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Jours tranquilles à Paris

25 février 2020

SZYMON BRODZIAK - Photographer & Visualteller

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25 février 2020

Vu du Royaume-Uni - Avec Julian Assange, la liberté de la presse devant la justice

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THE GUARDIAN (LONDRES)

L’Australien, fondateur de WikiLeaks, va voir la demande d’extradition des États-Unis à son encontre examinée par un tribunal de Londres, à partir du lundi 24 février. Un moment crucial pour l’avenir du journalisme, estime ce chroniqueur.

À partir du 24 février, un journaliste va passer devant un tribunal londonien et risque d’être extradé vers les États-Unis, où il passera le reste de sa vie en prison. Les 18 chefs d’accusation pour lesquels il est poursuivi sont la conséquence directe de révélations dont la plupart sont liées aux guerres américaines menées en Irak et en Afghanistan.

Ces révélations comprenaient par exemple la vidéo nommée “Meurtre collatéral” où l’on voit l’équipage d’un hélicoptère américain tuer dix-huit personnes à Bagdad en 2007, dont deux correspondants de [l’agence de presse] Reuters, Namir Noor-Eldeen et Saeed Chmagh.

Parmi les dossiers se trouvaient des milliers de rapports militaires et des câbles diplomatiques qui ont permis à des gens dans un grand nombre de pays de mieux comprendre les relations entre leur gouvernement et les États-Unis. Ces documents montraient également comment les diplomates américains avaient cherché à récolter des informations sur deux secrétaires généraux de l’ONU.

Un travail incroyable

Sans surprise, les journaux et les différents médias du monde entier se sont fait un plaisir de publier et de diffuser ces révélations. Parler de scoop est bien en dessous de la réalité pour décrire l’ampleur impressionnante de ces révélations. Tous les journalistes s’accordaient à dire qu’il s’agissait d’un travail incroyable, qui a d’ailleurs permis à Julian Assange de remporter plus d’une dizaine de prix.

On pourrait donc croire que ce héros de la liberté de la presse, désormais détenu dans la prison de haute sécurité de Belmarsh [à l’est de Londres], jouit du soutien indéfectible et unanime de la presse britannique avant son procès. Pourtant, jusqu’à présent, la couverture de cette épreuve a été mise en sourdine. Pourquoi ?

Image négative forgée

Le problème est que notre héros n’est autre que Julian Assange, l’homme qui a refusé de comparaître pour éviter d’être extradé vers la Suède pour une affaire de viol, qu’il continue de nier, et qui a trouvé refuge à l’ambassade équatorienne pendant sept ans jusqu’à ce que la police soit autorisée à y entrer et à l’arrêter en avril dernier.

De nombreux mensonges ont circulé sur Assange quand il était réfugié à l’ambassade, notamment des histoires bizarres disant qu’il étalait ses excréments sur les murs, avait ruiné le parquet en faisant du skateboard et torturait un chat.

Ces histoires, et bien d’autres du même acabit, ont contribué à forger une image largement négative d’Assange et du site Internet qu’il a fondé, WikiLeaks. Une campagne de dénigrement orchestrée en grande partie par le gouvernement américain à la suite de la diffusion, en 2010, de la vidéo sur la bavure de l’armée américaine et l’arrestation de la lanceuse d’alerte, Chelsea Manning, responsable des fuites.

Plusieurs accrochages avec des alliés

Au Royaume-Uni, la réputation d’Assange a pâti de ses accrochages avec différentes personnes qui admiraient son travail, notamment The Guardian, qui avait publié des articles à partir de documents de WikiLeaks. Comme le souligne le rédacteur en chef de l’époque, Alan Rusbridger : “La relation avec Assange était tendue… Je le trouvais lunatique, pas très fiable et très antipathique : je crois que c’était réciproque.”

Je n’ai rencontré Assange qu’une fois, quand il est venu pour une conférence à l’université de Londres. Je n’avais pas trop apprécié son arrivée triomphale et j’avais trouvé qu’il cherchait surtout à épater la galerie. Mais, comme Rusbridger, je pense que l’impression de chacun sur la personnalité d’Assange doit être mise de côté. Les enjeux de ce procès sont trop importants pour l’avenir du journalisme.

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Le spectre d’un précédent

Assange est poursuivi pour 17 chefs d’inculpation en violation de la loi sur l’espionnage américaine de 1917, et encourt pour chaque infraction une peine de prison de dix ans. Il est aussi accusé de complot en vue de commettre un piratage informatique, puni d’une peine de cinq ans maximum. Il pourrait donc être condamné à cent soixante-quinze ans de prison.

Ces poursuites ne concernent peut-être qu’un seul homme mais, si elles aboutissent, elles vont créer un terrible précédent. Leur objectif étant d’empêcher les lanceurs d’alerte de dire la vérité, et les journalistes de leur donner une chambre d’écho.

Ce que Manning et Assange ont fait ne peut pas être assimilé à de l’espionnage. Ils ont mis au jour les secrets douteux du gouvernement américain, et, dans le cas de la vidéo de la bavure, montré jusqu’où ce dernier était prêt à aller pour couvrir ce massacre. C’est du journalisme à 100 %.

