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Jours tranquilles à Paris

31 octobre 2019

31 octobre 1920 : naissance du photographe américain Helmut Newton (mort le 23 janvier 2004)

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31 octobre 2019

Le travail de Jean-Paul Goude est disponible dans un album Reporter Sans Frontières

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Ci-dessus Lily Rose Depp pour CHANEL photographiée par Jean Paul Goude - campagne de fin d'année 2019

Par Augustin Bougro

Reporters Sans Frontières collabore avec l'artiste Jean-Paul Goude dans un album. Disponible jeudi 31 octobre dans les kiosques, l'ouvrage couvre les 50 ans de carrière du photographe de légende.

Jean-Paul Goude est encore loin d'avoir dit son dernier mot. Connu mondialement pour son travail à la fois drôle, décalé, spectaculaire et un brin provocateur, il a aussi la notoriété d'être l'homme qui fabrique les muses. L'artiste de 78 ans qui quittait la direction artistique de Desigual en mars 2019 est sur tous les fronts : photographie, mode, illustration ou encore publicité. Cette saison, il collabore avec l'organisation RSF (Reporter Sans Frontières) pour mettre en lumière ses travaux réalisés au cours de ses 50 ans de carrière dans un album tiré de la collection "Pour la liberté de la presse". Un ouvrage anniversaire exclusif à ne pas manquer.

Concrètement, qu'est-ce que l'on retrouve dans cet album ? Des croquis de l'artiste, des photomontages, mais aussi de nombreuses photographies iconiques, dont celle du fessier de Kim Kardashian. On y trouve aussi moult extraits de publicités qui ont fait la légende Jean-Paul Goude, comme celle de Perrier avec le lion assoiffé ou Chanel et son célèbre spot "Égoïste" (récompensé d'un Lion d'or à Cannes en 1990). Une histoire d'amour entre la maison aux deux "C" et le photographe qui a donné naissance à des spots légendaires mettant en scène des people comme Vanessa Paradis dans une cage d'oiseaux ou, cette année, Lily-Rose Depp dans un spot publicitaire spécial Noël 2019 pour le parfum N°5.

Jean-Paul Goude, l'homme qui inventa les muses

Un univers étrange et d'une précision millimétrée qui l'a amené à collaborer avec les femmes les plus influentes du monde. Se souvenir par exemple du mannequin jamaïcain Grace Jones, sa compagne pendant deux ans, mère d'un de ses enfants, avec qui il travaille dès le début des années 80. En 1981, Jean-Paul Goude conçoit "A One Man Show" pour Grace Jones...une collection de vidéos musicales qui marqueront la pop culture et leur relation. Le top modèle jamaïcain ne sera pas la seule femme à marquer le parcours du photographe. Jean-Paul Goude fera du mannequin Farida Khelfa une de ses muses. S'en suivront l'actrice et chanteuse Vanessa Paradis, le modèle Estella Warren transformée en Chaperon Rouge pour Chanel ou encore Laetitia Casta qui sera son égérie de 2001 à 2015 pour les publicités Galeries Lafayette.

L'album RSF x Jean-Paul Goude sera disponible en kiosque à compter du jeudi 31 octobre

31 octobre 2019

Voir la vie en rose...

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31 octobre 2019

«Valeurs» du président actuel

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Emmanuel Macron s’exprime sur l’immigration, le voile, l’islam… dans Valeurs actuelles, organe central de la droite silex. Il défend ses positions chez l’adversaire, dit-il. Comme s’il allait, exemples imaginaires, faire l’éloge de la chasse à courre dans Végan magazine ou parler du grand âge dans Fripounet et Marisette. C’est un genre.

«Il faut parler à tous les Français», dit-on à l’Elysée. Certes, mais le Président était resté plutôt discret sur ces sujets face à «tous les Français», justement. Il s’épanche soudain dans un hebdo d’extrême droite. Serait-ce à ses yeux le journal de «tous les Français» ? Ou bien devrait-il le devenir, obligeant «tous les Français» à acheter ce numéro de Valeurs actuelles, remarquable coup de pouce commercial ?

Apparemment, le Président entretient avec cette rédaction des rapports plus cordiaux qu’avec bien d’autres. Certes, il défend sur l’immigration des positions différentes, qu’on connaissait pour l’essentiel – «humanité mais fermeté». Mais il lâche au passage deux concessions un peu gênantes. Les associations de défense des migrants sont qualifiées de «droit-de-l’hommistes», terme péjoratif inventé naguère par Jean-Marie Le Pen. Faudrait-il se méfier des droits de l’homme ? La mère voilée du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, humiliée en public, serait, selon Macron, proche de l’islam politique et l’élu frontiste se serait fait «coincer». Drôle de réflexion : la mère en question, quelles que soient ses opinions, était dans son bon droit. Rien ne justifiait l’agression verbale de l’élu RN (que Marine Le Pen a d’ailleurs désapprouvée). Contamination inconsciente ?

