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Jours tranquilles à Paris

24 décembre 2019

Portrait - Emma Becker : « J’ai écrit “La Maison” pour faire des putes des héroïnes »

Par Thomas Wieder, Berlin, correspondant

Dans « La Maison », paru cet été et succès critique et public, Emma Becker décrit deux années passées par choix dans des bordels de Berlin. Attaquée par des féministes, l’écrivaine revendique y avoir trouvé une forme d’émancipation.

Comme souvent, c’est une fois le micro coupé, pile au moment de prendre congé, que les trois phrases-clés de l’entretien ont été prononcées. « Un écrivain ne choisit pas ses lecteurs. Ces quatre derniers mois, j’ai souvent eu l’impression qu’on projetait sur mon livre un discours très éloigné du mien. C’est comme ça, il faut l’accepter, même si ce n’est pas toujours facile. » En quelques mots, Emma Becker venait de résumer ce qu’elle nous avait dit pendant deux heures sans jamais le formuler de façon aussi claire. La Maison (Flammarion), ce récit où la Française raconte les deux ans qu’elle a passés dans des bordels berlinois, lui a largement échappé depuis sa parution, le 21 août.

Après 40 000 exemplaires vendus, une couverture médiatique maximale et trois distinctions (prix Blù Jean-Marc Roberts et prix RomanNews, mi-septembre ; prix Roman des étudiants France Culture-Télérama, le 11 décembre), ce n’est pas étonnant. Mais on devine que ça la travaille. Difficile de se sentir « mise dans des cases » quand on a un rejet viscéral des « assignations » et qu’on revendique pour soi-même, à 31 ans, « une liberté totale », à commencer par celle de « refuser les étiquettes qu’on veut vous coller ».

Texte au vitriol

L’écrivaine pense notamment à la réaction de l’association Osez le féminisme !, ou plus exactement de son antenne iséroise qui, mi-novembre, a publié un communiqué intitulé « Non à la venue d’Emma Becker à l’université Grenoble-Alpes ». Un texte au vitriol contre « un ouvrage qui glamourise et banalise l’achat des femmes et qui légitime les violences masculines », un livre qui « encens[e] la prostitution et le système prostitueur auprès du jeune public », un « récit alarmant relaté à destination des 18-26 ans et qui invisibilise à dessein la réalité du système prostitutionnel ».

Trois semaines plus tard, dans le café où nous la rencontrons, à deux pas du canal près duquel elle habite, dans le quartier de Kreuzberg, à Berlin, la jeune femme n’a toujours pas digéré l’attaque. Pas plus qu’elle n’a compris la tribune d’une page que l’écrivaine Ariane Fornia a publiée le 21 octobre dans le quotidien Libération, qui dénonce « la romantisation des escort-girls berlinoises, devenues de mythiques hétaïres s’offrant de leur plein gré à la convoitise masculine ». Titré « Pute n’est pas un métier d’avenir », l’article s’en prenait également aux « journalistes culturels français, bien souvent des hommes », qui, « charmés, (…) s’arrachent cette superbe jeune femme blanche, bourgeoise et éloquente, qui construit l’image d’Épinal d’une prostitution choisie et vécue dans l’allégresse ».

Un « petit bordel à l’ancienne »

Aucun nom n’était cité, mais Ariane Fornia pensait sans doute à Jérôme Garcin qui, dans L’Obs, était tombé en extase devant un « putain de grand livre » permettant de faire « tomber tous les tabous, préjugés, médisances, hiérarchies, qui, des deux côtés du Rhin, s’attachent à ce très vieux métier » qu’est la prostitution. Ou à Frédéric Beigbeder, qui, dans Le Figaro magazine, avait célébré un « témoignage narquois, un pied de nez au puritanisme et à l’hypocrisie », allant jusqu’à affirmer : « Le principal scandale de ce livre, c’est qu’il est une réussite littéraire complète. »

À vrai dire, Emma Becker est aussi embarrassée par celles qui l’ont fustigée que par ceux qui l’ont encensée. Certes, elle reconnaît garder un souvenir « globalement très positif » de « la Maison », ce « bordel bourgeois » du vieux Berlin-Ouest, où elle a travaillé de 2015 à 2017 et qui a donné son titre à ce récit de près de 400 pages. Mais elle raconte aussi « le mois horrible » qu’elle a passé au « Manège », le premier établissement qu’elle a trouvé « en tapant “bordel Berlin” sur Google ». Un « endroit hyper glauque » dont elle décrit dans le livre les « alcôves (…) où se dissolvent les effluves de sueur rance, de bite sale, de langue paralysée par le mauvais champagne, [qui resurgissent] au beau milieu des cauchemars et des instants de solitude où aucune pensée heureuse ne parvient à filtrer ».

Pour Emma Becker, le choix de raconter « ces deux expériences radicalement opposées » est la preuve qu’elle n’a « pas voulu faire l’apologie de la prostitution en général ». En cela, son livre « n’est en rien un manifeste », assure-t-elle. C’est « un certain type de prostitution » qu’elle a « aimée », celle pratiquée légalement dans un « petit bordel à l’ancienne » où les filles pouvaient choisir de venir travailler quand elles voulaient et où elle-même a plutôt bien gagné sa vie – autour de 3 000 euros par mois. Surtout pas la prostitution des « grands bordels froids et sinistres » où « les putes sont forcées d’être là même quand ça ne va pas car sinon elles se font virer ». Et pas non plus « l’esclavage des filles souvent mineures et étrangères qu’on fout sur les boulevards extérieurs et qui sont exposées à toutes les horreurs ».