Mettre ses sentiments de côté

Ce qui veut dire que la liberté de la presse est en danger, et que nous ne devrions pas nous laisser convaincre de regarder ailleurs parce que nous n’aimons pas le type impliqué.

J’ai d’ailleurs été rassuré de voir que les rédacteurs en chef des journaux nationaux ressentaient apparemment la même chose que moi, comme en témoignent leurs réponses à mes questions sur le sujet par e-mail la semaine dernière.

Chris Evans du Daily Telegraph a dit que, s’il était “très mitigé” sur Assange, il était très inquiet des “implications pour le journalisme” en cas d’extradition. Le rédacteur en chef du Daily Express, Gary Jones, a “du mal à considérer Assange comme un journaliste”, mais il pense qu’il a “étalé au grand jour de très sérieux abus de pouvoir et cas de corruption” et pense que “le gouvernement devrait arrêter la procédure d’extradition”.

Peu d’espoir en cas de condamnation

La rédactrice en chef du Guardian, Katharine Viner, est catégorique : “L’État ne devrait jamais se servir de son pouvoir pour réprimer les actions des lanceurs d’alerte et de journalistes qui enquêtent sur des sujets de toute évidence dans l’intérêt général.”

La demande d’extradition des États-Unis de Julian Assange est une atteinte très inquiétante à la liberté de la presse et au droit à l’information du public.”

Selon moi il n’est pas exagéré de faire le parallèle entre le cas Assange et l’affaire Dreyfus, cet officier d’artillerie juif accusé à tort d’espionnage par l’armée française dans les années 1890. Au moins Dreyfus a fini par être libéré et a pu quitter l’île du Diable [où il était détenu]. Si les États-Unis mettent la main sur Assange, il y a peu d’espoir qu’il en réchappe.

25 février 2020

Pollution - La face cachée du vinyle

vinyle

THE GUARDIAN (LONDRES)

Alors que la musique se consomme aujourd’hui presque exclusivement en ligne, le vinyle fait un étonnant retour en force. Deux supports différents, un même problème : les effets néfastes sur l’environnement.

À l’intérieur d’une usine états-unienne de pressage de vinyles – les patrons ont souhaité que je ne divulgue pas l’adresse – des dizaines de machines hydrauliques tournent jour et nuit dans un fracas de métal. Il s’en dégage des senteurs douceâtres de graisse chaude et de plastique fondu. On dirait des reliques d’un autre âge, et c’est effectivement ce qu’elles sont. Pour l’essentiel, les principes technologiques du pressage de disques n’ont pas varié depuis un siècle et ces machines elles-mêmes sont vieilles de plusieurs décennies.

Le marché du vinyle continue de croître, même s’il est sans commune mesure avec le chiffre d’affaires du streaming. Aujourd’hui, les Américains dépensent autant en vinyles qu’en CD, tandis qu’au Royaume-Uni les ventes de vinyles ont atteint 4,3 millions d’unités l’an dernier, en hausse pour la douzième année consécutive. Donc, si vous faites partie des millions de gens qui sont revenus aux disques vinyle, vous aimerez savoir d’où ils viennent et comment on les fabrique.

Chaque station de pressage comporte des cuves, appelées “trémies”, remplies à ras bord de granules de polymère [de plastique] qui ressemblent à des lentilles. Ils sont déversés dans la machine, puis fondus pour former des galettes de la taille de palets de hockey, qui seront ensuite pressées en forme de disques.

Les salariés ne veulent pas nous montrer l’entrepôt où la société stocke son plastique. Mais on en découvre l’origine sur les boîtes en carton, grandes comme des réfrigérateurs, disposées sur le sol devant les machines de pressage : elles sont barrées de grandes lettres rouges qui indiquent “vinyle compound” [“composé vinylique”] et “Product of Thailand”.

Pour une poignée de granulés

Si les granules de vinyle sont transportés dans de grands cartons, il n’en faut qu’une poignée pour fabriquer un disque. Des entreprises pétrochimiques américaines fournissaient une bonne partie de cette matière première, avant que le marché du disque vinyle n’entame son déclin en 1990, faisant disparaître la chaîne d’approvisionnement américaine.

Aujourd’hui que la platine est revenue à la mode, les ingrédients des 33-tours sont fabriqués hors des frontières américaines. Plus de la moitié du polychlorure de vinyle (PVC) utilisé aujourd’hui par les fabricants de disques aux États-Unis provient de Thai Plastic and Chemicals Public Company Limited (TPC), qui a son siège à Bangkok.

TPC fabrique ce vinyle spécialisé sur les rives du fleuve Chao Phraya, à environ une demi-heure en voiture au sud de la capitale. Après un an de courriels restés sans réponses et des semaines à me faire raccrocher au nez, j’ai enfin obtenu un début d’invitation pour visiter les équipements de TPC et j’ai pris le premier vol pour la Thaïlande.

Comme par hasard, la première personne que j’ai rencontrée à Bangkok était un ingénieur pétrochimique belge à la retraite. Il a eu l’air étonné quand je lui ai dit non seulement que les ventes de disques vinyle étaient reparties à la hausse depuis 2005, mais aussi que l’industrie continuait à utiliser ce qu’il considérait comme un matériau crasseux et démodé. En revanche, il était sûr d’une chose : TPC n’allait pas me laisser voir comment elle fabriquait le PVC. La suite lui donnerait raison.