Il faut craindre qu’il y ait là, non pas un paradoxe, mais une convergence d’intérêts. On en trouve la clé dans le sondage réalisé par Elabe pour BFM, publié mercredi. Sondage un peu théorique, puisqu’il mesure des intentions de vote à la présidentielle deux ans et demi avant le scrutin, ce qui transforme la marge d’erreur en gouffre abyssal. Mais cette photographie prématurée dessine tout de même un paysage, serait-il éphémère. Deux forces politiques émergent de l’enquête, toutes deux proches de 30% dans les intentions de vote : le RN et LREM. Les autres, LR, LFI, les Verts ou le PS étant ramenés à des dimensions lilliputiennes. Ce n’est plus Jupiter, c’est Gulliver…

Angoissant sondage quand on y pense : il programme un deuxième tour Macron-Le Pen en 2022. Bis repetita. Avec cette différence : privé de la séduction de la nouveauté, Macron arriverait très impopulaire dans le sprint final, à gauche notamment, et tout autant dans les classes populaires. Il serait donc sauvé par défaut : encore une fois, l’électeur non-macroniste voterait Macron, non pour approuver le sortant, mais pour barrer la route à son adversaire. Carte forcée qui risque d’indisposer fortement les antilepénistes non-macroniens. Le danger se voit comme le nez au milieu de la figure : une abstention massive, qui accroîtrait d’autant les chances de la candidate RN, surtout si elle a l’intelligence, tel Raminagrobis, de rentrer ses griffes le temps d’un vote. Le tête-à-tête Macron-Valeurs actuelles annonce, favorise, banalise le tête-à-tête centre droit-extrême droite qui élimine droite et gauche d’un seul mouvement. Le calcul a marché deux fois, pour Chirac en 2002, pour Macron en 2017. Tenter le diable une troisième fois, ce n’est plus de la stratégie. C’est de la roulette russe.

LAURENT JOFFRIN - Libération

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31 octobre 2019

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31 octobre 2019

ETATS-UNIS : Impeachment : la bonne résolution des démocrates

Par Isabelle Hanne, correspondante à New York

Déjà confortée par l’audition d’un témoin crucial, l’enquête pour destitution pourrait bénéficier d’un cadre formel en cas d’accord des représentants.

Impeachment : la bonne résolution des démocrates

La Chambre des représentants doit voter jeudi une résolution pour «éliminer tout doute» quant à son enquête en vue d’une destitution éventuelle de Donald Trump, a expliqué sa présidente, la démocrate Nancy Pelosi. Une première étape formelle pour légitimer la procédure en cours, notamment grâce à des auditions publiques de témoins. Jusqu’ici, celles-ci se sont déroulées à huis clos, devant les membres, démocrates comme républicains, des commissions chargées de l’enquête. Déclenchant l’ire de certains républicains qui ne sont pas membres de ces instances, qui considèrent être exclus de la procédure. La semaine dernière, une vingtaine d’entre eux a même fait irruption dans la pièce sécurisée où se tenait l’audition d’un responsable du Pentagone, retardant son témoignage. L’opposition démocrate cherche depuis un mois à établir si Donald Trump a abusé de son pouvoir à des fins personnelles quand il a demandé à l’Ukraine d’enquêter sur son potentiel rival pour l’élection 2020, l’ex-vice-président Joe Biden.

«Mascarades»

La résolution, qui a de fortes chances d’être votée dans une Chambre à majorité démocrate, énonce également «les droits garantis au président et à sa défense». Les avocats de Trump seront en effet autorisés à le défendre formellement et à contre-interroger des témoins quand la commission judiciaire de la Chambre commencera ses débats sur le vote ou non de l’impeachment. Mais loin de se satisfaire de cette proposition, la Maison Blanche et les républicains y ont vu l’aveu, par les démocrates, de l’irrégularité de la procédure, comme ils le clament depuis son lancement. L’enquête pour destitution «est une mascarade», a affirmé la porte-parole de la Maison Blanche, Stephanie Grisham. Nancy Pelosi «admet enfin ce que le reste de l’Amérique sait déjà : que les démocrates mènent une enquête non autorisée […] et leurs auditions secrètes, suspectes, menées à huis clos sont absolument illégitimes», a-t-elle ajouté. La Maison Blanche refuse jusqu’ici de coopérer à une enquête qu’elle qualifie de «chasse aux sorcières», et a intimé aux membres de l’administration de ne pas répondre aux convocations du Congrès.

