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Jours tranquilles à Paris

26 août 2020

L’exclusion de Roman Polanski de l’Académie des Oscars jugée « fondée » par un tribunal californien

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Le réalisateur franco-polonais avait saisi la justice après son exclusion, expliquant que l’Académie aurait dû lui donner un « préavis raisonnable » avant toute mesure.

Une juge californienne a débouté, mardi 25 août, le cinéaste Roman Polanski qui avait saisi la justice contre son exclusion de la prestigieuse Académie des arts et des sciences du cinéma, qui décerne chaque année les Oscars.

Ce revers judiciaire marque une étape supplémentaire dans la prise de distance d’Hollywood vis-à-vis du réalisateur franco-polonais, qui a fui les Etats-Unis il y a quatre décennies après avoir plaidé coupable de détournement de mineure.

La magistrate Mary Strobel, qui siège dans un tribunal de Los Angeles, a estimé dans sa décision que la démarche de l’Académie des Oscars d’exclure de ses rangs M. Polanski « était fondée ». Cette exclusion était « motivée par des preuves » et « ne relevait pas d’un caprice ou de l’arbitraire », a ajouté la juge.

Le 3 mai 2018, l’Académie des arts et sciences du cinéma, qui remet les Oscars et compte plus de 7 000 membres, avait annoncé l’exclusion de M. Polanski en même temps que celle de l’acteur Bill Cosby, condamné pour agression sexuelle. La décision avait été transmise par courrier le jour même au réalisateur, « avec effet immédiat ».

Polanski voulait « une chance raisonnable de se faire entendre »

M. Polanski, qui a fêté ses 87 ans la semaine dernière et qui a vu son étoile nettement pâlir avec le mouvement #metoo, soutenait dans son assignation que l’Académie aurait dû lui donner un « préavis raisonnable » avant toute mesure d’exclusion, et « une chance raisonnable de se faire entendre ».

Le cinéaste avait plaidé coupable en 1977 de détournement de mineure pour avoir eu des relations sexuelles illégales avec Samantha Geimer, alors âgée de 13 ans. Ce seul chef d’accusation retenu était le résultat d’un accord négocié avec la justice, après que M. Polanski eut été inculpé initialement de chefs d’accusation plus graves, notamment viol d’une mineure sous l’emprise de stupéfiants.

Samantha Geimer, qui a déjà expliqué avoir pardonné à M. Polanski, l’avait appuyé dans sa démarche de réadmission.

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26 août 2020

Écomusée de LIZIO

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temporaryPhotos prises avec mon Nikon Key Mission

 

26 août 2020

Catherine Deneuve, l’obscur objet de leur désir

Par Raphaëlle Bacqué

« Catherine Deneuve, derrière l’écran » (3/6). En tournant avec Luis Buñuel dans « Belle de jour » (1967) puis « Tristana » (1970), la jeune actrice se construit l’image d’une bourgeoise à la beauté froide, fascinant bien des cinéastes.

C’est elle qui a imaginé, après avoir lu le scénario, ce maquillage pâle et ces cheveux châtains attachés en chignon. Pour justifier son choix devant Luis Buñuel, Catherine Deneuve a fait référence à la reine dans Blanche-Neige, mélange de beauté cruelle, d’austère élégance et de sèche amertume. Elle n’est pourtant jamais tout à fait sûre que son allure et son jeu conviendront au cinéaste espagnol. « J’arrive souvent au tournage comme pour passer un examen », confie-t-elle en cet automne 1969 dans le journal de bord qu’elle tient, au gré des films et des époques (A l’ombre de moi-même, Stock, 2004). « Don Luis », comme tout le monde appelle Buñuel sur le plateau, s’agace sans cesse du moindre problème technique, modifie au dernier moment sa mise en scène. Avec elle, il souffle le chaud et le froid.

