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Jours tranquilles à Paris

19 juillet 2019

« COUP DE FOUDRE » DE FABRICE HYBER ET NATHALIE TALEC

Jusqu'au 20 octobre 2019

À l’occasion de l’exposition COUP DE FOUDRE à l’espace Fondation EDF à Paris en mars-octobre 2019, Fabrice Hyber et Nathalie Talec, devenus HyberTalec, un duo électrique et sans gêne, proposent une traversée déchainée des émotions. L’énergie du coup de foudre se décline sous la forme d’une rencontre effervescente entre les artistes et les visiteurs, dans un parcours d’expériences émotionnelles et artistiques.

Exposition à quatre mains à vivre comme un cadavre exquis, COUP DE FOUDRE est une réaction en chaîne, un foisonnement de propositions artistiques : de la piste de danse aux cabines d’émotions, des pavillons de sensations aux chambres de sidération, les visiteurs sont les témoins d’une rencontre étincelante entre les artistes et sont eux-mêmes transportés par une fureur électrisante dans des espaces immersifs.

Entrée libre du mardi au dimanche de 12h à 19h (sauf jours fériés)

Lieu

Fondation Groupe EDF

6, rue Récamier 75007 Paris

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19 juillet 2019

La Conciergeris

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19 juillet 2019

Laetitia Casta en couverture du magazine ELLE

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19 juillet 2019

Municipales : début de campagne difficile pour Benjamin Griveaux à Paris

Depuis qu’il a reçu l’investiture de La République en marche, l’ex-porte-parole du gouvernement enchaîne les déconvenues et peine à rassembler autour de lui.

Ce devait être un démarrage en fanfare. Cela s’est transformé en une opération de rattrapage. Neuf jours après sa désignation comme candidat de La République en marche (LRM) pour les élections municipales à Paris, Benjamin Griveaux a tenu son premier meeting de campagne, jeudi 18 juillet, dans un théâtre de la capitale. L’occasion de mobiliser les troupes, avec l’espoir d’insuffler une dynamique à un début de campagne difficile.

Depuis qu’il a reçu l’investiture, l’ex-porte-parole du gouvernement enchaîne les déconvenues : après l’affaire Rugy, qui a pollué son intronisation, ses rivaux macronistes ont refusé de se ranger derrière lui.

Et pour finir, la veille de son meeting parisien, une polémique a éclaté sur des propos injurieux de sa part, divulgués sur le site du Point. L’hebdomadaire a publié un florilège de propos peu amènes que M. Griveaux aurait tenus dans un cadre privé, il y a quelques semaines. Le candidat étrille notamment ses rivaux pour l’investiture LRM, qualifiés d’« abrutis ». Hugues Renson ? « C’est un fils de p…, on le sait depuis le premier jour. » Mounir Mahjoubi ? « Bon… no comment. » Cédric Villani ? « Il n’a pas les épaules pour encaisser une campagne de cette nature. Il va se faire désosser ! »

Déplorant qu’une « conversation privée se retrouve dans la presse », l’entourage du candidat a précisé que ce dernier a appelé les personnes citées « pour s’excuser ». Sans toutefois démentir la teneur des propos rapportés. De quoi alimenter son image clivante de « bad boy », prêt à tout pour assouvir ses ambitions.

Nombreuses inimitiés au sein de son camp

Plutôt que d’ignorer la polémique, M. Griveaux y a fait référence à plusieurs reprises. Le plus souvent sur un ton ironique pour tenter d’atténuer son effet délétère.

