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Jours tranquilles à Paris

26 mars 2020

Familles en HLM : «Si je craque, je fais craquer tout le monde»

Par Rachid Laïreche, Dessin Cyril Pedrosa et Ramsès Kefi 

Dans les quartiers populaires, où le manque d’espace est constant et où les jeunes voient souvent l’extérieur comme une manière de s’évader du carcan familial, le confinement fait ressortir tensions et frustrations.

Depuis des années, Marc dort sur le canapé du grand salon. Pas assez de place dans les chambres. A 21 ans, c’est lui l’aîné. Parfois, il rentre tard. Ou veille. Ou ressort la nuit pour fumer : «Parfois, tu veux regarder un film tout seul. Et le salon à partir de minuit, dans le noir, c’est la liberté. Pas de bruit, personne pour te demander ci ou ça.» Le T4, dans un HLM des Hauts-de-Seine, rétrécit quand toute la famille y est : ils sont sept dedans, en comptant les parents.

L’étudiant dit que chacun, du plus vieux au plus petit, avait naturellement trouvé un équilibre. S’arranger avec l’étroitesse, trouver ses moments, laisser souffler les autres. Le confinement imposé remet tout à plat. «A minuit, mon petit frère et ma petite sœur ne dorment pas encore. A 8 heures du matin, ma mère fait des va-et-vient à la maison. Sur le canapé, je dérange.» Le père tourne en rond au sens propre du terme. Il squatte les fenêtres, devient obsédé par le rangement, scrute les sorties en les limitant à quinze minutes. «Il a peur de la maladie, il ne bouge plus. Dès que tu te déplaces, tu tombes sur lui. Il galère entre quatre murs. Parfois, la porte d’une chambre est fermée, il va l’ouvrir sans frapper…»

Normalité inversée

Le coronavirus a décrété l’extérieur irrespirable, alors que celui-ci est le ballon d’oxygène pour des familles nombreuses dont la définition n’a jamais été aussi spatiale. A Evry (Essonne), une mère de quatre enfants fait des divisions : «C’est la superficie qui compte en ce moment, pas le nombre. Si tu vis à six dans un grand pavillon, tu es juste une famille qui doit t’adapter à l’urgence. Pour nous, le confinement a divisé des petits espaces en espaces encore plus petits. Le mien aussi se restreint. Si je craque, je fais craquer tout le monde avec moi.» A Montreuil (Seine-Saint-Denis), un jeune adulte abonde dans son sens : «Nous sommes dix à la maison. Tu as déjà essayé de rester à quatre dans une chambre ? On a une armoire, un bureau, une télé et deux lits superposés. On ne peut même pas rester à trois debout.»

D’aucuns s’interrogent souvent sur ce qui pousse des jeunes à rôder jusqu’à pas d’heure et les parents à ne pas les retenir. Au vrai, la normalité s’inverse : il y a parfois plus d’intimité dans un hall d’immeuble que chez soi, où le manque de place accroît les problèmes, attise les tensions les plus infimes, accentue les frustrations. Dans le meilleur des cas, le gamin cherche de l’air. Dans le pire, il fuit. Quid de la vie dans les foyers très pauvres ? Dans les appartements délabrés où la lumière passe peu à cause de l’entassement des affaires ? Dans les familles minées par de graves conflits entre adultes ? Le paradoxe total : la rue devient le lieu où l’on se cache.

En mars, Libération avait écumé un territoire à Athis-Mons, dans la banlieue lointaine où pullulaient les rats, lesquels sont parvenus à entrer dans quelques appartements. Quid aussi de la vie en quarantaine avec des rongeurs ou des cafards ? A Créteil (Val-de-Marne), un travailleur social insiste à propos des parents taxés de laxisme : «Toute une génération de chefs de famille est d’origine villageoise. Pour eux, et ils le pensent sincèrement, le gamin ne risque rien dehors quand ils sont au travail. Il est avec des voisins, dans un espace qui leur paraît clos où tout le monde veille l’un sur l’autre. Ils ont du mal à imaginer autre chose.»

A Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), Soraya raconte la famille nombreuse dispersée. Quand on doit veiller les uns sur les autres de loin et surtout que la moyenne d’âge à l’intérieur même de l’appartement augmente. Les heures au téléphone, l’inquiétude à distance. Le père est un ex-ouvrier, la mère est au foyer depuis toujours et quatre de leurs marmots sont partis construire leur vie ailleurs. Sauf deux garçons qui approchent les 30 ans. Le retraité a du mal à rester enfermé. Les habitudes ont des relents quasi religieux : la balade au marché, le café au PMU, les discussions sur son terroir d’origine avec d’autres anciens - la routine réglée à la seconde près. Soraya, à peine la quarantaine, confie, à propos de ses deux frangins restés au bercail : «Celui qui a 27 ans est tranquille, il travaille à la banque et bosse à la maison. Celui de 28 ans en revanche… Il traîne en bas pour fumer son joint, reste avec ses potes et rentre très tard. Ça sert à quoi d’ordonner à mon père de ne pas sortir si lui fait n’importe quoi ? Il peut faire rentrer le virus. L’aîné, qui vit dans le Sud, est comme un fou. Il veut remonter pour lui faire comprendre, mais il ne peut pas. Il a ses gosses et c’est chaud de voyager.»

«Un truc de vieux»

L’époque est ce qu’elle est : on quitte le cocon familial plus tard qu’avant. Avec ce que cela crée. Dans Libé, en 2018, Thomas Sauvadet, sociologue, décortiquait le mécanisme, côté masculin : «Les garçons restent désormais plus longtemps dans le foyer familial. On a, d’une part, le père, autorité virile, et dans certains cas, un ou des jeunes hommes au chômage, en construction et en recherche de virilité. Personne n’a vraiment envie d’entrer en conflit, alors tout ce monde passe son temps à s’éviter. La communication est minimale.» Une élue de l’Essonne évoque les femmes esseulées : «J’invite ceux qui donnent des leçons à passer une demi-heure avec une mère qui élève seule des garçons costauds. Ils ne tiendraient pas quinze secondes.»

Sandrine vit seule avec ses deux filles et son fils dans un 45 m². Elle est séparée du père, brancardier dans un hôpital à Paris, qui ne voit plus ses enfants pour les protéger de la pandémie. Sandrine gère. Le salon, lieu de vie collectif, est sa chambre à coucher. Le soir, elle déplie le clic-clac. De temps en temps, elle craque : «Sur Facebook, je vois des copines dire que le confinement c’est super parce qu’elles font des siestes et regardent la télé alors que pour moi, c’est l’enfer. Je suis secrétaire, je fais du télétravail et je n’arrive pas à être efficace. Je dois aussi faire le ménage et je tente de convaincre mon fils de ne pas sortir mais il n’écoute pas. Certains de ses copains l’engrainent, lui disent que ce n’est pas grave et que le virus est un truc de vieux. Pourtant son père lui raconte l’hôpital, mais il n’y a rien à faire.»

La police a renforcé les contrôles dans les villes populaires et leurs quartiers. Les regroupements, ciment de la routine dans ces coins-ci, sont interdits. On mange, boit, fume, se déplace à plusieurs. Les halls sont des lieux de passage et de squat, soit tout ce qu’un virus contagieux adore. A Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), Samir, 30 ans, cadet d’une fratrie de quatre, dit : «Quand tu n’as plus l’habitude de rentrer chez toi, c’est dur de rester assis dans un canapé ou dans une chambre. La plupart de tes repères sont dehors, t’as plus l’habitude de l’intérieur, plus les réflexes, plus les bons mots. Même tes secrets sont à l’extérieur et tu ne peux pas les gérer enfermé. Moi, je ne réalise pas encore que je vais devoir rester un mois enfermé. Tu ne peux même pas parler au téléphone chez toi : tout le monde t’entend si tu appelles ta copine.» La semaine passée, Laurent Russier, maire (communiste) de cette ville, très dense, de 110 000 habitants nous expliquait : «Oui, il y a des jeunes qui traînent encore, pas beaucoup, mais des petits groupes. On ne peut pas envoyer la police parce que ça peut très vite dégénérer donc on tente de discuter, notamment avec les services de jeunesse et les médiateurs.» L’édile d’une ville voisine : «Vous allez verbaliser des familles qui ont déjà du mal à payer le loyer ?»