Rien n’oblige pourtant la Chambre à organiser un vote en séance plénière pour lancer ces investigations préparatoires. Lors des procédures de destitution contre Richard Nixon et Bill Clinton, des enquêtes avaient été menées en amont, avant que la procédure ne soit ouverte au public. En procédant à huis clos, les élus de l’opposition affirment également qu’ils ont empêché les témoins de coordonner leurs versions.

Pour les démocrates, cette résolution permet d’encadrer une nouvelle phase de la procédure. Et de contrer une administration Trump qui «refuse de transmettre des documents, empêche les auditions de témoins, ignore des injonctions dûment autorisées ou continue à faire entrave à la Chambre des représentants», a précisé Nancy Pelosi. «Les preuves que nous avons déjà collectées dressent le portrait d’un président qui a abusé de son pouvoir en utilisant plusieurs leviers du gouvernement pour faire pression sur un pays étranger pour qu’il interfère dans l’élection 2020», résument des leaders démocrates de la Chambre dans un communiqué.

Inquiétudes

Ce vote intervient après un nouveau témoignage déterminant dans le cadre de l’enquête. Mardi, lors de son audition à la Chambre, le lieutenant-colonel Alexander Vindman, directeur des affaires européennes au sein du Conseil de sécurité nationale et expert sur l’Ukraine, a livré de nouveaux détails embarrassants pour Donald Trump. Vindman est le premier témoin auditionné à avoir écouté l’appel téléphonique du 25 juillet, au cours duquel Donald Trump a demandé à son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, de «se pencher» sur l’ancien vice-président Joe Biden, et les affaires de son fils Hunter en Ukraine.

Selon cet ancien combattant de la guerre en Irak, le transcript livré par la Maison Blanche de cette conversation, au cœur des investigations de la Chambre, a omis des mots et des phrases cruciaux. Trump aurait notamment affirmé qu’il existait des enregistrements de Joe Biden évoquant la corruption en Ukraine. Zelensky aurait, lui, explicitement mentionné Burisma Holdings, la compagnie gazière qui employait Hunter Biden. Alexander Vindman, aurait tenté, en vain, de faire rajouter ces éléments dans la retranscription de l’appel. Très «préoccupé» par cette conversation, il a affirmé dans sa déclaration liminaire avoir rapidement fait part de ses inquiétudes à l’avocat du Conseil de sécurité nationale. «Je ne pensais pas qu’il était approprié d’exiger qu’un gouvernement enquête sur un citoyen américain, j’étais inquiet des conséquences», a-t-il précisé.

A partir des informations obtenues lors de ces auditions, la Chambre des représentants pourrait voter en fin d’année sur des articles de mise en accusation de Donald Trump. Si son impeachment est approuvé, le Sénat devra ensuite organiser le procès du Président. Compte tenu de la majorité républicaine dans cette enceinte, il semble peu probable, à ce stade, qu’il soit destitué.

31 octobre 2019

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31 octobre 2019

ENQUÊTE : Mobilisation à Hongkong : les lignes arrière à l’avant-garde

Par Anne-Sophie Labadie, correspondante à Hongkong

Repérages, communication, secourisme… Sept mois après le début de la mobilisation, la nature du mouvement évolue et, dans l’ombre, s’élaborent des nouvelles tactiques de défense où chacun aide à hauteur de ses moyens et de ses compétences.

Mobilisation à Hongkong : les lignes arrière à l’avant-garde

«Rendez-vous à Power Street. 21 h 30.» Paul a bien reçu le message. Il attend sur ce trottoir du quartier de Fortress Hill, dans le nord de Hongkong, impatient. Pour la première fois, il va rencontrer des membres de son groupe Telegram et commencer une mission de repérage pour le compte des manifestants prodémocratie. Objectif ? Cartographier le quartier pour repérer des planques ou les issues qui permettront aux manifestants de fuir en cas d’affrontements avec la police. Une vingtaine de personnes approchent dans la nuit jamais noire de Hongkong. «Zacharie ?» «C’est moi», dit Paul, répondant à son nom de code. Les présentations sont vite faites. Le groupe entame sa ronde. Anonymes, ces habitants du quartier établissent des tactiques de défense. Ailleurs dans ce territoire semi-autonome au sud de la Chine, d’autres créent des affiches, lèvent des fonds, pansent les plaies ou écrivent des plaidoyers avant des procès express. C’est une armée des ombres au nombre inconnu mais à la détermination évidente. Ils feront tout pour défendre leurs libertés.

