait la maire, qui s’était annoncée et n’est jamais venue, et tout le monde était d’accord autour du poulailler : finalement, la vie est devenue meilleure avec le coronavirus. Sans tourisme de masse, et après deux mois d’isolement, les gens apprécient davantage d’avoir des voisins et un “café du coin”.

Si seulement on avait les moyens de vivre cette vie.

Nadia Pantel

23 juillet 2020

Sapeurs Pompiers du Morbihan en exercice au port d'Etel

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23 juillet 2020

Charlie Hebdo

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23 juillet 2020

Opinion - Sainte-Sophie, une revanche pour les sunnites

DARAJ (BEYROUTH)

Les musulmans sunnites ont dans leur ensemble salué la décision du président turc de transformer l’ancienne basilique d’Istanbul en mosquée. Ils voient en Recep Tayyip Erdogan un sauveur capable de défier l’Occident, analyse le média libanais Daraj.

Dans leur ensemble, les porte-voix de l’islam sunnite au Moyen-Orient ont applaudi à la décision du président turc Recep Tayyip Erdogan de transformer Sainte-Sophie en mosquée.

Pour eux, cela est vécu comme une compensation symbolique pour les défaites successives qu’ils subissent depuis si longtemps [guerres israélo-arabes, mainmise réussie de l’Iran chiite sur plusieurs pays arabes, échec des printemps arabes] et qui ont abouti à ce qu’ils se retrouvent marginalisés, opprimés, réduits à l’impuissance ou contraints à l’exil.

Si les musulmans sunnites sont aussi favorables à la décision turque, c’est parce qu’ils vivent toujours l’histoire comme un antagonisme religieux qui fige l’Occident dans l’image des Croisades et le présente comme immuable, comme si les critères de l’Occident dans ses relations avec le monde demeuraient les mêmes depuis le Moyen-Âge.

Mais, ce faisant, ils révèlent également leur impéritie politique et leur soif de trouver un sauveur. En se donnant à un “sauveur” tel qu’Erdogan, ils permettent l’instrumentalisation de leurs souffrances au service d’un populisme qui tend à transformer la Turquie en autocratie.

Oppositions binaires

Les musulmans sunnites ne trouvent en effet de convergences avec l’Occident qu’à travers quelques éléments d’intérêt purement économique ou militaire, sans chercher à les dépasser pour se hisser à la hauteur des enjeux historiques. Cela se voit quand il est question d’une intervention occidentale au Moyen-Orient.

Si l’Occident intervient, les musulmans dénoncent l’impérialisme qui pille leurs ressources ; s’il n’intervient pas, ils dénoncent sa criminelle passivité et les accointances avec les régimes dictatoriaux. Dans un cas, l’Occident apparaît comme un occupant ; dans l’autre, comme le lieu où se trament toutes sortes de complots contre les musulmans.

Dans le monde arabo-musulman, cela correspond à l’imaginaire des islamistes, toujours tourné vers le passé des guerres religieuses. Mais cela se conjugue également avec l’idéologie d’une gauche populiste qui réduit sa vision du monde à des oppositions binaires telles que centre versus périphérie, dominants versus dominés, Occident versus pays du Sud, mondialistes versus antimondialistes, etc.

Au Moyen-Orient, les sunnites sont d’autant plus à cran vis-à-vis de l’Occident qu’ils se voient supplantés par les chiites soutenus par l’Iran. Mais ils n’ont pas pour autant développé une vision alternative du monde, argumentée et rationnellement étayée.

Ils n’ont pas non plus été capables de proposer un modèle de gouvernement, ni de résoudre la question des rapports avec les minorités ethniques et religieuses, ni de contribuer à mettre fin aux conflits et guerres civiles. Autrement dit, enfermés dans leur rétivité politique, ils ne font rien pour apporter des solutions aux problèmes qui se posent.

C’est ce qui explique pourquoi tout changement de situation dans la région – comme accorder le droit à l’autodétermination aux Kurdes – est perçu comme un diktat occidental. Ce qui veut dire que les musulmans sunnites, quand ils se braquent vis-à-vis de l’Occident, se braquent également devant toute possibilité de transformation politique et d’évolution des formes du pouvoir.

Un boulevard pour Erdogan

Au lieu de trouver des convergences avec l’Occident pour se sortir de leur mauvaise passe, beaucoup d’entre eux tendent à voir dans les évolutions récentes, notamment la montée du populisme et de l’extrême droite en Occident, de quoi les réconforter dans leurs convictions anciennes.

Voilà ce qui ouvre un boulevard à Erdogan pour se présenter en “sauveur”. Ses décisions viennent réconforter un monde sunnite en crise, plus à l’aise avec une image agressive de l’Occident que prêt à se poser des questions sur la nature de ses régimes, porteuse de multiples défaites. Ainsi s’explique cet enthousiasme sunnite pour la transformation du musée de Sainte-Sophie en mosquée.

Car, au lieu de libérer la politique des carcans idéologiques, les porte-étendards du sunnisme ont choisi la figure de l’homme providentiel qui puisse leur faire oublier les difficultés du présent en flattant leur amour-propre avec les grandeurs d’un passé idéalisé. Recep Tayyip Erdogan est l’homme idoine pour jouer ce rôle, et il l’endosse volontiers.

Elie Abdo

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