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Jours tranquilles à Paris

16 avril 2020

Vers un port du masque obligatoire dans les transports ?

Élisabeth Borne : « Continuer de maîtriser la propagation du virus. »

Comment le déconfinement va-t-il s’organiser ?

Nous sommes en train d’y travailler. Le Président nous a demandé de bâtir un plan complet, que le gouvernement va construire dans les deux semaines qui viennent. La question la plus sensible pour nous porte sur les conditions d’utilisation des transports en commun. Il faut les relancer tout en nous assurant que l’on continue à maîtriser la propagation de l’épidémie.

Le port du masque sera obligatoire pour les voyageurs ?

Le président de la République a indiqué que dans certaines circonstances, comme les transports, le port du masque pourrait être rendu systématique. Nous regardons ce qui se fait ailleurs dans le monde, en particulier en Asie, mais il est trop tôt pour se prononcer.

Où en sont les différents secteurs d’activités suivis par votre ministère ?

Tous les acteurs des secteurs de l’eau, de l’énergie, du traitement des déchets, des transports et de la logistique, mobilisés en première ligne, ont un rôle essentiel. Les entreprises et leurs salariés se sont montrés extrêmement professionnels. Leur engagement nous permet de continuer à avoir de l’eau, de l’électricité, du gaz. Les déchets sont collectés et l’ensemble de la chaîne logistique s’est remarquablement réorganisé.

La gestion des déchets est fortement affectée ?

Non. La collecte s’opère correctement sur tout le territoire, les incinérateurs et les décharges fonctionnent. Le volume d’ordures ménagères a augmenté mais la production de déchets industriels a diminué de 50 %, les déchets de chantiers de 80 %, ce qui fait que la production globale de déchets a diminué d’un tiers. Nous avons besoin que les centres de tris restent ouverts, ce qui est le cas pour près de 60 % d’entre eux. Les produits du recyclage alimentent les fabricants d’emballages.

La consommation d’énergie a également baissé ?

La consommation électrique a baissé de 15 à 20 % du fait de la mise à l’arrêt d’une partie de l’économie, et c’est du jamais vu. La consommation des ménages, elle, a un peu augmenté : elle est logiquement plus forte le midi, au moment des repas, et elle reste très proche des consommations habituelles le reste du temps. Cela veut probablement dire que nous avons tendance à surconsommer en temps normal, en laissant nos appareils électroniques en veille et le chauffage ou des ampoules allumées quand nous sortons. Ce pourrait être une source d’économies futures.

Quelles seront les priorités à la sortie du confinement ?

La reprise des travaux de maintenance dans le secteur de l’énergie. Enedis continue à intervenir pour des dépannages, avec près de 100 000 interventions depuis le début de la crise, mais les chantiers de prévention des incendies, dont l’élagage, ont été en partie reportés, tout comme certaines activités de maintenance dans les centrales électriques. Il va falloir les reprogrammer de façon à assurer la sécurité de nos approvisionnements l’hiver prochain.

Recueilli par Stéphane VERNAY.

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16 avril 2020

Vu sur internet - j'adore...

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16 avril 2020

Un risque de pénurie alimentaire, vraiment ?

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À la une de l’hebdo

Un risque de pénurie alimentaire, vraiment ?

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

Chaque semaine, Courrier international explique ses choix éditoriaux, les débats qu’ils suscitent parfois dans la rédaction. À la une de ce numéro, le risque de pénurie alimentaire en question. Le stockage et les achats dits “de panique”, les problèmes de logistique et le manque de main-d’œuvre provoquent des réflexes protectionnistes des pays exportateurs qui pourraient fragiliser les États les plus pauvres. Contre la fermeture des frontières, la presse étrangère plaide au contraire pour une meilleure coopération internationale.

Encore un mois. Lundi 13 avril, Emmanuel Macron a donc annoncé la prolongation du confinement en France jusqu’au 11 mai et un retour très progressif à “la vie d’avant”. Les écoles devraient rouvrir en premier, en revanche les salles de spectacle, les cafés, les restaurants… resteront fermés. En temps normal, nous aurions consacré au moins deux pages au changement de ton manifeste du chef de l’État, qui n’a pas échappé à la presse étrangère. “Emmanuel Macron a compris – et il l’a d’ailleurs dit – qu’il doit se réinventer face à ce tsunami du Covid-19”, écrit ainsi Richard Werly dans Le Temps en évoquant un président “plus social”, “plus attentif aux inégalités”. Nos délais de bouclage, modifiés en raison de la pandémie et du week-end de Pâques, ne nous permettent pas de couvrir largement cette intervention dans l’hebdomadaire ; mais vous pouvez suivre toutes les réactions de la presse étrangère sur notre site.