De Retour du turbin

A Montreuil, un père ramène tout au temps et à l’absence. Il travaille sur des chantiers, quarantaine ou pas. De 7 h 30 à 18 heures, temps de trajet non compris. Son épouse fait des ménages dans les bureaux. Elle arrive tôt le matin avant le défilé des cravates et s’en va en début d’après-midi. Ce qui crée un vide en période d’urgence sanitaire. Leurs sept enfants ont de 12 à 26 ans, dont cinq garçons qui se partagent une seule chambre. Un seul ordinateur, trois téléviseurs, qui ne suffisent pas. Le père : «Ce n’est pas facile pour eux. Ils se battent, ils crient. C’est fatigant pour toute la famille. Des copains au travail ont "peur" de rentrer à la maison à cause du bruit. Mes deux grands sortent beaucoup, mais comment les surveiller ? On leur dit qu’il ne faut pas, ils me répondent oui, mais ils poussent la porte.» De retour du turbin, la mère s’occupe des repas et surveille les devoirs des plus jeunes. L’un des deux grands, sur un ton fataliste : «Je sais qu’on peut se contaminer en sortant mais je ne fais rien de mal. Je reste en bas, je fume ma clope, je papote. Et quand je rentre, je me lave bien les mains. C’est chaud de rester à la maison. Ça voudrait dire être dans son lit une journée entière. Je ne peux pas bouger chez moi, c’est trop petit. Mes deux petites sœurs sont dans leur chambre, elles s’occupent. Mes parents sont dans le salon, devant la télé, et nous, les garçons, tu penses qu’on peut rester à cinq dans la chambre ? C’est une prison.»

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26 mars 2020

Coronavirus - PRESSE

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26 mars 2020

Réflexion - Le Covid-19 et le mythe d’un nouveau départ

AL-MODON (BEYROUTH)

Du déluge de Noé aux menaces écologiques, les religions tout comme les idéologies ont toujours rêvé de purifier la terre. La pandémie actuelle conforte ceux qui rêvent d’un monde meilleur, écrit Al-Modon.

L’histoire de Noé occupe une place centrale dans les monothéismes. Derrière le mythe du déluge, il y a le désir de nettoyer la terre des fautes, de la purifier et de la laver, afin de pouvoir recommencer à zéro, avec des survivants désignés par Dieu.

Et cela pour une vie meilleure, plus harmonieuse et mieux ordonnée. Nous sommes toujours tentés par cette idée du déluge en vue d’un nouveau départ.

Certes, nous craignons la mort et l’anéantissement, mais nous craignons autant la multitude, cette croissance démographique qui menace d’épuiser les ressources naturelles. C’est ce qu’a exprimé Thomas Malthus [1766-1834, économiste anglais et père des fameuses politiques malthusiennes]. Il s’agit de la vieille peur de la faim, de l’effondrement de la cité et de l’extinction de l’humanité.

Face au problème de l’inadéquation entre la production agricole et l’augmentation de la population, Malthus pensait qu’il fallait passer outre la morale et miser sur des “régulateurs” pour mettre un frein à l’exubérance démographique.

Il s’agit d’une litote. Car pour lui, ces “régulateurs” ne sont rien d’autre que la guerre, la famine, les épidémies et les maladies.

Hâter le retour du Messie

En Iran, des croyants exaltés ont appelé à laisser libre cours au coronavirus pour hâter le retour du Messie, ou du Mahdi [selon la terminologie musulmane]. Mais ils ne sont pas les seuls.

Dans chaque religion, il y a des gens qui sont convaincus de l’imminence de la fin des temps et qui s’attendent à l’apparition du sauveur qui établira le règne de la justice sur terre.

Cela n’est pas l’apanage des croyants. Certains écologistes aussi sont adeptes du fantasme d’une nature qui prendrait sa revanche sur l’humanité.

Pour eux, il est souhaitable que les hommes soient frappés d’une catastrophe majeure pour que l’univers retrouve son équilibre.

La logique de la solution finale

Puis il y a les idéologies totalitaires. Elles aussi comportent un désir de renouveau purificateur, mû par des idées proches de celles de Malthus et des idéaux d’une “société saine” et productive, débarrassée des vieux, des handicapés, des malades et des déséquilibrés mentaux.

Sans parler de l’élimination des “races inférieures”. Tous les racismes ont une tendance exterminatrice, c’est-à-dire une propension à vouloir procéder à un déluge exterminateur qui n’épargne que le groupe qui aura “mérité” la survie. C’est la logique de la solution finale.

