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Jours tranquilles à Paris

16 mars 2020

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16 mars 2020

Entretien : « Bien souvent, le sexting relève plus du charme que de la pornographie »

sexting19

Par Pauline Croquet

Pendant trois ans, la chercheuse suisse Yara Barrense-Dias s’est intéressée à l’échange électronique de contenus sexuels chez les adolescents et jeunes adultes.

Revenir à une approche un peu plus positive de la pratique du sexting, ne pas seulement se focaliser sur ses dérives et les scandales (comme celui qui a valu à Benjamin Griveaux d’abandonner mi-février la course à la Mairie de Paris). Voici le point de départ de la thèse sur le sexting chez les jeunes, menée par la criminologue suisse Yara Barrense-Dias entre 2016 et 2019. Une manière de mieux appréhender le phénomène pour une prévention plus efficace, notamment dans les écoles, selon elle.

Désormais responsable de recherche à Unisanté, à Lausanne (un centre universitaire de médecine générale et santé publique), la chercheuse a mené entre autres deux recherches exploratoires auprès de quatre-vingts jeunes de 11 à 21 ans, lancé une enquête nationale auprès de cinq mille jeunes Suisses et échangé avec les parents et le corps enseignant.

Ses résultats mettent en lumière une pratique générationnelle, ludique et relativement consciente des dangers.

Qu’est-ce que le sexting, et depuis quand cela existe ?

La première étude sur le sujet remonte à 2008, aux Etats-Unis. En Europe, c’est arrivé un peu plus tard. La définition du sexting est justement l’une de mes questions de recherche puisqu’une multitude de définitions cohabitaient.

Au terme de ma thèse, la définition que j’ai retenue est que le sexting est un échange électronique de contenus à caractère sexuel (image, texte, audio, etc.) entre deux personnes consentantes. La notion de consentement est importante, car quand il n’y a plus de consentement, on ne parle plus de la même chose. On tombe dans les dérives, dans ce qu’on regroupe souvent sous le terme de « revenge porn ».

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Qui pratique le sexting ? N’est-il que l’apanage des jeunes, qui sont au cœur des enquêtes sur le sujet ?

L’appli Snapchat sortie en 2011 a été un véritable tournant dans la pratique. Comme elle est largement utilisée par des plus jeunes, cela peut expliquer le fait qu’on parle plus du sexting chez les adolescents. En période de découverte sexuelle comme ils le sont, et avec la facilité de communication que représentent pour eux les réseaux sociaux, cela peut aussi amener un contexte favorable, surtout pour des individus qui vivent chez leurs parents ou sont parfois éloignés de leur partenaire.

Je n’ai pas de chiffre à vous donner sur la population globale des adultes, mais dans mes recherches j’ai étudié une catégorie d’âge assez large, entre 11 et 26 ans. Dans mon enquête nationale auprès de cinq mille jeunes adultes de 24 à 26 ans, une personne sur deux disait avoir déjà envoyé une photographie d’elle-même à caractère sexuel.

On pourrait donc être étonné de la proportion globale de personnes qui recourent au sexting. Après, il y a peut-être moins de cas de diffusion publique de contenus chez les adultes, ce qui expliquerait qu’on en parle moins.

Est-ce que ce terme de sexting est employé par les ceux qui le pratiquent ? Est-ce que ça leur parle ?

Dans mes recherches, les jeunes savent très bien de quoi il s’agit, mais ne l’utilisent pas du tout. C’est un terme scientifique, journalistique même, apparu en 2005, dans la petite rubrique fictive d’un journal australien, il me semble [The Daily Telegraph]. Ensuite il a été repris par la recherche et la prévention. Les jeunes, eux, préfèrent parler de « nudes » ou expliciter la pratique directement.

Quelles formes le sexting prend-il aujourd’hui ? On imagine qu’il s’agit toujours de photo ou de vidéo…

En 2016, lorsque j’ai fait une étude de groupe, les sujets m’expliquaient tout ce qu’il était possible de faire en matière de sexting. L’image y était majoritaire, mais il y avait aussi une forte proportion d’échanges de messages texte.

J’ai refait une étude similaire en 2018, et il y a eu un changement significatif : là où les messages écrits sont passés au second plan, l’échange de messages audio est apparu. Les jeunes s’écrivent moins mais s’échangent de plus en plus de messages vocaux.

En trois ans de thèse, j’ai aussi observé un éventail de contenus sexuels partagés allant de photos de personnes habillées posant de façon suggestive à des sujets nus dans des actes explicites. J’ai noté que les filles restaient plus souvent dans les contenus suggestifs tandis que les garçons étaient enclins à aller plus facilement droit au but, envoyaient des photos de leur pénis par exemple. Je ne suis pas allée plus loin sur le sujet des « dick pics » [photos de pénis partagées en ligne] parce que c’est une pratique qui se fait souvent sans consentement, mais il ressortait beaucoup dans les discussions que de nombreuses internautes recevaient ces photographies de pénis non consenties.

L’application Snapchat est-elle populaire en matière de sexting parce que ses messages sont censés être éphémères ?