« Empowerment »

Cette distinction est « absolument essentielle » pour Emma Becker. Aux yeux des « abolitionnistes », qui considèrent la prostitution comme une violence intrinsèque et la définissent comme du viol tarifé, sa tentative de sortir de l’opprobre une certaine forme de prostitution ne tient pas la route et fait au contraire le jeu des pires défenseurs du patriarcat. À ces accusations, l’écrivaine répond que la prostitution, dès lors qu’elle est pratiquée dans de « bonnes conditions », peut être une expérience « enrichissante », voire « épanouissante ». Elle va même plus loin, en parlant d’« empowerment » – elle utilise le terme anglais – pour qualifier l’« impression qu’elle a personnellement ressentie d’être souvent beaucoup plus en possession de [son] corps et de [sa] sexualité en faisant la pute que dans [sa] vie réelle ».

« J’AI PLUS SOUVENT EU L’IMPRESSION D’ÊTRE TRAITÉE COMME UNE PUTE PAR DES SALAUDS QUE J’AVAIS RENCONTRÉS DANS MA VIE D’AVANT QU’AVEC LA PLUPART DES TYPES AVEC QUI J’AI BAISÉ À LA MAISON. » EMMA BECKER

Car, pour elle, l’essentiel est bien là. Au lieu de considérer le fait d’être payée comme un acte de soumission de la prostituée, elle y a trouvé, au contraire, un moyen de « reprendre le pouvoir » sur le client. « En te donnant du pognon, le mec t’installe sur un piédestal. Dans ces moments-là, je sentais la puissance de mon sexe sur les hommes. J’avais l’impression que c’était moi qui les gouvernais et pas eux qui me possédaient », dit-elle. Quant à ceux qui affirment que le sexe tarifé place nécessairement la prostituée dans un rapport d’infériorité, elle estime que c’est une façon de fermer les yeux à bon compte sur tout ce que les femmes peuvent subir d’humiliant dans leur vie sexuelle quotidienne sans même qu’il soit question d’argent.

« Paradoxalement, j’ai plus souvent eu l’impression d’être traitée comme une pute par des salauds que j’avais rencontrés dans ma vie d’avant qu’avec la plupart des types avec qui j’ai baisé à la Maison », raconte-t-elle. Des clients dont elle assure que la plupart « cherchent autant une oreille à qui parler qu’une chatte pour s’amuser ». Ce qu’elle résume d’une formule : « Généralement, les mecs profitent de la putain pendant les dix premières minutes. Le temps qui reste, ils le passent avec la maman. »

Nymphette dévouée

Il y a encore une autre raison pour laquelle Emma Becker assume l’adjectif « libérateur » pour qualifier ses deux années à « la Maison ». Pour la saisir, il faut comprendre à quel moment précis de sa vie elle a fait cette expérience. Fille d’une psy et d’un chef d’entreprise spécialisé dans l’événementiel, elle raconte que le sexe la « passionne » depuis qu’elle est toute petite. Que c’est vers 6 ou 7 ans, en tombant sur des BD érotiques chez son oncle, qu’elle a commencé à « sentir ce truc en bas du ventre qui s’appelle l’excitation ». Qu’elle a « très vite compris » que les hommes allaient être « la grande affaire de sa vie ».

En l’écoutant parler ainsi, on est d’abord tenté de voir en elle une femme bravache, grisée par le plaisir de raconter une vie sexuelle frénétique à rendre jaloux n’importe qui. On ne tarde pas à comprendre que la réalité fut souvent moins glorieuse, voire douloureuse. Longtemps, la jeune femme a vu dans le sexe le moyen de tester son « irrésistible besoin de plaire ». Au risque de se perdre dans un rôle de nymphette dévouée, ainsi qu’elle le raconte dans Mr (Denoël, 2011), son premier livre, publié quand elle avait 22 ans et où elle décrit sa relation avec un « vieux » chirurgien de vingt ans son aîné qui lui fit lire quelques classiques devenus pour elle des références, comme La Mécanique des femmes, de Louis Calaferte (Gallimard, 1992).

Une autre façon de vivre sa sexualité

Emma Becker évoque ensuite une relation de trois ans avec un homme d’une jalousie extrême, qu’elle n’arrivait pas à quitter et dont elle s’est « libérée » en quittant Antony (Hauts-de-Seine) pour Berlin, où elle s’est installée avec ses deux sœurs, en 2013. Là, elle découvre une autre façon de vivre sa sexualité, en particulier au KitKatClub, une institution de la nuit berlinoise fondée au milieu des années 1990 par le réalisateur autrichien de films pornos Simon Thaur et sa compagne Kirsten Krüger. Un endroit « où tout le monde baise avec tout le monde, des beaux, des moches, des petits, des gros, des jeunes, des vieux, des handicapés ». Le genre d’expérience qui « aide à te rendre beaucoup plus cool avec ton propre corps ».

Son goût pour les clubs s’émousse vite. Et, parallèlement, un « vieux fantasme » se met à l’obséder de plus en plus : faire commerce de son corps, ce qu’elle avait gardé dans un coin de sa tête depuis qu’elle avait lu La Maison Tellier et Boule de suif, de Maupassant, et Nana, de Zola. « Pouvoir faire d’un passe-temps son métier, j’en avais toujours rêvé. J’étais loin de mes parents. J’étais dans un pays où la prostitution est légale. Je me suis dit que c’était le moment d’essayer. »

Sur le moment, la jeune femme se pose des questions. Elle se demande ce que deviendra sa « goinfrerie des hommes » après en avoir fait son métier. Elle explique aujourd’hui que son rapport au corps et au désir a bel et bien évolué, mais dans un sens qu’elle n’avait pas imaginé. « Quand tu baises trois ou quatre fois par jour, tu ne te poses plus la question de savoir si tu es désirable : tu constates juste que tu l’es. Au fond, ça m’a remise en paix avec moi-même », explique-t-elle. Et puis il y a cette distance affective qui existe nécessairement avec le client. Une distance qui l’a aidée à se « reconnecter avec son corps », dit-elle. « Avant, j’avais tendance à d’abord penser au plaisir de l’autre. Au bordel, j’étais moins préoccupée par l’idée de plaire. Ça m’a reconcentrée sur mon désir. J’ai même découvert que mon plaisir pouvait naître de l’indifférence ou de la répulsion que m’inspirait un mec. »

L’expérience ultime – dans tous les sens du terme – aura lieu début 2017. Cinq mois après la naissance de son fils, qu’elle a eu avec le meilleur ami du copain d’une de ses sœurs, rencontré à Berlin, Emma Becker se décide à retourner à « la Maison ». Elle explique que ce retour l’a « remise dans la vie », en la rassurant sur le fait qu’elle était « encore capable de susciter le désir » malgré son « corps fatigué ». Elle commence toutefois à prendre conscience que « tout cela finit par tourner en rond », est tentée d’arrêter mais a du mal à se décider. La fermeture de l’établissement, trois mois plus tard, ne lui laisse pas le choix. L’expérience tourne court. Le travail d’écriture peut débuter. Depuis, la jeune femme gagne sa vie en travaillant comme serveuse dans un café du quartier de Mitte, à Berlin.