Comme on pouvait s’y attendre, l’usine de TPC était étroitement surveillée, et les vigiles ont refusé de me laisser entrer ; je n’ai jamais vu l’intérieur et je n’ai eu aucun contact avec des représentants de TPC. Seul un porte-parole de SCG Chemicals – la société mère de TPC et l’un des plus grands groupes pétrochimiques d’Asie – a accepté de me rencontrer à mon hôtel pour parler de cette activité.

Des effluents toxiques

Si jamais vous avez déjà pétri de la pâte à modeler et que vous l’avez placée dans un gadget ressemblant à un presse-ail pour la faire ressortir de l’autre côté, alors vous savez comment le composé de PVC est fabriqué. Une fois le PVC synthétisé à partir des produits chimiques qui le composent, la résine brute est mélangée à plusieurs additifs, chauffée pour former un composé de plastique fondu, que l’on pousse à travers un moule pour obtenir une sorte de spaghetti, puis découpée en granules.

Le PVC contient des produits chimiques cancérigènes et sa fabrication produit des effluents toxiques. On sait que SCG Chemicals déverse ces eaux souillées dans le Chao Phraya, comme l’affirme Greenpeace, pour qui TPC “est connue pour ses activités polluantes”, lesquelles remontent au début des années 1990. Un responsable de la gestion de marque et de la responsabilité sociale de l’entreprise s’est refusé plusieurs fois à tout commentaire détaillé par courriel.

Il est impossible de savoir quelle est la proportion des rejets dans le Chao Phraya, ou quelle quantité de pollution est directement liée à la production de 33-tours. En revanche, une chose est sûre : les disques vinyle, ainsi que les cassettes et les CD, sont des produits dérivés du pétrole. Un bon milliard d’unités ont été fabriquées et détruites depuis le milieu du XXe siècle.

Aux États-Unis, au plus fort des ventes de 33-tours, de cassettes et de CD, ce secteur engloutissait environ 60 000 tonnes de plastique par an. En utilisant des moyennes actuelles, ainsi que les poids standards de chacun de ces formats, cela équivaut à plus de 140 000 tonnes d’émissions de gaz à effet de serre chaque année, uniquement aux États-Unis. La musique, comme tant d’autres secteurs d’activité, est prisonnière du pétrocapitalisme.

Rejeter les supports matériels pour passer au streaming, est-ce la solution ? La question est mal formulée, car supports numériques et supports matériels ne font qu’un. Même si les fichiers audio numériques paraissent virtuels, ils reposent sur des infrastructures de stockage de données, de traitement et de diffusion dont les émissions de gaz à effet de serre sont potentiellement plus importantes que celles des plastiques pétrochimiques utilisés dans la production de formats évidemment plus matériels. Autrement dit, le streaming brûle du charbon, de l’uranium et du gaz.

Moins de plastique, plus de CO2

La quantité d’énergie nécessaire à la diffusion en streaming d’un seul morceau ou album est négligeable – bien inférieure à celle qu’il faut pour obtenir la même musique sur un vinyle, une cassette ou un CD –, mais de telles comparaisons ratent l’essentiel. Car il faut bien comprendre les effets énergétiques cumulés des milliards d’amateurs de streaming qui souhaitent un accès instantané à une quantité illimitée de musique.

Du fait de ce mode de consommation, l’industrie musicale émet davantage de gaz à effet de serre, même si aujourd’hui elle utilise beaucoup moins de plastique qu’autrefois. À en croire des estimations prudentes, ces émissions s’élèveraient à 200 000 tonnes par an après 2015, tandis que les estimations les plus pessimistes penchent plutôt pour 350 000 tonnes par an – soit plus du double des émissions de l’industrie du disque aux États-Unis, au plus fort de la production de vinyles, de cassettes et CD. Les fichiers audio numériques individuels utilisent moins d’énergie que ceux enregistrés dans les formats antérieurs. Mais ces économies d’énergie individuelles sont rattrapées par une augmentation de la consommation générale.

Les appareils requis pour accéder à ces infrastructures – smartphones, tablettes, ordinateurs portables – nécessitent l’exploitation de ressources naturelles et humaines dans divers endroits de la planète. Ces produits sont ensuite soumis aux caprices de la mode et sujets à l’obsolescence. Ils finissent dans des décharges, grignotant de nouveaux territoires.

Pourtant, des solutions pratiques commencent à apparaître. Un groupe de huit sociétés néerlandaises cherche des moyens de rendre le vinyle plus écologique, en fabriquant des disques à partir de matériaux recyclables permettant de se passer du PVC. Pourtant, en octobre, à Los Angeles, lors de la principale conférence interentreprises sur les formats musicaux plastique, leurs enregistrements Green Vinyl Records, encore à l’état de prototypes, ont suscité l’hilarité parce qu’ils avaient un son “épouvantable” et sentaient le “bas de gamme”.