Effectivement, Snapchat est considérée comme une appli plus sûre parce que les messages s’effacent. La confiance est un argument largement mis en avant par les sujets de mon enquête. Toutefois, ils sont bien conscients que rien ne disparaît vraiment sur Internet, qu’il existe des moyens et astuces pour conserver les photos ou faire des captures d’écran du téléphone en toute discrétion.

De façon générale, il apparaissait que Snapchat était vraiment utilisé chez les 11-15 ans. Chez les 16-20 ans, on parlait un peu moins de cette messagerie au profit d’Instagram ou de WhatsApp.

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Qu’est ce qui pousse les gens à « sexter » ?

La majorité d’entre eux nous expliquaient qu’ils s’y adonnaient dans le cadre d’une relation de couple, quand ils avaient confiance en la personne. Quelques-uns en faisaient mention juste avant la formation du couple, pour flirter.

Mais si les gens recourent autant à la photo dans le sexting, c’est qu’elle permet la mise en scène, de se mettre en valeur vis-à-vis de l’autre personne. Bien souvent, cela relève plus du charme que de la pornographie.

On aborde souvent la question du sexting par ses dérives : les scandales de harcèlement et de diffusion de documents privés à caractère sexuel. Toutes les expériences de sexting sont-elles vouées à mal tourner ?

Non, dans la majeure partie des cas cela se passe bien, même si les cas de diffusion sans consentement sont souvent violents et font beaucoup de bruit. Sur les cinq mille adultes interrogés dans l’enquête nationale, 15 % – en majorité des garçons – disaient avoir déjà partagé une photographie intime d’une tierce personne.

Ce qui pose problème dans le sexting c’est la diffusion, le partage public de photographies intimes de tiers. Or, la quasi-unanimité des campagnes de prévention s’adresse non pas aux auteurs, complices et témoins de partages non désirés mais aux victimes potentielles. Et elles invitent plutôt à stopper le sexting pour éviter toute dérive.

Or, pour moi, une prévention efficace reviendrait à ne pas lutter contre une pratique dans l’air du temps mais plutôt à sensibiliser les destinataires de photos à ne pas les partager, à respecter le consentement. Vouloir stopper le sexting pour éviter les dérives, c’est comme vouloir interdire les relations sexuelles pour éviter le viol.

Avez-vous d’ores et déjà constaté une meilleure efficacité à changer de braquet sur la prévention ?

Oui, il y a matière à optimisme. Tout au long de ma thèse, en Suisse, j’ai pu travailler avec le corps enseignant, les éducateurs sexuels ainsi qu’avec la police qui menait des campagnes de prévention, afin de réorienter le message pour s’adresser aux auteurs et aux témoins à qui on explique qu’ils sont tous tout aussi coupables.

Une fois la gravité du geste expliquée, une fois qu’on raconte qu’une simple image suggestive partagée peut causer beaucoup de tort à la personne qui s’est prise en photo, ils se rendent généralement compte du mal fait.

Dans l’enquête, nous leur avions aussi demandé la raison pour laquelle ils partageaient. Nous, adultes, on a en tête le revenge porn, sauf que les plus jeunes ne le font pas initialement dans une volonté de nuire. C’est avant tout pour rire, hélas. Comme pour le harcèlement, il y a un manque de conscience du geste.

16 mars 2020

Heidi Romanova

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16 mars 2020

Affaire de Karachi : plus de vingt-cinq après les faits, Balladur sera jugé devant la Cour de justice de la République

Par Simon Piel

L’ancien premier ministre est soupçonné d’avoir financé sa campagne à l’élection présidentielle de 1995 avec des fonds occultes issus de ventes d’armements.

Dix ans après l’ouverture d’une information judiciaire par le parquet de Paris pour « abus de biens sociaux, complicité et recel » et vingt-cinq ans après les faits, Edouard Balladur, 90 ans, candidat malheureux à l’élection présidentielle de 1995, sera bien jugé devant la Cour de justice de la République (CJR), seule juridiction habilitée à juger des ministres pour des faits commis dans l’exercice de leurs fonctions.

Les derniers recours déposés par ses conseils ayant été rejetés par la Cour de cassation, il devra répondre des soupçons de financements occultes qui pèsent sur sa campagne présidentielle de 1995. François Léotard, 77 ans, qui fut son ministre de la défense entre 1993 et 1995, sera lui aussi jugé pour « complicité d’abus de biens sociaux ». Le procureur général près la Cour de cassation François Molins avait réclamé dans un réquisitoire définitif du 12 juillet 2019 le renvoi devant la CJR d’Edouard Balladur et de François Léotard.

L’affaire financière qui vaut aujourd’hui à l’ancien premier ministre de François Mitterrand de comparaître aurait pu ne jamais voir le jour si les familles de victimes d’un attentat commis à Karachi en mai 2002 et qui avait fait quatorze morts dont onze employés de la Direction des constructions navales (DCN) n’avait déposé plainte pour savoir si des malversations financières pouvaient être à l’origine de l’attentat.