« Je vais commencer par une confidence car on est qu’entre nous et il n’y a pas d’enregistrement caché… », a-t-il lancé, tout sourire, en introduction, devant une salle comble, remplie avec plus d’un millier de soutiens. Avant de mettre en avant sa détermination : « Oui, je peux avoir un coup de gueule quand un sujet me tient à cœur car je ne peux pas faire de politique sans mettre mes tripes sur la table. »

Alors que son style offensif lui vaut de nombreuses inimitiés au sein même de son camp, ses fidèles tentent de le défendre. « Ce sont des propos privés, il était important que Benjamin Griveaux s’excuse. C’est fait. Maintenant il faut aller de l’avant », estime le patron de LRM, Stanislas Guerini. « C’est une erreur. Il l’a assumée et n’a pas mis en doute les faits, abonde la députée de Paris Olivia Grégoire. On a huit mois désormais pour mettre le focus sur son projet et montrer qu’il ne correspond pas à l’image qu’on peut donner de lui. »

Marlène Schiappa s’y est employée sur scène, dans le rôle de l’avocate assurant la défense de l’accusé. « Le Benjamin que je connais n’a rien à voir avec les portraits de lui dans la presse », a affirmé la secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes, en vantant « un papa attentionné » et un homme « solidaire, humble, modeste, qui a énormément d’autodérision ». « Quelqu’un qui écoute et donne du temps aux autres », a complété Elise Fajgeles, suppléante de M. Griveaux à l’Assemblée nationale.

Et quitte à ce qu’il ait une image d’ambitieux, autant essayer d’en faire un atout… « Benjamin est déterminé à se battre. Personne ne l’épargne et il reste debout, cela montre une forme de solidité », estime son directeur de campagne, Pacôme Rupin.

« Une vraie capacité à rassembler... contre lui »

Sur scène, M. Griveaux a passé autant de temps à critiquer le bilan d’Anne Hidalgo – accusée notamment de « déplacer la pollution » plutôt que de la « diminuer » – qu’à présenter ses propositions pour améliorer le « quotidien ». Parmi elles, des mesures en faveur de l’accès au logement, de la propreté, de la sécurité, de la santé (création d’« une mutuelle municipale »), ou de l’écologie (installation d’un « conseil parisien de défense écologique » directement attaché au maire de Paris).

Aux premiers rangs, de nombreux élus LRM étaient présents, dont la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, le ministre chargé de la ville et du logement Julien Denormandie, ou encore le patron des députés macronistes Gilles Le Gendre.

Mais ce sont surtout les absents, qui se sont fait remarquer. Que ce soit Cédric Villani, Mounir Mahjoubi, Hugues Renson ou Anne Lebreton, aucun des rivaux du candidat dans la course à l’investiture LRM n’avait fait le déplacement, illustrant les difficultés de M. Griveaux à rassembler son camp. « Cédric, Mounir, Hugues, Anne, votre place est ici », a-t-il assuré, en comparant les macronistes de la capitale à « une famille », qui doit « se réconcilier »

Sauf que l’union ne semble pas encore pour demain. M. Villani ayant décidé de reporter à septembre sa décision de lui apporter ou non son soutien. Pour l’instant, les autres candidats ne semblent pas enclins, non plus, à se rallier. « Griveaux montre qu’il a une vraie capacité à rassembler. Le problème, c’est que c’est contre lui », se désole un élu LRM de Paris.

Et pas seulement dans son camp. Avant le meeting, Bertrand Delanoë est sorti de son silence pour condamner une affirmation du candidat, selon laquelle l’ex-maire socialiste de Paris serait « d’accord » avec sa stratégie, consistant à gagner la capitale « au centre », en prenant « des voix à droite ». Cinglant, M. Delanoë a écrit sur Twitter : « Dans les propos attribués à @BGriveaux par @LePoint, il est indiqué que je serais d’accord avec lui. C’est inexact. Et je rappelle que nul n’est autorisé à parler en mon nom. »

19 juillet 2019

La Plage

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19 juillet 2019

Anna Johansson

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19 juillet 2019

Les Vieilles Charrues... c'est parti

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vieilles charrues

19 juillet 2019

Récit « C’est un petit pas pour un homme… » Il y a 50 ans, Neil Amstrong marchait sur la Lune

Par Pierre Barthélémy

La Lune, une aventure (1/6). Le 20 juillet 1969, le module de la mission Apollo-11 se pose après un voyage de cent heures et de 380 000 kilomètres. Moins de sept heures plus tard, Neil Armstrong effectue le premier pas devant des centaines de millions de téléspectateurs.

