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Jours tranquilles à Paris

25 mars 2020

Coronavirus : en France, un confinement prolongé avant la mise en place de tests à grande échelle

Par François Béguin, Chloé Hecketsweiler

Le Conseil scientifique sur le Covid-19 a estimé que la mesure devra durer jusqu’à fin avril, en attendant d’être en capacité de mener une politique de dépistage de masse.

Le retour à la vie normale va devoir attendre. Dans un avis consultatif rendu mars 24 mars, le Conseil scientifique sur le Covid-19 a estimé que le confinement mis en place le 17 mars pourrait durer « vraisemblablement au moins six semaines », soit jusqu’à fin avril. « Le confinement est actuellement la seule stratégie réellement opérationnelle, l’alternative d’une politique de dépistage à grande échelle et d’isolement des personnes détectées n’étant pas pour l’instant réalisable à l’échelle nationale », a fait valoir le groupe d’experts.

Cette préconisation n’a pour l’instant pas été reprise officiellement par le gouvernement, le ministre de la santé Olivier Véran estimant qu’il s’agissait d’une « estimation parmi d’autres ». La décision des autorités ne semble pourtant guère faire de doute. Lundi soir, le premier ministre Edouard Philippe avait averti que le confinement pouvait « durer encore quelques semaines ». Pour accompagner ses décisions, le gouvernement a annoncé mardi la création d’une seconde instance composé de douze experts, intitulé Comité analyse recherche expertise (CARE), qui aura un rôle plus opérationnel.

Dans les hôpitaux, 1 100 décès ont été enregistrés depuis le début de l’épidémie, dont 240 au cours des dernières 24 heures, a annoncé mardi soir le directeur général de santé, Jérôme Salomon. Ce bilan ne concerne toutefois que les personnes admises à l’hôpital. Or, « on sait que les décès à l’hôpital ne représentent qu’une faible part de la mortalité », a reconnu le DGS, alors que l’inquiétude monte notamment sur la mortalité dans les Ehpad, où les décès se multiplient. Plus de 2 500 patients Covid-19 se trouvaient en réanimation mardi, soit 20 % de plus que la veille.

Huit jours après l’instauration du confinement, il s’agit désormais pour les pouvoirs publics de déterminer les conditions nécessaires pour le lever en toute sécurité. « Lorsque la circulation du virus sera contrôlée, lorsque les hôpitaux auront pu soigner les malades, alors la question (…) de la levée du confinement pourra être abordée », a annoncé Olivier Véran mardi. Pour éviter un « rebond » de l’épidémie à ce moment-là, la France pourrait se convertir à une politique de dépistage de masse et de confinement ciblé.

Passer « de 5 000 tests par jour à au moins 50 000 »

Jusqu’à présent jamais clairement présentée comme telle par les autorités sanitaires, l’idée est en train de s’imposer depuis la fin de semaine dernière, et la prise de position très nette en ce sens de Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique sur le Covid-19. « L’objectif est clair : tester, tester, tester », a déclaré à son tour M. Véran lors des questions au gouvernement mardi, en rappelant que la France réalise actuellement « plus de 5 000 tests par jour », soit plus que la moyenne européenne selon lui.

Dans les scénarios de sortie de crise tels qu’ils se dessinent aujourd’hui, deux types de tests seraient menés à grande échelle. Le premier est celui en vigueur aujourd’hui : il consiste à rechercher la présence du virus dans un échantillon biologique (un prélèvement nasal) grâce à une technique d’analyse génétique appelée « PCR ». Ces tests permettraient de dépister systématiquement tous les cas suspects et leur entourage, comme cela a été fait dans les « clusters », en Haute-Savoie, dans le Haut-Rhin ou encore dans l’Oise.

