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Jours tranquilles à Paris

28 janvier 2020

Coronavirus

Coronavirus : le bilan de l’épidémie s’alourdit à 106 morts dans la province du Hubei. Les autorités sanitaires ont recensé 4 515 cas sur le sol chinois, dont 2 714 dans la seule province centrale du Hubei. Alors que “les autorités sanitaires chinoises se sont engagées dans une course contre la montre pour contenir l’épidémie”, elles doivent notamment “lutter contre un torrent de rumeurs” sur les réseaux sociaux, note le South China Morning Post. Certains internautes ont par exemple largement diffusé l’idée que des remèdes de la médecine traditionnelle chinoise à base de plantes pouvaient guérir la pneumonie.

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28 janvier 2020

La une du Télégramme de ce jour

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28 janvier 2020

Mimi Haleyi témoigne au procès Weinstein : « Chaque fois que j’essayais de me relever, il me repoussait »

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Ancienne assistante de production, la quadragénaire a raconté au tribunal de Manhattan la soirée de juillet 2006 pendant laquelle elle accuse le producteur de l’avoir agressée sexuellement.

L’une des deux victimes pour lequel Harvey Weinstein est poursuivi devant le tribunal de Manhattan a raconté, lundi 27 janvier, comment elle avait été agressée sexuellement dans une chambre d’enfant de l’appartement du producteur hollywoodien, à New York.

Si plus de 80 femmes ont accusé le magnat du cinéma de les avoir harcelées ou agressées sexuellement, Harvey Weinstein, qui affirme que ses relations sexuelles étaient toutes consenties, n’est poursuivi devant un tribunal pénal new-yorkais que par deux femmes. L’une d’elles est l’ancienne assistante de production Mimi Haleyi, qui affirme avoir été agressée sexuellement en juillet 2006.

Lundi, au quatrième jour des débats, la quadragénaire a livré sa version de cette soirée dans l’appartement d’Harvey Weinstein, à SoHo, où lui avait demandé de venir le producteur pour le saluer. Elle a décrit un homme affable, se transformant d’un coup, sans signe avant-coureur. « Il m’embrassait et me tripotait », s’est-elle souvenue.

« J’ai fermé mon esprit »

Une fois debout, « je marchais en reculant parce qu’il me poussait avec son corps », a-t-elle poursuivi. Acculée, elle a raconté s’être retrouvée dans une chambre d’enfants, avec des dessins accrochés au mur. « Durant tout ce temps, je lui ai exprimé que je ne voulais pas de ça. » Le producteur l’a poussée sur le lit, et « chaque fois que j’essayais de me relever, il me repoussait », a-t-elle affirmé, laissant échapper des sanglots.

L’un des hommes les plus puissants d’Hollywood lui a alors fait un cunnilingus, après avoir retiré son tampon, a-t-elle raconté. « J’essayais de m’échapper, mais j’ai réalisé que ça ne servait à rien, a-t-elle dit, alors que le producteur pèse environ trois fois son poids. J’ai fermé mon esprit. »

« Je me disais qu’aller voir la police n’était pas une option pour moi », a expliqué cette élégante femme brune, car elle travaillait alors à New York sans visa de travail et risquait l’expulsion des Etats-Unis. Mme Haleyi, qui a changé son nom de famille depuis la publication des premières révélations sur le producteur, a aussi dit craindre cet homme de « pouvoir » et de « contacts ».

Un mail signé « plein d’amour »

Lors du contre-interrogatoire qui a suivi, l’un des avocats de la défense, Damon Cheronis, a produit un courrier électronique envoyé deux ans après environ par Mimi Haleyi à Harvey Weinstein, et signé « plein d’amour ». Avant le procès, la défense avait déjà cherché à discréditer son témoignage en insistant sur le fait que l’ancienne assistante de production avait gardé contact avec le producteur plusieurs années après l’agression supposée.

En cas de condamnation, M. Weinstein, père de cinq enfants et divorcé deux fois, risque la perpétuité. Une condamnation serait une victoire pour le mouvement #metoo : si des dizaines d’hommes de pouvoir ont été accusés d’agressions sexuelles depuis octobre 2017, la quasi-totalité a échappé à des poursuites pénales.