« Relations de subordination »

Avec le recul, Emma Becker dit avoir écrit La Maison « pour faire des putes des héroïnes ». D’où le désarroi qu’elle a ressenti quand, à sa sortie, quelques prostituées ont commencé à l’attaquer, sur Twitter. À l’instar de Cybèle Lespérance, qui se présente sur le réseau social comme « accompagnante sexuelle H/F, courtisane, féministe & sexperte » à Chambéry. Contactée par M, cette femme de 38 ans reconnaît que la médiatisation de l’ouvrage lui a d’abord inspiré la plus grande méfiance : « Le bouquin était présenté comme celui d’une écrivaine qui avait testé la prostitution pour en faire un livre, un peu comme si elle était allée au zoo. Ça nous a beaucoup agacées. »

« CEUX QUI DISENT QUE [“LA MAISON”] EST UN ÉLOGE BÉAT DE LA PROSTITUTION SE TROMPENT. ELLE MONTRE BIEN COMMENT UN LIEU MAL GÉRÉ PEUT ÊTRE UN VÉRITABLE ENFER. » CYBÈLE LESPÉRANCE, RÉFÉRENTE DU SYNDICAT DU TRAVAIL SEXUEL

Emma Becker les prend au mot et leur envoie un exemplaire du livre. « En le lisant, on a constaté que ce qu’elle racontait était crédible, notamment sur certains aspects misérables des clients ou les ambivalences qu’on peut ressentir en faisant ce métier, explique Cybèle Lespérance. Quant à ceux qui disent que c’est un éloge béat de la prostitution, ils se trompent. Elle montre bien comment un lieu mal géré peut être un véritable enfer. » Référente pour le Syndicat du travail sexuel (Strass) dans la région Auvergne-Rhône-Alpes et membre de l’association de lutte contre le sida Aides, Cybèle Lespérance n’en porte pas moins un regard critique sur la situation allemande décrite par Emma Becker.

Légalisée en 2002 sous le gouvernement SPD-Verts de Gerhard Schröder après un vif débat marqué notamment par l’opposition de l’Union chrétienne-démocrate d’Angela Merkel, la prostitution « à l’allemande » a pour inconvénient, selon elle, de prévoir des règles spécifiques pour les travailleuses du sexe, indépendantes ou employées, qui peuvent se transformer en contraintes.

Plutôt que d’ouvrir la voie à une « légalisation », elle estime qu’une solution raisonnable serait une « décriminalisation » qui permettrait aux prostituées d’exercer leur activité en profession libérale. Elle est en revanche assez sceptique quant à l’idée d’importer en France des bordels comme ceux décrits par la romancière, dans un pays où les maisons closes ont été abolies en 1946. « Ce sont des structures qui créent des relations de subordination entre les prostituées et leur patron. Si celui-ci est correct, tant mieux, mais si ça n’est pas le cas, ça peut très vite mal se passer. »

« Débat houleux » et pétition

La Maison doit paraître en Allemagne en septembre 2020. Emma Becker reconnaît qu’elle n’a pas l’esprit tout à fait tranquille. D’abord parce qu’elle espère que ses ex-collègues, auxquelles elle consacre de longs passages pleins de tendresse, se reconnaîtront dans ce qu’elle a écrit. Mais aussi parce qu’elle s’attend à un « débat houleux » avec certaines féministes. Loin d’avoir clos le débat sur la prostitution, la loi de 2002 a eu tendance à durcir les positions. Notamment depuis le livre Prostitution, Ein deutscher Skandal (« prostitution, un scandale allemand », non traduit), publié en 2013 par Alice Schwarzer, la figure de proue du féminisme en Allemagne.

Un pamphlet dont la sortie a été accompagnée d’une pétition réclamant l’interdiction « à long terme » de la prostitution. Parmi les signataires figuraient notamment Annegret Kramp-Karrenbauer, alors ministre-présidente de la Sarre, aujourd’hui présidente de la CDU et ministre de la défense, et à ce titre probable future candidate à la succession d’Angela Merkel à la chancellerie.

Depuis, une loi de 2016 a tenté de corriger certaines dérives observées dans les quelque 3 500 bordels enregistrés en Allemagne. L’objectif est d’améliorer l’état de santé des prostituées en les obligeant à déclarer leur activité auprès des autorités sanitaires et en rendant obligatoire l’utilisation du préservatif. Les conditions d’ouverture des établissements ont également été rendues plus contraignantes dans un pays où il était devenu « plus facile d’ouvrir un bordel qu’une baraque à frites », selon l’expression de la ministre de la famille de l’époque, la sociale-démocrate Manuela Schwesig.

Emma Becker se prépare déjà à des « discussions tendues », d’autant plus que la loi de 2016 n’a aucunement conduit les « abolitionnistes » à baisser la garde, comme en témoigne la manifestation organisée par l’association Terres des femmes pour réclamer l’interdiction de la prostitution, le 25 novembre, à Berlin. L’écrivaine, qui n’avait pas voulu produire un « ouvrage militant », a dû se résoudre à admettre que son livre soit « parfois moins vu comme un objet littéraire que comme un acte politique ». Elle en a pris son parti. Elle caresse simplement un espoir : « avoir les putes de [son] côté » quand sortira la traduction allemande de La Maison. Et contribuer à changer le regard qui est porté sur elles, afin qu’« on cesse de les voir comme des cinglées ou des pauvres filles, pour les considérer comme des femmes normales malgré leur boulot pas comme les autres ».