Le rôle qu’il lui a réservé dans son nouveau film, Tristana, est pourtant bien plus complexe que tous ceux offerts jusqu’à présent à l’actrice. L’action et le tournage se déroulent à Tolède, où le réalisateur n’était pas revenu depuis que son opposition à Franco l’a contraint à s’exiler et à prendre la nationalité mexicaine. Tirée d’un roman de Benito Perez Galdos, l’histoire est celle d’une orpheline pauvre, Tristana, recueillie par son oncle don Lope Garrido. Contrainte de devenir la maîtresse de son protecteur, la jeune fille parvient à fuir avec son amant, mais revient deux ans plus tard, malade et amputée d’une jambe. Aigrie et mutilée, elle accepte alors d’épouser son oncle mais, cruelle à son tour, précipite la mort de celui qui l’avait flétrie, comme une ultime vengeance.

Comme pour tous ses films précédents, Buñuel a joué toutes les scènes au préalable, en face à face avec son scénariste fétiche, le Français Jean-Claude Carrière. « Il procédait toujours ainsi, témoigne celui-ci, se réservant les rôles féminins pendant que je jouais les autres personnages. De sorte que son rythme et son phrasé sont reconnaissables jusque dans les répliques de ses héroïnes, qui parlent ainsi comme lui. » Pour Catherine Deneuve s’ajoute une difficulté supplémentaire : si elle a obtenu d’enregistrer sa propre voix pour les versions française et anglaise de Tristana, elle doit être doublée dans la version originale, tournée en espagnol. De ce fait, elle a souvent le sentiment que « Don Luis » ne l’écoute pas, bien plus concentré sur Fernando Rey, auquel il a confié la mission d’incarner Don Lope, tout à la fois bourreau et victime de Tristana.

Une épreuve

Trois ans auparavant, en 1966, la première expérience de Catherine Deneuve avec Buñuel a été une épreuve. Les producteurs Robert et Raymond Hakim avaient proposé au cinéaste l’adaptation de Belle de jour, un roman de Joseph Kessel qui avait fait scandale lors de sa parution, en 1928. L’histoire si sulfureuse ? Une bourgeoise frigide, une fois mariée, cherche le plaisir dans la prostitution. Dans la foulée, les producteurs avaient imposé Catherine Deneuve, star naissante du moment, pour jouer l’épouse en question, Séverine.

« Très belle, réservée et étrange », a noté le cinéaste après leur première rencontre. Ensuite, il ne lui a plus adressé la parole. Buñuel méprise les comédiens, surtout lorsqu’il ne les choisit pas. Le rôle de Séverine, le cinéaste l’a transformé à sa façon. Dans le roman de Kessel, un viol subi dans l’enfance puis refoulé au plus profond de sa mémoire est le nœud de la frigidité de Séverine. Le cinéaste, lui, n’a voulu l’évoquer que très brièvement, faisant d’abord de son héroïne la prisonnière névrotique de ses fantasmes masochistes. Il entend que Catherine Deneuve soit parfaitement malléable et obéisse à sa vision. « Surtout pas de psychologie », répète-t-il, comme pour se dispenser de lui donner la moindre indication.

Né en 1900, Buñuel est de l’ancienne génération. Il a traversé le surréalisme, la guerre d’Espagne, le franquisme et l’exil. De quoi lui donner une forme de magistère face à Deneuve et aux acteurs de son âge, ces baby-boomeurs pour lesquels la vie paraît si facile. Il a bien voulu qu’elle suggère le nom d’Yves Saint Laurent pour les costumes, mais c’est bien assez à ses yeux. Pense-t-il qu’elle est sotte ? On croirait, en tout cas, lorsqu’il envoie son assistant lui demander de bouger un bras ou de relever le menton, qu’il entend la diriger à distance comme un marionnettiste actionnerait un pantin.

La journaliste Marie-Françoise Leclère, alors envoyée par le magazine Elle pour un reportage sur le plateau de Belle de jour, se souvient d’avoir découvert « une actrice tétanisée, malmenée par les frères Hakim qui se montraient rudes et un Buñuel qui ne lui parlait pas. » C’est bien pire encore. Jean-Claude Carrière, auteur de l’adaptation du livre de Kessel, relate pour sa part une violente altercation, dès les premières prises de vue. Deneuve, inquiète de la façon dont Buñuel paraît mépriser son personnage, a réclamé que certains de ses dialogues soient réécrits. Elle a 23 ans, lui 66. « Il l’a engueulée comme je n’ai jamais vu un metteur en scène engueuler quelqu’un, la traitant d’analphabète devant toute l’équipe », assure le scénariste. Il a fallu toute la capacité de persuasion de sa sœur, Françoise Dorléac, pour la convaincre de ne pas renoncer au film. Le soir même, la jeune actrice a pris sur elle et écrit une lettre au metteur en scène pour lui signifier qu’il avait raison.