« Cela nous permettra d’avoir un système plus ciblé et d’éviter que tout le monde soit confiné. Le confinement sera réservé aux malades et à leurs contacts », détaille le virologue Bruno Lina, membre du Conseil scientifique. « Aujourd’hui, comme nous ne sommes pas en capacité de faire le test de tout le monde, nous nous concentrons sur les plus importants : les soignants et les cas graves », rappelle le chercheur. Cependant, la marche est encore haute avant de pouvoir mettre en œuvre cette stratégie.

« Il faudrait passer de 5 000 tests par jour à au moins 50 000 d’ici la fin du confinement, ça va être un enjeu majeur », estime Lionel Barrand, le président du Syndicat des jeunes biologistes médicaux (SJBM). Son organisation a signé mardi avec de nombreux représentants des médecins hospitaliers et libéraux un communiqué alertant sur la pénurie de réactifs et d’écouvillons (les « cotons-tiges » permettant le prélèvement nasal) pour effectuer le test de dépistage du Covid-19. « C’est un appel au secours, explique Lionel Barrand. Jusqu’à présent le gouvernement n’avait pas mesuré l’importance du dépistage dans la stratégie d’éradication du virus. S’il avait dit il y a deux mois, dépêchez-vous de vous équiper, on n’en serait pas là aujourd’hui. »

Evaluer le risque de « rebond »

Un second type de test, dit sérologique, pourrait être mis en œuvre. Il consiste à rechercher dans un échantillon sanguin les anticorps qui sont la signature d’une infection par le coronavirus. « Nous pourrons ainsi connaître la part de la population qui a été immunisée, et la taille de l’épidémie, avance Bruno Lina. Cela nous donnera aussi beaucoup d’informations sur les formes symptomatiques et peu symptomatiques. » En sortie de confinement, une telle étude permettra d’évaluer le risque de « rebond », c’est-à-dire une réémergence du virus, au sein d’une population insuffisamment immunisée.

Selon les scientifiques, une deuxième vague est très probable tant que 50 % à 60 % de la population n’a pas été infectée. « Il est primordial de déterminer le nombre de personnes ayant été exposées au virus là ou il a beaucoup circulé », souligne Bruno Hoen, directeur de la recherche médicale de l’Institut Pasteur à Paris, en rappelant que le rôle des asymptomatiques dans la circulation du virus est l’une de grandes inconnues de l’épidémie.

Ces tests pourraient aussi être utilisés pour mettre en œuvre un confinement ciblé. « Une fois les contacts des malades identifiés, nous pourrons les tester pour savoir s’ils sont déjà immunisés. Dans ce cas, cela ne sert à rien de les isoler. Nous pourrons faire des tests pour dire individuellement à chacun : “Vous vous êtes protégés, car vous avez déjà eu la maladie” ou bien, « vous, vous n’êtes pas protégés », précise Bruno Lina. Pour être mis en œuvre, ces tests devront toutefois bénéficier d’un feu vert de la Haute Autorité de santé, qui étudie actuellement en urgence les données disponibles.

Cette stratégie de sortie confinement pourrait s’appuyer sur une « stratégie numérique d’identification des contacts ». En Chine, où un tel système a été mis en place dans certaines régions, l’utilisateur dispose d’un code couleur fondé sur plusieurs critères dont sa proximité géographique avec des malades qui lui permet – ou non – de prendre les transports en commun ou de se rendre dans des magasins. L’opportunité de la mise en place d’un tel système devra être étudiée par le nouveau comité mis en place mardi.

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25 mars 2020

Pierre et Gilles

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25 mars 2020

Nécrologie - Albert Uderzo, l’un des pères d’« Astérix », est mort

Par Frédéric Potet

Le dessinateur de bande dessinée, dont le nom figure sur les centaines de millions d’exemplaires des aventures des irréductibles Gaulois vendus dans le monde depuis 1961, est décédé mardi à l’âge de 92 ans d’une crise cardiaque.

Albert Uderzo n’en faisait pas mystère : il préférait Obélix à Astérix. D’abord parce qu’il créa de lui-même le livreur de menhirs, sans René Goscinny, en 1959, quand fut lancée la série dans les pages du magazine Pilote. Ensuite parce que, sans jamais oser se l’avouer à lui-même, Obélix, c’était un peu lui.