Un bourdonnement intermittent

L’un des dirigeants du consortium s’est plaint auprès de moi du conservatisme des accros au vinyle. J’ai écouté le disque de démonstration, et il est vrai qu’il ne donnait pas l’impression d’un 33-tours classique. Le bruit de fond ne ressemblait pas à ce à quoi j’étais habitué, et il y avait même un bourdonnement intermittent – comme si le disque lui-même avait des acouphènes. Il était d’une souplesse inhabituelle, les bords étaient épais. Mais si c’est là le son et l’aspect extérieur d’un produit fabriqué à partir de matériaux moins polluants que le PVC, alors ces caractéristiques ne sont pas des imperfections, mais des attraits.

Les services de streaming comme Spotify ont commencé à diffuser des informations concernant leurs effets sur l’environnement. Même si les chiffres qu’ils publient laissent à penser que leur empreinte écologique diminue, ils ne fournissent des informations que sur leurs propres centres de données. Or, Spotify a sous-traité une partie de ses infrastructures à Google Cloud, si bien que sa pollution doit être bien plus importante que ce qu’elle indique.

À mesure que de plus en plus de services de streaming sous-traitent le stockage et le traitement de leurs données à des sociétés de cloud, ils sous-traitent aussi leurs responsabilités en matière de consommation d’énergie et d’émissions polluantes. Comme me l’a dit un ingénieur du streaming, “tant que nous avons une couche d’ozone, nous vivons dans le cloud”.

Il peut être troublant de découvrir que quelque chose d’aussi merveilleux que la musique est inséparable de ces réalités alarmantes. Mais affronter ces réalités est la seule manière de les comprendre et peut-être de les améliorer. Je repense au curieux bourdonnement du disque recyclable et je me dis qu’en fait, ce que je trouve dérangeant, c’est le léger grésillement du vinyle, qui porte la marque du pétrocapitalisme. Article de Kyle Devine

25 février 2020

Retraite ?

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24 février 2020

Santé - Coronavirus en Italie : “C’est comme si nous étions à Wuhan”

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

L’Italie est le premier pays européen à avoir instauré une mise en quarantaine pour empêcher la propagation du coronavirus : onze communes du nord du pays ont été placées à l’isolement, alors que le nombre de personnes infectées dans le pays a dépassé la centaine. Une situation très commentée par la presse italienne, mais aussi ailleurs en Europe.

“Plus de 100 cas en Italie”, titre Il Giornale dimanche 23 février, “dont 89 en Lombardie”. “À Milan, les écoles fermées pendant une semaine”, prévient Il Sole-24 Ore, tandis que le Corriere della Sera rappelle qu’il n’est “plus possible de sortir des onze villes touchées par l’épidémie” dans le nord du pays. Ce dimanche, le coronavirus s’affiche à la une de tous les sites d’information italiens, qui suivent, heure par heure, l’évolution de la situation. L’Italie est en effet le premier pays européen à avoir établi des zones de quarantaine – à l’instar de la Chine – pour tenter d’empêcher la propagation de l’épidémie de Covid-19.

Dans le nord du pays, quelque 52 000 personnes se sont donc réveillées dans des zones où “ni l’entrée ni la sortie ne sera autorisée sauf dérogation particulière”, selon les mots du Premier ministre italien, Giuseppe Conte. À la mi-journée, dimanche, le pays comptait 132 personnes atteintes du coronavirus, dont 89 dans la seule région de Lombardie et 25 en Vénétie.

Écoles fermées, carnaval annulé

C’est Codogno, une ville de 15 000 habitants en Lombardie, qui constitue l’épicentre de la maladie. Et dès samedi, relate le Tagesspiegel depuis Berlin, cette dernière ressemblait fort “à une ville fantôme”. “En raison de plusieurs cas de coronavirus, les magasins, les restaurants, les bars et même les églises sont restés fermés”, rapporte le quotidien allemand.

La compagnie de chemin de fer Trenord n’a pas laissé ses trains s’arrêter dans la petite ville de 15 000 habitants. Les écoles sont fermées la semaine prochaine, et le carnaval, qui devait débuter dans une semaine, est annulé”.

Une atmosphère pesante s’est installée dans la commune, relate encore le Tagesspiegel, citant les propos d’un habitant de la commune à télévision publique italienne : “À Codogno, il n’y a pas âme qui vive dans la rue. C’est comme si nous étions à Wuhan”. Une “désolation” confirmée par cette vidéo tournée dans la ville confinée et publiée par La Stampa, quotidien italien :

L’origine de la première contamination encore inconnue

Le président de la région Lombardie, Attilio Fontana, a demandé au gouvernement italien de renforcer le contrôle aux frontières. Le quotidien belge Le Soir rapporte que “M. Fontana, membre de la Ligue (extrême-droite) de Matteo Salvini, parti d’opposition au gouvernement, a précisé : ‘je ne le dis pas pour faire des polémiques mais seulement pour améliorer nos réactions futures pour faire davantage attention à ceux qui arrivent de l’étranger’”.

