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Jours tranquilles à Paris

30 août 2020

Auray et Etel

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30 août 2020

Deux milliards pour la culture : du flouze mais surtout du flou

bachelot

Par Julien Gester et Olivier Lamm

Après les annonces de Castex mercredi, le cinéma et le spectacle vivant se disent soulagés mais craignent un zèle excessif par rapport à d’autres secteurs.

Après les vacances apprenantes, «se cultiver avec le virus». Le Premier ministre, Jean Castex, invité de la matinale de France Inter mercredi, ne s’est pas seulement offert la primeur d’annoncer le montant de l’aide financière «record» dévolue à la culture, mise à terre par la crise sanitaire (2 milliards sur les 100 du plan de relance dont la teneur sera détaillée le 3 septembre), mais également le cap du gouvernement : « Que tout ça reprenne.» Comprendre : comme n’importe quel autre secteur économique de notre beau pays.

Et pour le soutenir, en premier lieu (la répartition des 2 milliards restants reste à ce jour à préciser), le public se trouve donc prestement invité à vaincre sa peur de retourner dans les salles de cinéma et les quelques salles de spectacle vivant assis (théâtre, musique classique) ayant réussi l’exploit de rouvrir, malgré un protocole sanitaire imposant des jauges réduites, qui rendent l’amortissement financier quasi inatteignable. Le Premier ministre l’a martelé, on ne «risque rien» à se rendre dans les lieux de culture. A cet effet, l’autre annonce de taille de Castex quant à la culture est une «inversion» des mesures barrières dans les théâtres et les cinémas, avec un port du masque rendu obligatoire pendant projections et représentations au profit de l’abandon des mesures de distanciation à base de sièges vides - quoique cette levée ne concerne pas les zones «rouges» en termes de circulation du virus.

«Intenable»

Les salles de cinéma qui sortent d’un été cataclysmique sur le plan de la fréquentation (70 millions d’entrées en moins, pour 500 millions de recettes envolées), observent un très léger mieux depuis une semaine. Mais la Fédération nationale des cinémas français (FNCF) a voulu retenir, dans un communiqué furibond, la menace d’une «double peine», entre masques et distanciation, que seule la culture aurait à endurer (à l’inverse des trains, avions ou entreprises) en cas de passage au rouge. Sans doute n’ignore-t-elle pas que la carte du pays, sur le site du gouvernement, n’a pas été mise à jour depuis… le 15 juin, alors même que tous les indices épidémiques s’empourprent depuis plusieurs semaines, notamment en Ile-de-France et dans les Bouches-du-Rhône.

Interrogé par Libé, le président de la FNCF, Richard Patry, estime que «le protocole sanitaire en place est très bien respecté. Il nous convient, il a permis à 10 millions de personnes de revenir au cinéma sans incident. On a joué le jeu, mais on tourne avec un tiers des rentrées normales, c’est intenable, et toute l’économie circulaire du cinéma français est menacée». «Mais il faut que la culture soit traitée comme le reste de l’économie, poursuit-il. Il n’y a pas plus de risques à aller au cinéma qu’à prendre le train.»

Le Syndicat des cinémas d’art, de répertoire et d’essai (Scare) présente une réaction plus nuancée : «C’est comme à la veille du 14 mars, avec une réalité qui s’impose, flagrante : au printemps c’était la fermeture, aujourd’hui c’est de vivre avec les masques, y compris au cinéma. Ça va dans le bon sens», juge Stéphane Libs, coprésident. Selon lui, «il faut que le plan permette de réarmer le CNC, qui a l’expertise pour cibler les plus fragiles. Il faut des aides directes. Et vite, sans quoi beaucoup de salles risquent de sombrer d’ici trois à quatre mois». Patry renchérit : «Ça fait plaisir que le Premier ministre se saisisse du dossier, mais on ne sait encore rien de ce qu’il y a dans le plan. Si les mots d’amours font du bien, on attend surtout les preuves d’amour.»