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23 décembre 2019

Départ en Bretagne avec le L200

Mitsubishi L200Je pars pour les Fêtes de fin d'année en Bretagne avec le pick-up chargé au maximum... Ici photo prise au port d'Etel. 

 

23 décembre 2019

A Paris, Villani et Belliard à la recherche de la combinaison gagnante pour les municipales

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Par Denis Cosnard

En disant se rapprocher des écologistes, le dissident macroniste « est en train de rompre avec La République en marche », estime le candidat à la Mairie Benjamin Griveaux.

En septembre, David Belliard, le chef de file des écologistes à Paris, se définissait comme l’« anti-Villani », et disait ne pas souhaiter d’alliance avec un candidat issu de La République en marche (LRM), au regard de tous les sujets de litige avec le gouvernement : le glyphosate, la chasse, les migrants, la régulation du marché immobilier…

Trois mois plus tard, voici qu’il propose au même Cédric Villani, toujours député du parti présidentiel, d’entrer dans une « large coalition » en vue des élections municipales. Et que celui-ci se dit prêt à un tel rapprochement. « Cette coalition, faisons-la ! », déclare le mathématicien au Parisien du vendredi 20 décembre.

Pour l’heure, les contours de cette hypothétique alliance demeurent flous. Ni David Belliard ni Cédric Villani n’ont envie de se rallier l’un à l’autre avant le premier tour du scrutin prévu le 15 mars 2020. Ils restent en concurrence directe pour le fauteuil de maire de Paris.

Quant à la « coalition » qu’ils évoquent d’une même voix, en la justifiant par l’urgence climatique, leurs définitions diffèrent.

David Belliard suggère un arc qui irait « de Cédric Villani à Danielle Simonnet » (La France insoumise), et inclurait les socialistes et les communistes auxquels les écologistes sont alliés à l’Hôtel de ville depuis 2001. Cédric Villani, lui, propose un rassemblement plus centriste, destiné au contraire à écarter du pouvoir parisien Anne Hidalgo et sa majorité de gauche. Celui-ci irait « de l’écologie sociale à la droite progressiste ».

« Une maladresse »

Le rendez-vous prévu bientôt entre les deux hommes ne sera pas de trop pour clarifier la situation. D’autant que cet improbable pas de deux entre écologistes et macronistes suscite des remous. Le nouveau secrétaire national d’EELV, Julien Bayou, a évoqué « une maladresse ». « Incompréhensible pour moi », a commenté l’eurodéputé Damien Carême. « Je ne me retrouve pas là-dedans », confie également une figure écolo parisienne.

Vendredi soir, David Belliard a tenu à souligner que sa main tendue ne marquait pas un virage à droite, et incité Cédric Villani à avancer, lui, vers les positions des Verts. « Les petits pas ne suffisent pas, il faut des actes forts, à l’opposé de la politique menée par le gouvernement d’Emmanuel Macron, anti-environnementale, et renforçant les inégalités », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Le député de l’Essonne, qui revendique en permanence sa fidélité au macronisme originel, peut-il effectuer le grand pas demandé ? Peu probable.

« Cédric Villani est en train de rompre avec LRM, estime néanmoins Benjamin Griveaux, le candidat officiel du parti. Il discute avec des gens qui n’ont approuvé aucune des transformations lancées dans le pays depuis deux ans, sont contre les Jeux olympiques, contre la police municipale, contre l’ouverture des magasins le dimanche, pour la décroissance, et qui pensent que la laïcité est liberticide. Cela clarifie sa position, mais les “marcheurs” sincères qui l’ont suivi vont se sentir un peu trahis. »

A trois mois du scrutin, l’affaire révèle un phénomène frappant : l’éclatement de l’offre politique à Paris est tel que de nombreux candidats anticipent des résultats très émiettés au soir du premier tour, et préparent déjà des jeux d’alliances pour le second tour. Voire pour le troisième, c’est-à-dire la désignation du maire de Paris par les conseillers élus dans les arrondissements.

Tractations

En 2014, la campagne était encore dominée par le clivage gauche-droite. Ensemble, Anne Hidalgo et Nathalie Kosciusko-Morizet avaient réuni 70 % des suffrages dès le premier tour. Cette fois-ci, les sondages n’accordent qu’un total de 35 % à 40 % des intentions de vote de premier tour à Anne Hidalgo et Rachida Dati. C’est que la maire socialiste sortante est rejetée par de nombreux Parisiens, et que sa rivale du parti Les Républicains est elle aussi clivante.

Surtout, les succès électoraux d’Emmanuel Macron à Paris ont suscité pas moins de trois ou quatre candidatures macronistes ou « macroncompatibles », dont deux – celles de Benjamin Griveaux et de Cédric Villani – ont clairement émergé dans les enquêtes d’opinion.

Résultat : à ce stade, aucun des candidats ne paraît en passe de rafler d’emblée la mise. Cinq d’entre eux (Anne Hidalgo, Benjamin Griveaux, Rachida Dati, David Belliard et Cédric Villani) peuvent espérer jouer un rôle-clé. Et plusieurs imaginent se trouver en position suffisamment centrale au soir du premier ou du second tour pour réunir une majorité dans le cadre d’alliances, éventuellement originales.

Quelle sera la combinaison gagnante ? Le jeu des tractations n’est pas fini.

23 décembre 2019

Miss France : le concours est-il truqué ? Un membre du jury balance

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De grandes rumeurs courent au sujet de l'élection de Miss France 2020. Retour sur des révélations choquantes, qui sous-entendent un trucage du concours...