« Le destin a voulu que les hommes qui sont allés en paix explorer la Lune y resteront pour y reposer en paix. Ces hommes courageux, Neil Armstrong et Edwin Aldrin, savent qu’ils n’ont aucun espoir d’être secourus. Mais ils savent également que leur sacrifice est porteur d’espoir pour l’humanité. Ces deux hommes ont donné leur vie pour le dessein le plus noble de l’humanité : la quête de la vérité et de la connaissance. Ils seront pleurés par leurs familles et amis ; ils seront pleurés par leurs compatriotes ; ils seront pleurés par les peuples du monde entier ; ils seront pleurés par la Terre, notre mère, qui a eu l’audace d’envoyer deux de ses fils vers l’inconnu. Par leur expédition, ils ont poussé les peuples de la Terre à prendre conscience de leur unité ; par leur sacrifice, ils renforcent la fraternité entre les hommes. (…) D’autres suivront et trouveront certainement le chemin du retour. La quête de l’Homme ne s’arrêtera pas. Mais ces hommes étaient les précurseurs et ils resteront dans nos cœurs comme les premiers d’entre tous. Tout être humain qui lèvera les yeux vers la Lune dans les nuits à venir saura qu’il existe un petit coin d’un autre monde qui est à tout jamais l’Humanité. »

Si la théorie des univers parallèles est juste, il existe forcément un monde où, en juillet 1969, le président des Etats-Unis Richard Nixon a prononcé à la télévision cette allocution funèbre après l’échec de la mission Apollo-11. Cependant, dans notre réalité, cette note intitulée « Dans l’éventualité d’un désastre lunaire », effectivement préparée par William Safire, rédacteur de discours pour la Maison Blanche, est restée dans un tiroir. La catastrophe n’a pas eu lieu. Il y a un demi-siècle, deux Américains se sont posés sur la Lune, y ont marché et en sont revenus sains et saufs.

Remontons le temps. Jusqu’à ce 20 juillet 1969, 18 h 44 (heure de Paris). Cent heures se sont écoulées depuis que la fusée Saturn-V, monstre de 3 000 tonnes et de 110 mètres de haut, s’est arrachée du pas de tir 39-A du centre spatial John F. Kennedy, à Cap Canaveral (Floride). Apollo-11 se trouve désormais en orbite autour de la Lune et son trio d’aventuriers, Neil Armstrong, Edwin « Buzz » Aldrin et Michael Collins, tous trois nés en 1930, se sépare. Les deux premiers ont pris place dans le module lunaire (LEM), tandis que le troisième restera satellisé et les attendra dans le module de commande et de service (CSM), la capsule censée ramener tout le monde sur Terre.

« COMME IL N’ÉTAIT PAS ÉVIDENT DE GÉRER LA DESCENTE FINALE EN AUTOMATIQUE, IL FALLAIT UN BON PILOTE », EXPLIQUE PHILIPPE HENAREJOS, AUTEUR D’« ILS ONT MARCHÉ SUR LA LUNE »

A 18 h 44 donc, le LEM, baptisé Eagle (« Aigle »), se détache. La descente de cette sorte de grosse araignée brillante à quatre pattes s’effectue en plusieurs étapes. Il faut d’abord s’extraire de l’orbite lunaire et freiner un bon coup afin de passer de 6 000 à 550 km/h. A ce moment-là, Neil Armstrong et Buzz Aldrin entrent en terrain inconnu.

« La phase d’atterrissage avait été testée jusqu’à un certain point en mai 1969 par la mission Apollo-10, qui avait servi de répétition générale et était descendue jusqu’à 15 kilomètres du sol, rappelle Philippe Henarejos, rédacteur en chef du magazine Ciel & Espace et auteur du livre Ils ont marché sur la Lune (Belin, 2018). Il restait ces 15 derniers kilomètres à franchir et c’était en réalité assez compliqué en raison des irrégularités de la gravité dues à des concentrations de masse différentes sous la surface de la Lune. L’attraction est plus ou moins forte selon les endroits et cela déviait le LEM, dont l’ordinateur de bord, qui n’était pas terrible, ne prenait pas bien en compte ce phénomène. Comme il n’était pas évident de gérer la descente finale en automatique, il fallait un bon pilote. »

« Mister Cool »

Neil Armstrong a décroché son brevet de pilote à 16 ans, avant même de passer son permis de conduire. « Il avait payé ses leçons, 9 dollars chacune, avec les 40 cents de l’heure qu’il gagnait pour faire les livraisons d’une pharmacie », rappelle Norman Mailer dans le grand récit de la mission Apollo-11 paru à l’été 1969 dans le magazine Life.