«Brouillard»

Du côté du secteur le plus touché, celui du spectacle vivant, on reçoit aussi l’annonce de Jean Castex comme l’amorce, enfin, d’un volontarisme, après des mois de temporisation anxiogène. «La première réaction, c’est un soulagement. Le simple fait que le Premier ministre s’exprime sur le sujet est aussi un bon signe - le précédent ne nous avait pas reçus», note Nicolas Dubourg, président du Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac).

Au Syndicat des musiques actuelles (SMA), la déléguée générale, Aurélie Hannedouche, retient le retard accumulé, alors que le secteur des concerts debout réclame des mesures claires depuis juillet. «On est partis en vacances dans un brouillard total, ne sachant pas ce qu’il fallait prévoir pour septembre… Mais silence radio du gouvernement, malgré les premières déclarations de la ministre, qui a tout de suite annoncé qu’elle souhaitait déconfiner le spectacle vivant. On a fini par comprendre tout seuls que les concerts de septembre ne pourraient pas avoir lieu.»

Tous attendent désormais le détail des 2 milliards annoncés, que Castex et Bachelot devraient commencer à dévoiler ce jeudi à 15 heures, lors d’une réunion avec des représentants du secteur du spectacle vivant. Car le soupçon est fort que le montant inclue les aides financières déjà égrenées lors du grand show présidentiel du 6 mai. Aurélie Hannedouche : «Ce qu’on va demander demain : que comprennent ces 2 milliards, pour quelle période, est-ce que ça comprend la relance, les exonérations de cotisation sociale, les aides de droit commun type activité partielle ? Dire si on est contents ou pas aujourd’hui, c’est impossible.»

30 août 2020

Vu sur internet - j'aime bien

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30 août 2020

Harpers’s Bazaar, premier magazine de mode, musée des Arts Décoratifs

Retraçant les moments forts de cette revue mythique, le musée des Arts Décoratifs expose 60 créations de haute-couture et de prêt-à-porter créées par les maisons les plus prestigieuses. Man Ray, Dali, Andy Warhol, Richard Avedon… Les grands artistes qui ont participé à l’esthétique du Bazaar sont aussi à l’honneur dans cette expo exceptionnelle.

Harpers’s Bazaar, premier magazine de mode, musée des Arts Décoratifs :

107 Rue de Rivoli, Paris 01

Jusqu’au 4 janvier 2021

https://www.instagram.com/p/CEWK8Y-gJZy/?utm_source=ig_embed

30 août 2020

Une marée d’œuvres déferle sur Le Havre

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Le festival, qui sème des installations éphémères dans la ville, a vu sa voilure réduite en raison de la crise sanitaire

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LE HAVRE (SEINE-MARITIME)- envoyée spéciale

C’est le pendant havrais du Voyage à Nantes, et la ressemblance n’est pas fortuite, puisque les deux festivals d’été, qui invitent des artistes contemporains à investir la ville pour mieux la révéler – voire la réveiller –, sont concoctés sous l’égide de la même personne : Jean Blaise.

La première édition était une commande exceptionnelle, faite, en 2017, par le maire de la ville, Edouard Philippe, pour marquer le 500e anniversaire du Havre. Entre-temps, des œuvres se sont pérennisées dans l’espace public, le maire est devenu premier ministre, puis redevenu aujourd’hui maire, et le coup d’essai s’est transformé en rendez-vous estival, sans toutefois les mêmes moyens qu’en 2017.

Assemblage monumental

Infiltrer Le Havre, c’est avant tout jouer avec le centre-ville en béton, austère et rationnel, signé de l’architecte Auguste Perret (1874-1954) et inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis quinze ans. Cette année, le sculpteur allemand Rainer Gross est venu perturber la façade très rectiligne de l’hôtel de ville par un intense flux noir et souple. Il s’agit d’un assemblage monumental de lattes de peuplier, sorte d’arc-en-ciel obscur et mouvant qui semble jaillir du sol pour y replonger quelque 20 mètres plus loin, après avoir énergiquement parcouru le bâtiment. L’installation, éphémère, fait écho à l’histoire de la ville, détruite par les bombardements à la fin de la seconde guerre mondiale, et reconstruite sur ses décombres.