Sur la base d’une note baptisée « Nautilus » rédigée par un ancien policier du renseignement intérieur et retrouvée en perquisition dans les locaux de DCN, les magistrats ont longuement étudié l’hypothèse selon laquelle des rétrocommissions qui n’ont pas été versées par la France à des dignitaires pakistanais auraient été la cause de l’attentat.

Flux financiers opaques

Si l’enquête judiciaire n’a pas permis de confirmer cette hypothèse, elle a en revanche permis de mettre à jour de nombreux flux financiers opaques entourant les conditions de vente par la France de trois sous-marins Agosta au Pakistan et plusieurs marchés saoudiens dont la vente de deux frégates militaires (Sawari II).

Plusieurs intermédiaires dont l’utilité dans la signature des contrats est loin d’être établie ont pourtant été copieusement rémunérés. S’agissait-il de reverser ensuite une partie de l’argent touché aux responsables politiques qui les avait placés là ?

Les deux principaux intermédiaires, Ziad Takieddine et Abdul Rahman El-Assir, avaient été imposés in extremis dans ces contrats par Matignon et la défense, et ce alors que les marchés semblaient déjà conclus. Une partie des commissions perçues par le duo – plusieurs dizaines de millions d’euros – auraient en fait servi à financer de manière illicite, sous forme de « rétrocommissions », la campagne présidentielle de M. Balladur, en 1995, ainsi qu’à renflouer les caisses du Parti républicain (PR) de M. Léotard. Des accusations que les intéressés ont toujours contestées. Je n’étais « informé de rien sur l’existence de commissions, de rétrocommissions ». « Je n’avais pas les moyens de tout contrôler », avait affirmé M. Balladur au cours de l’instruction.

Plusieurs protagonistes, dont Thierry Gaubert (ex-membre du cabinet du ministre du budget de l’époque, Nicolas Sarkozy) et Nicolas Bazire, alors directeur de la campagne balladurienne, ainsi que Ziad Takieddine, ont été jugés devant le tribunal correctionnel de Paris en octobre 2019 pour ces mêmes faits. Des peines de dix-huit mois à sept ans de prison ferme y ont été requises. Le jugement doit être rendu le 22 avril.

Décision « extrêmement importante »

Interrogé par l’Agence France-presse (AFP), l’un des avocats de M. Balladur, Me Félix du Belloy a affirmé que « la Cour de cassation s’est prononcée sur des questions procédurales, et on démontrera le mal fondé de ces accusations devant la CJR » lors du procès.

Olivier Morice, avocat des familles de victimes de l’attentat de Karachi, a pour sa part qualifié cette décision d’« extrêmement importante ». « Nous nous en félicitons car nous avons toujours soutenu que les délits reprochés aux différents protagonistes du volet financier de l’affaire de Karachi n’étaient pas prescrits », a-t-il ajouté, confiant en ce que cet arrêt « aura une incidence dans la décision qui sera rendue prochainement par le tribunal correctionnel de Paris à l’encontre de MM. Bazire, Donnedieu de Vabres et Takieddine ».

16 mars 2020

Glamour - vu sur internet

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16 mars 2020

La une de LIBERATION ce lundi matin... Coronavirus

libé lundi

De Paris à Nice, l’appel du soleil plus fort que la prise de conscience

Par Maïté Darnault, (à Lyon) , Stéphanie Harounyan, (à Marseille) , Mathilde Frénois, (à Nice) , Charles Delouche et Eva Fonteneau, (à Bordeaux) 

Après la fermeture de nombreux commerces samedi soir, les grandes villes françaises se sont réveillées entre sidération et inconsciente légèreté.

La France, le jour d’après. Au lendemain de l’annonce de la fermeture des bars, restaurants et commerces non alimentaires, les nombreuses devantures du quartier du Marais, à Paris, ont baissé leur rideau. Ce dimanche matin est bien trop calme, d’autant que la météo a des airs de printemps. La rue de Bretagne est clairsemée de petits groupes de passants qui aiment se rappeler les fameux «gestes barrières», notamment en maintenant entre eux la distance sociale de sécurité.

Du bar-tabac du Progrès, dont la terrasse est entièrement rangée, une dame, parka de l’armée russe sur le dos, sort avec deux cartouches de cigarettes sous le bras, «histoire de faire des réserves». Didier est à la tête du Progrès depuis vingt-trois ans. Son bar est désormais fermé. «Mes gars travaillent trente-neuf heures par semaine. L’Etat ne va prendre en charge que 80 % des salaires. On est dans le IIIe arrondissement, les loyers sont hyper chers et j’ai 26 employés à gérer. Ça va être compliqué pour moi», explique le patron, qui compte vider son stock de sèches (les tabacs sont autorisés à rester ouverts) avant de fermer tout son établissement. «Au début de la semaine, on avait déjà dû aménager les temps de travail. Mais là, avec la fermeture totale, je n’ai pas de perspective au-delà des quinze prochains jours, dit l’homme en se massant les sinus. Ça me fait flipper.»