Et l’écrivain de conclure : « Il n’est pas inutile de répéter que c’était le seul astronaute qui faisait du vol à voile pendant ses loisirs. De toute évidence, l’essentiel de sa vie était d’être en l’air. » Pilote, Armstrong l’a été pendant la guerre de Corée, où il a effectué 78 missions à partir du porte-avions USS Essex. S’il a quitté la Navy en 1952, c’est pour ensuite devenir pilote d’essai au National Advisory Committee for Aeronautics, l’ancêtre de la NASA. Il a testé quantité d’appareils, et notamment l’avion-fusée hypersonique X-15.

« ARMSTRONG CONNAISSAIT LE SYSTÈME TELLEMENT BIEN QU’IL A TROUVÉ LA SOLUTION ET QU’IL L’A MISE EN ŒUVRE DANS DES CIRCONSTANCES EXTRÊMES [LORS DE LA MISSION GEMINI-8, EN MARS 1966] », A DIT L’ASTRONAUTE DAVID SCOTT

En mars 1966, le premier vol spatial de Neil Armstrong, à l’occasion de la mission Gemini-8, manque de tourner à la tragédie. En compagnie de l’astronaute David Scott, il réussit le rendez-vous en orbite et l’amarrage avec un vaisseau-cible inhabité, mais l’ensemble se met à tourner sur lui-même : un des petits moteurs qui servent au contrôle d’attitude est bloqué en mode « marche ». Gemini part en toupie. A près d’un tour par seconde, les astronautes sont à la limite de l’évanouissement.

Malgré cela, Armstrong a la présence d’esprit de tout couper et d’utiliser les propulseurs du système de rentrée atmosphérique pour stopper ce roulis infernal. La mission est abrégée mais les deux hommes rentrent vivants. Plus tard, Dave Scott reconnaîtra : « Il connaissait le système tellement bien qu’il a trouvé la solution et qu’il l’a mise en œuvre dans des circonstances extrêmes, et je dois dire que c’était mon jour de chance de voler avec M. Neil Armstrong. »

Ce sang-froid, qui lui vaut le surnom de « Mister Cool » et probablement sa sélection pour Apollo-11, Armstrong en fait encore preuve en mai 1968 alors qu’il s’entraîne sur un des « sommiers volants », ces aéronefs bizarroïdes censés simuler le LEM en compensant une partie de la gravité terrestre afin de reproduire celle, six fois moindre, que l’on trouve sur la Lune. Les commandes ne répondent plus et l’astronaute s’éjecte à seulement 30 mètres du sol. L’appareil s’écrase au sol et explose.

Il s’en est fallu d’une demi-seconde pour que le parachute n’ait pas le temps de s’ouvrir. « Armstrong devait être un homme pour qui la peur était quelque chose d’aussi naturel que la respiration », écrit Norman Mailer. « Au long des années, ajoute l’écrivain, non seulement il avait vécu dans l’étroite proximité de la mort, mais il s’était littéralement trouvé en sa présence. Sans parler des appareils qui s’étaient écrasés ou avaient failli s’écraser, il y avait également la mort de sa petite fille, emportée par une tumeur au cerveau, la nuit aussi où il avait failli perdre sa famille quand leur maison avait pris feu et brûlé entièrement. »

« L’Aigle s’est posé »

Ce 20 juillet 1969, c’est l’ordinateur de bord du LEM qui est en train d’assurer la descente finale vers la Lune. Un paysage gris défile, surplombé par un ciel d’encre noire. Le vaisseau vient de passer le cratère Maskelyne et survole la mer de la Tranquillité. Il se trouve à 10 kilomètres d’altitude quand une alarme 1202 retentit et fait grimper d’un cran la tension dans le module. Au centre de contrôle d’Houston (Texas), il faut moins de 30 secondes pour décider de ne pas tenir compte de ce signal : le radar de rendez-vous, d’aucune utilité à cette phase de la mission, envoie des informations qui saturent l’ordinateur.