Les téléspectateurs ne semblent pas tous conquis par l'élection de la candidate Miss Guadeloupe cette année. Ce samedi 14 décembre, de nombreux internautes auraient parié sur la victoire de Florentine Somers, la candidate du Nord-Pas-deCalais, ou celle de Miss Provence...

Le jury a-t-il véritablement un impact sur le sort des candidates ?

Ce mardi 17 décembre, une ancienne membre du jury faisait de surprenantes révélations au sujet de la célèbre élection. Alors qu’elle avait participé à l’émission en 2002, Hermine de Clermont-Tonnerre s’est souvenue d’un détail intriguant, qui concerne sa participation à l'émission il y a 18 ans, en tant que jury.

Son avis ne lui aurait pas été demandé juste avant les phases finales...étonnant. Elle raconte :

Ce qui était assez amusant, c'est que les premiers résultats,on ne nous demande même pas notre avis.On dit : “Oui ils ont délibéré,on n'a rien délibéré du tout!

Les aveux de l'actrice de 53 ans, sur le plateau de L'Instant du Luxe parlent d'eux-même...

Lorsque l'animateur poursuit, et l'interroge sur l'éventualité d'un truquage de l'émission, Hermine de Clermont-Tonnerre semble perturbée par la curiosité de son interlocuteur...elle se répète alors :

Le jury a délibéré” alors qu'on n'avait pas délibéré. Après, oui, on le fait pour les dernières,mais les phases d’avant,rien du tout.

Un moment de télévision qui en dit long sur les coulisses de l'élection...

23 décembre 2019

Plus-value, viralité, micro-influencers : la banane de Maurizio Cattelan décryptée

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Phénomène viral, Comedian, le nom de la banane à 120 000 euros de Maurizio Cattelan, s'inscrit dans l'histoire de l'art et dans la constitution de la valeur appliquée à ces produits spécifiques que sont les œuvres d'art. Loin d'une simple blague, c'est un jeu délétère et dangereux. Explications.

Bref rappel des faits pour quiconque aurait passé les derniers jours déconnectés : dimanche 8 décembre, une banane scotchée sur le mur blanc d'un stand de la foire Art Basel Miami se vend 120 000 dollars. Le New York Post reproduit l'œuvre en une, et titre Art world gone mad ("Le monde de l'art est devenu fou"). Quelques minutes plus tard, le dispositif fruit + scotch devient viral. Plusieurs comptes instagram en répertorient les détournements (dont le compte généré par la galerie elle-même, @catelanbanana). La presse spécialisée emboîte le pas aux réseaux sociaux, et se fend d'analyse de l'œuvre. La plupart prennent sa défense, essayent d'en exposer les tenants et les aboutissants en convoquant l'histoire de l'art et la carrière de l'artiste.

Derrière l'œuvre intitulée Comedian (le comédien), il y a l'artiste Maurizio Cattelan. Depuis 1991, il est représenté par la galerie Emmanuel Perrotin, basée à Paris, New York, Hong Kong, Séoul, Tokyo et Shanghai, la même qui le présente à la foire en question. Le prix a été fixé, rapporte Artnet, afin de parvenir à un équilibre entre un prix trop bas qui rendrait l'œuvre triviale, et un prix exorbitant qui la rendrait ridicule. De fait, elle se vend. Une seconde édition est réalisée et vendue au même prix, une troisième, devant le succès et la demande, chiffrée à 150 000 dollars. 

Les acheteurs sont connus. La première édition a été acquise par Billy et Beatrice Cox, un couple de collectionneurs américains. Dans une déclaration à Page Six, ils comparent l'œuvre aux boîtes de soupe Campbell d'Andy Warhol (Campbell's Soup Cans, 1962) et affirment leur intention de prêter voire faire don de la pièce à un musée. Jusque-là, rien d'extraordinaire. Puis arrive une petite phrase : "Lorsque nous avons vu le débat public suscité par Comedian à propos de l'art et de notre société, nous avons décidé de l'acquérir". Si l'acheteur de la seconde édition est inconnu, la troisième appartient quant à elle à Sarah Adelman, fondatrice de l'ex-concept store parisien Colette, qui la veille de l'inauguration de la foire ouvrait un magasin pop-up baptisé "Hello Miami", à Miami. La banane est la première œuvre dont elle fait l'acquisition.

Petite histoire accélérée du ready-made

D'un côté, la banane joue sur des ressorts connus de l'histoire de l'art. Le plus évident est sans doute l'histoire du ready-made, plutôt Duchamp que Warhol. Bien qu'il soit tentant de la rapprocher de la boîte de soupe Campbell parce que la banane provient elle aussi d'un étal de supermarché, Comedian n'est pas qu'un fruit. Une simple banane fixée au mur par un scotch selon un certain angle. De plus, son titre n'est pas "banane", mais Comedian. Comedian est un "ready-made aidé"- c'est-à-dire déjà toute faite et choisie pour sa neutralité esthétique -, tout comme Fountain de Marcel Duchamp, puisque l'artiste intervient même de manière minime : il scotche la banane selon un certain angle, ou lui imprime une rotation dans le cas de Foutain. Fountain, c'est le fameux urinoir de Marcel Duchamp. En 1917, il envoie sous pseudonyme à la Société des artistes indépendants de New York dont il est directeur un urinoir destiné à être exposé en tant que sculpture. Celui-ci est destiné à être présenté renversé à 180 degrés, signé et daté sur sa face avant : "R. Mutt, 1917".

Fountain n'est pas le premier ready-made de Duchamp, mais le premier à être médiatisé, les précédents étant restés dans l'atelier de l'artiste. Dans la presse, outrage et défense se répondent. L'œuvre est photographiée, qui serviront de modèles pour les répliques ultérieures, l'original ayant été détruit. A l'époque cependant, Duchamp ne les pense pas directement pour le marché. La plupart n'entrent qu'ultérieurement dans les musées par leurs reproductions autorisées par l'artiste et signées de sa main. Bien que lui-même actif en tant que marchand d'art (il vend des Brancusi, conseille la collectionneuse Katherine Dreier), la question du marché, et de son rôle dans la constitution de la valeur de l'œuvre, reste extérieure à ses propres œuvres, encore portées par l'idée de l'autonomie de l'art face au marché – le contexte historique le permettant alors.