Une scène du film rappelle pourtant l’épreuve de force perdue. La première fois que Séverine s’aventure chez Madame Anaïs, la maison où elle doit se prostituer, elle prend peur et veut fuir. « Faites ce qu’il veut, c’est tout ce qu’il demande ! », la sermonne durement la tenancière, jouée par la belle Geneviève Page. « Non, je veux m’en aller… – Quoi ! Non mais ça va durer longtemps, ces petites simagrées ? Où tu te crois ici ? Allez ! – Oui, madame, j’y vais… » Buñuel a-t-il malicieusement écrit et joué la scène comme à son habitude, en mimant son héroïne enfin docile ?

Maîtresse de sa vie sentimentale

Belle de jour n’est pas Catherine Deneuve, loin s’en faut. Après la rupture avec Roger Vadim, la jeune femme est parfaitement maîtresse de sa vie sentimentale. Mais ce « oui, j’y vais » ressemble à l’actrice. Elle n’est plus la dilettante qui s’était essayée au cinéma par hasard, à défaut de devenir décoratrice d’intérieur. Désormais, elle a une ambition : tourner avec les plus talentueux, jouer tous les rôles, s’offrir mille vies à l’écran.

Après la jeune fille romantique des Parapluies de Cherbourg, sorti en 1964, elle a joué l’année suivante une saisissante schizophrène dans Répulsion, de Roman Polanski. Polanski est encore inconnu, mais il a du talent et sort de la prestigieuse école de cinéma de Lodz, en Pologne, l’une des plus importantes d’Europe, bien que derrière le rideau de fer. Lors de leurs premières rencontres, le cinéaste lui a d’abord proposé le rôle d’une gourde, dans une adaptation de la pièce de Roland Dubillard Naïves Hirondelles. Catherine a refusé, vexée qu’on l’imagine en idiote. Il est revenu avec un script en anglais écrit avec son ami Gérard Brach. Répulsion est le récit inquiétant d’une manucure, Carol, qui bascule dans la folie et le meurtre. Voilà ce qui plaît à Deneuve.

Il a fallu tourner à l’économie, à Londres, sans grosse équipe. Mais Polanski dirige ses acteurs avec autorité et sûreté, et Carol la désaxée n’a rien à voir avec la Geneviève imaginée par Jacques Demy dans Les Parapluies. Deneuve a accepté Belle de jour dans le même état d’esprit : changer de registre. Le rôle aurait pu la cantonner « dans cette zone indécise, dit-elle, où l’on ne sait jamais si une femme est une vierge ou une putain ». Mais elle a encore bifurqué, gambadant dans les prés de La Vie de château, de Jean-Paul Rappeneau (1966), avant de s’enfermer dans le fort des Créatures d’Agnès Varda (1966). Elle zigzague. C’est une bonne façon de ne pas se laisser figer dans une image stéréotypée.

Vedette internationale

Trois ans plus tard, voici donc Deneuve et Buñuel à nouveau réunis pour le tournage de Tristana. L’actrice est désormais d’une discipline parfaite. C’est qu’elle a expérimenté comment un grand cinéaste peut changer une carrière. Le dérangeant Belle de jour n’a pas été tout de suite un succès public, mais le film a été consacré par un Lion d’or à Venise et sa tête d’affiche a ainsi accédé au statut de vedette internationale. Buñuel, aussi, est plus aimable qu’auparavant. De temps à autre, d’ailleurs, il approuve à sa manière ses trouvailles et ses jeux de scène. « Vous seriez bien dans un film de vampires… », lui glisse-t-il un jour. Il faut le prendre comme un compliment…