Dans cette crise sanitaire, les messages politiques ont une importance particulière. La façon dont ils sont perçus peut avoir des conséquences lourdes. On l’a vu récemment en Turquie avec l’annonce précipitée d’un confinement de deux jours qui a conduit la population, paniquée, à se ruer dans les boulangeries, les épiceries, provoquant embouteillages et cohues. En une nuit “tous les efforts de distanciation sociale ont été ruinés”, écrit le quotidien Cumhuriyet, citant une députée de l’opposition.

On le voit aussi dans le dossier que nous vous proposons cette semaine. À partir d’une question simple et qui nous concerne tous (y a-t-il vraiment un risque de pénurie alimentaire ?), nous sommes allés regarder ce qu’en disait la presse étrangère. Il ne s’agit pas d’être alarmiste mais simplement d’analyser et de comprendre.

Le 31 mars, la FAO, l’OMC et l’OMS ont lancé conjointement un appel s’inquiétant de possibles pénuries alimentaires à court terme. Les trois organisations onusiennes, chargées respectivement de l’alimentation, du commerce et de la santé, redoutent que la fermeture des frontières et les restrictions à l’exportation des grands pays producteurs de riz, de blé et d’autres céréales ne provoquent une flambée des prix et une crise qui n’a pourtant pas lieu d’être. Cette année, il n’y a pas eu de problèmes de production, les récoltes ont été bonnes et pourtant… La “constitution de stocks partout dans le monde, du Maghreb à Manille”, écrit le Financial Times, et les achats dits “de panique” ont conduit certains gouvernements à restreindre leurs exportations pour garantir la sécurité alimentaire de leur population. Au détriment des pays importateurs (en Afrique et en Amérique latine, notamment) les plus fragiles, qui sont loin d’être autosuffisants en la matière. Le repli plutôt que la coopération internationale, voilà le problème. Quand la peur et le chacun pour soi gouvernent, le monde n’y gagne en général pas grand-chose. En Asie, les réflexes protectionnistes de gouvernements paniqués pourraient provoquer une crise alimentaire semblable à celle de 2007-2008, s’inquiète le South China Morning Post.

Outre la fermeture des frontières, “les gros importateurs sont aussi préoccupés par le ralentissement de la chaîne logistique, par exemple en France, qui fait partie des premiers exportateurs de blé et qui manque aujourd’hui de chauffeurs de poids lourds, de conducteurs de train et de dockers”, écrit encore le Financial Times. En Europe, la fermeture des frontières a un impact sur les agriculteurs, qui ne trouvent plus de main-d’œuvre, explique le New York Times. Les travailleurs saisonniers venant le plus souvent d’Europe de l’Est, certaines récoltes pourraient être perdues, faute de ramasseurs. Conséquence, la France, comme d’autres pays, incite aujourd’hui les consommateurs à manger local. Voilà peut-être l’occasion de repenser notre système alimentaire, veut croire le quotidien suisse Le Temps.

Mais il y a une autre urgence. Aux États-Unis, 16 millions de personnes se sont retrouvées au chômage en trois semaines et, dans l’Ohio, en Pennsylvanie ou au Texas, on a vu des files d’attente de plusieurs kilomètres devant des banques alimentaires. La flambée des prix des produits de première nécessité pourrait être préjudiciable aux organisations humanitaires qui distribuent de l’aide aux plus vulnérables, s’inquiétaient justement dans leur appel la FAO, l’OMC et l’OMS. C’est vrai aux États-Unis, c’est vrai partout dans le monde et juste en bas de chez nous. Avant de penser à manger local, il faut déjà pouvoir manger. Ne l’oublions pas.

Claire Carrard

16 avril 2020

Libération de ce 16 avril 2020

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16 avril 2020

Portrait de la jeune fille en feu

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Portrait de la jeune fille en feu est un drame historique français écrit et réalisé par Céline Sciamma, sorti en 2019. Il s'agit du 4e long-métrage de la cinéaste.

Il obtient le prix du scénario et la Queer Palm au Festival de Cannes 2019, le César de la meilleure photographie aux César 2020, et de nombreuses autres récompenses.

1770. Marianne est peintre et doit réaliser le portrait de mariage d'Héloïse, une jeune femme qui vient de quitter le couvent. Héloïse résiste à son destin d'épouse en refusant de poser. Marianne va devoir la peindre en secret. Introduite auprès d'elle en tant que dame de compagnie, elle la regarde.