Un souvenir revient. La Baule (Loire-Atlantique), décembre 2013 : Albert Uderzo et son épouse Ada ont accepté, après de nombreuses hésitations, de recevoir deux journalistes du Monde pour parler du litige qui les oppose depuis plusieurs années à leur fille Sylvie, sur fond d’héritage et de soupçons de manipulation. Le rendez-vous a lieu à midi dans le salon d’un hôtel de luxe ; un buffet froid est commandé.

Deux heures plus tard, le moment est venu de se dire au revoir et de payer l’addition. « C’est pour nous, évidemment », affirme-t-on. « Pas question », intervient le dessinateur. On insiste. Lui aussi. Les politesses se termineront devant la caisse enregistreuse du comptoir où un avant-bras d’une fermeté d’airain, comme trempé dans une marmite de potion magique, fera physiquement barrage à toute tentative d’atteinte à son savoir-vivre.

Force de la nature ayant vaincu une leucémie quelques années plus tôt, l’homme paraissait alors invincible, inébranlable. Le menhir a fini par tomber. C’est un monument, dans tous les sens du terme, qui est mort mardi 24 mars à l’âge de 92 ans « d’une crise cardiaque, sans lien avec le coronavirus », a annoncé sa famille. Un monstre sacré de la bande dessinée.

Besoin de reconnaissance

D’Obélix, Albert Uderzo possédait également la sensibilité à fleur de peau et cette générosité sans calcul qui lui valut, tout au long de sa carrière, de croiser un certain nombre d’aigrefins attirés par le succès commercial d’Astérix, série aux plus de 375 millions d’albums vendus. « Faut-il attendre que je meure pour qu’on parle en bien de moi ? », s’insurgeait-il en mai 2017, un mois seulement après une opération du poumon qui l’immobilisait dans son hôtel particulier de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Un article de presse évoquant la renommée mondiale de Tintin – série qui s’est bien moins vendue qu’Astérix (230 millions d’exemplaires) – l’avait mis en pétard : « Il n’y en a que pour Tintin ! Astérix est pourtant une réussite extraordinaire, mais personne n’en parle, on s’en fout ! »

« JE N’AI RIEN DE BELGE. CE SONT LES AMÉRICAINS QUI M’ONT APPRIS À DESSINER. J’AI FAIT DE LA BD ISSUE DE WALT DISNEY »

Cette reconnaissance, Albert Uderzo a toujours couru après pendant sa carrière, tout particulièrement après la mort de René Goscinny, en 1977, et sa décision de poursuivre seul les aventures de l’irréductible Gaulois, s’exposant ainsi au feu des critiques. Celles-ci ne l’épargnèrent pas. Le dessinateur souffrit en silence d’être ramené rétrospectivement à un rôle d’exécutant, lui qui travailla comme un acharné entre 14 et 84 ans.

Sa main boursouflée, à la fin de sa vie, témoignait des cadences qu’il s’imposait plus jeune, notamment pendant cette période faste où il fallait livrer chaque semaine à Pilote une page d’Astérix et une autre de Tanguy et Laverdure, deux séries réalisées dans des styles radicalement différents. Là était une autre spécificité de son esthétique : Uderzo fut, et est encore après sa mort, l’un des rares dessinateurs à avoir été aussi à l’aise dans la BD humoristique que dans la BD réaliste.

Une autre chose, enfin, l’agaçait : être rangé dans l’école de bande dessinée franco-belge. « Désolé, je n’ai rien de belge, s’amusait-il ce même jour dans le salon de sa demeure parisienne. Ce sont les Américains qui m’ont appris à dessiner. J’ai fait de la BD issue de Walt Disney. » Rappeler ses origines italiennes, en espérant l’entendre les revendiquer, était tout aussi vain. « On est très français », aimait-il marteler en incluant sa femme Ada, née de l’autre côté des Alpes et rencontrée alors qu’il avait 25 ans.