Il faut dire qu’elle déploie des trésors d’inventivité et de charme pour amadouer le cinéaste. Un soir, il vient dîner dans la maison qui a été louée pour elle à Tolède. Buñuel sort rarement après ses longues journées de travail, et elle a usé de tout son art pour le recevoir au mieux. De fait, c’est la première fois que « Don Luis » se montre si gai, racontant des histoires comme il les aime, c’est-à-dire drôles et en même temps cruelles. Pour Catherine et son auditoire, il s’amuse ainsi à imaginer tout haut la publicité qu’il jure devoir tourner pour Vichy Saint-Yorre. « Le Christ est sur la croix, sa mère à ses pieds, Marie, le visage baigné de larmes… dépeint cet anticatholique imprégné d’histoire religieuse. Le garde s’amuse alors à lui tendre, au bout de sa lance, l’éponge qu’il a au préalable imbibée de vinaigre… Alors un doigt de Jésus se crispe et il murmure : “Saint-Yorre »…” »  On s’esclaffe autour de lui.

En 1969, sacrée « plus belle femme du monde »

Jamais Buñuel ne l’avouerait, mais lui aussi a appris de Deneuve. A l’origine, il voulait faire de Belle de jour un film bien plus cru. Par pudeur et aussi par intelligence, l’actrice a refusé les scènes trop explicites. Elle juge sévèrement son corps. Et puis, dira-t-elle plus tard, « la nudité n’a rien d’érotique à l’écran. Les acteurs ne sont plus des acteurs, ils redeviennent des êtres normaux ». Le cinéaste n’a pas pu ne pas remarquer que son film y a gagné en ambiguïté et, au fond, en érotisme.

Pour Tristana, il a retenu la leçon. Dans une scène, son héroïne désormais maîtresse dans la maison de son oncle sort sur le balcon pour se montrer nue, avec sa jambe de bois, au sourd-muet qui la désire. « Surtout, pas de psychologie » a cinglé Buñuel, comme autrefois. Il a cependant précisé d’emblée à Catherine : « N’ayez crainte, je filmerai la scène au-dessus de vos épaules. » Lorsque Tristana ouvre son peignoir, on ne voit ainsi que son splendide visage et ce sourire sardonique que l’actrice a pris soin de composer.

L’HARMONIE ET LA GRÂCE DE SON VISAGE SONT CELLES D’UNE PRINCESSE DE CONTE DE FÉES

Il faut s’arrêter un instant sur l’extraordinaire physique de Catherine Deneuve. A 26 ans, elle est plus belle encore qu’auparavant. D’une beauté rare et universelle. En cette année 1969 où elle tourne Tristana, le magazine américain Look l’a sacrée « plus belle femme du monde ». C’est évidemment un atout dans le cinéma. C’est aussi une arme à double tranchant, et il est remarquable qu’elle ait su si jeune éviter les pièges dressés sur le chemin de la plupart des actrices. Elle n’a pas la sensualité explosive d’une Marilyn Monroe, l’icône de son adolescence. Ni la mobilité expressive d’une Annie Girardot, la grande comédienne populaire de l’époque. Mais l’harmonie et la grâce de son visage sont celles d’une princesse de conte de fées. D’ailleurs, elle s’apprête à en incarner une dans Peau d’âne (1970), de Jacques Demy, dont le tournage doit débuter juste après celui de Buñuel.

Sans se tromper

Elle est d’une beauté classique qui lui permet de jouer toutes les transgressions. « Si Brigitte Bardot rentrait dans les ordres, on crierait au sacrilège, écrit la critique de cinéma Danièle Heymann, en 1968. Si Catherine Deneuve ouvrait une maison de rendez-vous, on dirait Connaissez-vous ce nouveau salon de thé ? Il est si convenable… »

Très vite, Deneuve a saisi sans se tromper les possibilités que lui offrait son exceptionnel visage. « Je ne suis pas une vedette populaire, reconnaît-elle modestement à l’époque, dans un entretien télévisé. C’est vrai, je suis limitée et physiquement et moralement dans ma façon de jouer… Je sens que, dans certains rôles, je serais invraisemblable, parce que je suis une jeune fille bien élevée… Je serais plutôt ce qu’on appelle “bon genre”. » En ces années 1960, ce « bon genre » la sauve en partie de ce destin de starlette qui broie tant d’actrices.