Toujours sur le site du Soir, on peut lire que le président de région “a aussi évoqué ‘deux hypothèses’ en cours d’exploration pour comprendre qui a pu infecter Mattia, 38 ans, un cadre habitant à Codogno, à 60km au sud de Milan, considéré comme le patient 1 d’où dérivent pratiquement tous les cas de Lombardie”. Article de Mélanie Chenouard

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24 février 2020

Le Turk - photographe

le turk55

24 février 2020

Nécrologie - Hervé Bourges, ancien patron de TF1 et de France Télévisions, est mort à l’âge de 86 ans

Par Alain Beuve-Méry

Figure des médias français, l’ancien président du Conseil supérieur de l’audiovisuel, est mort dimanche. Homme d’action et de persuasion, il adorait le pouvoir et a été un fidèle de François Mitterrand, puis de Jacques Chirac, lorsqu’ils occupaient l’Elysée.

« Je suis le seul qui ait fait un parcours dans l’audiovisuel en le réussissant » ou « je préfère commander que subir. J’ai le goût du pouvoir, être numéro 2 ou 3 ne m’intéresse pas ».

Voici quelques-unes des confidences qu’Hervé Bourges a distillées au gré de sa longue et riche carrière de journaliste. Celle-ci l’a conduit jusqu’à la présidence du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), après avoir dirigé (entre autres) France Télévisions, TF1, RMC, RFI, Canal+ Afrique, l’Ecole de journalisme de Lille ou celle de Yaoundé au Cameroun, qu’il a aussi fondée.

Hervé Bourges, qui vient de s’éteindre, dimanche 23 février, à l’âge de 86 ans, dans un hôpital parisien, ne manquait ni d’autorité ni de charisme, sans compter l’idée, haute, qu’il avait de lui-même. Homme d’action et de persuasion, il adorait le pouvoir et a été un fidèle de François Mitterrand, puis de Jacques Chirac, lorsqu’ils occupaient l’Elysée.

Patron pendant six années de l’autorité indépendante chargée de réguler l’audiovisuel français, il n’a pu qu’apprécier le titre que Le Monde lui a consacré, le 23 janvier 2001, alors qu’il s’apprêtait à tirer sa révérence : « Le CSA, c’est moi », tant il a régné en maître sur l’institution, se révélant aussi comme un véritable « apôtre du dialogue et du consensus », autre facette de sa personnalité.

Mutisme éloquent

Depuis, le potentat des médias s’est muré dans un mutisme éloquent, ne daignant sortir de sa réserve que pour parler de son autre grande passion, le continent africain, qu’il a découvert au moment de la décolonisation, au début des années 1960.

Ainsi, après deux années de recherches et d’introspection dans ses souvenirs, il a signé en 2017, dans la célèbre collection des dictionnaires amoureux chez Plon, celui dédié à l’Afrique. Il y explique avoir « connu les artisans des indépendances africaines, comme les dirigeants et les opposants, les artistes, les intellectuels et les journalistes » et surtout, en observant l’évolution actuelle du continent, il assure vouloir n’entretenir « aucune chimère tiers-mondiste » et témoigner de son grand attachement aux Africains.

Car au fond, retracer la vie d’Hervé Bourges revient à raconter de manière entrelacée deux histoires françaises passionnantes et compliquées, sur près d’un demi-siècle : les relations que la France entretient avec l’Afrique, depuis le général de Gaulle et ses successeurs, mais aussi les transformations du paysage audiovisuel français, sur la même période. Le tout, avec le prisme du journaliste, le métier qu’il s’est choisi.

Né le 2 mai 1933 à Rennes, Hervé Bourges est l’aîné d’une famille de sept enfants. Du côté paternel, par lequel il cousine avec Yvon Bourges (1921-2009), maire de Dinard (Ille-et-Vilaine) et plusieurs fois ministre des gouvernements de droite sous la Ve République, tout comme du côté maternel, les Desjeux, il appartient à un milieu catholique, bourgeois, où les liens de famille demeurent étroits. Au gré des affectations de son père, ingénieur chimiste, travaillant pour Gaz de France, il fréquente le collège Saint-Louis de Gonzague de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), puis le lycée jésuite de Reims (Marne).

Elève brillant, il développe une passion pour le théâtre et, grâce aux bons pères dont l’éducation était « étonnamment moderne », dit-il, il a la chance de mettre en scène et de jouer Monsieur de Pourceaugnac et Georges Dandin, les comédies de Molière. Animateur du Ciné-Club de Reims, il se lie d’amitié à cette époque avec les frères Stasi, Bernard, le futur ministre (1930-2011) et Mario, le bâtonnier (1933-2012).

Cherche son chemin

Pourtant, à l’heure des choix professionnels, ce n’est pas vers les planches mais vers le journalisme que le jeune homme se tourne, même si un peu plus tard, faisant son service militaire en Algérie, il montera Antigone, devant le général Salan, se réservant le rôle de Créon, le roi autoritaire de Thèbes. Diplômé de l’ESJ en 1956, major de sa promotion, il décline une proposition du Figaro, et préfère devenir rédacteur en chef de Témoignage chrétien. Il a 23 ans. Le catholicisme social de gauche est sa fibre du moment, les deux Georges, Suffert et Montaron ont su capter son attention.