De l’hôtel de ville partent les deux grands axes de la ville : l’imposante avenue Foch, qui mène à la plage, et la rue de Paris, commerçante et à arcades, qui conduit vers le port. C’est dans cette direction qu’un autre sculpteur allemand, Stephan Balkenhol, était intervenu, en 2019, en insérant ses personnages en bas-relief à la neutralité énigmatique sur des immeubles d’habitation.

Il est revenu cette année doter la ville d’une créature mi-homme, mi-animal, qui fusionne deux figures havraises : le goéland (pour la tête) et le marin (pour le corps). Hissé sur un perchoir, l’hybride loup de mer à cabas et casquette scrute l’horizon d’un regard pénétrant. On dirait une sculpture en bois peint, comme l’artiste en réalise habituellement, mais il l’a en réalité modelée en argile, avant de la couler en bronze et de la peindre, afin qu’elle prenne place en extérieur.

C’était la pièce la plus attendue, parce que commandée à un grand nom (Claude Lévêque) dans un lieu iconique (l’église Saint-Joseph, l’un des chefs-d’œuvre de béton de Perret), mais elle se révèle décevante. L’artiste français a investi l’espace central et vertical de la tour-lanterne d’un chapelet circulaire en y installant 3 500 lys blancs, en suspension, qui viennent refléter la lumière des vitraux de Marguerite Huré (1895-1967). L’idée était belle dans son épure et sa délicatesse, mais la réalisation n’est pas vraiment convaincante, avec des fleurs artificielles qui ne se déploient pas sur toute la hauteur.

Côté plage et villégiature populaire, une œuvre fait mouche. Elle n’était pourtant pas prévue, mais le Covid-19 est passé par là : la pièce initiale, un sauna nomade en forme d’œuf, non conforme aux mesures de sécurité sanitaire, a été reportée à l’an prochain, et Benedetto Bufalino, appelé à la rescousse, est venu garer sur le parking une surprenante caravane télescopique et panoramique, que l’on peut voir monter ou descendre au fil de la journée.

Trois grandes expositions

Maintenu malgré les contraintes sanitaires, qui ont eu un impact sur les productions comme sur la programmation, le cru 2020 est nettement moins prégnant que ceux des autres années. Une réalité et une sensation que la pérennisation d’œuvres des éditions précédentes vient tempérer grâce aux quatre grands parcours proposés dans la ville.

Parmi celles qui se sont le mieux intégrées dans le paysage urbain : les deux jets d’eau de Stéphane Thidet (qui signe cette année une cascade-rideau sur la façade d’un théâtre, à Nantes) émergeant du bassin central pour s’entrechoquer en hauteur, ou les monumentales arches de conteneurs colorés, de Vincent Ganivet, venues redonner des couleurs au quai de Southampton, devenu un haut lieu de convivialité de la ville. De l’édition passée, le stupéfiant arbre d’Henrique Oliveira traversant une casemate à l’horizontale a été conservé dans l’ancien fort des Jardins suspendus.

Les trois grandes expositions dans les musées de la ville viennent consolider le bouquet estival. Le MuMa, le Musée d’art moderne André-Malraux, propose une riche et hypnotique traversée de la peinture et de la photo, de la fin du XIXe siècle jusqu’à la première guerre mondiale, à travers l’apparition de l’éclairage public, entre nouveaux jeux de lumières, nuées de noctambules et zones d’ombre, de Whistler à Sonia Delaunay, en passant par Monet, Pissarro, Caillebotte ou Bonnard.