ELLE REFUSE TOUT À LA FOIS DE TOURNER NUE ET DE JOUER CES RÔLES DE RAVISSANTE NUNUCHE, SI FRÉQUENTS DANS LES FILMS À SUCCÈS

Avec Roger Vadim, elle a été aux premières loges pour voir l’incendie provoqué par Brigitte Bardot, elle a pu constater combien « BB » est à la fois désirée et méprisée pour avoir montré son corps, cette sensualité brute qui autorise les journaux à la comparer plus souvent à un animal qu’à une femme. Elle n’ignore pas non plus le succès si particulier, et finalement si pénalisant, de l’autre sex-symbol du moment, Michèle Mercier, star de la série des Angélique. Malgré une vingtaine de films à son actif, celle-ci semble prisonnière de son rôle, vouée à incarner éternellement la « marquise des anges », pourvu qu’on y devine ses seins.

Et Deneuve ? Instruite par ses aînées, elle refuse tout à la fois de tourner nue et de jouer ces rôles de ravissante nunuche, si fréquents dans les films à succès. Quelques années plus tôt, le journaliste François Chalais avait cruellement souligné son absence de personnalité propre. Cette fois, il remarque : « En fait, il y a un mélange de vulnérabilité et de force, de dureté parfois, dans votre image à l’écran. Vous dominez souvent vos partenaires masculins et vous n’avez jamais joué un rôle de femme-objet… »

« Le fantasme masculin de la bourgeoise »

C’est vrai et malgré tout, « depuis Belle de jour, remarque l’universitaire Gwenaëlle Le Gras dans Le Mythe Deneuve, une star entre classicisme et modernité (Nouveau Monde, 2010), Deneuve véhicule la représentation de la femme blanche européenne, celle du fantasme masculin de la bourgeoise, froide aux désirs sexuels inavoués ou pervers ». A la fin des années 1960, l’actrice tourne ainsi Manon 70, sous la direction de Jean Aurel, une médiocre adaptation du Manon Lescaut de l’abbé Prévost, transposé au XXe siècle.

Aujourd’hui, la scène provoquerait l’indignation : Manon, incarnée par Catherine Deneuve, y est violée dans une baignoire par son amant (Sami Frey). Elle lui demande pourtant : « Jure-moi que je suis la seule femme que tu aies violée… Jure-moi que tu ne violeras jamais aucune autre femme… » Et elle sourit de satisfaction qu’il lui réponde « oui »… Princesse et sorcière, tentatrice et soumise, le personnage Deneuve est l’obscur objet du désir des hommes, même si elle semble toujours l’avoir choisi.

Est-ce cette image, fondamentalement conservatrice, qui lui a fait « rater » Mai 68 ? Lors des grandes manifestations qui ont ébranlé la France gaulliste, Catherine Deneuve a regardé les événements de loin, en jugeant un peu ridicules ces cinéastes suspendus au rideau du Palais des festivals, à Cannes, pour empêcher la projection de leur propre film. La Sorbonne est maoïste, mais elle tourne sous la direction d’Alain Cavalier La Chamade, une adaptation du roman de Françoise Sagan : légèreté sentimentale, luxe, calme et Saint-Tropez. Du reste, lorsque ce même Cavalier a interrompu le tournage pour s’en aller filmer les piquets de grève des ouvriers, elle a préféré partir à la campagne avec son petit Christian, âgé de 5 ans, le fils qu’elle a eu avec Roger Vadim.

Image brouillée

Catherine Deneuve ne se retrouve pas dans le nouveau cinéma français, plus politique et naturaliste, issu de 1968. Les réalisatrices, Nelly Kaplan, Coline Serreau ou même Agnès Varda, dont elle est l’amie, inventent de nouveaux personnages féminins dans la foulée des mouvements féministes, mais ne la sollicitent pas. C’est comme si elle ne comprenait plus l’époque. En 1971, elle a signé, à la demande de Nadine Trintignant, l’appel des 343 femmes en faveur de l’avortement, mais a choisi la même année de jouer dans une provocation de Marco Ferreri, Liza, l’histoire d’une bourgeoise échouée sur une île qui prend la place du chien de son amant, dont elle adopte le comportement soumis et gémissant. Ni le public ni la critique n’ont goûté la subversion misogyne. Son image s’est brouillée. Deneuve pose pour les parfums Chanel et s’habille en Saint Laurent quand la France attend la Miou-Miou des Valseuses.