Le LEM, qui était en position horizontale, moteur en avant, pour ralentir, s’est peu à peu redressé. L’altitude n’est plus que de 900 mètres quand une nouvelle alarme apparaît. Aldrin, puis Armstrong dans la seconde qui suit, s’écrient : « 1201 ! » La réponse d’Houston est immédiate : « On est GO. Même genre. On est GO. » On passe outre, on continue, le feu est toujours vert. Encore une 1202 ? On s’en fiche.

Il ne reste plus beaucoup du carburant réservé à la descente. Altitude : 170 mètres. C’est alors que Neil Armstrong prend la main, sur le vaisseau et sur son propre destin. Il a repéré par le hublot que le pilotage automatique conduit le LEM tout droit vers un cratère entouré de rochers de 2 ou 3 mètres. Pas question de se poser là. Il décide de prolonger la descente pour planer par-dessus l’obstacle et se poser derrière. Où l’attend un second cratère ! On va l’enjamber aussi. Plus que 5 % de carburant… Houston commence le compte à rebours pour l’abandon de la mission : dans ce cas, le LEM se sépare en deux et la partie supérieure, où se trouvent les deux astronautes, est propulsée en orbite pour retrouver le CSM.

« TRANQUILLITÉ, ON VOUS REÇOIT AU SOL. VOUS AVEZ UN TAS DE GARS SUR LE POINT DE VIRER AU BLEU. ON RESPIRE À NOUVEAU. MERCI BEAUCOUP ! »

Moins d’une minute, altitude 18 mètres… On n’entend plus que la voix de Buzz Aldrin, qui délivre toutes les indications. « Mister Cool », quant à lui, est concentré sur l’atterrissage. Il ne reste plus qu’une vingtaine de secondes avant que ne soit déclenchée la procédure d’abandon lorsque le voyant du contact avec le sol s’illumine.

En France, il est 21 h 17. Le moteur est coupé. Quand Neil Armstrong reprend la parole, c’est pour dire : « Houston, euh… Ici la base de la Tranquillité. L’Aigle s’est posé. » A 380 000 kilomètres de là, le contrôleur des communications, Charlie Duke, qui ira lui-même sur la Lune pour la mission Apollo-16, en bafouille : « Compris… Twan… Tranquillité, on vous reçoit au sol. Vous avez un tas de gars sur le point de virer au bleu. On respire à nouveau. Merci beaucoup ! »

La communion de Buzz Aldrin

Immédiatement après s’être posés, les deux astronautes configurent le LEM pour un éventuel départ d’urgence mais, comme tout va bien, Houston leur donne l’autorisation de rester. Au cours des heures qui suivent, interminables pour les téléspectateurs, ils vont décompresser, manger un morceau et se préparer à la « sortie extravéhiculaire », selon l’expression consacrée du monde spatial.

C’est pendant ce répit que Buzz Aldrin accomplit un acte peu connu et très symbolique pour lui. Ancien pilote de chasse, titulaire d’un doctorat consacré aux techniques de rendez-vous dans l’espace, Aldrin est un personnage assez arrogant, un peu cow-boy sur les bords, pas tellement apprécié de ses collègues, et l’opposé du taiseux Armstrong. Norman Mailer fait de lui une description haute en couleur : « Aldrin, tout en viande et en pierre, était un homme d’aspect solide, sûr comme un tracteur, mais chez qui on sentait la force d’un char, morne, presque ennuyeux, pourtant avec un côté imprévisible, comme si après dix-huit verres, les yeux rouges, il allait se trouver prêt à lutter avec un gorille ou bien vous inviterait à sauter après lui par la fenêtre du troisième étage afin de voir qui ferait le plus beau saut périlleux en atterrissant. »