Un nouveau changement de cap le fait entrer le 1er juillet 1960, au cabinet d’Edmond Michelet, alors garde des sceaux du général de Gaulle. Quoique brève, l’expérience de treize mois est décisive pour le jeune homme qui cherche son chemin. Au sein du cabinet du ministre démocrate-chrétien, Hervé Bourges a notamment pour rôle de s’occuper d’Ahmed Ben Bella, l’un des dirigeants de la lutte pour l’indépendance de l’Algérie, alors détenu dans les prisons françaises. Par son comportement, il gagne l’estime des chefs du FLN, mais suscite la vindicte des partisans de l’Algérie française qui plastiquent son domicile parisien.

En 1962, après les accords d’Evian qui scellent l’indépendance algérienne, il est appelé par Ben Bella, devenu président de la jeune République et devient son conseiller chargé de la presse et de la jeunesse. Officiellement numéro trois du cabinet présidentiel, il y gagnera, auprès de ses détracteurs, le surnom de « Mohammed Bourges », mais contrairement à une légende tenace colportée par ses adversaires, il n’avait été précédemment ni « porteur de valises » ni agent du FLN pendant le conflit. Lui-même l’a démenti et les réseaux pro-FLN n’ont jamais donné son nom. Sur place, il travaille aux côtés d’Abdelaziz Bouteflika, alors ministre de la jeunesse et des sports, mais l’expérience se termine brutalement avec le coup d’Etat de Houari Boumediene en 1965.

Même s’il préfère rester pudique sur cet événement, Hervé Bourges sera torturé par les services de sécurité algériens. Le plus pénible, confessa-t-il plus tard, dans sa biographie De mémoire d’éléphant (Grasset, 2000), « ce ne furent pas les épreuves physiques ou psychologiques auxquelles j’étais soumis, mais l’humiliation que je ressentais à devoir remonter et tenir à deux mains mon pantalon, dès que je me levais. » Grâce aux interventions du cardinal Duval, archevêque d’Alger et d’Edmond Michelet, il peut revenir dès 1966 en France, où il vient de se marier avec Marie Lapouille, une agrégée de lettres classiques, un temps professeur de français à Alger. Le couple n’aura pas d’enfants.

Les réseaux « Bourges 

De son aveu, « tricard » à son retour, il passe les événements de mai 1968 dans les bureaux de l’Institut français de presse, logé rue Saint-Guillaume, à deux jets de pavés des barricades du Quartier latin, et publie dans la foulée, un livre intitulé La Révolte étudiante, où il interroge les trois leadeurs du mouvement, Daniel Cohn-Bendit, Jacques Sauvageot et Alain Geismar.

Mais alors que la France bouge, Hervé Bourges s’ennuie. Souhaitant s’engager en faveur du développement des pays africains, il rencontre Léopold Sédar-Senghor, mais c’est par l’entremise du président du Cameroun que sa vie change. Ahmadou Ahidjo l’invite à venir former des journalistes africains, sur place. Une révélation.

Pendant six ans, il fait la navette entre Paris et Yaoundé, où il dirige l’école internationale de journalisme destinée à tous les étudiants africains francophones. Il découvre et sillonne l’Afrique. C’est la naissance des « réseaux Bourges ». Nombre de ses anciens élèves deviendront ministres. Lui-même devient l’intime d’une liste impressionnante de chefs d’Etat ou parfois de dictateurs africains : Abdou Diouf, Paul Biya, Omar Bongo, etc. Il est alors affublé d’un deuxième surnom : « Un tiers-mondiste, deux tiers mondain. »

A partir de là, le parcours de l’homme qui s’est pris de passion pour les éléphants ne sera plus qu’ascensionnel. En 1976, il revient à Lille, la ville de Pierre Mauroy pour y diriger l’ESJ, « son » école de journalisme, un poste qui lui sert de tremplin lors de son retour dans le monde médiatique parisien en 1981. Lorsque la gauche arrive au pouvoir, ses relais dans les médias sont minces. Hervé Bourges fait partie de ceux-là. Il est proche du nouveau premier ministre, de son directeur de cabinet Michel Delebarre, mais aussi de Georges Fillioud, ministre de la communication.

Alors qu’il est porte-parole de l’Unesco, Michèle Cotta, patronne de la CNCL (l’ancêtre du CSA) lui servira à deux reprises de bonne fée. Il est d’abord nommé en 1981, à la tête de Radio France Internationale (RFI) pour redresser l’audience de la station, avant d’être envoyé en juillet 1983 au chevet de TF1, qui connaît alors un sérieux trou d’air face à Antenne 2, dirigé par Pierre Desgraupes. Historiquement, la première chaîne de télévision était celle du pouvoir, alors que sa concurrente avait une image plus jeune et anticonformiste, et reflétait une plus grande diversité éditoriale. TF1 était aussi resté un fief du pouvoir gaulliste, y compris à l’époque du pouvoir giscardien.

Privatisation, déréglementation

A TF1, Hervé Bourges chasse en bande et s’entoure de jeunes et fidèles collaborateurs qui sont liés à ses amitiés nordistes et socialistes, que ce soit Pascal Josèphe, fils du président de la région Pas-de-Calais, ou Alain Denvers dont le père était un important élu du Nord. Il est surtout à l’origine d’un concept qui fera florès : « Promouvoir une télévision populaire de qualité. » Sous son commandement, le paquebot est remis à flot, mais si l’audience remonte, c’est aussi grâce à la diffusion de Santa Barbara ou de « La Roue de la fortune. »

Au mitan des années 1980, la télévision entre dans une ère de privatisations et de déréglementation, avec l’arrivée de nouvelles chaînes voulues par le pouvoir socialiste, Canal+, la Cinq, TV6. Toutes les occasions sont ouvertes. Il assiste aux premières loges à la privatisation de TF1, achetée 3 milliards de francs par le géant du bâtiment Francis Bouygues, en 1987, en pleine première cohabitation entre François Mitterrand et son premier ministre de droite Jacques Chirac.