C’est une période de creux. Deneuve tourne toujours beaucoup, mais dans moins de films importants. Pire, elle n’a plus la vista. Claude Sautet lui a proposé au début de l’année 1971 de jouer dans son prochain film, César et Rosalie, destiné à sortir l’année suivante. Après avoir longtemps été scénariste, le cinéaste a enfin trouvé son public grâce au formidable succès des Choses de la vie (1970), avec Michel Piccoli et Romy Schneider. Max et les ferrailleurs, qui vient juste de sortir en salle, toujours avec le même duo d’acteurs, s’annonce toutefois comme un semi-succès et il souhaite tenter une autre distribution pour son prochain long-métrage. César sera donc Yves Montand et Rosalie, Deneuve. Dans la première version du scénario, coécrite avec Jean-Loup Dabadie, Sautet a fait de Rosalie « une emmerdeuse », dit-il, partagée entre deux hommes. Avec son phrasé rapide, l’actrice sera parfaite.

Au début, Catherine Deneuve s’était montrée très enthousiaste. Curieusement, cependant, elle laisse traîner les choses. Est-ce parce qu’elle imagine encore pouvoir faire une carrière américaine ? Ou parce qu’elle sous-estime Claude Sautet ? A mesure que les mois passent, elle paraît moins engagée. Le réalisateur, de son côté, semble moins sûr de son choix. « Sans doute aurais-je dû la joindre auparavant, pour dissiper tout problème ou tout malentendu. Mais en réalité, j’étais moi-même en train de changer d’avis. Ça peut sembler curieux, mais le nombre de fois où l’on se dit : pourvu qu’ils refusent… », avouera-t-il plus tard au critique de cinéma Michel Boujut dans Conversation avec Claude Sautet (Actes Sud, 2014).

Pour finir, Sautet, pris de panique, téléphone à Romy Schneider, alors en tournage au Mexique. Il lui a envoyé un synopsis de vingt pages. « Je dois te préciser tout de suite que je ne suis pas Rosalie, mais je serai ta Rosalie » prévient-elle avant d’ajouter : « Par ailleurs, je sais très bien que Mme Deneuve a refusé le rôle… » Dabadie et Sautet se remettent aussitôt à leur scénario afin de réécrire le rôle pour elle.

Les années de la vie privée

Ne pas tourner César et Rosalie, ce n’est pas seulement laisser passer le cinéaste le plus emblématique des années 1970. C’est aussi contribuer à asseoir la carrière de Romy Schneider. De toutes les rivales de Deneuve, l’actrice allemande, de cinq ans son aînée, est la plus menaçante, depuis qu’elle s’est débarrassée du fardeau des Sissi de sa jeunesse pour faire son grand retour en 1969, aux côtés d’Alain Delon, dans La Piscine de Jacques Deray.

Ce n’est pas que les deux actrices aient de mauvaises relations. En vérité, elles ne se fréquentent pas. Egalement belles, elles sont différentes au possible dans leur jeu. L’une paraît toujours se jeter dans le chagrin comme dans un tourbillon tragique ; l’autre le retient, donnant seulement l’illusion qu’elle s’apprête à pleurer. Il n’est pas rare cependant que les grands réalisateurs hésitent entre elles deux.

« Si elle était là, il y a des films que je n’aurais pas faits… », a reconnu Catherine Deneuve après la mort de sa sœur, Françoise Dorléac, dans un accident de voiture. On oublie souvent la seconde phrase du constat : « Je peux dire la même chose de Romy Schneider… » Comme s’il avait fallu la disparition de la comédienne, en 1982, pour que Catherine Deneuve retrouve ces rôles d’exception incarnés par la star allemande durant la décennie 1970.

La vie professionnelle est donc en demi-teinte. Les Etats-Unis ne lui ont pas offert la carrière espérée et Deneuve, quoi qu’il en soit, ne se voyait pas vivre de l’autre côté de l’Atlantique. Ce sont les années de la vie privée : « L’amour est la grande affaire des femmes et pas des hommes » a-t-elle toujours affirmé. En 1970, l’actrice a divorcé de David Bailey, un photographe anglais amusant et fantasque, épousé sur un coup de tête en 1965, comme une réponse au mariage de Roger Vadim avec l’Américaine Jane Fonda, deux mois plus tôt. Roman Polanski lui avait présenté ce photographe plein de fantaisie et de charme dont Antonioni s’est inspiré pour bâtir son personnage de témoin d’un meurtre dans Blow Up (1966). En réalité, ils ont à peine vécu ensemble.