« JE LUS EN SILENCE LE PASSAGE DE LA BIBLE TANDIS QUE JE PRIS LE PAIN ET LE VIN, EN PRIANT PERSONNELLEMENT POUR LA TÂCHE EN COURS ET LA CHANCE QUI M’AVAIT ÉTÉ DONNÉE », A RACONTÉ BUZZ ALDRIN

Buzz Aldrin est aussi membre de l’Eglise presbytérienne et, dans le peu d’affaires personnelles qu’il a été autorisé à emporter dans le LEM, se trouve… un nécessaire pour communier : « Une carte de 3 pouces sur 5, racontera-t-il plus tard, sur laquelle j’avais écrit les mots de Jésus : “Je suis la vigne, vous êtes les sarments. Celui qui reste en moi et moi en lui portera beaucoup de fruits ; car vous ne pouvez rien faire sans moi.” Je versai un peu de vin d’un récipient scellé en plastique dans un petit calice, et j’attendis que le vin qui tourbillonnait dans la gravité lunaire, six fois inférieure à celle de la Terre, se stabilise. (…) Je lus en silence le passage de la Bible tandis que je pris le pain et le vin, en priant personnellement pour la tâche en cours et la chance qui m’avait été donnée. Peut-être, si je devais le refaire, je ne choisirais pas de célébrer une communion… »

Il voulait être le premier en tout, mais Buzz Aldrin ne sera pas le premier à marcher sur la Lune. Cet honneur est réservé à Neil Armstrong, commandant de la mission, à la personnalité plus appréciée dans le corps des astronautes et qui présente aussi l’avantage d’être un civil, contrairement à son comparse, toujours officiellement militaire. Et surtout, Armstrong était le plus près de la porte ! Un point non négligeable quand on doit, engoncé dans un gros scaphandre, bouger dans l’exigu module lunaire.

La cabine est dépressurisée, la porte ouverte, la caméra branchée. Personne ne pense au petit exploit technique qu’est la retransmission de ces images de la Lune, reçues, malgré une tempête, par la grande antenne du radiotélescope de Parkes, en Australie ! Neil Armstrong met plusieurs minutes à descendre du LEM. Sa plus grande difficulté : franchir la dernière marche. Il a posé le module avec tellement de douceur que les amortisseurs censés se tasser sous le choc de l’atterrissage n’ont presque pas bougé.

La dernière marche mesure 80 centimètres de haut. Il constate que le sol est couvert d’un matériau extrêmement fin. « C’est presque comme une poudre », dit-il. Finalement, son pied gauche touche ce régolithe lunaire. Puis vient la phrase historique que la mauvaise qualité de la retransmission rend peu audible : « C’est un petit pas pour un homme, un bond de géant pour l’humanité. » En France, il est 3 h 56 du matin, ce 21 juillet 1969.

« J’en ai un souvenir très précis »

Tous ceux que l’auteur de ces lignes a interrogés pour cette série d’articles et qui étaient à l’époque assez grands pour mémoriser l’événement se rappellent précisément ce qu’ils faisaient cette nuit-là. Et il est probable que c’est aussi le cas pour les plus anciens des lecteurs du Monde…

« J’attendais sur le canapé du salon et je me suis endormi, se souvient Francis Rocard, responsable du programme d’exploration du Système solaire au Centre national d’études spatiales (CNES). Ma mère m’a réveillé et j’ai vu, dans un demi-sommeil, une image très évanescente. C’était bizarre et à la fois décevant pour un enfant de 12 ans. Très vite je suis allé me coucher… »

Alain Cirou, directeur de la rédaction de Ciel & Espace, né en 1958 : « J’en ai un souvenir très précis, comme si c’était hier, pour une raison importante : mes parents avaient acheté la télévision pour que nous voyions l’homme marcher sur la Lune. On était en vacances, il faisait beau et chaud. Sur l’écran, les images étaient compliquées à lire, on ne comprenait pas bien ce qui se passait mais cela a déterminé tout ce que je ferais plus tard. Je me suis dit que j’irais un jour voir les hommes d’Apollo pour leur demander ce qu’il s’était passé là-haut. Et je l’ai fait. »