Devant le commerce, avec ses deux cartouches de cigarettes et son sac de courses, Rayan s’apprête à passer plusieurs jours cloîtré chez lui. «Je devais partir en Libye et au Nigeria pour un tournage, mais je ne sais même pas si c’est reporté ou complètement annulé, explique ce jeune reporter d’images. Les chaînes n’ont plus besoin de moi et ont annulé leurs commandes jusqu’à fin avril. Pour moi, c’est une perte colossale.» Dans le quartier, la majorité des personnes croisées ne portent pas de masque. Le Monoprix de la rue du Temple ferme exceptionnellement ses portes avant 13 heures et le service de livraison ne sera pas assuré, «suite à une affluence inhabituelle», explique l’un des vigiles présents à l’entrée du magasin. Devant le Franprix du quartier, les gens patientent, espacés les uns des autres. Les employés du magasin font entrer les acheteurs au compte-gouttes. Au stand libanais du marché des Enfants rouges, le patron, appuyé contre une table, a les yeux dans le vide. «Pas un client aujourd’hui. Juste un sandwich à emporter. Alors que normalement, le dimanche, c’est blindé», affirme-t-il. Dimanche soir, son stand a fermé pour «une durée indéterminée».

Au café le Sancerre, rue des Archives, c’est nettoyage de printemps. Ahsen, le patron, se tient sur le trottoir, le regard vers le néon éteint de son bar. De nombreux riverains et habitués du quartier viennent le saluer dans un ultime «check», pied contre pied ou coude contre coude. «On s’y attendait. Mais lorsqu’on a appris la fermeture, l’équipe était dépitée et sous le choc. Il y en avait même un qui pleurait», dit-il en désignant du doigt un imposant bonhomme qui nettoie la terrasse au Kärcher.

Mais au fil de la journée, les Parisiens n’ont pas résisté aux incitations du beau temps. Ils se sont largement affranchis des consignes de prudence et sont allés tranquillement faire leurs courses, panier à la main. Ce qui a suscité l’ire de certains internautes. Nombreux ont posté sur les réseaux sociaux des photos ou des vidéos montrant une foule compacte en train de faire ses achats au marché d’Aligre (Paris XIIe). «Comment ne pas être inquiet ? commentait Guillaume Mélanie, un comédien, sur Twitter. Le virus ne circule pas ! Ce sont les femmes et les hommes qui le font circuler. Soyez, soyons responsables.» Les grands parcs parisiens ont aussi été pris d’assaut par une foule d’habitants en quête d’un bain de soleil.

à Marseille, Affluence normale

A Marseille, la Corniche se fiche aussi du coronavirus. Ce dimanche, c’est le ballet habituel des joggeurs, solitaires ou en groupe, qui longent la mer. Ils y croisent des promeneurs ou des randonneurs chaussures de marche aux pieds et doudoune sans manches, qui semblent bien partis pour aller jusqu’à l’extrémité de la ville et ses calanques. Pour les commerces alimentaires ouverts dans ce quartier résidentiel au sud du Vieux-Port, c’est l’affluence normale. Il fait beau, pas question de rester chez soi.

En haut de la colline de Notre-Dame-de-la-Garde, deux couples de touristes venus de Saint-Etienne profitent de la vue sur la ville. «C’était un week-end prévu de longue date. Mais on a dû écourter : on ne peut pas se restaurer… Ce matin, l’hôtel nous a tout de même fait un petit-déjeuner, du coup on a mangé comme quatre !» Le groupe d’amis repart tout à l’heure et voudrait bien jeter un œil à la basilique. A l’entrée, le gardien a posé des plots et s’est posté au milieu de la route, bras croisés sur le torse. «La moitié de la crypte est fermée, il n’y a que l’entrée qui est accessible», pour déposer un cierge, explique-t-il. Ce matin, le diocèse de Marseille a indiqué que toutes les messes étaient annulées. Des fidèles ont raté l’annonce et ont fait le déplacement, jetant tout de même un coup d’œil au panorama avant de rebrousser chemin. «On va vers la fermeture totale», prévoit le gardien.

Sur le Vieux-Port, les restaurants et les cafés ont rangé leurs chaises. Mais face aux rideaux tirés, c’est la queue - avec quand même le mètre de sécurité respecté - pour emprunter la navette qui part vers le Frioul. Les autres bateaux touristiques ont interrompu leur tournée, mais pas celui-ci, qui doit assurer la continuité territoriale vers l’île, où résident une centaine de Marseillais. «Ça ne s’arrête pas, on a autant de monde qu’hier, et ce sont surtout des visiteurs, des touristes, souffle le capitaine. On tourne comme une journée normale de soleil. Je ne les comprends pas. Ils se font la bise, se touchent…» Le pire, raconte-t-il, c’est lorsque la dernière navette est rentrée samedi soir : «Comme il faisait froid, il y avait près de 160 personnes confinées à l’intérieur du bateau, à dix centimètres les unes des autres, c’est n’importe quoi !» Impossible, pour l’heure, de faire jouer leur droit de retrait, précise-t-il. Alors le personnel fait attention. «On applique les consignes, on a aussi reçu une bouteille de gel hydroalcoolique», énumère le capitaine, pas convaincu. Dans la file, un jeune homme intervient, tout sourire : «La vie continue ! Et puis il y aura moins de gens sur l’île. Moi, le virus, ça ne m’impressionne pas !» Un peu plus loin sur le quai, Camille et Irina prennent le soleil. «Il paraît que ça atténue le virus», tente Irina. Peur du Covid-19 ? «Pas du tout, sourit-elle. Moi, ça ne me dérange pas de faire la bise aux gens.»