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16 avril 2020

Le 11 mai prochain sera le début d’une nouvelle étape

Lundi 13 avril, à 20 h 02, Emmanuel Macron est intervenu à la télévision pour la quatrième fois depuis le début de l’épidémie de Covid-19 en France. Le chef de l’Etat a notamment annoncé une levée partielle du confinement à partir du 11 mai. Extraits

Nous sommes en train de vivre des jours difficiles. Nous ressentons tous en ce moment la peur, l’angoisse pour nos parents, pour nous-même face à ce virus redoutable, invisible, imprévisible. La fatigue et la lassitude pour certains, le deuil et le chagrin pour d’autres. (…) Et pourtant, grâce à nos efforts, chaque jour nous avons progressé. Les résultats sont là. Plusieurs régions ont pu être épargnées. Depuis quelques jours, les entrées en réanimation diminuent. L’espoir renaît. (…)

Alors, étions-nous préparés à cette crise ? A l’évidence, pas assez, mais nous avons fait face en France comme partout ailleurs. Nous avons donc dû parer à l’urgence, prendre des décisions difficiles à partir d’informations partielles, souvent changeantes, nous adapter sans cesse, car ce virus était inconnu et il porte encore aujourd’hui beaucoup de mystères. Le moment, soyons honnêtes, a révélé des failles, des insuffisances. Comme tous les pays du monde, nous avons manqué de blouses, de gants, de gels hydroalcooliques. Nous n’avons pas pu distribuer autant de masques que nous l’aurions voulu pour nos soignants, pour les personnels s’occupant de nos aînés, pour les infirmières et les aides à domicile. Dès l’instant où ces problèmes ont été identifiés, nous nous sommes mobilisés pour produire et pour acquérir le matériel nécessaire. Mais je mesure pleinement que, lorsque l’on est au front, il est difficile d’entendre qu’une pénurie mondiale empêche les livraisons.

Les commandes sont désormais passées. Surtout, nos entreprises françaises et nos travailleurs ont répondu présent et une production, comme en temps de guerre, s’est mise en place. (…) Mais, comme vous, j’ai vu des ratés, encore trop de lenteur, de procédures inutiles, des faiblesses aussi de notre logistique. Nous en tirerons toutes les conséquences, en temps voulu, quand il s’agira de nous réorganiser.

Ces dernières semaines, soyons aussi justes avec notre pays, ont été marquées par de vraies réussite. (…) Trèssouvent, ce qui semblait impossible depuis des années, nous avons su le faire en quelques jours. Nous avons innové, osé, agit au plus près du terrain, beaucoup de solutions ont été trouvées. Nous devrons nous en souvenir, car ce sont autant de forces pour le futur.

Si je tenais à m’adresser à vous ce soir, après avoir largement consulté ces derniers jours, c’est pour vous dire en toute transparence ce qui nous attend pour les prochaines semaines et les prochains mois. L’espoir renaît, oui, mais rien n’est acquis. (…) Nous devons donc poursuivre nos efforts et continuer d’appliquer les règles. Plus elles seront respectées, plus nous sauveront de vies. C’est pour cela que le confinement le plus strict doit encore se poursuivre jusqu’au lundi 11 mai. C’est, durant cette période, le seul moyen d’agir efficacement. C’est la condition pour ralentir encore davantage la propagation du virus, réussir à retrouver des places disponibles en réanimation et permettre à nos soignants de reconstituer leurs forces. Le lundi 11 mai ne sera possible que si nous continuons d’être civiques, responsables, de respecter les règles et que si la propagation du virus a effectivement continué à ralentir.

Je mesure pleinement, en vous le disant, l’effort que je vous demande. Durant les quatre semaines à venir, les règles prévues par le gouvernement devront continuer d’être respectées. Elles sont en train de montrer leur efficacité et ne doivent être ni renforcées ni allégées, mais pleinement appliquées. Je demande à tous nos élus, dont je sais l’importance dans cette période, je demande à tous nos élus d’aider à ce que ces règles soient les mêmes partout sur notre sol. Des couvre-feux ont été décidés là où c’était utile, mais il ne faut pas rajouter des interdits dans la journée.

(…) Il n’y a pas que le virus qui tue : l’extrême solitude, le renoncement à d’autres soins peuvent être aussi dangereux. Je souhaite aussi que les hôpitaux et les maisons de retraite puissent permettre d’organiser pour les plus proches, avec les bonnes protections, la visite aux malades en fin de vie afin de pouvoir leur dire adieu.