Produit de l’immigration

Albert Uderzo est né, lui, à Fismes, le 25 avril 1927, une petite ville de la Marne où son père, menuisier de profession, s’était installé après avoir quitté l’Italie. Son destin ressemble pour le coup à celui de René Goscinny, né en 1926 à Paris d’un père polonais et d’une mère ukrainienne. Cette similitude fait d’Astérix, héros très « français » au nom dérivé d’un symbole typographique (l’astérisque), un pur produit de l’immigration.

Albert Uderzo doit, lui, son patronyme à une petite ville de Vénétie, Oderzo, anciennement Opitergium. Fondée au Xe siècle av. J.-C., celle-ci a été détruite à plusieurs reprises par les Barbares avec la chute de l’empire romain. Las de ces invasions à répétition, une partie de ses habitants s’installèrent au VIe siècle sur la lagune, où ils participèrent à la fondation de Rialto, la future Venise, ne laissant que ruines et désolation derrière eux.

« On raconte alors que, au milieu de ce chaos, les marchands drapiers de Trévise ont découvert un seul être vivant : un jeune bébé qu’ils adoptèrent en lui donnant le nom de la cité détruite. Cet enfant aurait fait souche jusqu’aux représentants du nom actuel que je porte », relate le dessinateur dans son autobiographie, Albert Uderzo se raconte (Stock, 2008). Ses parents vivaient à La Spezia, en Ligurie. C’est à la suite d’une brouille avec ses frères que son père avait décidé d’émigrer vers la France, en 1923.

Alberto retirera plus tard de lui-même le « o » de son prénom, « afin de faire plus français », confiera-t-il, ayant « beaucoup souffert, pendant [son] enfance, de la mauvaise idée qu’on avait des Italiens, ces “sales Macaronis” qui venaient manger le pain des Français ». L’enfant grandit à Clichy-sous-Bois, en banlieue parisienne, où les Uderzo finirent par s’installer. L’année où ses parents obtinrent la nationalité française, 1934, est celle du premier numéro du Journal de Mickey.

Embauché comme apprenti

Albert Uderzo vécut ses premiers émois de lecteur à travers les histoires de la souris de Disney, publiées parallèlement dans Le Petit Parisien qu’achetait régulièrement son père. Il lisait aussi les autres illustrés de l’époque : Robinson, Hop-là !, L’Aventure, L’As Junior, Hourra… Il fit enfin la connaissance de Popeye, le personnage créé par E. C. Segar, qui l’influencera beaucoup plus tard, quand il lui faudra dessiner des bagarres dans Astérix. Voyant qu’il aime dessiner, son frère aîné Bruno décida de le présenter à la Société parisienne d’édition, la maison d’édition des frères Offenstadt, qui faisait alors paraître de nombreuses publications pour enfants.

Celui qui se voyait plutôt devenir mécanicien automobile n’avait pas 14 ans en cette année 1940 quand il se fit embaucher comme apprenti, chargé entre autres choses des lettrages et des retouches photo. Il parvint aussi à placer quelques illustrations. La première, dans les pages du magazine Junior, est une parodie de la fable Le Corbeau et le Renard. Mais son rêve était de faire du dessin animé. Walt Disney était son idole et Blanche Neige et les sept nains (1937) sa référence absolue. A la fin de la seconde guerre mondiale, il intégra un petit studio parisien, mais l’expérience fut de courte durée.

Il décida de revenir à la bande dessinée après la lecture d’une petite annonce dans France Soir annonçant un concours de BD organisé par un éditeur. Il imagina Clopinard, un vieux grognard de l’armée napoléonienne ayant perdu un œil et un pied pendant une bataille. Paris grouillait alors de petites maisons d’édition et d’agences de presse spécialisées dans le dessin d’humour et la BD. L’autodidacte, qui a américanisé son nom en « Al Uderzo », frappa à leur porte. Il conçut pour elles une parodie de Tarzan, qu’il appela « Zartan » puis « Zidore l’homme macaque ». Il reprit également une série américaine, Captain Marvel Junior, publiée dans un journal belge.