Doté d’un humour féroce, Hervé Bourges se délecte et sait manœuvrer en ces périodes troubles. Il a une vision claire et incisive des hommes et des enjeux stratégiques, et « se lâche » uniquement en privé. Jean-Noël Jeanneney, historien, ex-président de Radio France, qui le connaît bien, l’a d’ailleurs un jour pointé avec humour, après un léger accident de santé du président : « Hervé Bourges va mieux, il recommence à dire du mal de tout le monde. »

France Télévisions

La fête pharaonique organisée le 15 avril 1987 au parc de Port-Marly (Yvelines) pour célébrer le passage de TF1 du public au privé est restée incrustée dans la rétine de tous les invités. Bourges, Bouygues le repreneur, et son associé le milliardaire Robert Maxwell, trois hommes grands et massifs trônent en majesté. Mais pour le PDG de TF1, ce sera un jeu de dupes, car il est rapidement contraint à la démission, alors que son souhait était de rester.

Mais la traversée du désert de celui qui fait déjà figure d’éléphant blanc dans le paysage audiovisuel français est de très courte durée. Il s’associe avec Robert Maxwell pour créer Media Connection International, avant d’être nommé, en 1989, patron de la Sofirad, la société qui gère les participations de l’Etat dans l’audiovisuel. Et il garde un œil sur le continent africain, où André Rousselet, autre « big five » du PAF lui confie de 1988 à 1991 la présidence de Canal+ Afrique puis Horizons, une chaîne de télévision diffusée au Proche-Orient et en Afrique.

Le vrai rebond intervient en 1990, lorsqu’il est désigné par le CSA pour assurer la présidence de France Télévisions, après la démission de Philippe Guilhaume. C’est sous son égide que seront conduits les changements de nom d’Antenne 2 et de FR3 en France 2 et France 3, et la volonté de créer un grand service public de l’audiovisuel. Le président, qui aime toujours la lumière, délègue tout, sauf la communication. Les fidèles reprennent du service à ses côtés : Martin Even, Pascal Josèphe, Alain Denvers, mais des nouveaux apparaissent aussi – Bibiane Godfroid, Didier Sapaut, etc. Le service public reprend des couleurs.

De fait, c’est à regret qu’il troque la présidence de France Télévisions et part s’installer en 1995 dans le fauteuil de président de « la tour Mirabeau », le siège du CSA dans le 15e arrondissement de la capitale où, du 17e étage, il a pourtant une vue plongeante sur le Tout-Paris. Il transforme cette institution, en la faisant passer d’une culture très juridique à un lieu où l’on débat, négocie et cherche en permanence des compromis. Hervé Bourges a avoué s’être fortement ennuyé dans ce cadre qu’il considérait comme une cage. Pour lui, le poste n’était pas suffisamment propice à l’action.

Dates

2 mai 1933 Naissance à Rennes

1962-1965 Conseiller d’Ahmed Ben Bella en Algérie

1970-1976 Dirige l’école de journalisme de Yaoundé (Cameroun)

1983-1987 Président de TF1

1995-2001 Président du CSA

23 février 2020 Mort à Paris

24 février 2020

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24 février 2020

Reportage - Au Salon de l’agriculture, Emmanuel Macron tente d’apaiser la « colère » du monde agricole

macron agriculture

Par Olivier Faye

Le président a été interpellé, samedi, lors de l’inauguration du salon de la Porte de Versailles, sur l’« agribashing » dont les agriculteurs estiment être victimes.

Il est des protestations plus polies que d’autres. Une vingtaine de syndicalistes agricoles attendent sagement Emmanuel Macron à l’entrée du Salon de l’agriculture, que le chef de l’Etat vient inaugurer, samedi 22 février, porte de Versailles, à Paris. Drapeaux de la FNSEA ou des Jeunes agriculteurs en main, ils veulent alerter le locataire de l’Elysée sur la « colère du monde agricole ». Des pancartes appuient leur supplique : « Défendez-nous, exprimez-vous. »

L’entrée du parc des expositions est encadrée par une série de photos en noir et blanc représentant Jacques Chirac en visite au Salon. Le Corrézien, mort en septembre 2019, incarne l’image d’Epinal de l’homme politique en empathie avec le monde agricole. « Chaleureux avec les animaux et avec les hommes », peut-on lire sur un panneau.

Emmanuel Macron ne suscite pas encore une telle adoration ; plutôt une attente fébrile, voire une impatience. En particulier chez ceux qui ont des griefs à exprimer.