[Durant la deuxième moitié du] XXe siècle, l’idée d’un holocauste nucléaire a pu traverser l’esprit de quelques fanatiques des deux camps, capitaliste d’un côté et communiste de l’autre. Cette variante de la solution finale était une possibilité qui pouvait se réaliser à tout moment.

Dans ce sens, l’idée d’un déluge, c’est-à-dire d’une refondation, n’a jamais été absente de notre imaginaire, même si nous tenons par ailleurs à la sacralité de la vie humaine.

Désir enfoui d’un néant régénérateur

Ce n’est jamais totalement gratuit quand on se fait des frayeurs en parlant de l’arrivée d’une météorite géante ou de l’extinction des dinosaures.

De la même manière, nous ressentons une redoutable fascination en regardant les images de villes où il semble n’y avoir âme qui vive, avec des rues vidées de leurs passants, qui donnent l’impression que c’est le silence qui règne sur la terre et dans les cieux.

Il y a même quelque chose de beau dans ce silence et dans ce monde qui tourne au ralenti, loin de la frénétique course qui dominait nos vies.

L’attente d’une météorite, l’évocation de l’extinction des dinosaures et l’imaginaire du coronavirus ne sont pas seulement l’expression d’une peur profondément ancrée.

Cela correspond aussi à un désir enfoui d’un néant régénérateur, d’une fin du monde ancien qui permette un nouveau départ, épuré, à partir de zéro.

Youssef Bazzi

26 mars 2020

Milo Moiré

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25 mars 2020

La Presse

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25 mars 2020

Jeu de serviette de bain

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25 mars 2020

Libération de ce 25 mars

libé 25 mars

25 mars 2020

Jeux olympiques de Tokyo 2020 : du déni au report

jeux olympiques 2021

Le Comité international olympique et le Japon ont annoncé le report des Jeux olympiques à 2021, à l’issue d’une semaine où tout s’est accéléré.  L’ampleur de la tâche qui attend le Japon est vertigineuse.

Par Clément Guillou 

Le 4 mars, dans le décorum épuré qui entoure ses conférences de presse de président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach s’était retranché derrière son assurance bonhomme face à une foule médiatique n’ayant que le mot « coronavirus » à la bouche. C’était encore les jours heureux : les journalistes étaient à 50 centimètres l’un de l’autre, personne n’envisageait de porter un masque et Lausanne, siège du CIO, vivait encore. Les organisateurs japonais des Jeux olympiques (JO) avaient rassuré le président du CIO quant aux mesures prises pour endiguer l’épidémie à Tokyo.

Avait-il échangé avec les sponsors des Jeux à propos des conséquences de l’épidémie ? Pas le moins du monde. Savait-il qui, du CIO ou du comité d’organisation japonais, avait le pouvoir de reporter les Jeux ? Pourquoi le saurait-il, puisque la question ne se pose pas. « Vous vous êtes mis d’accord pour me faire entrer dans toutes sortes de spéculations ? Je ne me lasserai pas de répondre que le CIO est pleinement engagé » à assurer l’organisation des JO en juillet, avait fini par répondre Thomas Bach à l’énième relance d’un journaliste.

Mardi 24 mars, le CIO et le Japon ont conjointement annoncé le report des Jeux à 2021, probablement à l’été. Seules les deux guerres mondiales (en 1916, 1940 et 1944) avaient, jusqu’à présent, eu raison de la compétition ressuscitée par le baron Pierre de Coubertin. Jamais les JO n’avaient été reportés, ni organisés une année impaire.

Le CIO n’aura, finalement, tranché qu’une semaine plus tard que l’Union des associations européennes de football (UEFA), qui avait annoncé le 17 mars le report d’un an du championnat d’Europe masculin. Les deux mastodontes laissent seul le Tour de France, toujours programmé pour s’élancer le 27 juin de Nice et dont le propriétaire, Amaury Sport Organisation, garde pour l’heure le silence.

Appel téléphonique entre Thomas Bach et Shinzo Abe

L’annonce du report a fait suite à un ultime appel téléphonique, mardi matin, entre Thomas Bach et Shinzo Abe, premier ministre japonais. Le CIO sait parfois faire preuve d’élégance : il a laissé le Japon demander, officiellement, un report d’un an. Dans les faits, il semble que ce soit l’instance qui a, ces derniers jours, lourdement suggéré aux Japonais la nécessité d’un report.