« Reporteur-dessinateur »

Plusieurs personnages naquirent durant ces années de formation, notamment Arys Buck, un jeune géant doté d’une force herculéenne accompagné d’un nain appelé Castagnasse, affublé d’un gros nez, de grosses moustaches et d’un casque ailé – les prémices d’Astérix. Le jeune artiste acheta sa première table à dessin, qu’il a conservé toute sa vie. Il s’installa chez ses parents, dans la salle à manger.

Le service militaire interrompit sa carrière, qui redémarra, en 1950, dans les colonnes de France Dimanche, où Albert Uderzo fut promu au rôle de « reporteur-dessinateur », dont la fonction consistait à pallier l’impossibilité d’envoyer un photographe sur les lieux d’un fait divers. Il a croqué, entre autres événements, une bagarre mémorable entre députés dans les rangs de l’Assemblée nationale. De l’Astérix avant l’heure, là aussi.

« ASTÉRIX EST PLUTÔT PETIT, MALINGRE, PAS BEAU, CONTRAIREMENT À L’USAGE QUI IMPOSE QUE L’ON CRÉE DES HÉROS BIEN FAITS AFIN QUE LES ENFANTS S’IDENTIFIENT À EUX »

Albert Uderzo se lia alors à Yvon Chéron, le responsable de l’agence belge International Press, qui lui présenta son beau-frère, Georges Troisfontaines, le directeur d’une autre agence spécialisée dans la livraison de contenus dessinés, la World Press. Il y fit la connaissance de Victor Hubinon, Eddy Paape, Mitacq, Jean-Michel Charlier, qui feront tous, plus tard, les riches heures de la BD franco-belge.

Il y rencontra également un jeune dessinateur arrivé directement des Etats-Unis : René Goscinny. Le courant est passé immédiatement entre eux : « Après être tombés d’accord sur l’urgence qu’il y a à apporter du sang neuf [à la bande dessinée], nous décidons de travailler en collaboration, lui pour le scénario, discipline où il se sent plus à l’aise, et moi pour le dessin, qui me convient mieux. J’ai 24 ans, lui 25, et nous voulons refaire le monde avec toute l’inconscience et toute l’audace de notre jeunesse », écrit-il dans ses Mémoires.

Leur première collaboration fut une rubrique consacrée au savoir-vivre, publiée dans l’hebdomadaire féminin Les Bonnes Soirées en 1951. Un peu plus tard, Goscinny et Uderzo se lancèrent dans les aventures d’un jeune peau-rouge du nom d’Oumpah-Pah, que l’éditeur belge Dupuis refusa, tout comme les éditeurs américains à qui René Goscinny montra les premières planches. Il fallut attendre 1958 pour que la série connaisse un petit succès, dans les pages du Journal de Tintin.

Entre-temps, le torchon a brûlé à la World Press, qui a licencié quatre de ses collaborateurs, dont Goscinny et Uderzo, coupables d’avoir voulu créer une association pour la défense de leur statut d’auteurs. Deux sociétés, à la fois agence de presse et de publicité, sont nées de cette crise : EdiFrance et EdiPresse, qui lancèrent Pilote en 1959.

Le mythe est en marche

Le premier numéro, le 29 octobre de cette année-là, vit apparaître deux séries sous le crayon d’Uderzo : Tanguy et Laverdure, duo d’aviateurs imaginé par Jean-Michel Charlier, et Astérix. Alors que Goscinny et Uderzo étaient plutôt partis sur une adaptation en BD du Roman de Renart, l’idée de ce petit Gaulois facétieux et bagarreur leur était venue, deux mois plus tôt, lors d’une soirée dans l’appartement HLM que le dessinateur occupait à Bobigny. Le mythe est en marche. Uderzo écrit :