Un modèle de femme émancipée

De leur couple subsistent quelques souvenirs du « Swinging London » et des photos de la noce, elle habillée d’une petite robe noire, lui en col roulé, flanqué de Mick Jagger, son témoin. Pour le reste, Deneuve entend garder sa vie sentimentale secrète. Elle déteste les paparazzis qui la poursuivent, de Rome à Paris, depuis qu’elle a rencontré Marcello Mastroianni. L’actrice veut bien poser pour Paris Match et Elle avec son bébé, la petite Chiara, née le 28 mai 1972 de ses amours avec l’acteur italien. Mais elle traîne en justice Ciné Télé Revue qui avait publié en couverture sa photo en compagnie de Mastroianni, les proclamant « couple idéal ». L’icône attaque d’ailleurs systématiquement toute publication qu’elle n’a pas maîtrisée. « Depuis la fin des années 1960, époque à laquelle il est devenu son avocat, Me Gilles Dreyfus a procédé à soixante-cinq assignations en justice et, chose plus rare encore, tous ses procès ont été gagnés », comptabilisera Le Monde en 2007.

Beauté froide dans l’imaginaire du public, Catherine Deneuve est tout le contraire dans sa vie personnelle : drôle, fantasque et grande séductrice. Il n’y a pourtant que le milieu du cinéma qui le sache. Ses amours, ses ruptures, cette liberté avec laquelle elle envoûte les hommes, sa manière d’élever ses deux enfants sans vivre avec leurs pères fascine bon nombre de réalisateurs. Belle de jour est devenue à leurs yeux un modèle de femme émancipée.

Cela n’a pas échappé à Claude Berri. En cette fin des années 1970, le producteur est fasciné par les choix professionnels de l’actrice, mais peut-être davantage encore par sa vie sentimentale. « Cette façon, dit-il, de n’aimer que les commencements, puis de se lasser, de souffrir, de faire souffrir et de recommencer », lui paraît raconter quelque chose des femmes modernes. Je vous aime, le film qu’il entend écrire pour Deneuve, s’inspirera entièrement de ses amours. Déjà, il a sollicité les confidences de son nouveau compagnon, Bertrand de Labbey, qui deviendra plus tard l’agent de l’actrice.

Afin de nourrir plus avant son futur scénario, il veut cependant le récit de Catherine elle-même. On l’ignore, mais Deneuve, si rétive habituellement à évoquer sa vie privée, a accepté pour Berri de se livrer à Marie-Françoise Leclère, grand reporter au Point. L’actrice n’a posé que deux conditions à ce drôle d’exercice : « 1) La confession restera bien sûr secrète. 2) Il n’est pas question qu’elle raconte son histoire d’amour avec François Truffaut. »

26 août 2020

Etel - SNSM

etel snsm

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26 août 2020

Menhirs de Monteneuf

Le site des Menhirs de Monteneuf est en accès libre et gratuit toute l’année.

N’hésitez pas à y faire un détour pour découvrir des menhirs au sein d’un écrin de verdure. Venez y découvrir des grands menhirs en schiste pourpre mais aussi nos espaces de reconstitution archéologique.

A quelques mètres des menhirs entrez dans notre maison du néolithique et venez voir son jardin céréalier.

En contrebas du site nous vous proposons une découverte des techniques que les hommes de la préhistoire employaient pour arriver d’un simple bloc de pierre à un menhir debout.

Pendant les vacances de printemps et d’été venez découvrir nos activités.