Le centre régional d’art contemporain Le Portique a, lui, invité le duo Mrzyk & Moriceau (aussi présents à Nantes cet été), qui déploie son univers loufoque et sensuel dans un labyrinthe de 230 dessins et GIF récents, punaisés ou accrochés à toutes les hauteurs. La projection des clips réalisés pour Philippe Katerine, Sébastien Tellier et Air, des digigraphies, ainsi qu’une fresque, complètent l’ensemble.

Enfin, Le Tetris, scène des musiques actuelles du Havre, installé sur les hauteurs de la ville, propose, comme chaque été, une exposition d’art numérique. Parmi les œuvres des cinq artistes ou collectifs invités, ne pas rater la troublante installation vidéo de la Belge Alex Verhaest, à mi-chemin entre peinture flamande et morphing, dans laquelle on peut interagir avec les membres d’une famille en deuil.

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30 août 2020

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30 août 2020

L’État fait retirer des antennes 5G en Bretagne

L’État français estime que certaines antennes 5G à Rennes et Brest, conçues par Huawei, sont trop proches d’installations militaires sensibles. EPA-EFE

Bouygues Telecom a annoncé qu’il allait retirer 3 000 antennes de téléphonie mobile, d’ici à 2028, à la demande du gouvernement français.

« Nous n’aurons plus aucune antenne Huawei dans les zones très denses » d’ici à 2028, a expliqué Olivier Roussat, le président de Bouygues Telecom, lors d’une conférence téléphonique, organisée jeudi, à l’occasion de la publication des résultats semestriels. Cela implique de démonter 3 000 antennes, a-t-il expliqué.

Bouygues Telecom compte, au total, environ 21 500 antennes sur le territoire national.

« Le gouvernement a choisi une gestion pragmatique, qui laisse le temps aux opérateurs de s’adapter », a commenté Sylvain Chevallier, spécialiste en télécoms et associé du cabinet conseil Bearing Point. « Mais à terme, c’est clair, il n’y aura plus de Huawei dans le paysage », concerné par la 5G.

Des pressions de Trump

Huawei, numéro un mondial des équipements 5G, est dans le collimateur des États-Unis qui le soupçonnent d’espionnage potentiel au profit de la Chine. L’administration Trump fait pression sur les pays alliés, dont la France, pour qu’ils renoncent à utiliser ses équipements. Problème : de très nombreuses antennes construites par Huawei étaient prévues pour permettre le déploiement de la 5G sur le territoire national.

Début juillet, l’agence nationale chargée de la sécurité informatique en France avait fait savoir qu’elle restreindrait fortement les autorisations d’exploitation des opérateurs français partenaires du groupe.

Ces derniers avaient alors évoqué la nécessité de démonter leurs équipements actuels en cas d’incompatibilité avec ceux d’autres fabricants.

Base sous-marine et cybersécurité

Dans le détail, Bouygues Telecom, qui n’utilise déjà pas d’antennes Huawei à Paris, ne pourra pas utiliser d’antennes Huawei pour la 5G à Strasbourg, Brest, Toulouse et Rennes, a expliqué l’opérateur.

Dans ces villes se trouvent des installations stratégiques pour la France, comme le port militaire de Brest et la base de sous-marins nucléaires de l’Île-Longue, le siège d’Airbus à Toulouse, ou de l’état-major de cyberdéfense de Saint-Jacques-de-la-Lande, dans l’agglomération de Rennes.

Dans quatre autres villes qu’il n’a pas citées, Bouygues Telecom pourra continuer d’utiliser des antennes Huawei pour la 5G jusqu’en 2023.

Pour un autre paquet de neuf villes, le délai est porté à 2025, tandis que sur le reste de la zone très dense, il est porté à 2028.

Dans les zones qui ne sont pas des zones très denses (57 % de la population française), « a priori l’État français n’a pas de contre-indication dans l’usage des équipements Huawei » pour la 5G, a précisé Olivier Roussat.

Le président de Bouygues Telecom considère que le temps laissé pour démonter les antennes est « assez raisonnable en termes d’impact financier dans nos résultats opérationnels ». Bouygues n’en est pas moins en train de négocier avec l’État une compensation financière pour ce démontage, a-t-il rappelé.