« Ni le CIO ni le gouvernement japonais ne voulait prendre l’initiative seul, relève Jean-Loup Chappelet, spécialiste de la gouvernance sportive et professeur à l’université de Lausanne. Le contrat de ville hôte fait que, si le gouvernement avait dit : “On ne fait pas les JO aux dates prévues”, le CIO aurait pu demander des dommages et intérêts, et inversement. »

Selon Dick Pound, doyen du CIO, Thomas Bach s’est employé à convaincre Tokyo qu’il n’y avait pas d’alternative au report : « Ils ont désormais compris qu’il y avait un problème, je pense que le CIO les en a convaincus », disait-il lundi, anticipant l’annonce de l’instance dont il fut vice-président.

Le délai de quatre semaines pour trancher, évoqué dans un communiqué dimanche, s’est transformé en 36 heures. La menace de boycott brandie par les comités olympiques australien et canadien, notamment, a accentué la pression sur les autorités japonaises et donné du poids à la position du CIO, qui penchait pour un report d’un an plutôt que de quelques mois.

L’identité des présidents des deux comités n’est pas anodine : l’Australien John Coates est un fidèle de Thomas Bach et supervise la préparation des Jeux de Tokyo pour le compte du CIO ; la Canadienne Tricia Smith est une valeur montante dans les cercles olympiques.

Pour Jean-Luc Rougé, secrétaire général de la Fédération internationale de judo et proche du sport japonais, « le CIO a usé de pédagogie. Il voulait modifier la date depuis longtemps, mais faire en sorte que les Japonais s’y résolvent d’eux mêmes. Ceux-ci ont essayé de maintenir les JO jusqu’au bout, mais supporter le fait qu’ils soient le creuset qui relance la pandémie n’était pas tenable. »

Le rôle des athlètes

Depuis une déclaration en date du 17 mars, selon laquelle le CIO rejetait toute « décision radicale », les événements se sont précipités. Le report de l’Euro a mis le CIO au centre de l’attention médiatique. La pandémie s’est répandue en Europe et en Amérique du Nord, et démarre son expansion en Afrique et en Amérique latine.

Un sondage mené au Japon a révélé qu’une nette majorité de la population jugeait le report souhaitable. Et des athlètes du monde entier ont fait part de leur scepticisme et déploré une incertitude les mettant dans une situation inconfortable vis-à-vis des règles de confinement qui se répandaient dans le monde.

Jadis écartés des débats qui les concernent au premier chef, les athlètes ont joué un rôle dans le dénouement de la crise. La prise de position de la hockeyeuse canadienne Hayley Wickenheiser, membre de la commission des athlètes du CIO, dès le 17 mars, a donné le ton. « Il semble que les athlètes, en s’exprimant, ont aidé le CIO à se reconnecter à la réalité », dit Paulina Tomczyk, secrétaire générale de EU Athletes, qui rassemble 35 syndicats de sportifs en Europe.

« Les sondages menés par les groupes d’athlètes ont commencé à titiller le CIO, décrypte Jean-Loup Chappelet. Il y a eu une peur d’une prise de pouvoir qui aurait pu remettre en cause la pyramide du sport mondial. »

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Thomas Bach, lui, a mis ce changement de pied sur le compte des « chiffres alarmants » sur le coronavirus des derniers jours et de l’avis de l’Organisation mondiale de la santé, qui « a dit ces dernières heures que l’Afrique devait se préparer au pire ». Jusqu’alors, sa préoccupation était que « le Japon puisse accueillir de façon sûre » les JO, ce en quoi le CIO avait confiance. Thomas Bach s’est souvenu, ces 48 dernières heures, que les Jeux avaient vocation à accueillir le monde entier.

Le déni du CIO était vertigineux. L’ampleur de la tâche qui attend les organisateurs japonais l’est encore davantage. « Beaucoup de choses peuvent arriver en un an, nous devons donc réfléchir à ce que nous devons faire, annonçait, mardi, Toshiro Muto, directeur général de Tokyo 2020. La décision nous est tombée dessus subitement. »

25 mars 2020

Lavez-vous les mains !

lavez vos mains

25 mars 2020

Bruno Bozon - photographe

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