« LE CONTEXTE, C’ÉTAIT L’ATTENTE DE TOUT LE MONDE, LE SENTIMENT DU CARACTÈRE UNIQUE DE CE QUI ARRIVE, D’ÊTRE VIRTUELLEMENT TRANSPORTÉ SUR LA LUNE. C’EST UN ÉVÉNEMENT QUI A MARQUÉ TOUTE UNE GÉNÉRATION », RACONTE XAVIER PASCO, QUI L’A SUIVI À LA TÉLÉVISION

Tout s’est aussi cristallisé dans la mémoire de Xavier Pasco, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, qui n’avait pourtant que 5 ans : « J’étais dans le sud de la France. Il y avait du mistral. Le contexte, c’était l’attente de tout le monde, le sentiment du caractère unique de ce qui arrive, d’être virtuellement transporté sur la Lune. C’est un événement qui a marqué toute une génération. »

Plus précisément, la génération de ceux qui ont été informés de l’épopée Apollo. Spécialiste des politiques spatiales au CNRS, Isabelle Sourbès-Verger, qui se souvient avoir suivi cette nuit historique à la radio après avoir écouté un concert de cor de chasse dans un château en Vendée, raconte l’anecdote de ce collègue indien qui a découvert l’exploit « trois ou quatre années plus tard. Il aidait son oncle à cirer des chaussures et il a trouvé un vieux journal qui disait que les Américains avaient marché sur la Lune… »

On estime que 600 millions d’humains, essentiellement des Occidentaux, ont suivi en direct à la télévision les premiers pas de Neil Armstrong sur la Lune, un chiffre à rapporter aux 3,6 milliards d’habitants que comptait la Terre en cette année 1969.

Pour la première fois, un représentant de l’espèce Homo sapiens marche sur un autre corps céleste que sa planète d’origine. Il est rapidement rejoint par Buzz Aldrin, qui devient le premier homme… à uriner sur la Lune (dans un sac intégré à sa combinaison).

Pendant deux heures, le duo d’astronautes suit un programme chargé, cousu sur leur manche. Prendre des photos, ramasser des échantillons de roches et de sol, déployer quelques instruments scientifiques ainsi que le drapeau américain, recevoir un coup de téléphone de Richard Nixon, tester plusieurs manières de se déplacer, y compris en sautant comme un kangourou…

Un « premier acte d’exploration »

Philippe Henarejos note que les deux hommes restent confinés près du LEM : « Ils ne marchent pas vers l’avant comme le fait Tintin, ils piétinent. Jusqu’à ce moment, vers la fin, où Armstrong prend la tangente pour aller voir le petit cratère qu’il a survolé avant de se poser et qui est situé à 60 mètres de là. Ce n’était pas prévu. Il se barre et ne dit rien pendant plus de trois minutes. Il fait quelques photos, importantes car elles permettront d’évaluer l’épaisseur du régolithe, et il revient. C’est le premier acte d’exploration d’un homme sur la Lune. »

« ICI DES HOMMES DE LA PLANÈTE TERRE ONT POUR LA PREMIÈRE FOIS POSÉ LE PIED SUR LA LUNE. JUILLET 1969 APRÈS J.-C. NOUS SOMMES VENUS EN PAIX AU NOM DE TOUTE L’HUMANITÉ » – LE TEXTE DE LA PLAQUE RESTÉE SUR LA LUNE

Armstrong et Aldrin remontent dans le LEM et referment la porte. A 18 h 54, moins de 22 heures après l’atterrissage, la partie supérieure du module lunaire s’envole pour retrouver le CSM et le troisième homme, Michael Collins, qui ne marchera jamais sur la Lune. Aucun des astronautes d’Apollo-11 ne retournera dans l’espace.

Sur la partie du LEM demeurée dans la mer de la Tranquillité figure une plaque avec l’inscription suivante : « Ici des hommes de la planète Terre ont pour la première fois posé le pied sur la Lune. Juillet 1969 après J.-C. Nous sommes venus en paix au nom de toute l’humanité. » Apollo-11 a rempli la mission que le président Kennedy avait assignée au peuple américain en 1961 : envoyer des hommes sur la Lune avant la fin de la décennie.