à Bordeaux, fin de fête

Mais les choses changent dans le pays. Il y a tout juste une semaine, Bordeaux était en fête. Des milliers de personnes déambulaient joyeusement dans les rues pour assister au traditionnel carnaval des Deux Rives. Cette légèreté s’est évanouie à la vitesse des annonces gouvernementales. «La vie en société se réduit comme peau de chagrin, mais je relativise en me disant que ça va permettre aux gens d’enlever leurs œillères et de voir l’ampleur de la crise», commente Geneviève, retraitée, à travers la fenêtre de son appartement situé dans l’hypercentre. A quelques mètres de son domicile, les rideaux métalliques des boutiques et magasins sont fermés ou baissés de moitié pour les cafés et restaurants. A l’intérieur, pas de public, mais des employés qui s’affairent. Après les inventaires, ils vont devoir jeter une grande partie de leur marchandise. La mort dans l’âme

Thierry, qui tient un café-brasserie près de l’hôtel de ville, accuse le coup : «Tout est arrivé très vite. Je n’ai pas dormi de la nuit. On doit mettre de la viande, du poisson, plein de denrées fraîches à la poubelle. En plus du gaspillage, c’est des milliers d’euros de pertes car on nous a prévenus au dernier moment.» Une situation d’autant plus dommageable que pour la première fois depuis plusieurs semaines, il fait beau à Bordeaux. «Un grand soleil qui aurait attiré du monde à coup sûr», souffle un des employés.

Les transports en commun bordelais ne sont pas épargnés par la crise sanitaire. Depuis dimanche matin, ils ne circulent quasiment plus. Les conducteurs de tram et de bus ont fait valoir en masse leur droit de retrait. Un cas de contamination est suspecté dans les effectifs.

Pendant ce temps, dans les rues, le long des quais, sur les places, malgré la menace du Covid-19, beaucoup de familles et de touristes continuent de faire leur vie. On s’étonne par exemple de voir une longue file d’attente devant un magasin de cannelés ou des tables bondées à l’heure du déjeuner au marché des Capucins. Les livreurs à vélo sont eux aussi de sortie, avec des carnets de commandes bien remplis. «On marche sur la tête. Les gens sont bornés. Il va falloir les contraindre à rester chez eux pour qu’ils écoutent», fulmine Aude, 36 ans, qui retourne se calfeutrer chez elle après avoir voté.

à Lyon, des badauds sur les marchés

A Lyon, sur la presqu’île, la rue Mercière, qui aligne les bouchons typiques de la gastronomie locale, est étrangement déserte ce dimanche. De l’autre côté de la Saône, la cathédrale Saint-Jean-Baptiste n’a pas fermé ses portes à «ceux qui veulent venir y prier», indique un écran à son entrée, mais elle n’accueillera plus de messe «jusqu’à nouvel ordre».

Pour trouver des badauds, il fallait aller sur les marchés. Celui de la place Guichard, dans le IIIe arrondissement, est resté très fréquenté. Kader, 63 ans, vit à Vénissieux et a traversé la ville en tram pour rejoindre un ami vendeur. Il regrette la fermeture des bistrots : «On s’emmerde car on ne peut même pas aller boire un café, je n’arrive pas à rester chez moi.» Pourtant, il reconnaît que «le virus fait un peu peur, en trois jours, c’est allé vite».

Plus loin, Martine tire son chariot, mains gantées de latex. «C’est par précaution, surtout pour manipuler l’argent», explique-t-elle. Ce matin, elle a trouvé le «quartier bien vide et la salle de sport fermée». Mais elle a envie d’être «optimiste» : «Si tout le monde respecte les règles, on en est sortis mi-avril.» La quinquagénaire fait aussi des courses pour une amie malade : «Je vais poser les sacs devant sa porte et elle les récupérera plus tard.» Le confinement n’est pas si simple à appliquer, admet Martine, grand-mère de deux jeunes enfants : «Lundi et mardi, je vais les garder car ma fille est enseignante et elle doit suivre une formation pour faire classe à distance.»

Alexis et Djampa, la vingtaine, s’apprêtent à entrer dans le métro. Thésards en biologie, ils vont s’efforcer de limiter au «strict minimum» les manipulations en laboratoire qu’impliquent leurs recherches. «Le reste, on peut le faire en télétravail, expliquent-ils. Les nouvelles mesures, ça a l’air excessif, mais on est bien placés pour comprendre que c’est nécessaire.»