30 août 2020

Babas au rhum

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30 août 2020

Gaspar Noé

Gaspar Noé à propos de sa nouvelle version d'"Irréversible" : "Je ne m'attendais pas à ce résultat, aussi fort que l'original, tout en étant différent"

Le réalisateur nous explique pourquoi son film ressort dans une version remontée de bout en bout, et revient à cette occasion sur ses films et sur son amour du cinéma.

Jacky Bornet

Rédaction Culture

France Télévisions

Si de nombreux cinéastes ont ressorti leur films dans des versions "director's cut", comme Sam Peckinpah avec Pat Garrett et Billy the Kid, Michael Cimino avec La Porte du paradis, ou Ridley Scott avec Blade Runner, Irréversible - Inversion intégrale est un cas. Jamais cinéaste n'a remonté son film aussi radicalement, sans rajouter de scènes coupées ou en en retirant. Gaspar Noé nous explique les raisons de cette nouvelle sortie en salle ce mercredi 26 août, et revient sur son approche du cinéma, unique dans le paysage cinématographique français et international.

France Info Culture : Qu’est-ce qui vous a donné envie de remonter Irréversible dans l’ordre inverse de sa narration originale ?

Gaspar Noé : J’étais en train de monter mon nouveau film Lux Aeterna (sortie le 23 septembre, Ndlr) quand on m’a demandé de vérifier la remasterisation d’Irréversible pour sa sortie Blu-ray. J’ai récupéré le master étalonné (harmonie colorée du film, Ndlr), et avec l'aide technique de mes monteurs on a remonté le film à l’endroit (contrairement au montage initial qui part de la fin pour aller au début de l’histoire, Ndlr). Et c’est en voyant le film sous cette forme, initialement prévue en bonus pour le Blu-ray, que je me suis dit qu’il fallait le ressortir en salles. Le film marche vraiment bien sous cette forme, et ce ne pouvait pas être qu’un simple complément de programme, pour l’édition Blu-ray. Je ne m’attendais pas à ce résultat, aussi fort que l’original, tout en étant différent. Il est peut-être plus cruel dans sa nouvelle version, mais aussi plus empathique. Il est moins conceptuel.

Le film ressort dix-huit ans après l’original, 2002-2020, comme si on inversait les derniers chiffres, ça tombe bien pour ce remontage inversé (rire). Je me demandais si j’allais avoir une interdiction aux moins de 16 ans, comme à l’époque. Aujourd’hui, le film sort toujours interdit au moins de 16 ans, mais avec avertissement, ce qui veut dire que le film apparaît un peu plus violent qu’il y a 18 ans. Étonnant.

J’avais le souvenir lors de la projection d’Irréversible à Cannes en 2002, du premier plan aérien impressionnant du film, baigné de rouge, et je ne l’ai pas retrouvé dans la nouvelle version, pourquoi ?

Ce beau plan abstrait, et d’autres, servaient de lien entre différentes séquences. Ils fonctionnaient dans la version originale, mais pas dans la nouvelle. Je me suis aperçu qu'ils en cassaient la fluidité. Ce plan-là en particulier, arrivant à la fin, ralentissait la progression du film. Du coup, les quelques coupes que j’ai faites sont là pour coller au nouveau rythme global de l’histoire qui ne remonte plus en arrière, mais suit une structure plus traditionnelle, qui va du présent vers le futur. Il valait donc mieux que les séquences s’enchaînent sans temps morts et qu’elles s’accélèrent vers la fin. Si je gardais ces passages, ça ralentissait le film. J’ai dû couper quatre minutes en tout, mais pas un seul dialogue, ni une seule action.

Vous demandez beaucoup à vos acteurs et à vos spectateurs, vous êtes à mes yeux plus un cinéaste de la sensorialité, que de l’émotion, comment vous situez-vous entre les deux ?