« Mes premiers croquis laissent apparaître un personnage assez grand pour rester proche de l’image des Gaulois qui est véhiculée. René me soumet alors l’idée d’un personnage plutôt petit, malingre, pas forcément intelligent, pas beau mais roublard et futé, contrairement à l’usage en vigueur qui impose que l’on crée des héros bien faits afin que les enfants s’identifient à eux. »

Publiée en album, la première histoire d’Astérix, Astérix le Gaulois, connut des débuts modestes, les éditions Dargaud n’imprimant que 6 000 exemplaires. « Je me souviendrai toujours du monsieur de chez Dargaud qui s’occupait des ventes – un type imbu de lui-même qui se promenait dans les couloirs avec des bottes et une cravache. Un jour, je lui dis : “Ecoutez, monsieur, pourquoi ne tirez-vous pas davantage notre album ?” Il m’a répondu : “Monsieur, quand vous atteindrez les 30 000 exemplaires, on en reparlera…” Quand nous sommes arrivés au million, il n’était plus dans la maison, malheureusement », racontait Albert Uderzo au Monde en novembre 2015.

Le deuxième épisode, La Serpe d’or (1962), fut tiré à 20 000 exemplaires, et le troisième, Astérix et les Goths (1963), à 40 000. Les courbes de vente ne cessèrent plus dès lors de progresser, de manière exponentielle. Elles continuèrent de croître après la mort prématurée de René Goscinny en 1977, à l’âge de 51 ans, Albert Uderzo ayant décidé de reprendre seul la série, affichant au grand jour de réelles faiblesses en tant que scénariste.

Lui qui disait ne pas « avoir à rougir de [son] parcours », même s’il voyait en André Franquin, le créateur de Gaston Lagaffe, « le plus grand dessinateur de BD » ayant jamais existé, avait arrêté de dessiner il y a quelques années. Faire une simple dédicace lui était devenu impossible. « Je n’ai plus du tout la main, disait-il. Ça me travaille et me chagrine. Je me rends compte du plaisir que cela me procurait de terminer un travail. Je ne dis pas que ce que je faisais était merveilleux. Mais j’avais la satisfaction de progresser. Et cela me suffisait. »

25 mars 2020

Fanny Müller

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25 mars 2020

Nu Magazine

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25 mars 2020

Au Louvre Lens

« Soleils noirs »

Le noir est une couleur ? De Ribera à Manet, nombre de peintres se sont employés à le démontrer. Mais pas une couleur comme les autres, décidément. En écho à la terre de corons qui l’accueille, le Louvre-Lens met les pleins feux sur ce « soleil noir de la mélancolie » qu’a célébré le poète Nerval. Ce printemps, il réunit près de 180 œuvres qui, chacune à sa manière, cherchent dans la nuit un éblouissement, de l’Antiquité à nos jours. Maîtres de la matière noire bien avant Soulages, Delacroix, Courbet, Kandinsky ou Malevitch dialoguent ici avec d’autres créateurs issus des arts décoratifs ou de la mode, comme Jeanne Lanvin et Yohji Yamamoto, dans une exposition qui se promet immersive. Parmi les contemporains, Anish Kapoor, dans sa quête d’un noir absolu, viendra mettre en scène ses abysses. Mélancolique, industriel, sacré, métaphysique, le noir vaut ici arc-en-ciel. Emmanuelle Lequeux

Louvre-Lens, 99, rue Paul-Bert, Lens. Du 25 mars au 13 juillet. Tous les jours, sauf le mardi, de 10 heures à 18 heures.

25 mars 2020

Emanuela Ferrari

emanuele44

25 mars 2020

Pompéi 25/03 - 08/06 - Grand Palais, Paris

Evénement ! Alliance de la technologie et de l'archéologie, cette exposition immersive au Grand Palais vous plonge au cœur de Pompéi, détruite par une éruption du Vésuve en l'an 79. Depuis le XVIIIe siècle, cette cité antique fascine par son histoire, ses vestiges exceptionnels et ses trésors conservés à travers les siècles.