28 janvier 2020

Monica Bellucci

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28 janvier 2020

Extrait d'un shooting. Modèle : Charliee. Photos : Jacques Snap

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28 janvier 2020

5G : l’Anses pointe un « manque important de données », ONG et scientifiques réclament un moratoire

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Par Stéphane Mandard

L’Agence de sécurité sanitaire remet un premier rapport sur les risques liés à la nouvelle technologie de téléphonie mobile, attendue en France en fin d’année.

La 5G arrive en France avec ses promesses de révolutionner les usages liés à la téléphonie mobile, de la voiture autonome à la chirurgie à distance. Les premières offres sont attendues à la fin de l’année. L’autorité de régulation des télécoms a lancé le 30 décembre 2019 la procédure d’attribution de fréquences dans la nouvelle bande 3,5 GHz. Son déploiement s’accompagne cependant de nombreuses interrogations sur ses effets sanitaires et environnementaux.

Pour y répondre, les ministères de la santé, de l’écologie et de l’économie ont saisi en juillet 2018 l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) afin d’évaluer les risques liés à l’exposition de la population aux champs électromagnétiques découlant de cette technologie qui permettra de transférer des données mobiles en plus grande quantité et à plus grande vitesse.

Dans un rapport préliminaire publié lundi 27 janvier, l’Anses conclut à « un manque important voire à une absence de données scientifiques sur les effets biologiques et sanitaires potentiels liés aux fréquences autour de 3,5 GHz ». En d’autres termes, à ce stade, il lui est donc impossible d’évaluer les risques liés à la 5G. Aussi, elle demande aux opérateurs de fournir toutes les informations techniques afin de pouvoir caractériser les niveaux d’exposition.

« Aujourd’hui, on ne peut pas encore dire si les Français seront davantage exposés aux champs électromagnétiques. Le niveau d’exposition va beaucoup dépendre de l’usage qui sera fait de la 5G, commente Olivier Merckel, chef d’unité d’évaluation des risques liés aux agents physiques à l’Anses. Tant que le déploiement n’est pas fait, nous pouvons seulement faire des simulations à partir de différents scénarios d’exposition. »

C’est ce travail auquel va désormais s’atteler l’Anses, dont le rapport définitif n’est pas attendu avant le premier trimestre 2021. « Pour estimer l’exposition, nous avons besoin de savoir quel type d’antenne sera déployé, avec quelle puissance, dans quelle direction, détaille le chercheur. Selon les données des opérateurs, les niveaux seront limités dans l’espace par rapport au réseau actuel mais l’usager sera a priori plus exposé puisque soumis à plus de puissance et plus de débit à travers son smartphone. »

En 2011, le Centre international de recherche sur le cancer a classé les radiofréquences comprises entre 30 kHz et 300 GHz comme cancérogène possible pour l’homme. « Aujourd’hui, il y a des incertitudes sur les effets à long terme d’une utilisation intensive du téléphone portable. Certaines études montrent des excès de risque pour les cancers ou les tumeurs du cerveau », note Olivier Merckel. Les effets sont-ils les mêmes à 3,5 GHz ? C’est l’une des questions auxquelles nous allons essayer de répondre. »

Demande de moratoire

Ce rapport devrait donner des arguments supplémentaires à ceux qui réclament un moratoire sur le déploiement de la 5G. Les associations Agir pour l’environnement et Priartem-Electrosensibles préparent un recours devant le Conseil d’Etat afin de faire annuler l’arrêté du 30 décembre 2019 relatif aux modalités d’attribution de fréquences dans la bande 3,5 GHz. Elles ont lancé une pétition, « Stop à la 5G », vendredi 24 janvier. « Une fois de plus, la France fait les choses à l’envers : on déploie d’abord la 5G et après on regarde s’il y aura des impacts, déplore François Lafforgue, l’avocat des associations. Au nom du principe de précaution, une évaluation environnementale et sanitaire aurait dû être lancée. »

Une hyperconsommation numérique et énergivore

Dans une analyse publiée le 22 janvier dans la revue Molecular and clinical oncology, le professeur d’oncologie Lennart Hardell et son collègue Rainer Nyberg réclament également un moratoire. Depuis un appel lancé en septembre 2017 avec plus de 260 chercheurs et médecins, ils exhortent l’Union européenne (UE) à geler le déploiement de cette technologie tant que des études indépendantes n’auront pas été menées sur les risques sanitaires. Deux ans et demi plus tard, les chercheurs estiment que « les réponses de l’UE ont jusqu’ici privilégié les profits de l’industrie au détriment de la santé humaine et de l’environnement ».