J’aime bien les montagnes russes. J’aime me faire peur. Aller voir un film, c’est un peu aller dans les montagnes russes, ou un train fantôme. D’autres préfèrent une gondole à Venise, ce n’est pas mon cas. Mais j’ai mes limites aussi. J’ai eu une expérience de réalité virtuelle avec un casque que je n’ai pas supporté, j'ai trop eu le vertige devant un précipice virtuel en 3D et j’ai arrêté tout de suite. Il y a désormais des expériences dérivées du cinéma qui vont plus loin que le cinéma. Ça peut être terrorisant.

Je vous assimile en même temps à un cinéaste-peintre, vos films sont comme des toiles, quelles correspondances voyez-vous entre vos films et la peinture, voire la sculpture, puisque vos films sont aussi comme sculptés par la lumière ?

Mon père est peintre, d’ailleurs les tableaux qu’on voit dans le film sont ses toiles. Comme dans Enter the Void, j’aime les mettre dans le cadre. Je suis venu au cinéma par la peinture et la bande-dessinée, mais pas du tout par le théâtre ou la littérature. Je trouve que la bande-dessinée est beaucoup plus proche du cinéma. Je ne peux pas lire les pièces de théâtre, ça ne me tente pas.

Oui, mais aller voir une pièce ?

Je préfère lire une BD.

Tous vos films reposent sur des sujets et scénarios originaux, jamais d’adaptations. Quel est votre processus de création ?

Je suis un peu feignant. Une fois que j’ai l’idée, je cherche à monter le film et à le montrer aussi vite que possible. Je n’aime pas toute la partie solitaire de conception. Je préfère concevoir un film avec une caméra à la main qu’avec un stylo et du papier. Je suis loin d’être le seul, il y a plein de cinéastes qui tournent et montent et retournent et remontent. C’est une démarche plus proche du langage du cinéma, que d’arriver sur un plateau juste avec du texte écrit. Comme cela, on maximalise au mieux l’espace et ce qu’on peut faire avec une caméra.

C’est bien d’avoir une trame narrative solide, mais ce ne sont pas toujours les dialogues qui forgent l’essence d’un film. Il faut les soigner comme n’importe quel autre aspect du film, mais les couleurs et le papier-peint qui est derrière les acteurs est parfois plus important que les mots utilisés par les comédiens. Dans La Maman et la putain d’Eustache, je me délecte de chaque dialogue, mais c’est rare. La plupart du temps, les dialogues sont des balises qui servent à faire avancer la narration, et sont sans surprise.

Violence, sexe et drogue, se retrouvent dans tous vos films, avec toujours en fond de cour l’amour. Est-ce une déduction générationnelle, ou un point de vue sur notre époque ?

L’amour apparaît chez tout un chacun quand on oublie son instinct de survie. Quand on entre dans un mode de vie qui s’en échappe. Dans tous rapports sexuels, il y a cet instinct de reproduction, mais il y a aussi une volonté de jouissance. Je ne suis pas matérialiste, mais je me sens mammifère, oui. J’ai une perception émotionnelle assez mammifère de l’existence, pas reptilienne.

Sinon, pour en revenir à l’empreinte générationnelle ou de l’époque, mon film Love parle de gens que j’ai côtoyés pendant longtemps, même si ce n’est pas du tout autobiographique. J’ai été et j’ai fréquenté des gens qui sont comme ceux qu’on voit dans le film. Ce n’est pas personnel, mais c’est comme une autobiographie de groupe. J’ai mélangé des histoires que m’ont racontées des amis avec des trucs qui me sont arrivés, j’additionne le tout, et avec ça je fais un film.

Pour Climax je me suis retrouvé à une soirée où quelqu’un avait mis un truc dans un verre, sans aller aussi loin que dans le film. Pour Enter the Void, oui, il m’est arrivé de balancer un gros paquet de marijuana dans les toilettes d’un bar quand des flics ont débarqué, et quand ils ont frappé à la porte, je pensais que ça allait finir comme dans Enter the Void. Il y a des moments de sa propre vie que l’on retrouve dans les films.