Transclasse

«Chacun à son niveau tente d’aider le mouvement. Manifester pacifiquement dans les rues ne suffit pas, il faut s’impliquer plus», explique Paul, publicitaire dans la quarantaine qui n’a rien d’un révolutionnaire. Il a rejoint récemment ce groupe Telegram de Fortress Hill. Puis il a fallu constituer un sous-groupe avec les «seules personnes de confiance» avant de passer à une phase plus active, en se concertant d’abord en ligne, puis, comme aujourd’hui, physiquement. «Pour notre cellule, l’action passe par la cartographie parce que souvent les manifestanfts, ou même des passants, ne savent pas comment quitter le quartier en sécurité, et à plusieurs reprises ils ont été attaqués par la police ou des Fukiénois», ce groupe d’immigrés chinois qui tient le quartier, explique Paul tout en jetant des regards autour de lui. «Changeons de trottoir, sans nous retourner.» Des pro-Pékin du quartier, cheveux rasés, tiennent les murs et les observent avec défiance. L’un d’eux se met à les suivre.

Le groupe s’enfonce dans une ruelle sombre, vers un chantier jouxtant le front de mer. «On se mobilise justement pour protéger nos gamins [les jeunes manifestants en première ligne, ndlr] de ce genre d’intimidation», explique Nancy avec un fort accent de Boston, qu’elle a quitté récemment pour revenir vivre dans l’ex-colonie britannique. «Ce n’est plus le Hongkong d’avant. La police, par ses violences, et le gouvernement, par son obstination à nous priver de nos libertés et de nos droits fondamentaux comme celui de manifester, poussent des gens pacifiques comme nous vers le front», dit la quadragénaire salariée d’une entreprise d’appareils médicaux. Elle ne défile pas lors des manifestations non autorisées, mais fait le guet dans la rue pour communiquer aux manifestants la position des policiers ou pour les camoufler si besoin. Des petites touches de résistance.

Combien sont-ils à avoir basculé dans l’opposition à cause du projet d’extradition vers la Chine présenté au printemps par le gouvernement local ? Qui sont-ils ? Selon les rares sondages disponibles, la contestation est transgénérationnelle et transclasse. Il semble que les arrestations, plus de 2 500 depuis le 9 juin, jugées arbitraires, et la brutalité policière alimentent la radicalisation politique, comme en témoigne ce sondage mené mi-octobre par la Chinese University of Hongkong : 52 % des sondés imputent la violence ambiante au gouvernement, 18 % à la police et 9 % aux manifestants. Concernant les méthodes, 52 % estiment que l’autodéfense se justifie et 59 % pensent que les actions radicales sont compréhensibles tant que le gouvernement refuse de répondre aux revendications des manifestants. Il y a pourtant eu des cocktails Molotov, des policiers agressés, des métros vandalisés et même une bombe artisanale déclenchée le 13 octobre. Mais 51 % disent n’avoir aucune confiance en la police (contre 6 % en mai).

Nébuleuse

Voilà pour les seuls baromètres disponibles. Celui de la rue n’est pas plus probant car la police délivre au compte-gouttes les autorisations de manifester. Les rangs des manifestants se sont depuis indéniablement clairsemés, ce qui fait dire à des observateurs politiques que le mouvement se marginalise. Une partie de la population semble toutefois continuer à le soutenir, et une frange à y participer. L’organisation, horizontale, évolue en même temps que la nature du mouvement change. Les réseaux sociaux restent le nerf de la guerre.

C’est là que Heung Shing officie, en postant des dessins de propagande prodémocratie. Ce jeune diplômé en design d’une vingtaine d’années œuvre en solo. Il n’a jamais voté de sa vie : «Je ne me souciais pas de la politique. Je pensais que je n’avais aucun espoir pour Hongkong.» Jusqu’à ce message du 8 juin sur un forum en ligne : «C’est maintenant ou jamais.»

Un déclic. Sa bulle de confort éclate. «J’ai dessiné une affiche pour inciter les gens à manifester et j’ai mis comme ça un pied dans la contestation. Je me suis passionné pour la cause, j’ai commencé à lire la presse, à me documenter. C’est maintenant impossible de faire marche arrière, de s’arrêter en marche et d’abandonner les libertés, d’expression en particulier, qu’on a le droit de conserver», raconte le jeune homme dans un café tranquille du centre commercial de Kowloon City rempli de chalands en ce samedi de pluie. Ni lui ni personne ne s’aperçoit que deux étages plus bas, des cocktails Molotov ont éclaté. Hongkong, où vie quotidienne et violences de rue, désormais, cohabitent.