Dans le VIIIe arrondissement, le directeur d’un supermarché tient à diffuser un message rassurant : «Il n’y aura pas de pénurie, les grossistes fonctionnent normalement, on va être livrés sur tous les produits.» Même en pâtes, riz, papier toilette, savon et Javel, dont les rayons ont été dévalisés. Dans la matinée, le gérant a dû filtrer les entrées pour «éviter l’effet bouchon en caisse». A midi, à une demi-heure de la fermeture, l’enseigne n’avait pas désempli.

A Nice, «triste ambiance»

Sur le port de Nice, le store de la Barque bleue est le seul déroulé. A l’ombre de sa toile tendue, les tables sont empilées, les chaises emboîtées. Pas de clients pour manger les spécialités italiennes. Terrasse fermée, comme toutes les autres. «C’est la première fois que je vois ça. Il devrait y avoir cent couverts, là. C’est triste de voir cette ambiance», déplore Gigi, cuisinier depuis douze ans dans l’établissement. D’habitude, c’est ici que l’on vient bruncher le dimanche matin.

Au-dessus des quais, surtout quand le ciel est azur, les Niçois s’arrêtent boire un verre à midi et les touristes grignotent leur plat du jour. On fait le plein de vitamine D avant de repartir pour une semaine au bureau. La vraie vie méditerranéenne. Mais ce dimanche, les trottoirs sont vides. «On a de la place pour marcher. Nice nous appartient enfin, s’exclame Françoise, habitante d’un quartier voisin du port. On n’est pas envahis par le bruit et par la foule. On peut respirer et admirer les façades du XVIIIe siècle. On a retrouvé un équilibre.» Elle est bien la seule à se réjouir. Marise pousse sa porte d’entrée. Ses fenêtres donnent sur les terrasses : «Ici, c’est un quartier dynamique. Habituellement, les gens promènent leur chien, les enfants courent. Aujourd’hui c’est mortel. On sent la psychose.»

16 mars 2020

Conséquences du Coronavirus....

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16 mars 2020

Les seins, grands gagnants du désir, grands oubliés du plaisir

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Par Maïa Mazaurette

Les tétons ont des érections, la stimulation de cette zone du corps peut provoquer des orgasmes, mais force est de constater que nous la « sous-utilisons » chez les femmes ET les hommes. La chroniqueuse de « La Matinale » Maïa Mazaurette nous explique pourquoi et livre quelques conseils.

LE SEXE SELON MAÏA

« Nous devons à des siècles de conception phallocentrée de la sexualité la négation, quand ce n’est pas la répression, de la sensibilité érogène des seins. » Dans son ouvrage paru la semaine dernière (Seins. En quête d’une libération, Ed. Anamosa, 224 p., 20 euros), la chercheuse Camille Froidevaux-Metterie nous vise en pleine poitrine.

Nions-nous la sensibilité érogène des seins ? Même si l’espèce humaine a la chance de pouvoir copuler face à face, force est de constater que nous sous-utilisons ce champ des possibles : dans un cadre hétérosexuel, les caresses des seins des femmes sont renvoyées aux préliminaires. Quant aux seins des hommes… hein, quoi ? Quels seins ? Vous voulez parler des pectoraux ? Notre désintérêt est tel que les études récentes dont nous disposons sur la sexualité des Français ne mentionnent même pas cette source de jouissance !

Pourtant, nous savons bien que les seins ont une vie sexuelle. Les tétons ont des érections, et se contractent pendant l’orgasme. Leur stimulation active le cortex sensoriel génital (Journal of Sexual Medicine, juillet 2011) et libère de l’ocytocine, hormone du lien (Medical Hypothesis, décembre 2015). Les seins figurent en haut de la liste des zones érogènes : selon une étude publiée en 2013 dans la revue Cortex, ils arrivent en cinquième position des zones les plus agréables pour les femmes, et en 11e place pour les hommes – quant aux tétons, ils sont appréciés à égalité par les deux sexes, au 6e rang.

Extases mammaires

Par ailleurs, on peut avoir des orgasmes par stimulation des seins. Les témoignages ne manquent pas d’extases mammaires… même si ces dernières demeurent rares, et même si nous ne sommes pas toutes et tous à égalité ! Ainsi, selon une étude de 2006, publiée dans la revue Sexual and Relationship Therapy, les petites poitrines seraient plus sensibles que les grosses.

Sans aller forcément jusqu’à l’orgasme, l’efficacité est au rendez-vous : 81,5 % des jeunes femmes ressentent du plaisir lors de la stimulation de leurs seins, et 51 % des hommes (on trouve 7 % de réticents, également répartis chez les deux genres). 59 % des femmes ont déjà demandé qu’on leur touche la poitrine, mais seulement 17 % des hommes (Journal of Sexual Medicine, février 2006).

Comment faire pour développer sa sensibilité ? Eh bien, exactement comme on développe ses talents au piano ou en éternuements dans le coude : en faisant attention à ce qu’on fait, et en s’entraînant.