La petite troupe s’agace, notamment, des distorsions de concurrence subies en raison de la signature d’accords de libre-échange comme le CETA, avec le Canada. Elle s’inquiète, aussi, de l’impact des zones de non-traitement (ZNT) aux pesticides situées près des habitations. Depuis le 1er janvier, ces dernières s’étendent, selon les cas, de cinq à vingt mètres. Pas assez, selon les associations écologistes ; beaucoup trop, déplore le monde agricole. « Pour un agriculteur qui a neuf kilomètres de riverains, la question se pose de la complexité technique et de l’impact économique de la mesure », souffle la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert.

« Nous avons l’impression que l’Etat laisse faire… »

Emmanuel Macron arrive sur les coups de 8 h 15 ; il est dirigé d’emblée vers le petit groupe de syndicalistes. « On n’est pas des apprentis sorciers, on respecte nos voisins, s’agace l’un d’eux à propos des ZNT. Comment pouvez-vous sortir des choses comme ça sans compensation ? » Un autre déplore pour sa part le soutien de principe apporté par le chef de l’Etat, à l’été 2019, au maire de Langouët (Ile-et-Vilaine), qui avait pris un arrêté sur sa commune empêchant l’épandage de pesticides à moins de 150 mètres des habitations.

« Il faut qu’on vous accompagne. Le sujet est arrivé de travers », reconnaît Emmanuel Macron, évoquant la possibilité d’une aide sur le plan juridique et la création d’un fonds de compensation de 25 millions d’euros. Mais pas question, pour autant, d’accorder un moratoire sur le sujet.

Le contentieux illustre la tension qui oppose bien souvent écologie et agriculture, écologie et économie. Une opposition vécue par la profession comme une sorte d’agression identitaire. « Nous aimons notre métier, nous produisons l’agriculture la plus saine du monde. On en a marre de l’“agribashing”, qui est le fait d’une minorité de gens qui nous font passer pour des empoisonneurs ou des personnes maltraitant nos animaux », dénonce Laurence Fournier, céréalière en Seine-et-Marne. La jeune femme porte sur le dos un t-shirt floqué « Paysans sans président ». « Nous avons l’impression que l’Etat laisse faire… », soupire-t-elle, alors que la profession est touchée par une importante vague de suicides.

Emmanuel Macron veut convaincre qu’il n’en est rien. « Nous sommes derrière notre agriculture et nos paysans. Rien ne doit justifier les actions contre les exploitations », estime-t-il, fixant l’objectif de « réussir à réduire nos pesticides » de « manière apaisée, réconciliée ». « Nos agriculteurs sont des acteurs de l’environnement », assure-t-il.

« La PAC ne peut pas être la variable d’ajustement du Brexit »

Soucieux de s’afficher à leur chevet, le président de la République prend le temps d’échanger avec les acteurs de la filière viticole, menacés par les sanctions douanières américaines. Ou encore avec ceux de la pêche, qui pourraient subir les retombées du Brexit en voyant réduites leurs zones d’activité dans la Manche.

La veille, les dirigeants européens ont échoué à se mettre d’accord sur le budget de l’Union européenne, à commencer par celui de la politique agricole commune (PAC), que la Commission européenne entend réduire drastiquement. Un potentiel coup dur pour la France, premier pays bénéficiaire de cette politique, avec 9 milliards d’euros d’aides par an.

« On s’est battus, assure Emmanuel Macron dans les travées du Salon. On avait un peu amélioré la copie proposée par la Commission. Mais ce n’est pas fini. La PAC ne peut pas être la variable d’ajustement du Brexit, c’est une politique de souveraineté et d’avenir. » Une attitude qui lui attire une certaine sympathie. « Merci de n’avoir rien lâché hier soir ! », lui lance un jeune agriculteur.

Tout le monde ne se montre pas aussi bienveillant. Une femme « gilet jaune », qui revendique à son compteur « 67 samedis » de mobilisation, l’interpelle au sujet des retraites et du référendum d’initiative citoyenne. « Vous ne recevez pas les “gilets jaunes” ! », reproche-t-elle. « Vous me structurez un groupe et je vous reçois sans problème, moi je suis pour le dialogue », lui répond le chef de l’Etat. « Il va les voir », jure un conseiller.

Un peu plus tard, une des figures des « gilets jaunes », Eric Drouet, tente d’approcher à son tour Emmanuel Macron, comme lors de l’édition 2019 du Salon, mais il est expulsé par les forces de l’ordre. Selon l’Agence France-presse, qui cite une source judiciaire, M. Drouet a été placé en garde à vue pour rébellion, le préfet ayant pris un arrêté d’interdiction de manifester sur les lieux pour les « gilets jaunes ».

Dans l’après-midi, quelques personnes arborant des autocollants « on est là » – chant de rappel des « gilets jaunes » – lanceront quant à elles des slogans contre le locataire de l’Elysée : « Macron démission ! », « président des riches ! », « mets des paillettes dans nos retraites ! »

Pour cette édition 2020, la présidence avait promis que le chef de l’Etat ne chercherait pas à battre son « record » de l’année 2019, qui l’a vu passer quatorze heures dans les travées du parc des expositions. Emmanuel Macron, finalement, a quand même pris son temps. Il est parti à 21 heures, après avoir déambulé au Salon seulement une heure de moins.

24 février 2020

Vivement la plage...

plage

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