Durant cette phase de confinement, le pays continue à vivre, et heureusement. Certaines activités sont interdites, car incompatibles avec les règles sanitaires. Pour tous les autres secteurs économiques, quand la sécurité des travailleurs et des entrepreneurs est bien garantie, ils doivent pouvoir produire et l’ont largement fait depuis maintenant un mois. Pour tous ceux qui doivent être aidés durant cette période, les mesures de chômage partiel pour les salariés et de financement pour les entreprises seront prolongées et renforcées. Elles sont inédites et protègent d’ores et déjà plus de 8 millions de nos salariés et nombre de nos entreprises.

Pour les artisans, les commerçants, les professions libérales et les entrepreneurs, le fonds de solidarité apporte une première réponse, mais je sais votre angoisse : les charges qui continuent de tomber, les traites, les loyers, les emprunts, c’est pourquoi j’ai demandé au gouvernement d’accroître fortement les aides, de les simplifier, pour vous permettre de surmonter cette période. Je souhaite que les banques puissent décaler toutes les échéances beaucoup plus massivement qu’elles ne l’ont fait et les assurances doivent être au rendez-vous de cette mobilisation économique. J’y serai attentif.

Il y a donc un travail dans les prochains jours à poursuivre pour vous consolider économiquement dans cette période. Rapidement, un plan spécifique sera mis en œuvre pour les secteurs qui, comme le tourisme, l’hôtellerie, la restauration, la culture et l’événementiel, seront durablement affectés. Des annulations de charges et des aides spécifiques seront mises en place. Pour les plus fragiles et les plus démunis, ces semaines sont aussi très difficiles. (…) J’ai demandé au gouvernement d’aller plus loin là aussi et de verser sans délai une aide exceptionnelle aux familles les plus modestes avec des enfants afin de leur permettre de faire face à leurs besoins essentiels. Les étudiants les plus précaires vivants parfois loin de leurs familles seront aussi aidés.

Le 11 mai prochain sera donc le début d’une nouvelle étape. Elle sera progressive, les règles pourront être adaptées en fonction de nos résultats, car l’objectif premier demeure la santé de tous les Français. A partir du 11 mai, nous rouvrirons progressivement les crèches, les écoles, les collèges et les lycées. C’est pour moi une priorité, car la situation actuelle creuse des inégalités. (…) Le gouvernement aura à aménager des règles particulières : organiser différemment le temps et l’espace, bien protéger nos enseignants et nos enfants, avec le matériel nécessaire.

Pour les étudiants de l’enseignement supérieur, les cours ne reprendront pas physiquement jusqu’à l’été. Le gouvernement précisera pour chacun la bonne organisation qui sera nécessaire, en particulier pour les examens et les concours.

Le 11 mai, il s’agira aussi de permettre au plus grand nombre de retourner travailler, redémarrer notre industrie, nos commerces et nos services. Le gouvernement préparera sans délai ces réouvertures avec les partenaires sociaux pour que des règles soient établies afin de protéger les salariés au travail. C’est la priorité. Les lieux rassemblant du public, restaurants, cafés et hôtels, cinémas, théâtres, salles de spectacles et musées, resteront en revanche fermés à ce stade. Les grands festivals et événements avec un public nombreux ne pourront se tenir au moins jusqu’à mi-juillet prochain.

La situation sera collectivement évaluée à partir de mi-mai, chaque semaine, pour adapter les choses et vous donner de la visibilité. Pour leur protection, nous demanderons aux personnes les plus vulnérables, aux personnes âgées, en situation de handicap sévère, aux personnes atteintes de maladies chroniques, de rester même après le 11 mai confinées, tout au moins dans un premier temps. Je sais que c’est une contrainte forte. Je mesure ce que je vous demande et nous allons, d’ici au 11 mai, travailler à rendre ce temps plus supportable pour vous. Il faudra essayer de s’y tenir pour vous protéger, pour votre intérêt.

Nous aurons à partir du 11 mai une organisation nouvelle pour réussir cette étape. L’utilisation la plus large possible des tests, la détection est une arme privilégiée pour sortir au bon moment du confinement. D’ici là et dans les prochaines semaines, nous allons continuer d’augmenter le nombre de tests faits chaque jour. C’est ce qui, depuis quinze jours, est fait. Durant les semaines à venir, j’ai demandé que ces tests soient d’abord pratiqués sur nos aînés, nos soignants et les plus fragiles. Et que nous puissions continuer de mobiliser partout tous les moyens de faire des tests, c’est-à-dire tous les laboratoires publics et tous les laboratoires privés.