Les femmes pourront par exemple se tourner vers le tantrisme, qui pose les seins comme le pôle positif de la sexualité féminine (les femmes « donnent » avec leur cœur, donc avec leur poitrine, contrairement aux hommes qui donnent avec leur pénis). Charge aux femmes, donc, de mobiliser cette énergie par des exercices de méditation ou de respiration. Ouvrez vos chakras !

Si ce paradigme très Mars/Vénus vous donne des boutons, vous pourrez vous tourner vers le nipple play (les jeux de tétons), vastement exploré dans les sexualités gays. Internet regorge de conseils pour masser, sucer, pincer, caresser, effleurer, faire gonfler les seins – et pas seulement le mamelon ou l’aréole, parfois ultrasensibles, mais la surface entière ! Sans oublier la fameuse « branlette espagnole » (ou cravate du notaire, ou masturbation intermammaire).

Côté sextoys, vous avez l’embarras du choix : des pompes à tétons pour favoriser l’afflux sanguin jusqu’aux vibrateurs spécialisés (ou classiques : les seins ne font pas de discrimination) en passant par des pinces, reliées ou non à des chaînes ou des poids. Les plus audacieux tenteront les pulsateurs clitoridiens (qui s’adaptent facilement aux mamelons), se livreront aux chatouillements prodigués par des plumeaux, au froid des bijoux en métal… ou oseront les roues crantées et autres aiguilles (aïe). Pas assez original ? Optez pour le fétichisme des seins, ou les fantasmes d’allaitement.

Ampleur du répertoire

Face à l’ampleur du répertoire, reste à expliquer pourquoi cette zone suscite tant de timidité. Eh bien, c’est compliqué – et pour un tas de raisons. Côté hommes, les seins sont tellement associés au corps féminin qu’ils peuvent se sentir « féminisés » quand on les touche à cet endroit. Côté femmes, les relations sont tout aussi conflictuelles. Camille Froidevaux-Metterie résume ainsi les enjeux : « Les seins ne condensent-ils pas à eux seuls toutes les caractéristiques féminines qui ont justifié et perpétué la domination masculine ? Ils sont le symbole par excellence de la maternité (seins nourriciers), le signe privilégié de la féminité (seins étendards) et l’antichambre de la sexualité (seins préliminaires). »

La première expérience que font les jeunes femmes quand leurs seins poussent, c’est celle de « la présence inesquivable du féminin ». Les choses s’aggravent quand l’anatomie justifie des comportements abusifs, par une présomption de disponibilité sexuelle (« si elle a des seins, alors elle est prête à avoir des rapports »), ou par une très douteuse naturalisation des transgressions (« les seins d’une femme épousent parfaitement la main d’un homme, c’est normal qu’on veuille mettre la main à la pâte »…).

A ce titre, nul ne s’étonnera que les attentions masculines soient majoritairement mal vécues, comme le révèlent ces statistiques sur la pratique du topless à la plage : 59 % des femmes de moins de 25 ans passent leur tour à cause des regards concupiscents, 51 % craignent des agressions physiques, 28 % cherchent à éviter les commentaires désagréables (Ifop, juillet 2019).

Censure

A cause de leur pouvoir d’attraction, et des conséquences que ce pouvoir génère, les seins sont victimes de censure virtuelle (sur Facebook ou Instagram) mais aussi de censure réelle, puisqu’il faut les recouvrir, même sur les enfants. Je vous invite à faire le test vous-même : si vous tapez sur Google Shopping les mots « maillot de bain enfant fille », 99 % des résultats comportent des brassières. La sexualisation n’attend même pas qu’on sache nager…

Un autre frein au plaisir des seins est à chercher du côté de ce que Camille Froidevaux-Metterie appelle le « partage hiérarchisateur entre maternité et sexualité qui domine encore nos représentations. » Si les seins sont destinés aux bébés, alors le plaisir pris par les seins serait vaguement incestuel. On préfère donc faire comme s’il n’existait pas.

Face à cette double pression de sursexualisation et de sacralisation de la maternité, comment les femmes pourraient-elles réinvestir leur poitrine ? Le sujet pourrait paraître anecdotique, mais il est redoutablement politique. Camille Froidevaux-Metterie rappelle par exemple qu’on parle du clitoris comme d’un « double dérisoire du pénis », mais que personne ne qualifie les tétons masculins de « doubles dérisoires de la poitrine féminine ».

En s’emparant de cette zone érogène, les femmes pourraient « éprouver les seins non pas comme de simples objets destinés à satisfaire le désir masculin, mais comme le terreau d’un désir spécifiquement féminin ». Soit une nouvelle excuse pour brûler les soutiens-gorge !

16 mars 2020

Terry Richardson - photographe

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16 mars 2020

"L'Ombre de Staline" : l'histoire du génocide ukrainien de 1932-33 dans un thriller stupéfiant

Film sur le génocide ukrainien qui fit 2,6 à 5 millions de morts, "L'Ombre de Staline" remet les pendules à l’heure sur le "miracle soviétique".