Vous pouvez participer à un atelier de la préhistoire : déplacez un menhir, découvrez le feu, fabriquer une poterie, utilisez les outils des bâtisseurs de menhirs. Mais aussi découvrir le site avec un guide, ou pour les plus jeunes par le biais d’un jeu de piste.

http://www.menhirs-monteneuf.com/

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menhirs de Monteneuf (6)

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26 août 2020

Pour la première fois dans ce blog : Dou Doll

dou doll

doudou

26 août 2020

STEPS

26 août 2020

Caroline Vreeland

caroline vreeland

26 août 2020

Oradour-sur-Glane : qui est le négationniste dont le nom a été tagué ?

Par Pierre Plottu et Maxime Macé — Libération

L’indignation est générale après la découverte d’un acte de vandalisme perpétré vendredi à l’entrée des ruines du village martyr d’Oradour-sur-Glane. Pour la première fois depuis le massacre de 642 personnes, le 10 juin 1944, par des éléments de la Panzerdivision SS Das Reich, des tags négationnistes ont été inscrits à l’entrée du mémorial.

Dénonçant un «acte inqualifiable», Emmanuel Macron a assuré samedi que «tout sera fait pour que les auteurs de cet acte soient traduits en justice». L’inscription «Village martyr» a été rayée d’un coup de peinture et remplacée par «menteur», avec les phrases suivantes ajoutées à la bombe blanche : «A quand la vérité ?» et «Reynouard a raison». Au-dessus du mémorial profané plane l’ombre sinistre de Vincent Reynouard. «En dehors du petit milieu négationniste, personne ne le connaît. Ce n’est pas la même chose d’écrire "Reynouard a raison" qu’écrire "Hitler a raison", précise à Libération Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême droite. C’est un tout petit milieu, assez facile à circonscrire. Quand le Président, le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur prennent la parole pour dire "il faut qu’on retrouve les auteurs et que l’on les condamne", si jamais ce n’est pas suivi d’effets ce sera extrêmement ennuyeux pour la crédibilité de l’action publique.»

On aurait pu croire que le décès de Robert Faurisson en 2018 allait mettre un coup d’arrêt au cancer du négationnisme français. C’était sans compter les métastases que sont Jérôme Bourbon de Rivarol, Hervé Ryssen, Alain Soral, Yvan Benedetti et Vincent Reynouard qui entretiennent ce mouvement qu’ils nomment «révisionnisme» et qui n’est que la négation systématique des crimes du IIIe Reich et la réhabilitation de ce régime meurtrier. Car Reynouard ne ressent aucune honte à se revendiquer «national-socialiste». «Vous me traitez de néo-nazi. Et moi, je vous dis : "Pourquoi néo ?" Point final. C’est tout. Il n’y a rien d’autre à dire», avait-il lancé en 2011 au banquet du journal antisémite Rivarol dont il était l’invité d’honneur. On ne compte plus les photos de l’individu tendant le bras droit ou posant tout sourire devant un gâteau d’anniversaire dont les bougies ont été placées en croix gammée… Cet ancien professeur de mathématiques - révoqué de l’Education nationale en 1997 suite à ses prises de position - est l’auteur d’ouvrages contestant les crimes nazis, dont certains sont consacrés au massacre d’Oradour. Il y reprend la thèse émise après la guerre par Otto Weidinger, ancien officier de la Das Reich mais non présent à Oradour le jour du massacre, imputant la mort des martyrs à la Résistance locale.

L’hyperactivisme haineux de l’individu l’a même conduit derrière les barreaux, cas extrêmement rare dans des affaires de contestations de crimes contre l’humanité : il cumule plusieurs condamnations depuis 1992 dont une pour laquelle il a purgé neuf mois de prison en 2010 après un an de clandestinité en Belgique.

A cette occasion, l’essayiste négationniste Paul-Eric Blanrue avait lancé une pétition contre la loi Gayssot, à laquelle il avait joint comme revendication la libération de Reynouard. Cette dernière avait été signée par de nombreuses personnalités d’extrême droite comme Alain Soral, Dieudonné, Robert Ménard ou encore Jean Bricmont, Jean-Yves le Gallou et Robert Faurisson. Exilé au Royaume-Uni pour échapper à d’autres condamnations, Reynouard continue à abreuver un public, réduit mais militant et radical, de vidéos et articles négationnistes sur un blog confidentiel. Ses vidéos sont toutefois relayées par des sites à l’audience nettement plus importante comme celui de Soral.

26 août 2020

Fanny Müller

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