Evoquant la «culpabilité de n’avoir rien fait avant», même durant le mouvement des parapluies de 2014, pour réclamer des réformes démocratiques, Heung Shing se rattrape en postant au moins une affiche par jour sur Internet, en accès libre. Ce fan de mangas japonais croque soir et matin des manifestants vêtus de noir, masqués et de plus en plus violents, «ceux par qui on atteindra notre but» : «L’atmosphère nous force à évoluer. J’avais peur au début, car je risque aussi d’être arrêté pour incitation aux émeutes. Mais si ceux en première ligne n’ont pas peur, moi non plus.» Et «ceux en première ligne» sont devenus ses «héros».

D’autres se chargent de leur propre chef de tirer ses affiches et les collent. Des entreprises les impriment gratuitement ou leur font des prix. En parallèle, des équipes de «communication» turbinent sur Telegram et les réseaux sociaux pour relayer ces tracts et traduire en plusieurs langues communiqués ou articles de presse. Parmi eux, des étudiants, mais aussi des salariés. Selon l’actualité, ils prennent une thématique et envoient des messages pour expliquer les méthodes de la contestation. «Il faut convaincre la communauté internationale du bien-fondé de notre lutte, et expliquer certaines actions», confie JL, l’un d’eux.

Pour les manifestations à proprement parler, une nébuleuse de groupes s’active autour des contestataires. Outre des magasins ou riverains qui laissent bouteilles d’eau et masques à disposition, des groupes sont chargés de fabriquer de bric et de broc des équipements pare-balles. Certains font des moules puis des couches de fibre de verre, «avec des ressources très limitées, beaucoup d’équipements étant bloqués à la douane», explique un bénévole. Il faut ensuite se déplacer en temps réel en fonction de l’évolution des manifestations.

Cliniques de fortune

C’est là que Robert, 27 ans, intervient, au volant de sa berline. Membre d’un groupe de chauffeurs bénévoles, il achemine du matériel ou récupère, à ses frais, à chaque manifestation entre 20 et 30 personnes qui parviennent à s’extirper des filets policiers. «Beaucoup des gamins sont très polis, ils s’excusent et me remercient avant de monter dans la voiture et de changer leurs vêtements», raconte via Telegram Robert, qui a grandi dans «la haine du Parti communiste» et avait 6 ans quand sa mère lui a expliqué Tiananmen. Il est mobilisé aujourd’hui car «la police tire sur nos gamins, les viole, les torture», mais «je suis marié et j’ai un travail, je mesure donc chaque risque et conséquence de mes actes». Ce qui ne l’empêche pas d’être aussi un «frontliner», d’aller à la confrontation avec la police.

Quand il occupe le second rôle de chauffeur, il est mis en contact par des chatbots sur Telegram avec des manifestants qui cherchent à échapper aux arrestations. «Parfois, certains sont blessés, il faut les conduire chez des médecins, pas à l’hôpital car c’est trop risqué», dit Robert. Il a déjà pris en charge un «gamin» touché par une balle. Des médecins assurent des «permanences» les jours de manif dans des cliniques de fortune parfois sordides, où les pinces sont désinfectées au briquet et des caisses de bandage stockées dans un appartement rempli de chats et d’encens.

Quels sont les liens entre ces cellules ? Parfois, aucun. Personne ne sait qui dirige qui. Parfois, des manifestants sont membres de plusieurs groupes et font la jonction. Parfois, des mouvements politiques, locaux notamment, servent de courroie de transmission, voire d’organisateurs. Un responsable politique, partisan de l’indépendance, explique par exemple sous couvert d’anonymat avoir créé une plateforme mettant en contact des manifestants et des avocats bénévoles pour des consultations juridiques anonymes et sécurisées en streaming, sans données enregistrées. Ce même groupe a élaboré un réseau de secouristes et de chauffeurs bénévoles.

Ces groupuscules indépendantistes gagneraient en puissance et recruteraient à tour de bras parmi les adolescents pour des actions violentes. Sur ce point-là, le responsable politique ne dit mot. Les élections locales du 24 novembre diront qui des radicaux, des pacifistes ou des pro-Pékin constituent le gros des troupes à Hongkong.

31 octobre 2019

Milo Moiré

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31 octobre 2019

Au Théâtre Hébertot

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