Cité d'origine osque, Pompéi est aujourd'hui l'un des sites archéologiques les plus célèbres du monde. Cet important marché méditerranéen est d'abord partiellement détruit lors d'un tremblement de terre en 62 ap. J.-C.. Alors que des travaux de reconstruction sont en cours, le Vésuve, volcan situé à quelques kilomètres de là, entre en éruption à l'automne 79 ap. J.-C.. Pompéi est instantanément ensevelie, figeant toute forme de vie sous les cendres volcaniques. Tombée ensuite dans l'oubli, la ville n'est véritablement redécouverte qu'au XVIIe siècle dans un état de conservation remarquable.

Les fouilles entreprises à partir du XVIIIe siècle révèlent un modèle exceptionnel d'urbanisme et de civilisation de l'empire romain. Les villas, les objets et les corps sont retrouvés presque intacts sous plusieurs mètres de sédiments volcaniques et permettent de reconstituer les derniers moments de la population pompéienne. Plusieurs édifices publics comme les théâtres ou les thermes sont également bien conservés, ainsi que les fresques qui ornent l'intérieur des bâtiments et témoignent de l'intérêt des Romains pour l'art et la vie mondaine.

Le Grand Palais propose aux visiteurs une promenade numérique et immersive au cœur de Pompéi en activité puis pendant sa destruction. Au moyen de projections 360° en très haute définition, de créations sonores et de reconstitutions en 3D, l'exposition dévoile les fascinants trésors archéologiques découverts lors des fouilles réalisées au fil des années jusqu'à aujourd'hui.

Visite libre du 25 mars au 8 juin 2020

Lundi, jeudi, dimanche de 10h à 20h.

Mercredi, vendredi et samedi de 10h à 22h.

Fermé le mardi

25 mars 2020

Eric Bouvet : "Les avenues se sont vidées, le silence s’est installé, seul le chant des oiseaux se fait plus audible."

Eric Bouvet (1)

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Eric Bouvet (4)

Eric Bouvet (5)

Depuis une semaine, les parisiens sont confinés chez eux.

Certains sont seuls et s’emploient à apprivoiser cette solitude  quand d’autres sont bousculés par des retrouvailles à temps complet, là où bien souvent l’on ne fait que se croiser. Dans les familles, tout se mélange, travail, école, sorties, obligations et plaisirs.

Je ne peux m’empêcher de penser aux oubliés des conflits de ces quarante dernières années que j’ai croisé.

Nous sommes en guerre nous dit notre président, une guerre en temps de paix, une guerre où l’on continue de faire ses courses et regarder la télé. Le décalage me laisse suspendu. Je pense dans ce calme de la ville à ceux qui sont dans le tumulte des hôpitaux, dans le bruit des conversations, dans le fracas des décisions pour nous sauver.

Paris, ville lumière est plus silencieuse que jamais, comme un calme avant la tempête. Et je me demande ce qu’il adviendra lorsque les portes se rouvriront. La vie va t-elle reprendre là où nous l’avons laissée ? Nos priorités et nos choix vont-ils évoluer ? Cette période n’est-elle pas le moment propice voir idéal pour remettre en question notre ordre personnel, nos pensées globales ? Les jours d’après ne peuvent être comme avant…

Dans ces sorties solitaires, l’humain manque à l’appel. Le gout de la ville est bien amer sans la vie qu’il y insuffle, oui,  celui-là même qui est tout autant capable de désordonner et détruire.

Dans cette ville magnifique et vide il manque celui qu’il l’a imaginée, édifiée, embellie, oui, il manque cet Humain dans les rues de Paris.

Je suis toujours extrêmement surpris par la haine facile et le dénigrement caché derrière son clavier. Ceci du aux critiques en tous genres, surtout les plus mauvaises venant de certains habitants des communes de l’Oise que j’ai traversées durant ce road trip. Oui j’ai pris la route, eh bien aux yeux de certains je parle comme si j’étais en zone de guerre…

Je passe sur les noms d’oiseaux, mais le plus apprécié c’est que je n’ai pas montré la réalité de ce département si beau et si plein de jolies couleurs. Comme tout le monde le sait en hiver et sous la pluie, certaines parties de France ont cette particularité magique dont l’Oise. Je me demande pourquoi le France entière n’y habite pas ?