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Le marché, la voix de l'histoire ?

Or Comedian n'est pas qu'une forme, c'est l'alliance d'une forme et d'un contexte, la foire. Des œuvres alimentaires périssables, les musées en regorgent déjà, de la salade de Giovanni Anselmo (Sans titre, (granit, laitue, fil de cuivre), 1968, que les conservateurs doivent remplacer par une nouvelle à sa péremption) aux oranges de Roelof Louw (Soul City (Pyramid of Oranges), 1967). Comedian, au contraire, s'inscrit dans une généalogie d'œuvres directement pensées pour prendre sens par le marché de l'art. Le marché, et les salles de vente, sont devenues la "voix de l'histoire", écrit le théoricien allemand Diedrich Diedrichsen dans son court essai De la plus-value dans l'art (Ed. Entremonde). Le dernier coup médiatique en date, la vente de Love is in the Bin de Bansky en 2018 s'autodétruisant lors de la vente aux enchères chez Sotheby's, semblait en marquer l'aboutissement.

Il faut en réalité encore préciser les choses. Banksy ne s'inscrivait pas dans l'histoire de l'art, mais sur l'irruption d'un dehors, la rue, à l'intérieur de la salle des ventes, se raccrochant encore à une certaine histoire romantique de la contre-culture. Au sein de l'histoire de l'art cependant, il y a des précédents à la constitution de la valeur de l'œuvre et du marché. A partir des années 1990, il devient évident que le monde de l'art est devenu indexé aux autres grandes industries culturelles, et que la position d'autonomie n'est plus tenable. Si l'art ne peut se soustraire au marché, il doit alors le subvertir de l'intérieur. Cette position est celle d'artistes comme Nancy Fraser ou Merlin Carpenter, pris en exemple par la critique allemande Isabelle Graw dans son exploration du marché de l'art High Price (2009).

Avec Untitled (2003), Nancy Fraser se vend directement à un collectionneur. S'il achète l'œuvre, il couche avec l'artiste, manière de pointer combien ce sont désormais les collectionneurs qui dictent leurs termes aux institutions. Avec Make Your Own Life (2006), Merlin Carpenter exige de l'acheteur la somme de 4000 dollars en cash sans préciser la nature de l'œuvre qu'il aura en retour. En l'occurrence, un amas de sacs d'enseignes de luxe vide, l'artiste gardant pour lui les habits ainsi acquis. Celui-ci déclarant par ailleurs en 2018 dans son livre The Outside Can't Go Outside : "Depuis les années 1980, le readymade a pu être compris comme une réflexion sur le fétichisme des produits de luxe". Maurizio Cattelan émerge en tant qu'artiste au sein de ce contexte. Ses premières œuvres datent du début des années 1990. En 1995, il affublera son galeriste, Emmanuel Perrotin toujours, d'un costume de lapin-pénis dans lequel il devra recevoir ses clients (Errotin, le vrai lapin). A un autre galeriste, Massimo de Carlo, il fera prématurément le coup du scotch, l'immobilisant au mur de sa galerie une journée durant (A perfect day, 1999). Une seconde donnée se rajoute alors.

Le prix, "l'abstraction du travail vivant d'un artiste"

Le prix de la banane n'est pas si aléatoire. En un certain sens, il reflète toujours une donnée essentielle de la constitution de la valeur de toute marchandise : le travail. La théorie de la valeur chez Marx s'appuie en effet sur "le temps de travail socialement nécessaire à la fabrication d'une marchandise". La banane représenterait alors "l'abstraction du travail vivant d'un artiste" (Diedrich Diedrichsen). En achetant Comedian, on achèterait une durée : la carrière de l'artiste, de la formation aux œuvres ultérieures. Le travail d'éducation et de production certes, mais également le travail immatériel de l'économie tertiaire dont l'art représente la frange la plus avancée, à savoir le temps passé à nourrir, à travers les interviews, les talks et les apparitions publiques, la création de la valeur critique attachée au nom de l'artiste. Ce qui est en vente, c'est aussi, ultimement, le résultat d'une rareté créée par sa déclaration de cesser toute production artistique à partir de la rétrospective All au Guggenheim à New York en 2011-2012.

Au sein de l'économie post-fordiste, "communication égal travail", affirme le philosophe italien Paolo Virno. Il semblerait alors que Comedian ne fasse rien d'autre qu'incarner une occurrence de plus, certes la plus médiatisée peut-être à ce jour, de la fonction de "hiéroglyphe social" qu'assignait Marx à l'œuvre d'art, travail "d'abord abstrait en travail social à partir du travail individuel, puis de nouveau concrétisé dans le produit marchand spécifique" (Diedrichsen). Ce hiéroglyphe-banane représenterait alors le système marchand du capitalisme cognitif évoqué par le philosophe Toni Negri. Non plus seulement au niveau de la temporalité de l'histoire de l'art dans laquelle s'inscrit à son tour la temporalité du travail de l'artiste, mais du présent immédiat de la viralité.

La banane marque alors double une rupture, aussi bien avec la validation par le système institutionnel et muséal qu'avec celle du marché. Comedian est la première œuvre d'art, à cette échelle de visibilité du moins, qui trouve sa valeur critique et marchande entièrement hors du monde de l'art et de ses structures, même les plus honnies comme le marché de l'art. La voix de l'histoire, c'est la viralité. Le travail immatériel, c'est celui que nous fournissons tous en produisant et en repartageant du contenu sur les réseaux sociaux. Le temps de travail, c'est également celui que nous investissons en pensant nous divertir, en espérant récolter une validation personnelle, mais dont nous ne récoltons pas directement les gains financiers. Et les structures institutionnelles, ce sont les plateformes et les GAFA, qui solidifient leur emprise comme acteurs indépassables de la vie contemporaine, agrégeant les fonctions d'information, de constitution de la valeur, et de justification critique.