En ce 21 juillet 1969, on peut voir, dans le cimetière militaire d’Arlington, en Virginie, sur la tombe de JFK, un bouquet de fleurs déposé par un anonyme, accompagné d’un message : « Monsieur le président, l’Aigle s’est posé. »

19 juillet 2019

Milo Moiré

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19 juillet 2019

Bagne pour enfants : Belle-Île se souvient

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Belle-Île-en-Mer a accueilli des mineurs délinquants jusqu'en 1977 / © France 3 Bretagne

Colonie pénitentiaire puis maison d'éducation surveillée, des mineurs ont été enfermés à Belle-Île de 1880 à 1977, dans des conditions parfois violentes et décriées. Les bâtiments du bagne pour enfants vont devenir un lieu de mémoire. Un projet muséographique est en cours.

Jean-Pierre a 15 ans en 1969. Arrêté pour un vol de gâteau, il arrive à Belle-Île pour être emprisonné dans un établissement pénitentiaire pour mineurs. 50 ans après, alors qu'il revient sur les lieux, l'émotion l'étreint : "Quand je revois le couloir...c'était pas réjouissant. Quand je suis arrivé, je ne savais pas ce qui m'attendait. Quand j'ai vu la cellule, que la porte s'est fermée. C'était dur." confie-t-il.

L'histoire de ce bagne pour enfants ressurgit, méconnue. Le bâtiment va s'ouvrir et devenir un lieu de mémoire. Un projet muséographique est à l'étude et pourrait voir le jour d'ici à 2022. "On devrait savoir comment cette colonie a fonctionné. Cela me paraît fondamental que tous habitants du Morbihan on sache que cela a existé, que des enfants ont été détenus ici" souligne Aurore Carpentier Vice-Présidente du TGI (tribunal de grande instance) de Lorient.

De la colonie pénitentiaire à l'institution publique d'éducation surveillée

La colonie pénitentiaire de Belle-Île voit le jour en 1880, sur décision ministérielle et dans les bâtiments qui abrite jusqu'alors la prison politique. Les enfants envoyés sur place y reçoivent une formation pour devenir mousse ou marin, puis les professions agricoles s'y développent. Plus tard, tous les métiers utiles au quotidien y seront enseignés. La colonie est dirigée par un directeur, lequel ne vit pas sur place mais sur la commune du Palais. Des surveillants et des professeurs techniques l'assistent ainsi qu'un gardien chef dont l'autorité et les méthodes riment avec dureté. Les mineurs arrivent en nombre, En 1897, ils sont 440 mineurs, âgés de 8 à 21 ans.

Au fil du temps la colonie change d'appellation pour devenir une maison d'éducation surveillée puis une institution publique d'éducation surveillée en 1947.

La révolte de Belle-Île-en-Mer

Les conditions de vie dans la colonie sont difficiles, entre violences et répression et dénoncées dès les années 20 par des journalistes. Le 27 août 1934 marque un tournant, avec l'évasion de 56 pupilles qui font la Une des médias.

Jacques Bourquin éducateur puis directeur à la Protection judiciaire de la jeunesse écrira "Depuis plusieurs mois, le climat est médiocre à l’intérieur de l’institution. Un soir d’août 1934 éclate un incident au réfectoire, un incident apparemment bénin. Contrairement au règlement, un colon a mangé son fromage sans avoir bu sa soupe. Il est puni, ses camarades du réfectoire se solidarisent avec lui, c’est le début d’une révolte que les personnels n’arrivent pas à contenir".

A ce moment-là, les pupilles se dispersent sur toute l'île. Une véritable chasse à l'enfant a lieu et ils sont ramenés par des gardes mobiles et même par des vacanciers. Cet événement plus ceux d'autres colonies comme à Eysses ou Mettray (Indre-et-Loire), vont marquer l'opinion et entraîner des réformes. Tous ces établissements vont questionner la place de l'enfant coupable et de la justice pour les mineurs.

Le bagne de Belle-Île ferme définitivement ses portes en 1977. Les maisons d’éducation surveillée ou maisons de correction sont aujourd'hui des centres éducatifs fermés.

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