Bref, comment expliquer aux gens que la vérité n’existe pas en photo ? Ne serait ce effectivement par le matériau et le traitement choisi, sans parler du simple choix de l’optique, quel angle montrer ? En France il n’y a pas de culture photographique, pourtant un certain Nicéphore Niepce inventeur de la photographie est bien de chez nous. Mais sans aller jusque là, le respect est une valeur qui devrait être plus courante, là les réseaux sociaux nous ont fait du mal… Moi même j’apprécie bien plus Van Gogh que Picasso, je ne dis pas pour autant que Picasso c’est de la merde !

La photographie s’assume ! C’est un regard, un choix, comme le peintre ou l’écrivain qui peuvent relater des choses de manières différentes. Le soucis de mon métier c’est que tout le monde peut faire des images, et c’est formidable ! Ne serait ce que pour garder souvenirs de nos parents disparus ou de nos enfants quand ils étaient petits. Mais il manque comme toujours l’apprentissage, la culture, l’éducation…

Une chose est certaine, les lieux que j’ai photographiés étaient ainsi, vides car interdits par arrêtés préfectoraux, je n’ai pas joué du cutter sur les négatifs comme au bon vieux temps des soviets ! J’ai les originaux pour qui se soucieraient de mon honnêteté.

En tous cas chers critiques aux mots acerbes, pour ne pas vous laissez seuls dans cette ambiance « apocalyptique » comme on me l’a reproché, voici venir la suite avec des vues de Paris. C’est la ville que j’habite, donc vous voyez que je n’ai rien contre l’Oise, bien au contraire je connais des gens charmants et de très agréables endroits.

Si cela peut vous soulager, ces images sont parues sur le web seulement car la presse écrite n’en a pas voulue. Pourquoi ? Je n’ai pas de réponses.

Pourtant c’est certainement le premier sujet sur le virus en France.

Ah oui pourquoi ai je choisi l’Oise ? Eh bien journalistiquement c’était l’endroit du premier mort Français, puis certainement le point d’entrée par la base de Creil et pour finir, aussi certainement le département avec le plus de décès. Je ne suis pas venu par hasard ni pris la route le nez au vent, je me suis renseigné j’ai enquêté, pour tracer un chemin dans le sud-est du département, là où ces villages et villes étaient touchés par le virus. Je pense ne pas m’être trompé dans ma réflexion journalistique. Et désolé mais je compte bien continuer mes recherches diverses photographiquement parlant car elles m’amènent bien souvent à rencontrer des gens formidables et à m’ouvrir l’esprit.

Au plaisir d’échanger avec esprit et respect plutôt que par aboiements et vulgarités. Nous ne sommes pas des animaux…

A propos de la chambre grand format

L’emploie de la chambre grand format et le choix d’utiliser du papier direct à la place du film, est dû au gain de temps, et au fait que le papier réserve des surprises au résultat, un peu comme le polaroid par exemple. La magie de l’argentique !

La Chambre grand format est une manière de travailler avec du temps et du recul, même si je travaille vite, je sais ce que je veux quand j’arrive sur une scène, car je n’y ferais qu’une vue.

Je travaille avec ces appareils depuis une vingtaine d’année. Pour la réflexion, le temps qu’il faut, la qualité et le rapport avec les gens qui est tout autre. Je n’ai eu aucun problème dans les manifestations par exemple, ni du côté police ni avec les casseurs. Une sorte de respect peut être…

Bien entendue le papier direct et la postproduction en font un résultat un peu sombre, mais le sujet ne l’est-il pas lui-même ?

Eric Bouvet

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25 mars 2020

Milo Moiré

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