La présidente de Priartem-Electrosensibles de France, Sophie Pelletier, relaie une autre critique, sociétale : le déploiement de la 5G va entraîner une hyperconsommation numérique et énergivore, à rebours des objectifs de modération pour atténuer le changement climatique. « Alors que la sobriété énergétique est inscrite dans la loi, on sait déjà que ce déploiement augmentera la consommation électrique, de l’ordre de 10 TWH, soit l’équivalent d’une centrale comme Fessenheim », déplore-t-elle. Le think tank The Shift Project, qui travaille sur les impacts environnementaux du numérique, estime qu’avec la 5G, la consommation d’énergie des opérateurs mobiles sera multipliée par 2,5 à 3 dans les cinq ans à venir, soit une augmentation de 2 % de la consommation d’électricité du pays.

28 janvier 2020

Camp de concentration de Natzweiler-Struthof (en France)

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28 janvier 2020

A Auschwitz, la commémoration très politique des 75 ans de la libération du camp d’extermination

Par Romain Su, Auschwitz, Pologne, envoyé spécial

Le président polonais Andrzej Duda a revendiqué pour son pays la « vérité » sur la Shoah et attaqué sans la citer la Russie de Vladimir Poutine.

Auschwitz peut-il être un lieu apolitique, un simple musée tourné vers le passé et muet sur le présent et l’avenir ? Quatre jours après la tenue à Jérusalem d’un Forum mondial de l’Holocauste marqué par les controverses, les commémorations organisées en Pologne, lundi 27 janvier, sur le site même du camp d’extermination nazi à l’occasion du 75e anniversaire de sa libération n’échappent pas davantage aux accusations de politisation, malgré une forme et un contenu différents.

Maître des cérémonies et rare institution du paysage culturel polonais à bénéficier d’un consensus transpartisan, le Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau s’était pourtant efforcé de mettre les survivants, derniers témoins directs de la Shoah et presque tous âgés de plus de 80 ans, au centre de l’attention. Le directeur de l’institution, Piotr Cywinski, en avait d’ailleurs fait un élément de différentiation vis-à-vis des organisateurs du Forum de Jérusalem, auxquels il reproche « d’essayer depuis des années de créer un événement commémoratif alternatif ». A Auschwitz, promettait-il, les principaux invités et orateurs seraient les rescapés, et « non les politiques, les têtes couronnées et les chefs de gouvernement ». Cela n’a pas empêché les discours des uns et des autres d’être très chargés politiquement.

Représentant du pays hôte et seul dirigeant politique à avoir pris la parole, le président polonais Andrzej Duda a certes commencé par adresser ses premières salutations aux « survivants, témoins de l’Holocauste ». Plutôt que de répondre directement aux attaques de son homologue russe Vladimir Poutine, qui a plusieurs fois depuis décembre 2019 mis en cause l’antisémitisme et la responsabilité de la Pologne dans le déclenchement de la seconde guerre mondiale, il s’en est tenu à une lecture « standard » de l’histoire, quoique pas unanimement acceptée par ses concitoyens.

« Le plus terrible des crimes dans l’histoire de l’humanité »

Andrzej Duda a ainsi reconnu que les prisonniers d’Auschwitz avaient été « libérés par les soldats de l’Armée rouge » et que « l’Holocauste était un crime exceptionnel, le plus terrible des crimes dans l’histoire de l’humanité ». Il a également souligné que parmi les 1,3 million de victimes d’Auschwitz, « il y avait des Polonais, des Roms, des prisonniers de guerre soviétiques, mais surtout des juifs ». Or, d’après des sondages, une importante proportion de Polonais continue de croire, conformément à l’enseignement de l’époque communiste, que ce sont surtout les Polonais « non juifs » qui ont perdu la vie à Auschwitz.