Quant à un lien avec l’époque actuelle, les drogues existent depuis la nuit des temps, et l’alcool est une drogue hyper dure, il est souvent d’ailleurs à l’origine d’actes plus atroces que ce que peut provoquer l’excès de drogue. Oui, j’étais cinéphile et j’aimais faire la fête, et j’en retrouve certaines obsessions quand je fais un film. Mais elles transparaissent avec un autre langage. Comme un peintre essaie de nouvelles couleurs, fluo, doré, en relief… quel nouveau jouet je vais trouver pour faire autre chose.

Maintenant, les effets spéciaux numériques te permettent mille trucs devenus inoffensifs sur un plateau. Quand tu vois la fin d’Irréversible, c’est terrible, mais personne n’a été blessé et tous les comédiens riaient à la fin de la prise, en s’imaginant l’effet que ça allait faire en salle.

Vos films sont pour moi parmi les plus innovants. Et je pense à Abel Gance qui s’est attaché à innover dans le cinéma dès les années 1915-20, tant dans la narration que la technique, ce qui me rappelle votre approche du cinéma.

J’ai vu quelques films de Gance, pas encore la récente ressortie de La Roue. Je le trouve très ambitieux de vouloir faire des films d’artiste avec de gros moyens, comme Coppola avec Apocalypse Now ou Orson Welles avec Citizen Kane, comme s’ils voulaient à la fois avoir des gros jouets et réinventer le cinoche. Et en même temps, il y a un côté très, très enfantin dans les films de Gance que j'ai vus, qui sont parfois mal joués. La direction d’acteurs peut être très théâtrale. Mais il y a toujours des moments éblouissants, comme l'exploitation des trois écrans dans son Napoléon. Ce n’est pas un réalisateur qui a réussi à faire des films aussi parfaits que Kubrick ou Fritz Lang dans sa période allemande, ou Cooper et Schoedsack (King Kong, 1933, Ndlr), mais il reflète la volonté de se dépasser ou de dépasser le cinéma. Toutefois je me sens plus proche d’Un chien andalou de Buñuel et Dali, ou de L’Âge d’or de Buñuel, mais j’ai envie d’aller voir La Roue d'Abel Gance. Comme j’ai envie de me tourner vers le cinéma de Pabst que je connais assez mal, finalement.

Sinon pour Irréversible, j’ai pensé à la pièce de Pinter Trahison, qui raconte en sept actes, à rebours, en marche arrière, sept années de la détérioration d’un couple. Il a été adapté au cinéma, mais le film est introuvable. Je pensais intéressant d’adapter cette structure narrative. Je n’ai rien inventé. Love est aussi comme ça, sous forme de puzzle, avec des flash-back et flash forward qui ne respectent aucun ordre. C’est comme quand tu essaies de reformuler des souvenirs dans ton cerveau, ce n’est absolument pas chronologique, tu fais appel à une mémoire émotionnelle, par associations de prénoms, de visages, d’odeurs, ou de décors et ça se reconstruit.

Le titre Lux Aeterna, votre nouveau film qui sort le 23 septembre, provient d’un morceau de Ligeti qui figure dans 2001 de Kubrick, c’est volontaire ?

Non. Je voulais avant tout un titre en latin. Et comme il est beaucoup question dans le film de lumière et de religion, il m’est venu à l’esprit car je connaissais le morceau de Ligeti. En même temps, le compositeur du film Requiem For A Dream, Climt Mansell, a écrit un morceau qui s’appelle aussi Lux Aeterna. Mais effectivement, c’est aussi un hommage à 2001, puisque c’est la musique qui accompagne le trip final du film. C’est ma séquence préférée, une des meilleures séquences de toute l’histoire du cinéma, expérimental ou narratif. Il y a en effet dans mon film la volonté de s'y référer.

30 août 2020

La Cabine - magasin de décoration à La Trinité sur Mer

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