Le 11 mai, nous serons en capacité de tester toute personne présentant des symptômes. Nous n’allons pas tester toutes les Françaises et tous les Français, cela n’aurait aucun sens. Mais toute personne ayant un symptôme doit pouvoir être testée. Les personnes ayant le virus pourront ainsi être mises en quarantaine, prises en charge et suivies par un médecin. Pour accompagner cette phase, plusieurs innovations font l’objet de travaux avec certains de nos partenaires européens, comme une application numérique dédiée qui, sur la base du volontariat et de l’anonymat, permettra de savoir si, oui ou non, l’on s’est trouvé en contact avec une personne contaminée. (…) Je souhaite qu’avant le 11 mai nos Assemblées puissent en débattre, et que les autorités compétentes puissent nous éclairer. Cette épidémie ne saurait affaiblir notre démocratie, ni mordre sur quelques libertés. Jusqu’à nouvel ordre, nos frontières avec les pays non européens resteront fermées.

Nous déploierons ensuite tous les moyens nécessaires à la protection de la population. En complément des gestes barrières, l’Etat, à partir du 11 mai, en lien avec les maires, devra permettre à chaque Français de se procurer un masque grand public. Pour les professions les plus exposées et pour certaines situations, comme dans les transports en commun, son usage pourra devenir systématique. (…) Le gouvernement présentera d’ici quinze jours, sur la base de ces principes, le plan de l’après-11 mai et les détails d’organisation de notre vie quotidienne. Des points de rendez-vous réguliers se tiendront pour que nous puissions adapter les mesures prises et décider de manière régulière d’ajuster les choses.

Alors à quelle échéance, dès lors, peut-on espérer entrevoir la fin définitive de cette épreuve ? Quand pourrons-nous renouer avec la vie d’avant ? Je sais vos questionnements, je les partage. Mais, en toute franchise, en toute humilité, nous n’avons pas de réponse définitive à cela.

Aujourd’hui, d’après les premières données qui seront prochainement affinées par ce qu’on appelle les tests sérologiques, une très faible minorité de Français ont contracté le Covid-19. Ce qui veut dire que nous sommes loin de ce que les spécialistes appellent l’immunité collective, c’est-à-dire ce moment où le virus arrête de lui-même sa circulation parce que suffisamment d’entre nous l’avons eu. C’est pourquoi la première voie pour sortir de l’épidémie est celle des vaccins. Tout ce que le monde compte de talents, de chercheurs y travaille. La France est reconnue en la matière et a d’excellentes ressources parce que c’est sans doute la solution la plus sûre, même s’il faudra plusieurs mois au moins pour la mettre en œuvre. Notre pays investira encore plus massivement dans la recherche et je porterai dans les prochains jours une initiative avec nombre de nos partenaires en votre nom pour accélérer les travaux en cours.

La seconde voie, ce sont les traitements. Nous y travaillons depuis le premier jour. Il y a eu, je le sais, beaucoup de débats dans le pays. Toutes les options sont explorées et notre pays est celui qui a engagé le plus d’essais cliniques en Europe. J’ai tenu moi-même à comprendre chacune des options possibles, à m’assurer que tout était essayé dans les meilleurs délais et avec rigueur. (…)

Ce soir, je partage avec vous ce que nous savons et ce que nous ne savons pas. Nous finirons par l’emporter, mais nous aurons plusieurs mois à vivre avec le virus. Avec humilité, il nous faut aujourd’hui décider et agir en tenant compte des incertitudes avec lucidité, oui, parce que regardez l’Asie, où le virus semblait avoir été vaincu et il revient dans de nombreux pays qui, à nouveau, décident de refermer leurs économies. Il nous faut donc procéder avec calme et courage.