Il a ensuite évoqué la place particulière des Polonais dans l’histoire de la seconde guerre mondiale, notamment par le nombre de victimes, l’ampleur du mouvement de résistance et de l’engagement militaire, « le secours apporté aux juifs au péril de leur propre vie » et le rôle de leurs messagers dans la transmission aux Alliés d’informations sur la Shoah, pour « renouveler l’engagement de toujours entretenir la mémoire et défendre la vérité sur ce qu’il s’est produit ici ». « En Pologne, a-t-il expliqué, nous connaissons bien la vérité sur ce qui s’est passé ici car nos compatriotes, à qui les Allemands avaient tatoué des numéros de matricule, nous l’ont racontée. »

Le rôle des Polonais pendant la guerre avait aussi été rappelé, quelques heures plus tôt, au président israélien Réouven Rivlin qui avait ouvert le Forum mondial à Jérusalem. Alors qu’Andrzej Duda lui avait fait publiquement part de ses griefs envers la fondation organisatrice de l’événement pour « avoir complètement ignoré la participation, parmi les Alliés, des Polonais dans la lutte contre l’envahisseur, l’occupant hitlérien allemand », son invité israélien avait rétorqué « se souvenir que le peuple polonais a combattu avec force et courage contre l’Allemagne nazie, mais aussi que beaucoup de Polonais sont restés spectateurs, voire ont prêté assistance aux meurtres de juifs ».

« Auschwitz n’est pas tombé du ciel »

Le président polonais a en revanche eu moins de difficultés à s’entendre avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, également convié à une rencontre bilatérale en amont des commémorations principales. C’est à ce qu’il considère comme leur adversaire commun – la Russie – qu’Andrzej Duda a dédié la conclusion de son intervention : « Falsifier l’histoire de la seconde guerre mondiale, dénier des crimes de génocide [en référence à la grande famine orchestrée en 1932-1933 en Ukraine par le régime stalinien], nier l’Holocauste et instrumentaliser Auschwitz à quelque fin que ce soit, c’est profaner la mémoire des victimes dont les cendres sont ici dispersées. »

Si les survivants ont par la suite occupé le devant de la scène, cela n’a en rien atténué le caractère très engagé, voire conflictuel des discours. Fortement applaudi, le journaliste Marian Turski, 93 ans, s’en est ainsi pris à mots couverts au pouvoir polonais actuel, dont le mélange de politique sociale et d’attisement de la fierté nationale a été comparé au régime nazi des années 1930. La rhétorique anti-migrants du gouvernement a quant à elle été mise en parallèle avec les discriminations qui ont progressivement exclu les juifs de la société.

« Ne soyez pas indifférents, a-t-il appelé, lorsque vous voyez que le passé est manipulé pour les besoins courants de la politique. Ne soyez pas indifférents lorsqu’une minorité, quelle qu’elle soit, est discriminée. L’essence de la démocratie est que la majorité gouverne, mais dans le respect des droits des minorités. (…) Auschwitz n’est pas tombé du ciel, il s’est rapproché à petits pas jusqu’à ce qu’arrive ce qui est arrivé ici. »

28 janvier 2020

Terry Richardson

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28 janvier 2020

Critique - Dans « Histoire d’un regard », Mariana Otero filme Gilles Caron, l’homme derrière l’objectif

Par Mathieu Macheret

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La documentariste a plongé dans l’œuvre du photographe, mort en 1970 à l’âge de 30 ans, pour tenter d’en faire le portrait.

L’AVIS DU « MONDE » - À NE PAS MANQUER

Comment tirer le portrait du portraitiste, lui qui a pour habitude de se dérober derrière ses modèles ? A fortiori comment le faire en son absence, quand celui-ci est mort depuis longtemps ? La documentariste Mariana Otero (Entre nos mains, L’Assemblée) répond avec Histoire d’un regard, son dernier long-métrage, consacré au photographe Gilles Caron (1939-1970), de la plus belle des manières. Elle plonge au cœur de ses œuvres, pour faire d’elles la matière première du film et poursuivre leur trame secrète, où se dessine quelque chose du cheminement et du geste singulier de l’artiste. Mais aussi, peut-être, du secret de son absence.