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James Norton dans \"L\'Ombre de Staline\" de Agnieszka Holland.James Norton dans "L'Ombre de Staline" de Agnieszka Holland. (Copyright Robert Palka / Film Produkcja / Condor)

L’Holodomor, nom associé au génocide ukrainien qui fit entre 2,6 et 5 millions de morts en 1932-33 sous Staline, n’a sans doute jamais été porté au cinéma. Un oubli réparé avec L'Ombre de Staline qui sort le 18 mars. Littéralement, "Holodomor" signifie en ukrainien "extermination par la faim". Edifiant.

Echos contemporains

En 1933, Gareth Jones, journaliste indépendant, vient de publier la première interview d’Adolph Hitler tout juste promu chancelier. Le reporter veut enchaîner sur un entretien avec Staline pour percer le secret du "miracle soviétique", une réussite économique paradoxale alors que le pays est ruiné. Arrivé à Moscou, il se retrouve sous surveillance, lâché par les occidentaux, et son principal contact disparaît. On lui glisse à l’oreille que les ressources financières soviétiques émaneraient de l’"or ukrainien". Il parvient à fuir à Kiev, enquête, et découvre une terrible vérité.

La réalisatrice polonaise Agnieszka Holland œuvre autant au cinéma (Rimbaud Verlaine) qu’à la télévision (House of Cards, Cold Case). Elle signe peut-être son film le plus ambitieux avec L’Ombre de Staline, en raison de son sujet mal connu qui fait écho à l’actualité. Les fondements de la famine génocidaire en Ukraine renvoient à certaines pratiques esclavagistes en cours aujourd'hui sur les chantiers de la coupe du monde de football au Qatar, ou au traitement réservé en Europe aux réfugiés du Proche-Orient. Avec en commun, l'absence de tout sentiment humanitaire, au profit des urgences économique et politique. 

Aventure humaine

Le personnage du journaliste Gareth Jones a réellement existé et son aventure dans l’URSS de 1933 est tout autant véridique. Brillant, polyglotte, russophone et investigateur acharné, il était l’homme de la situation pour percer le mystère du "miracle soviétique" au seuil des années 1930. Une situation embarassante pour l’Europe occidentale déjà fort occupée par l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Britannique (Gallois), Gareth Jones, conseiller aux Affaires étrangères du Premier ministre Lloyd George, outrepasse ses fonctions quand il enquête en URSS. La réalisatrice Agnieszka Holland montre combien ses investigations dérangent Walter Duranty, Prix Pulitzer et journaliste au prestigieux New York Time, qui ne tarit pas d’éloge sur la maîtrise économique de Staline. Version qui arrangeait bien les occidentaux.

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James Norton et Vanessa Kirby dans \"L\'Ombre de Staline\" de Agnieszka Holland.James Norton et Vanessa Kirby dans "L'Ombre de Staline" de Agnieszka Holland. (Copyright Robert Palka / Condor Distribution)

La cinéaste signe un film classique, servi par une belle reconstitution des années 1930, sur laquelle repose un récit original bien documenté, écrit par la réalisatrice. Elle filme avec élégance les alcôves de la gentry occidentale à Moscou, et prend son temps quand elle met en scène le terrible périple de Gareth Jones dans les neiges ukrainiennes. L’Ombre de Staline rappelle le meilleur des films d’espionnage en le teintant d’une aventure humaine. Elle provoque chez le spectateur la même révolte que celle vécue par son héros, confronté à l’indifférence réservé au sort des Ukrainiens. Il est en quelque sorte un des premiers lanceurs d'alerte.

Gareth Jones connaîtra une fin tragique en 1934, enlevé puis tué en Mongolie dans des circonstances non élucidées, derrière lesquelles plane l’ombre des services secrets soviétiques. Un autre parallèle avec l’actualité, avec le sort réservé aujourd’hui à de nombreux journalistes à travers le monde, quand ils s'attaquent un peu trop aux arcanes du pouvoir.

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L\'affiche de \"L\'Ombre de Staline\" de Agnieszka Holland.L'affiche de "L'Ombre de Staline" de Agnieszka Holland. (CONDOR DISTRIBUTION)

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La fiche

Genre : Biopic / Drame historique

Réalisateur : Agnieszka Holland

Acteurs : James Norton, Vanessa Kirby, Peter Sarsgaard, Joseph Mawle, Kenneth Cranham, Celyn Jones, Krzysztof Pieczynski, Fanella Woolgar

Pays : Pologne / Grande-Bretagne / Ukraine

Durée : 1h59

Sortie : 18 mars 2020 théoriquement ?

Distributeur : Condor Distribution

Synopsis : Pour un journaliste débutant, Gareth Jones ne manque pas de culot. Après avoir décroché une interview d’Hitler qui vient tout juste d’accéder au pouvoir, il débarque en 1933 à Moscou, afin d'interviewer Staline sur le fameux miracle soviétique. A son arrivée, il déchante : anesthésiés par la propagande, ses contacts occidentaux se dérobent, il se retrouve surveillé jour et nuit, et son principal intermédiaire disparaît. Une source le convainc alors de s'intéresser à l'Ukraine. Parvenant à fuir, il saute dans un train, en route vers une vérité inimaginable...

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