Mais ce que je sais, ce que je sais à ce moment, mes chers compatriotes, c’est que notre nation se tient debout, solidaire, dans un but commun. On disait que nous étions un peuple indiscipliné, et voilà que nous respectons des règles, des disciplines parmi les plus rigoureuses jamais imposées à notre peuple en temps de paix. On disait que nous étions un peuple épuisé, routinier, bien loin de l’élan des fondations, et voilà que tant d’entre vous rivalisent de dévouement, d’engagement face à l’inattendu de cette menace. Nous voilà tous solidaires, fraternels, unis, concitoyens d’un pays qui fait face. Concitoyens d’un pays qui débat, qui discute, qui continue de vivre sa vie démocratique, mais qui reste uni. (…)

Durant les semaines à venir, le gouvernement, le Parlement, notre administration, avec nos maires et nos élus locaux, auront à préparer la suite. Pour ce qui me concerne, je tâcherai de porter en Europe notre voix afin d’avoir plus d’unité et de solidarité. Les premières décisions ont été dans le bon sens et nous avons beaucoup poussé pour cela, qu’il s’agisse de la Banque centrale européenne, de la Commission européenne ou des gouvernements. Mais nous sommes à un moment de vérité qui impose plus d’ambition, plus d’audace, un moment de refondation. Nous devons aussi savoir aider nos voisins d’Afrique à lutter contre le virus plus efficacement, à les aider aussi sur le plan économique en annulant massivement leurs dettes. Oui, nous ne gagnerons jamais seuls. Parce qu’aujourd’hui à Bergame, Madrid, Bruxelles, Londres, Pékin, New York, Alger ou Dakar, nous pleurons les morts d’un même virus. Alors, si notre monde sans doute se fragmentera, il est de notre responsabilité de bâtir des solidarités et des coopérations nouvelles.

Il nous reviendra aussi, dans les prochaines semaines, de préparer l’après. Il nous faudra rebâtir notre économie plus forte afin de produire et redonner plein espoir à nos salariés, nos entrepreneurs, garder notre indépendance financière. Il nous faudra rebâtir une indépendance agricole, sanitaire, industrielle et technologique française et plus d’autonomie stratégique pour notre Europe. Cela passera par un plan massif pour notre santé, notre recherche, nos aînés, entre autres.

Il faudra nous rappeler que notre pays, aujourd’hui, tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal. « Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. » Ces mots, les Français les ont écrits il y a plus de deux cents ans. Nous devons reprendre le flambeau et donner toute sa force à ce principe. Il faudra bâtir une stratégie où nous retrouverons le temps long, la possibilité de planifier, la sobriété carbone, la prévention, la résilience, qui seules peuvent permettre de faire face aux crises à venir.

Ces quelques évidences s’imposent aujourd’hui à nous, mais ne suffiront pas. Je reviendrai donc vers vous pour parler de cet après. Le moment que nous vivons est un ébranlement intime et collectif. Sachons le vivre comme tel. Il nous rappelle que nous sommes vulnérables, nous l’avions sans doute oublié. Ne cherchons pas tout de suite à y trouver la confirmation de ce en quoi nous avions toujours cru. Non. Sachons, dans ce moment, sortir des sentiers battus, des idéologies, nous réinventer – et moi le premier.

Mes chers compatriotes, nous aurons des jours meilleurs et nous retrouverons les Jours Heureux. J’en ai la conviction. Et les vertus qui, aujourd’hui, nous permettent de tenir seront celles qui nous aideront à bâtir l’avenir, notre solidarité, notre confiance, notre volonté. Alors, prenez soin de vous, prenons soin les uns des autres. Nous tiendrons.

16 avril 2020

La chaise métallique fête ses 85 ans

chaise galvanisée

Elle a embarqué en 1935 pour la traversée inaugurale du paquebot Normandie vers New York, aux côtés du mobilier Art déco de Jacques-Emile Ruhlmann, des sièges de Jean Prouvé et de l’argenterie de Christofle… Mais pas sur le même pont : la chaise métallique A de Tolix, proche du peuple, était réservée aux matelots et aux pompiers du bord.

Simple, solide, empilable : elle est l’invention d’un fils et petit-fils de couvreur-zingueur bourguignon, Xavier Pauchard, né en 1880, qui a eu l’idée pionnière de s’intéresser au procédé chimique qui protège la tôle de la corrosion. La recette date de 1742 mais, peu usitée, il la teste dans le fond de son jardin, après s’être fait envoyer un ouvrage technique en anglais, qu’il a demandé à sa fille de lui traduire.

Devenu en Bourgogne le premier « fabricant d’articles de ménage en tôle galvanisée », Xavier Pauchard dépose, en 1927, la marque Tolix pour abriter sa production grandissante de meubles métalliques, du fauteuil au tabouret. Commercialisée en 1935, la chaise qu’il baptise A (après laquelle naîtront des chaises B, C, etc.) va faire sa renommée. Une histoire singulière racontée dans Inoxydable Tolix, de Brigitte Durieux (Editions de La Martinière, 2007).