Une certaine discrétion caractérisait, semble-t-il, la personnalité de Gilles Caron, photoreporter pour l’agence Gamma disparu en 1970 au Cambodge à l’âge de 30 ans. C’est de ce retrait que part Mariana Otero : alors qu’on lui doit certaines des photographies les plus célèbres de la seconde moitié des années 1960, dont certaines habitent la mémoire collective (le sourire narquois du jeune Daniel Cohn-Bendit opposé à un CRS en mai 1968), son nom reste peu identifié du grand public. Durant sa courte période d’activité (1964-1970), Caron est monté au front des conflits et événements les plus significatifs de son temps, du Vietnam au Biafra, de la guerre des Six-Jours à la fin du « printemps de Prague ». Ses images resplendissent de présences humaines intenses, saisies la plupart du temps dans le feu de la lutte ou la fugace parenthèse d’un regard éloquent.

Le film ne se contente pas de compiler les meilleurs clichés de Caron, façon « best of », mais les investit comme un terrain d’enquête, propice à reconstituer des phases entières et décisives de reportages. Mariana Otero remonte à ses rouleaux de pellicule numérotés pour observer le travail du journaliste dans son déroulement : les photographies ne sont plus considérées isolément, comme des objets sortis de nulle part, mais resituées dans des séquences de prises de vue qui en révèlent l’avant et l’après. C’est sans doute dans cet angle « analytique » que se situe la part la plus passionnante du film. Inscrire la photographie dans la dimension temporelle du cinéma permet de saisir la part de tâtonnement, de recherche, qui la caractérise – ce qu’on pourrait appeler « l’exercice » du regard.

Pratique du pas de côté

Une scène d’anthologie révèle les coulisses de la fameuse photographie de Cohn-Bendit : c’est en se déportant audacieusement sur le côté de la scène que Caron trouve le bon angle pour immortaliser l’insolence étudiante de Mai 68. Tout l’art du photographe semble tenir précisément dans cette pratique du pas de côté, susceptible de révéler la scène à elle-même. Lors de la bataille de Dak To, au Vietnam, en novembre 1967, alors que les affrontements font rage, Caron prend sur lui de passer devant les troupes pour saisir le visage des soldats, et plus seulement leurs silhouettes de dos.

LES IMAGES RACONTENT L’EXTRÊME MOBILITÉ DU PHOTOGRAPHE, SA FAÇON DE VIBRIONNER AUTOUR D’UN ÉVÉNEMENT

Par un beau travail de voix off, la réalisatrice retrace les enjeux et le déroulement des situations, en partant toujours des images, de ce qu’elles montrent, de ce qu’elles oblitèrent. C’est leur observation scrupuleuse qui lui permet, avec l’aide de l’historien Vincent Lemire, de reconstituer le parcours géographique de Caron à Jérusalem lors de la guerre des Six-Jours. Ainsi scrutées, les images racontent aussi l’extrême mobilité du photographe, sa façon de vibrionner autour d’un événement, pour en dénicher le cœur battant.

Le personnage demeure jusqu’au bout insaisissable, mystérieux : il semble avoir été atteint par la violence des conflits qu’il allait couvrir comme autant de réminiscences d’une guerre d’Algérie dont il gardait au fond de lui la blessure. En Irlande du Nord, Mariana Otero retrouve d’anciens modèles de ses reportages sur les émeutes du Bogside, en août 1969, à l’occasion d’un émouvant passage : des années plus tard, personne ne se souvient du photographe qui a donné aux événements le visage et la posture iconique d’une jeune insurgée blonde, en jupe et sandales, au milieu des gravats. Partout, le reporter semble s’être effacé, comme absorbé par la légende de ses images. Et si Gilles Caron était passé tout entier du côté de ses photographies ? L’histoire d’un regard s’avère ainsi le meilleur fil à délier pour retrouver l’homme disparu derrière l’objectif.

Documentaire français de Mariana Otero (1 h 33). diaphana.fr/film/histoire-dun-regard

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