L'œuvre d'art à l'ère des influencers

Comedian se contente d'activer, de transiter par et de valider l'efficacité redoutable d'une viralité sans régulation. Il n'y a pas de critique, pas de friction. Maurizio Cattelan ne court-circuite pas un système établi en en poussant à bout la logique, il se fond entièrement dans leur mode de fonctionnement établi. Semble en être entièrement conscient, ayant réuni tous les paramètres qui en permettraient la viralité. L'œuvre est scotchée sur un mur blanc, parfaitement photographiable. La simplicité de sa forme la rend prête à être appropriée et détournée par tout un chacun. Les références pop-culturelles de la banane, sont accessibles à tous et non seulement au réseau du monde de l'art.

Rien n'est choquant dans le contenu, au contrairement, par exemple, d'un urinoir. Tout se prête au détournement viral, et à venir titiller la ressource clé de ce que les sociologues Luc Boltanski et Eve Chiapello désigneront, au seuil des années 2000 dans Le nouvel esprit du capitalisme, de "capitalisme artiste" : soit le transfert des valeurs de créativité (et non d'art) aux travailleurs de l'économie néolibérale. La banane transite alors par la généralisation du modèle inventé par les marques de l'influenceur, une personne individuelle s'adressant à sa communauté pour promouvoir un produit en lui conférant un emballage personnalisé.

Le produit n'est plus censé faire rêver parce que symbolisant un monde hors d'atteinte comme ce fut le cas à l'ère de la publicité des grandes agences, mais provoquer un sentiment d'identification personnalisé et proche de soi. Il génère de l'engagement avec une communauté par les détournements auxquels il se prête et donne lieu. "L'industrie culturelle est modelée sur l'industrie de la mode", écrivait Isabelle Graw dans High Price. Ce n'est plus même le cas désormais. Car tout se confond avec une viralité sans pilote, avec un flot de micro-réappropriations qui s'auto-engendre sans que personne ne puisse l'orienter ni l'arrêter.

Un jeu délétère sur les malentendus de l'art contemporain

Un autre facteur entre en jeu : l'entrée dangereuse de l'art dans le débat public alimenté, au milieu de notre décennie finissante, par les scandales à répétition portés par l'extrême droite et à ses groupuscules du web, qui peut-être avant tout le monde aura compris les ressorts de la viralité. La banane semble alors, par-delà les mèmes et les détournements plaisants, prolonger, et en quelque sorte justifier, le sort réservé, pour ne prendre qu'un exemple frappant parmi tant d'autres récents, au Tree de Paul McCarthy en 2014. Certes, cet arbre installé sur la place Vendôme fut attaqué par sa ressemblance avec un plug anal. Mais en jouant sur les canaux de la viralité activant l'indignation facile que suscite l'"art contemporain" comme catégorie scandaleuse mal comprise alimentant les animosités, ici via le prix.

En dédramatisant l'animosité de l'extrême droite populiste pour l'art contemporain par un contenu en apparence banalement amusant tout en exploitant ses ressorts mêmes, Maurizio Cattelan se livre à un jeu délétère. Comedian n'est pas une blague. C'est coup de génie mûrement réfléchi, froidement réaliste mais surtout, extrêmement dangereux. En avoir conscience, c'est alors veiller à ne pas reléguer son geste au rang de la provocation spontanée, mais mesurer au contraire combien l'œuvre, et sa circulation médiatique, s'inscrit consciemment une connaissance ultra-précise de l'histoire de l'art, de la structure économique et des rouages actuels de fabrication de la valeur.

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23 décembre 2019

Un studio en extérieur...

jaime3133

22 décembre 2019

Le couturier français Emanuel Ungaro est mort à l'âge de 86 ans

Il avait quitté le monde de la mode depuis 2004 et était "affaibli" depuis deux ans, selon la famille du couturier.

ungaroLe couturier Emanuel Ungaro, lors d'un défilé, le 9 juillet 2003, à Paris.  (JEAN-PIERRE MULLER / AFP)

Il a marqué le monde de la mode par son utilisation des couleurs. Le couturier français Emanuel Ungaro est mort samedi 21 décembre, à Paris, à l'âge de 86 ans, a fait savoir sa famille, dimanche 22 décembre. Le couturier, qui avait quitté le monde de la mode depuis 2004, était "affaibli" depuis deux ans, a précisé une source familiale à l'AFP.

Né le 13 février 1933 à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) dans une famille immigrée italienne, il s'était installé à Paris en 1956, où il avait été formé par le couturier espagnol Cristobal Balenciaga.

22 décembre 2019

Emmanuel Macron renonce à sa future retraite de président

macron bureau presidentiel

Pour ses successeurs, le nouveau système de retraite rentrera dans le cadre du régime universel par points. Le chef de l’Etat ne siégera pas non plus au Conseil constitutionnel.

Emmanuel Macron renonce par avance à sa future retraite d’ancien président de la République, a indiqué l’Elysée samedi 21 décembre , confirmant une information du journal Le Parisien. Le chef de l’Etat, qui a fêté ses 42 ans ce samedi, a également décidé de ne pas siéger à l’avenir au Conseil constitutionnel dont les anciens présidents sont membres de droit à vie, avec une indemnité mensuelle de 13 500 euros.

Cette décision intervient en plein mouvement de grève contre la réforme des retraites voulue par le chef de l’Etat qui a appelé, depuis Abidjan samedi, à une « trêve » au dix-septième jour de la mobilisation. Selon l’Elysée, « il n’y a pas de volonté d’affichage », seulement « une volonté de cohérence » de la part d’Emmanuel Macron. La présidence rappelle qu’il avait démissionné de la haute fonction publique le jour même de sa déclaration de candidature à la présidentielle en novembre 2016.