L’assise légère et robuste conquiert les terrasses des cafés, les parcs et jardins, les villes d’eau, mais aussi les hôpitaux et les sanatoriums, car son unique matériau, la tôle galvanisée, est antifeu et hygiénique. Elle gagne à partir des années 1950 la sphère privée et est même starifiée dans les années 1990, en pleine vogue du « style industriel ». Emboutie, pliée puis soudée, avec son dossier cintré et sa fameuse palmette – ces drôles de pieds ronds devant, creux derrière, et légèrement évasés pour permettre à l’assise d‘être facilement superposable –, elle nécessite une centaine d’opérations qui rendent chaque exemplaire unique.

Aujourd’hui, la chaise A de Tolix, qui souffle ses 85 bougies, est présente dans les collections du MoMa, à New York, ou du Centre Georges-Pompidou, à Paris. Elle est toujours fabriquée dans la commune bourguignonne d’Autun, en Saône-et-Loire, et ce, dans une trentaine de couleurs et cinq vernis différents. En 2006, Tolix a reçu le label Entreprise du patrimoine vivant. Du coup, si l’assise reste une icône du design démocratique, son prix (299 euros en métal galvanisé) l’est moins.

16 avril 2020

Bondage

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16 avril 2020

Coronavirus : le FMI prédit une récession mondiale historique, avec un recul de la croissance estimé à 3% en 2020

Par Julien Bouissou

Les conséquences économiques du « Grand Confinement », comme l’appelle désormais le FMI, en référence à la Grande Dépression de 1929, ne vont épargner aucun continent.

Le monde doit s’attendre à une récession comme il n’en a pas connu, en temps de paix, depuis près d’un siècle. Dans ses perspectives sur l’économie mondiale publiées mardi 14 avril, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une contraction de 3 % du produit intérieur brut (PIB) de la planète en 2020, en prenant l’hypothèse d’une diminution de la pandémie de Covid-19 au second semestre de cette année.

L’éventualité d’une chute encore plus brutale en 2021 n’est pas exclue. Les conséquences économiques du « Grand Confinement », comme l’appelle désormais le FMI, en référence à la Grande Dépression de 1929, ne vont épargner aucun continent.

Cette année, les pays les plus touchés seront ceux de la zone euro, avec une contraction de l’activité de 7,5 % (– 7,2 % pour la France), suivis du Royaume-Uni et des Etats-Unis, avec des replis respectifs de 6,5 % et de 5,9 %. Seuls les pays émergents d’Asie enregistreront une croissance positive, à 1 %, dont la Chine, qui peut espérer une hausse de 1,2 % de son PIB, marquant cependant un très net coup de frein, après + 6,1 % en 2019.

Une situation qui contraste avec celle d’autres pays émergents en Amérique latine, à l’instar du Brésil et du Mexique, qui devraient voir leur croissance chuter de respectivement 5,3 % et de 6,6 %. L’Afrique subsaharienne pourrait enregistrer sa première récession depuis un quart de siècle avec une croissance négative de – 1,6 % en 2020.

La Banque mondiale met pour sa part en garde contre le risque d’une crise alimentaire sur ce continent qu’entraîneraient une baisse de la production agricole et la fermeture des frontières.

Une crise sociale

La crise sera aussi sociale. Le chômage pourrait augmenter de 40 % cette année dans la zone euro, passant de 6,6 % de la population active, en 2019, à 9,2 % en 2020, et même tripler aux Etats-Unis pour atteindre, selon le FMI, 10,4 % cette année.

Selon les prévisions de chercheurs du King’s College de Londres et de l’Australian National University, rendues publiques le 8 avril, la pandémie pourrait faire basculer un demi-milliard d’habitants de la planète dans la pauvreté, effaçant les progrès enregistrés ces dix à trente dernières années.

Le choc économique mondial sera brutal, même si les prévisions sont encore fragiles. Les incertitudes sont en effet nombreuses, parmi lesquelles la trajectoire de la pandémie, l’efficacité des mesures de confinement, l’ampleur des ruptures dans les chaînes d’approvisionnement, le changement des habitudes de consommation ou la volatilité du prix des matières premières.

« Malgré cette révision de la croissance mondiale, les risques restent toujours orientés à la baisse », précise bien le FMI. « La crise est pareille à nulle autre », renchérit son économiste en chef, Gita Gopinath, en préambule du rapport sur les perspectives de l’économie mondiale. D’abord parce que, selon elle, la chute de la production « va probablement dépasser » celle enregistrée au lendemain de la crise financière de 2008-2009. Ensuite, parce que l’« intensité » et la « durée » du choc subi sont inconnues. Et, enfin, au vu des circonstances, « le rôle assigné à la politique économique est très différent ». En ces temps de confinement généralisé, Les Etats ne peuvent pas miser sur la hausse de la demande pour relancer l’économie, comme c’est souvent le cas en période de crise, ce qui complique leur tâche.

« Dynamiser la demande », « action budgétaire coordonnée »

« Les gouvernements doivent s’assurer, souligne Mme Gopinath, que les personnes puissent subvenir à leurs besoins et que les entreprises reprennent leur activité une fois la phase sévère de l’épidémie passée. » Une règle qui vaut pour le monde entier, mais qui s’applique plus difficilement dans les pays dominés par le secteur informel, sans la capacité administrative ou financière d’offrir aux chômeurs des allocations ou de secourir les petites entreprises.

Pour eux, le FMI préconise les transferts d’argent par Internet mobile, ou de subventionner les factures d’eau ou d’électricité. L’institution de Washington salue également les actions « importantes » des banques centrales, qui ont permis « de soutenir la confiance et de limiter l’ampleur du choc ». Mais les efforts sont loin d’être terminés, malgré les milliers de milliards de dollars déjà injectés par les institutions monétaires et les Etats dans l’économie mondiale.

Kristalina Georgieva, la directrice générale du FMI, a affirmé, le 9 avril, qu’il faudrait, au fil du déconfinement, « rapidement dynamiser la demande », par le biais d’« une action budgétaire coordonnée ». Les plans de relance devraient donc se poursuivre, à condition, toutefois, que les Etats en aient la capacité. Or les pays émergents d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie sont « à haut risque » selon Mme Georgieva.

« Le soutien externe sera crucial » pour les pays émergents

Relativement plus épargnés par le Covid-19 que l’Europe ou les Etats-Unis, ces pays sont cependant moins bien préparés pour affronter la crise économique.

Contrairement à eux, ils ne peuvent pas injecter des milliards dans leur économie. Pis : ils sont désertés par les capitaux étrangers, à hauteur de 100 milliards de dollars (91,3 milliards d’euros) au cours des deux derniers mois, soit l’équivalent de 0,4 % de leur PIB, ce qui entraîne une dépréciation de leurs devises et, donc, une augmentation du remboursement de leurs emprunts contractés en yens, en euros ou en dollars.

La dette publique des émergents est passée de 33,8 %, en 2008, à 53,3 % en 2019. Pour les pays exportateurs de matières premières, comme le Congo, le Tchad ou le Gabon, la situation est aggravée par une chute de 65 % des cours du pétrole entre mi-janvier et fin mars.

Etranglés par les dettes et affaiblis par des déficits budgétaires, des pays comme le Brésil ou l’Afrique du Sud voient leurs marges de manœuvre réduites à néant, ce qui laisse craindre une aggravation de la récession. « Certaines économies émergentes et en développement pourraient vite être dépassées par le coût de la crise », met encore en garde le FMI, qui ajoute que « le soutien externe sera crucial » et n’exclut pas le recours à des mesures de restriction de sortie de capitaux.

« Moratoires sur la dette », « rééchelonnements »

L’institution dispose de 1 000 milliards de dollars pour venir en aide aux plus fragiles. Elle a annoncé, mardi, qu’elle avait puisé dans le Fonds fiduciaire d’assistance et de riposte aux catastrophes (CCRT), doté de 500 millions de dollars, pour répondre aux demandes d’assistance de vingt-cinq pays. Mais cela ne sera pas suffisant. « Pour ceux qui doivent faire face à des remboursements de prêts importants, des moratoires sur la dette et des rééchelonnements devraient être envisagés », ajoute le FMI.

Mardi matin, Bercy a annoncé « un service de la dette allégé, reporté ou refinancé à hauteur de 20 milliards de dollars sur un total de 32 milliards de dollars », dans le cadre d’une initiative qui regroupe les créanciers du Club de Paris et du G20 et cible les 76 pays les plus pauvres de la planète, dont une majorité en Afrique.

« Ce moratoire va permettre de redonner de la trésorerie aux Etats qui en ont le plus besoin », a déclaré mardi matin le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, avant de préciser qu’il fallait regarder « au cas par cas, et dans le cadre multilatéral », une éventuelle annulation de dette d’ici à la fin de l’année. Lundi 13 avril au soir, Emmanuel Macron avait appelé à aider les pays d’Afrique en « annulant massivement leurs dettes ».

16 avril 2020

Laetitia Casta

casta55

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