Emmanuel Macron sera donc le premier président à renoncer au bénéfice de la loi du 3 avril 1955. En vertu de ce texte, les anciens chefs d’Etat se voient verser à vie, dès leur départ de l’Elysée, une pension équivalente au salaire d’un conseiller d’Etat, soit 6 220 euros bruts mensuels. Ce montant n’est soumis à aucune condition d’âge ni de durée de mandat, ni de plafond de revenus.

Pour les présidents aussi, une retraite par points

« Il a décidé qu’il ne s’appliquerait pas cette loi à court terme en 2022, ni en 2027 en cas de deuxième mandat », a indiqué l’Elysée à l’AFP. A la place, « un nouveau système sera créé dans le cadre du futur régime universel par points » pour les pensions des chefs de l’Etat. Selon l’Elysée, la cohérence veut que la loi de 1955 ne s’applique plus à aucun président à l’avenir.

La décision de ne pas siéger au Conseil constitutionnel relève elle aussi d’une certaine cohérence puisque la mesure figure dans le projet de réforme constitutionnelle qui attend encore de voir le jour.

Des deux prédécesseurs de M. Macron, François Hollande a renoncé de lui-même à y siéger alors que Nicolas Sarkozy a démissionné du Conseil constitutionnel en 2013 suite à l’invalidation par cette instance de ses comptes de campagne pour l’élection présidentielle de 2012.

Retraites : le gouvernement ferme sur la suppression des régimes spéciaux. Le gouvernement ne reviendra pas sur la suppression des régimes spéciaux dans le cadre de la réforme des retraites, assure, le 22 décembre, dans une interview au Journal du dimanche (JDD), le nouveau secrétaire d’Etat aux retraites, Laurent Pietraszewski. « Les appels à une trêve lancés par certains responsables syndicaux doivent être entendus » et « les propositions qui ont été mises sur la table à la RATP et à la SNCF (…) doivent permettre de reprendre le travail », exhorte le nouveau « Monsieur Retraites ». « Le dialogue social se poursuit avec les confédérations syndicales », assure-t-il. Dans le cadre des réunions programmées à partir de début janvier avec les partenaires sociaux, le secrétaire d’Etat Olivier Dussopt, « mènera notamment les discussions sur la retraite progressive dans la fonction publique », la ministre du travail, Muriel Pénicaud, « celles sur l’emploi des seniors et la pénibilité, et moi sur le minimum contributif et les transitions », précise M. Pietraszewski. Défendant l’âge d’équilibre à 64 ans assorti d’un bonus-malus – une ligne rouge pour les syndicats réformistes –, il souligne que ce sera un avantage pour « les 120 000 Français qui doivent aujourd’hui aller jusqu’à 67 ans pour avoir une retraite complète ». Le JDD dévoile aussi un sondage IFOP qui montre que le soutien des Français à la grève s’effrite légèrement. Si 31 % des Français soutiennent le mouvement de protestation et 20 % ont de la sympathie pour lui, ce total de 51 % d’avis positifs représente 3 points de moins par rapport à une précédente enquête menée par le même institut une semaine plus tôt. A l’inverse, ils sont 34 % à se dire désormais opposés (19 %) ou hostiles (15 %) au mouvement de grève, soit 4 points de plus par rapport à la semaine dernière ; 15 % se disent indifférents.

22 décembre 2019

Etel - Morbihan

etel20

22 décembre 2019

Obsèques d'Anna Karina : Marion Cotillard, Léa Seydoux, Jane Birkin... Le 7e art réuni pour un dernier adieu

anna karina enterrement

Samedi 21 décembre, les personnalités étaient nombreuses à être présentes aux obsèques d'Anna Karina. La comédienne est décédée à l'âge de 79 ans.

Le dernier adieu à l'icône de la Nouvelle Vague. Samedi 21 décembre, les personnalités étaient nombreuses en la chapelle de l'Est, au cimetière du Père Lachaise. Figures du 7e Art, hommes politiques et membres du milieu artistique sont tous venus rendre un dernier hommage à Anna Karina, décédée le 14 décembre à l'âge de 79 ans. "Anna Karina sera inhumée à 12h15, dans la plus stricte intimité. Le public qui le souhaite pourra ensuite lui rendre un dernier adieu", prévenait son entourage il y a quelques jours. Réunis autour de Dennis Berry, son mari, il y avait notamment Léa Seydoux, Macha Méril, Jane Birkin, Clovis Cornillac, Charles Berling ou encore Philippe Katerine.

Il y avait aussi Marion Cotillard, qui avait rendu un hommage bouleversant à l'actrice mythique de la Nouvelle Vague. Sur Instagram, la comédienne avait partagé un cliché d'elle plus jeune au côté d'Anna Karina. "Anna je t'aime. J'ai été si chanceuse d'être baignée toute jeune par ton amour, ta joie, ta gentillesse, et ta bienveillance. Je te souhaite un merveilleux voyage", légendait-elle, très émue. Le ministre de la Culture, Franck Riester, était également présent tout comme Myriam Boyer, Audrey Pulvar, Bulle Ogier ou encore Irène Jacob. Née au Danemark en 1940, Anna Karina était encore mineure lorsqu'elle est arrivée à Paris et a rapidement été repérée par une agence de mannequin. Au cinéma, elle est notamment connue pour ses nombreux rôles dans les films de Jean-Luc Godard.

Dennis Berry : "Son corps n'a pas résisté"

Contrairement à ce qui avait été annoncé, Anna Karina n'est pas décédée d'un cancer. "On a dû l'emmener d'urgence en réanimation suite à une complication post-opératoire. Là tout a basculé...", expliquait son mari dans un communiqué transmis à l'AFP. Il poursuivait : "Après l'opération, elle devait sortir dès le lendemain. Le docteur se réjouissait de la rencontrer par hasard à mes côtés se promenant dans la cour de l'hôpital. Hélas, une rupture musculaire a obligé le professeur à la réopérer. Il était prévu qu'elle ait encore plein de belles années devant elle."Dennis Berry concluait, bouleversé par la mort d'Anna Karina : "Hélas, son corps n'a pas résisté. Cette mort n'est en aucun cas due à un cancer".

 

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